mercredi 17 février 2010

Le Dit de la Terre plate – Tanith Lee


1. Le Maitre des Ténèbres
2. Le Maitre de la Mort
3. Le Maitre des Illusions
4. La Maitresse des Délires
5. Les Sortilèges de la Nuit

Ca m’étonnait un peu de n’avoir jamais rien écrit au sujet de ce très beau cycle de fantasy en dépit de mes relectures fréquentes. Maintenant que je prends enfin le temps de m’y coller, je comprends facilement la raison : je ne sais vraiment pas comment par quel bout commencer.

Le Dit de la Terre Plate est un de tous premiers cycles de fantasy adulte que j’ai lu à la bibliothèque, autour de mes quinze ans. Il m’a beaucoup marqué, et quand j’ai voulu le relire quelques années plus tard, ça a été la croix et la bannière (épuisé de chez épuisé, on trouve certains volumes à 45 euros sur le net !). Et ça a été un tel plaisir de relire cette série que je remets le nez dedans à intervalle régulier.

Composé de cinq tomes écrits dans les années 80, le Dit de la Terre Plate est une œuvre particulière de fantasy, auquel je connais peu d’équivalent. Et qui a la particularité d’être quasiment inrésumable (les 4e de couverture étant soit trop prolixes, soit à coté de la plaque).

Souvent comparé aux Mille et unes nuits, il faut considérer ce cycle comme une sorte de gigantesque fresque mythologique, un recueil de contes, de légendes et d’histoires folkloriques. Qui se déroulent sur la Terre Plate, qui est peut-être, ou non, notre Terre à nous dans des temps très anciens (ce n’est jamais clairement statué).

Dans cet univers sans âge mais sûrement très ancien, il y des hommes bien sûr, mais aussi des démons qui craignent le jour et vivent, bien sûr, sous la terre. Le premier d’entre eux est Ajrarn, premier des Seigneurs des Ténèbres et maitre de la nuit (terme qui colle bien plus à la VO que le Maitre des Ténèbres qui peut porter à confusion avec les Seigneurs des ténèbres), pour qui l’humanité est comme un gigantesque plateau de jeu. Il y pioche ses amants, s’amuse à renverser des royaumes…

Bref, c’est un démon, et tous ses actes sont forcément liés à des histoires, histoires que nous rapporte le Dit de la Terre Plate à la façon de vieilles légendes qui commencent fréquemment par « il était une fois » et autres variantes, sans pour autant se terminer sur « ils vécurent heureux… ».

Il faut également compter sur quatre Seigneurs des Ténèbres qui ne sont pas des démons mais plutôt des personnifications de concepts : Uhlumé alias Seigneur la Mort, bien sûr, mais aussi Chuz, la Folie, et Kheshmet le Destin, et un cinquième qui ne sera jamais clairement nommé. Ceux-ci apparaîtront au gré des tomes, et donnent également lieu à des histoires, même si au final on revient souvent à Ajrarn.

Je pourrais vous en dire plus, et évoquer plus en détails le très beau Sivesh, Ferajin la fille de fleur, Narasen la reine léopard, Simmu et sa quête d’immortalité, ou encore Dunizel et sa fille aux multiples noms. Mais autant les découvrir au fur et à mesure de la lecture.

Ce qui fait, je pense, la beauté de ce cycle, c’est le mode de narration. Ce sont des contes, je l’ai déjà dit. On y trouve donc des princes et des princesses, des magiciens et des sorcières, des royaumes, des vieux sages ou fous, des palais de marbres, de la vaisselle d’or et de pierres précieuses, et des vaisseaux d’argent.

Tanith Lee puise d’ailleurs abondamment dans notre patrimoine de contes et de mythes pour nourrir son récit, mais sans tomber dans la simple réécriture. Cela ne l'empêche pas, de glisser quelques références plus direct, si bien qu'on peut croiser un fragment à peine détourné de la Reine des Neiges, ou revisiter le mythe de la Tour de Babel.

On est très loin du conte à la Disney, et bien plus proche des contes oraux qu’on se racontait le soir au coin du feu. Ce sont des histoires pour divertir, voyager et rêver, adultes, souvent cruelles, et pas du tout bon enfant. Vous n’y trouverez que rarement une morale, et les interrogations qu’ils suscitent sont des réflexions d’adulte (surtout dans la Maitresse des Délires).

Par ailleurs, sous des faux airs de recueil, tous ces contes et légendes ne sont pas indépendants. De taille très variable (cela va de la nouvelle au roman), toutes ces histoires sont entrelacées. Il y a des histoires dans les histoires, parfois rapportées dans un dialogue, parfois prenant carrément un chapitre à part entière.

Tous les récits sont liés entre eux, à l’intérieur d’un tome et entre les tomes (entre lesquels s’écoulent parfois des millénaires). Certains personnages apparaissant dans les premiers tomes sont mentionnés dans d’autres histoires, cette fois comme purs héros de légendes, parfois avec une confusion dans les noms. Plus qu’un assemblage, c’est une véritable fresque qui se dessine sous les yeux (émerveillés) du lecteur.

Le Dit de la Terre Plate est un de cycle préféré, et figurerait en bonne position sur mon top 10 à emmener sur une pile déserte (en espérant qu’un cycle compte pour un livre !). Et pourtant j’ai du mal à m’éloigner de la simple présentation pour partager tout mon enthousiasme.

