Doctor Who 12x10 – The Timeless Children

Après un parcours un peu chaotique composé d’épisodes inégaux, nous voilà donc arrivés au terme de cette saison 12 de Doctor Who. Autant le final de la saison 11 n’avait rien de particulièrement ébouriffant (même si ma chronique indique qu’il était plus que correct), autant celui de la saison 12 s’annonce explosif au regard des éléments mis en place en cours de saison. Sera-t-il à la hauteur de ce qu’il promet ? Voyons cela, avec des spoilers comme toujours.

Dans l’épisode précédent, nous avions laissé nos héros divisés dans une belle panade : Yaz et Graham sont coincés à bord d’un vaisseau Cyberman, avec des Cybermen menés par un chef assez énervé, tandis que le Doctor et Ryan se retrouvent face à un portail ouvrant vers Gallifrey… et face au Maître. Heureusement qu’il n’y a aucun Dalek en vue sans quoi on aurait pu organiser une réunion des grands méchants de Doctor Who !

Comme le Maître a envie de s’amuser un peu avec son ennemie jurée, il l’emmène donc vers Gallifrey dans le but de lui révéler toute la vérité, rien que la vérité. Je vais le dire tout de suite, cette incarnation du Maître est vraiment excellente, à la fois drôle et inquiétante, sinistre et grandiloquente, avec une capacité sidérante à passer très rapidement d’un registre à l’autre. Je tire mon chapeau à Sacha Dhawan qui est excellent dans ce rôle.

Clairement, l’épisode tourne principalement autour des interactions entre le Docteur et le Maître, mais les compagnons ne sont pas complètement laissés de côté. Yaz et Graham par exemple continuent leurs actions de Docteur par intérim.

J’aime bien leur échange où Graham explique à Yaz qu’elle est extraordinaire. On ne dit jamais assez de bien de ce personnage dont on attend (hélas) toujours un peu plus de mise en lumière. Leur ruse de se déguiser en Cybermen est plutôt bien trouvée (et ça fait un joli rappel de tous les fois où le Docteur ou ses compagnons se sont déguisés en Dalek).

Ryan de son côté joue au soldat aux côtés de Barristan Ko Sharmus pour combattre les Cybermen. On le sent pas vraiment à l’aise avec la question, mais cela n’empêche pas de faire un joli strike avec sa bombe (avec un lancer qui renvoie habilement à la partie de basket du début de saison).

Ils arrivent plutôt bien à tenir le fort jusqu’à l’arrivée des secours (enfin de Yaz, Graham et cie déguisés en Cybermen), et tout ce petit monde décide de partir sur Gallifrey pour sauver le Docteur. Voilà, j’ai parlé d’eux, concentrons-nous sur l’essentiel.

Tout en s’amusant avec les Cybermen, le Maître commence donc à expliquer au Docteur qui est le fameux Timeless Child. Si vous ne vous étiez pas doutés de la conclusion de l’histoire jusque-là, le fait que le Docteur ait déjà vu cette scène dans l’épisode Can you hear me ? est un bon indice. Sans parler de la présence de cette Docteur mystérieuse dans l’épisode avec les Judoon.

Le/La Timeless Child, c’est donc une enfant venu d’une autre dimension, avec la capacité de se régénérer, et qui a servi de sujet d’expérience à sa mère adoptive pour donner aux habitants de Gallifrey la même capacité, ce qui va leur permettre d’évoluer et de devenir plus tard les Time Lords.

Cette enfant a grandi, s’est régénérée plusieurs fois, et a fini par devenir une personne que l’on connait bien, le Docteur. Quant aux séquences bucoliques de l’épisode précédent, il s’agit en fait de souvenirs masqués du Docteur, à une époque où il/elle faisait partie de la Division, une sorte de black op gallifreyenne. Le Docteur Ruth croisé dans l’épisode date certainement de cette époque, ce qui explique bien des choses.

Voilà qui permet d’abolir définitivement l’histoire de la limite du nombre de régénérations (que pour ma part j’avais toujours pris pour une limite morale/légale et non physique). Cela casse un peu la transition entre le 11e et le 12e Docteur, mais rien de bien grave. On peut toujours se dire que Gallifrey avait tout intérêt à entretenir ce mythe pour que le Docteur ne découvre rien de son passé.

