J’avais un peu de mal à croire, en lisant les affiches dans le métro, que Wadjda était le premier film saoudien. Et pourtant, après vérification, si ce n’est pas exactement le premier, c’est tout de même un des premiers, qui plus est tourné en Arabie Saoudite par une femme ! Déjà sur le papier, Wadjda est donc un film surprenant.
L’histoire est simple : une jeune fille saoudienne souhaite avoir un vélo (dans un pays où les femmes n’ont pas le droit d’en faire), et met tout en œuvre pour réunir l’argent qui lui permettra de l’acheter, pendant qu’en parallèle sa famille se délite (sa mère ne pouvant plus avoir d’enfant, son père envisage de prendre une deuxième femme pour avoir un garçon).
La première chose qui m’a frappé dans ce film, c’est le décalage culturel. Il y a des choses que je savais certainement, mais avant de les voir à l’écran, elles n’avaient pas forcément de sens. Typiquement je me suis demandée un moment pourquoi la mère de Wadjda faisait systématiquement appel à un chauffeur pour se déplacer avant de replacer les choses dans leur contexte !
En cela le film n’est vraiment pas réjouissant quant à ce qu’il dit sur la condition féminine dans ce pays : les multiples interdictions (au point où se vernir les ongles de pied en devient une forme de révolte !), les écoles où l’on apprend en permanence à ne pas être vu des hommes… tout cela fait que je suis sortie de ma séance passablement déprimée.
Mais, en discutant avec une collègue de travail qui l’avait vu également, j’ai pris conscience que c’était aussi un film encourageant : tourné par une femme, il donne à voir, pour un sujet aussi délicat, des personnages féminins qui malgré toutes ces contraintes arrivent à trouver du bonheur dans leurs vies, à leur façon. Mine de rien, cela donne une sacrée note d’espoir au film.
Wadjda est donc un film à voir, parce qu’il réussit à parler d’un sujet pas facile, mais toujours avec humour et tendresse. Ce n’est pas une mince affaire, et pourtant la réalisatrice réussit très bien à le faire !
Tout à fait d'actualité, étant donné l'info relayée par Gromovar ce matin : "C'est une petite victoire pour les Saoudiennes. La Commission de promotion de la vertu et de prévention du vice du pays a accordé aux femmes l'autorisation de faire du vélo, rapporte l'agence américaine United Press International. Désormais, monter à bicyclette ne sera plus un délit, ni une activité exclusivement réservée aux hommes. Néanmoins, ce changement ne va pas sans certaines conditions. Les femmes devront être entièrement voilées et accompagnées d'un homme de leur famille. Le vélo doit seulement servir à se divertir ou faire du sport et non être utilisé comme moyen de locomotion. De plus, elles ne pourront circuler dans les zones de forte affluence."
RépondreSupprimerLe combat pour les droits de la femme n'est pas terminé...
Merci pour le relai d'info, je ne savais pas. Certes ce n'est qu'un petit pas, mais ça reste encourageant !
RépondreSupprimerUn film vraiment étonnant, qui m'a fait me poser plein de question. Qu'est-ce que cette culture vit dans un monde complètement paradoxal !J'ai trouvé très étonnant que les femmes sont toujours très sophistiquées, maquillées, bien habillées et d'un autre côté elles sont toujours cachées ? J'aimerais beaucoup connaître leur rapport au vêtement et au maquillage, ça doit être très différent de nous. Une forme de liberté prise uniquement en privé peut être ?
RépondreSupprimerC'est tout à fait ça je pense.
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