mardi 21 avril 2020

Le livre d’or de la science-fiction : Christopher Priest – Christopher Priest


Cela faisait plus de deux ans que je ne vous avais pas servi de chronique sur un Livre d’or de la science-fiction, quelle horreur ! Et c’est entièrement ma faute en plus ! J’en avais acheté un en 2018, mais je l’ai fait traîner, traîner, traîner… jusqu’à que je me jette à l’eau en ce début d’année.

D’habitude, j’achète mes Livres d’or en fonction des occasions qui me tombent sous la main, mais j’ai choisi sciemment celui-ci. En effet, depuis des années, j’entends chanter les louanges de Christopher Priest alors que je peine à rentrer dans ses textes. C’était donc une ultime tentative pour voir si j’étais compatible ou non avec son univers.

Avant d’ouvrir le livre, parlons d’abord de la couverture signée comme il se doit par Marcel Laverdet : deux femmes nues (classique) dont une qui boit un cocktail avec un tigre dedans, un type qui a l’air de prendre un bain avec des bulles tout habillé… difficile de raccrocher les wagons, même si la présence d’eau et de terre émergée dans le fond pourrait évoquer l’Archipel du rêve ? Je vous laisse émettre vos propres théories.

Ce recueil (cette anthologie, comme on disait à l’époque) a été réalisée par Marianne Leconte, dont j’avais beaucoup apprécié le travail sur les recueils de Théodore Sturgeon (Livre d’or, Les enfants de Sturgeon). La préface qu’elle signe ici montre qu’elle connaît extrêmement bien Christopher Priest. Et c’est en la lisant que j’ai réalisé que les obsessions de cet auteur n’étaient pas forcément les miennes, et qu’on n’allait pas forcément s’entendre.

Quand j’ai acheté cet ouvrage chez Scylla, le libraire m’avait indiqué (si je me souviens bien) que lire la première nouvelle du recueil était un excellent moyen de savoir si on aimait ou non Christopher Priest. J’ai donc lu La tête et la main qui parle de tout ce qu’on peut faire au nom de l’art, et je dois dire que je l’ai trouvé sinistre au possible. Voilà qui promet.

J’ai laissé le livre en pause quelques semaines avant d’attaquer la deuxième nouvelle, Le Monde du Temps-Réel. On y découvre un groupe de scientifiques enfermés dans une base, sans qu’on sache bien s’ils font des expériences ou sont eux-mêmes des sujets d’expérience. Je ne suis pas sûre d’avoir vraiment compris le texte, mais il y a des choses intéressantes sur la perception de la réalité et le rapport à l’information. Et lire cela alors qu’on est soi-même confiné, c’est drôle, non ?

L'Été de l'infini est le premier texte que j'ai trouvé vraiment joli. Il parle d'un homme qui traverse littéralement le temps en raison de mystérieux geleurs. Ouf l'honneur est sauf, j’ai apprécié une nouvelle !

Avec Le Regard, on fait une première visite dans l'Archipel du rêve, un monde que l'auteur visite assez régulièrement. On y suit les pas d'un homme fasciné par les Qataari, des réfugiés vivant sur son île et dont les pratiques sont étranges (ils se figent dès qu'on les observe). Comme le titre l'indique si bien, c'est une nouvelle riche en réflexions sur la question du regard (et de la surveillance aussi). Je ne suis pas sûre d'avoir tout compris (ce qui résume je crois toute ma relation avec les textes de cet auteur) mais le texte est agréable à lire néanmoins.

La Négation met en scène un soldat mobilisé à la frontière qui rencontre une autrice dont l'œuvre l'a beaucoup marquée, ce qui l'amène à reconsidérer sa perception des choses. J’ai beaucoup aimé l'ambiance de la nouvelle qui m'a rappelé certains textes de Yves et Ada Rémy. Cependant encore une fois la fin m'a laissée perplexe.

Le dernier texte, Et j'erre solitaire et pâle est une jolie nouvelle qui m’a mis des étoiles plein les yeux avec son mystérieux Parc où le temps semble devenir une dimension qu’on peut parcourir. Une fois n’est pas coutume, je n’ai pas tout compris, mais j'ai apprécié le voyage néanmoins.

Voilà pour ce petit tour dans les univers de Christopher Priest. Après la douche froide de la première nouvelle, je pensais passer un mauvais moment, mais j’ai tout de même apprécié quelques textes pour leur ambiance et leur atmosphère. Je pense néanmoins que je n’accrocherais jamais vraiment au style de l’auteur, tant je déteste cette impression systématique de n’avoir rien compris à chaque nouvelle.

Si vous n’êtes pas un collectionneur obsessionnel de livre d’or mais que vous avez envie de tenter l’aventure, inutile de courir les bouquinistes. L’ensemble des nouvelles présentées ici ont été rééditées dans deux recueils, L’archipel du rêve (chez Denoël/Folio SF) et L’été de l’infini (au Bélial’), avec des textes plus récents et des traductions révisées, cela me ferait presque envie !