C’est assez difficile de mettre en lumière ce qui me plait le plus à l’intérieur. J’aime son coté légende de même que j’ai toujours adoré les contes et les histoires mythologiques. J’aime ces récits qui s’entrecroisent et se reflètent pour former un plus vaste ensemble. J’aime l’écriture de Tanith Lee, pleine d’une poésie qui fait voyager le lecteur.

J’aime tous ces personnages dotés d’un Destin avec D majuscule, qu’il soit tragique, magnifique ou les deux. J’aime les Seigneurs des Ténèbres qui sans être des dieux, ont les mêmes préoccupations. Et puis, j’aime le fait qu’on puise lire ce cycle comme un simple divertissement, ou comme un ouvrage bien plus complexe avec ses références et des réflexions.

Bref, c’est un très beau cycle dont je vous recommande la lecture (et la relecture), parce que c’est une série à la fois originale et magnifique (et certainement le chef d’œuvre de Tanith Lee, du moins dans ce qui a été traduit en France).

Pendant très longtemps le trouver était impossible à part chez les bouquinistes, mais ce temps-là est désormais révolu, puisque Mnémos va rééditer l’intégral du Dit de la Terre Plate en avril, en deux tomes. Je serais d'ailleurs curieuse de voir si la traduction a été revue, étant donné que bon nombre de noms ont été transformés en VF chez Pocket (sans réelle raison à mon avis). En tout cas vous n’avez plus d’excuse pour ne pas y jeter un œil !


13 commentaires:

arutha a dit…

Vert, t'ai-je déjà dit que je te déteste ?
Crois pas, non.
Tu me mets sous le nez des livres que je souhaite lire depuis la nuit des temps en insistant bien sur le fait qu'ils sont introuvables. Même qu'ils vont paraitre chez Mnémos et même que ça va coûter un bras. Non ? Si ?
Bon, peut-être que je ne te déteste pas tant que ça après tout.
Mais t'es une vilaine quand même.
;o)

Tigger Lilly a dit…

arutha, tu m'ôtes les mots de la bouche. J'ai ouvert la case commentaire pour me plaindre du sadisme de Vert.

Mnémos c'est pas du livre de poche ! Scrogneugneu je boude.

Vais-je me laisser tenter ?

Séverine a dit…

Salut Vert! Cela bien cette série dont j'ai déjà pu en entendre parlé comme un classique du genre. Par contre chez Mnémos, cela le fera mieux que les horribles versions poches du passé!

Julien le Naufragé a dit…

Bon je la refais avec mon compte à moi, et pas celui de ma copine...

Salut Vert! Cela bien cette série dont j'ai déjà pu en entendre parlé comme un classique du genre. Par contre chez Mnémos, cela le fera mieux que les horribles versions poches du passé!

arutha a dit…

Trop tard Julien. Dorénavant je t'appellerai Séverine. :oD

Vert a dit…

Ca parait en avril, c'est pas énorme comme attente (c'est pour ça que je me suis permise de publier cette chronique :P).
A priori dans les 25 euros le tome, menfin ce qui est cool c'est que les deux paraissent ensemble. Puis bon si c'est comme d'habitude on va voir réapparaitre des tonnes d'anciennes éditions d'occas du coup.

@ Tiger Lilly
Ca t'apprendras à me traiter de Vert-tueuse :P

@Julien
(on peut négocier la supression du commentaire si tu veux éviter que Arutha te poursuive avec ça *siffle*).
Moi je les trouve pas horribles ces poches, mais ça doit être sentimental xD

Tigger Lilly a dit…

Julienne la Naufragère, trop tard j'ai vu aussi. Ce sera répété, amplifié et déformé :P

Le mieux ce sera ptètre de trouver les bouquins de chez Mnémos mais en occaz hahaha.

Vert-Tueuse, c'est toujours mieux que Vert-Micelle, non ? ôO

Vert a dit…

Mais euh ça suffit avec les jeux de mots xD
(sinon l'occas c'est une piste, on en trouve parfois vite à Gibert à condition d'avoir l'oeil)

Martlet a dit…

En VO aussi, ils étaient quasi introuvable jusqu'à cette année. (J'avais dû acheter une édition des années 70 qui partait en morceaux, avec une couverture hideuse). Ils sont en cours de réédition pendant l'année 2010, ça tombe bien !

Vert a dit…

Oui et ils sont très beaux aussi. Si j'avais des sous je me les offrirais bien
(y'a des gens qui ont une LàL, moi c'est LdCàA -liste des choses à acheter :D)

Anonyme a dit…

Bon ben j'imagine que j'ai plus qu'à me jeter sur les éditions Mnemos dès qu'elles sont disponibles, hein? Je ne connaissais pas du tout cette série et je me demandais si ça valait la peine... t'as répondu à cette question!

Au fait, je viens de jeter un coup d'œil plus en détail à ton blog et il est trop bien! Tu parles autant de ciné que de séries que de bouquins, bref, c'est génial (et aussi ce que j'aimerais faire avec le mien si j'avais le temps!)... Bon ben je te surveille maintenant!

Julien le Naufragé a dit…

Oh là, gentil avec moi ici! Sinon je vous oblige à m'offrir ces livres pour mon annif ce mois-ci!

Vert a dit…

C'est quand ton anniversaire ? *siffle*