Les éditions Scylla organisent actuellement un financement participatif pour leur sixième ouvrage. J’allais participer les yeux fermés comme d’habitude car ce sont toujours des livres aussi beaux qu’intéressants. Cependant, j’ai eu l’occasion de lire en avant-première alors je vous en touche quelques mots.
Derrière le grillage est un ouvrage né d’un concept original : faire explorer par la fiction un souvenir d’un lieu d’enfance entre une rangée de garages et un jardin mystérieux peuplé de statues, avec pour seule contrainte de livrer un texte de 111 111 signes (comme pour Il faudrait pour grandir oublier la frontière de Sébastien Julliard, un joli texte qui 10 ans plus reste un peu trop d’actualité hélas).Pour ce premier tome (d’autres sont prévus), trois auteurs se sont penchés sur la question : Guillaume Chamanadjian, luvan et Sébastien Julliard. L’ouvrage sera également illustré par Arnaud S. Maniak pour la couverture et par Lise L., Lia Vesperale et Elvire De Cock à l’intérieur.
Dans l’absolu chaque texte pourrait être lu de façon indépendante, mais le livre contient également un important paratexte de l’éditeur Xavier Vernet qui permet de mieux comprendre comment a émergé ce projet. C’est très intéressant et c’est aussi facile de raccrocher son récit à des souvenirs personnels, ce qui le rend assez touchant aussi. C’est presque la quatrième nouvelle du recueil d’une certaine façon.
Après une petite introduction, le recueil commence avec NoirPunk, une nouvelle de Guillaume Chamanadjian. C’est le premier texte à avoir été écrit et curieusement c’est sans doute le meilleur texte pour commencer. C’est le plus facile à lire et je trouve assez amusant qu’il évacue d’office ce qui serait la solution de faciliter pour explorer ce souvenir d’enfance : écrire un texte fantastique.
Je préfère ne pas en dire trop sur son contenu mais j’ai trouvé que NoirPunk était un chouette texte, qui sans révolutionner le genre qu’il travaille, l’exploite très bien, avec un attention particulière portée aux gens vivent en marge tout en cherchant à composer avec un système économique et politique qui les écrasent. J’ai bien aimé ce futur évoqué, sombre certes mais pas complètement noir non plus.
Vient ensuite CANT de luvan. Ce n’est pas le texte le plus accessible de la terre et c’est très bien que le recueil ne s’ouvre pas dessus. J’aurais du mal à résumer ce texte très expérimental avec un récit à multiples points de vue, un vocabulaire étrange, un univers qu’on a du mal à cerner au début.
Ce texte m’a fait le même effet que TysT, l’expérience de lecture est vraiment intéressante, on sort de sa zone de confort. Mais après coup je me demande toujours si j’ai vraiment compris ce que j’ai lu, s’il n’y avait pas autre chose qui m’a échappé. D’ailleurs comme TysT il faudrait que je relise car un fichier PDF lu sur un téléphone ce n’est clairement pas le meilleur support pour cette lecture.
La troisième nouvelle, Kawaakari de Sébastien Julliard, est un texte un peu plus long que les autres (et voilà dès le départ certains arrivent à négocier !) qui explore des questions de mémoire et d’identité. Et ce n’est toujours pas un récit fantastique (quoique).
J’ai bien aimé ce récit, déjà parce que ça m’a fait plaisir de retrouver la plume de Sébastien Juillard, mais aussi parce que je trouve le texte très réussi, avec une belle façon d’explorer l’idée de départ, de jouer sur les lieux, les souvenirs tout en entrelaçant différentes périodes temporelles. Je trouve que c’est en quelque sorte le texte qui répond le mieux à l’idée de départ (mais ce n’est qu’un avis très personnel).
Derrière le grillage est donc un livre qui propose des textes très réussis autour d’une idée de départ intéressante. Il se présente comme le premier tome d’une série, on pourrait donc voir d’autres auteurices s’emparer de l’idée et j’espère que ce sera le cas car c’est un projet vraiment attrayant.
Le financement participatif est en cours jusqu’à fin février, avec une sortie prévue en fin d’année. N’hésitez pas !
Infos utiles : Derrière le grillage 1 est un recueil de textes de Guillaume Chamanadjian, luvan et Sébastien Juillard avec un paratexte de Xavier Vernet. Couverture de Arnaud S. Maniak, illustrations intérieures de Lise L., Lia Vesperale et Elvire De Cock. Et je n’ai aucune idée du nombre de pages.
D’autres avis : Julie Nadal, Soleil vert
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
La modération est activée (c'est le meilleur moyen de filtrer les bots sans bloquer les humains :)), ne vous inquiétez pas si votre message n'apparaît pas immédiatement.