Infos utiles : Le livre d’or de la science-fiction : Christopher Priest est un recueil de nouvelles de Christopher Priest, réunies et présentées par Marianne Leconte. Première parution chez Pocket en 1980. Couverture de Marcel Laverdet. La traduction des nouvelles est assurée par Henry-Luc Planchat, France-Marie Watkins, Sonia Florens et M. Mathieu. 281 pages.

D’autres avis : Sur Babelio

Semaine 8

15 commentaires:

shaya a dit…

Je n'accroche pas trop non plus à Priest, du coup, je vais éviter de tenter le diable avec ce livre d'or xD

Baroona a dit…

Ah ça, si on veut tout comprendre avec Priest... ou ne serait-ce qu'être sûr de quoi que ce soit... ^^'
C'est bizarre de considérer "La Tête et la main" comme un texte révélateur de l'auteur, alors qu'il est pour moi bien different de la majeure partie de son oeuvre - et je dis ça alors que je ne suis pas trop Priest-compatible non plus.

Tigger Lilly a dit…

Bon ben au moins tu es fixée maintenant. Tu penses quand même en retenter de l'auteur ou pas du tout ?

Le chien critique a dit…

Tout, mais absolument tout comme Baroona.
Sauf sa conclusion, j'adore Priest.

Vert a dit…

@Shaya
Pas la peine en effet ^^

Vert a dit…

@Baroona & Le chien critique
Je me suis demandée aussi si j'avais pas retenu la mauvaise nouvelle. Ceci dit j'ai retrouvé sur mon ordi une version numérique de cette nouvelle offerte par le Bélial' au moment de la parution du recueil L'été de l'infini. Je me dis qu'ils n'ont peut-être pas fait ce choix au hasard.

Vert a dit…

@Tigger Lilly
Je pense pas à moins d'un truc qui me tente vraiment. Ou une parution dans la collection UHL xD

Ksidra a dit…

J'ai déjà essayé Priest (La Séparation) et je n'avais pas été complètement convaincue, mais je voudrais retenter quand même. A noter que tu as eu du courage de te lancer dans ce recueil vus tes antécédents avec l'auteur, mais surtout vue cette couverture !!

Alys a dit…

C'est marrant, je croyais que tu aimais Priest parce que tu aimais Le Prestige. Du coup, je bugue, et dans mon bug je me demande si on n'a pas déjà eu cette conversation et si tu ne m'as pas dit que c'est *le film* que tu aimes, pas le livre. Bon, quoi qu'il en soit, tu ne m'encourages pas trop à lire cet écrivain. Je n'aime pas avoir l'impression de ne pas comprendre, moi non plus. ^^
Lol pour la couverture. Mais je suis très déçue, même en zoomant je ne distingue pas le tigre dans le cocktail, snif.

Vert a dit…

@Ksidra
Les couvertures des Livre d'or, ça fait tout leur charme ^^

Vert a dit…

@Alys
C'est le film que j'aime beaucoup. J'ai moins accroché au livre qui est très différent ^^

Miroirs SF a dit…

Je pense avoir le même souci que toi avec Priest. Ce qui m'agace dans plusieurs de ses textes (outre le fait que l'on ne comprend pas tout) c'est qu'il donne l'impression que l'on va comprendre. Il crée des pistes, des attentes, qui ne mènent nulle part (ce qui est dans le fond très différent du post-exotisme où l'on comprend dès le départ qu'il ne faut pas essayer de comprendre ^^). Si je devais te conseiller un bouquin de Priest qui n'a pas ce côté déroutant, ce serait Futur intérieur. Je l'ai lu avant la création de mon blog et n'ai donc pas d'article à te filer. Le principe : des chercheurs voyagent dans l'avenir ; mais une fois plongé dans le futur ils oublient leur personnalité du présent ; il faut donc systématiquement que ceux du présent viennent les chercher. Ca donne une intrigue pas mal. C'est l'un de ses premiers romans (1977), j'avais beaucoup aimé. Je verrai à l'occasion si je me risque à ce recueil ; j'aurai probablement un avis aussi mitigé que toi.

Vert a dit…

@Miroirs SF
Je garde ce titre en tête, mais je ne suis pas sûre d'avoir envie de retenter des textes de l'auteur tout de suite ^^

itenarasa a dit…

Priest l'insaisissable ^^ C'est un auteur qui aime bien tourner en bourrique ses lecteurs je crois. Je lui reconnais un style auquel il faut s'accrocher.
Je tenterai bien ces nouvelles mais alors la couverture de ce recueil, super beurk!

Vert a dit…

@Itenarasa
Tu peux lire les mêmes nouvelles sous les très belles couvertures du Bélial' et de Denoël (surtout L'été de l'infini, ça m'aurait presque donné envie de relire celles qui sont dans ce recueil xD)