C’est une révélation intéressante parce qu’elle ouvre de nouvelles perspectives : D’où vient le Docteur ? Quel est son peuple d’origine ? Quelle a été son histoire avant la première incarnation qu’on connaît ? Combien de Docteurs passés va-t-on rencontrer de cette époque ? Et c’est quoi cette mystérieuse Division ?

Et en même temps, ce qui est chouette, c’est que c’est une révélation qui peut aussi être laissée de côté, parce que le Docteur est un personnage certes hanté par sa longue vie, mais toujours défini par ses actions présentes.

C’est d’ailleurs le Docteur qui se rappelle cette vérité à elle-même dans un très joli échange avec Docteur Ruth (j’espère qu’on la reverra, elle est géniale). Après tout, qui est mieux placé pour faire un bon discours d’encouragement au Docteur que le Docteur elle-même ?

Une fois cette affaire réglée et le Docteur libérée de la Matrice, il est grand temps de s’occuper du Maître, qui s’amuse comme un petit fou. Non content de chercher à détruire le Docteur avec ses révélations, il réussit également à récupérer le Cyberium et se lance dans la fabrication de Cyber-Time Lords, dont le look est délicieusement kitch (surtout les capes !).

Bien évidemment, il n’ira pas bien loin avec, grâce à un plan du Docteur et de ses compagnons à base d’explosifs et une Death Particle particulièrement utile qu’Ashad avait en stock. À condition que le Docteur s’autorise à tuer, ce qui n’est pas (plus ?) son genre.

J’adore la confrontation entre le Docteur et le Maître à ce moment, la première déterminée à montrer qu’il n’a pas réussi à la briser, et lui qui reste capable de la mettre à terre lorsqu’elle menace de le détruire.

Heureusement, Barristan Ko Sharmus débarque pour finir le boulot, révélant en passant qu’il est celui qui a envoyé le Cyberium dans le passé. Comme il a déjà vécu une longue vie, c’est un candidat idéal au sacrifice. Snif, pas de Cybermen à cape alors ? Pas si sûr si on tend l’oreille, il semblerait que le Maître avait prévu une issue de secours.

On aurait pu terminer l’épisode sur une séance de retrouvailles, mais pendant que la Famille du Docteur revient à son époque sans savoir ce qu’il est advenu d’elle, le Docteur se fait arrêter par les Judoon (service des cold case, lol) et termine en prison. Cela promet pour l’épisode spécial de fin d’année !

Voilà pour The Timeless Children un final riche en émotions, en révélations et en explosions. Comparé à celui de la saison 11, on est sur quelque chose de bien plus ambitieux, ce qui fait plaisir à voir.

Pour une fois je ne dirais rien sur les personnages secondaires. Si certes ils n’ont pas grand-chose à faire dans cet épisode, ils ont leur rôle à jouer et on n’a pas besoin de les téléporter auprès de Jack Harkness pour laisser le champ libre au Docteur et au Maître.

Cette portion de l’intrigue est clairement le point fort de l’épisode. Leurs échanges sont excellents, avec plein d’interprétations possibles. Je pensais que j’aurais du mal à oublier Missy, mais il n’en est rien. Autant il m’arrive encore de trouver la caractérisation du Docteur hasardeuse d’un épisode à l’autre, autant cette version du Maître est solide et cohérente (ce qui est un peu un comble pour un tel personnage !).

C’est finalement les Cybermen qui sont assez vite renvoyés au rebut, comme si on avait du mal à en refaire des méchants emblématiques (ils sont systématiquement associés au Maître désormais, c’est étonnant). C’est dommage, un personnage comme Ashad avait du potentiel. Et en même temps, j’ai bien apprécié que le Maître se débarrasse de lui comme ça, cela rappelle l’imprévisibilité du personnage.

Il est temps maintenant de faire un petit bilan de cette saison. Après le galop d’essai de la saison 11, je l’attendais au tournant. Cela a très bien commencé avec le double-épisode Spyfall, mais la suite a été plus hasardeuse. Si certains épisodes étaient vraiment bons (comme Fugitive of the Judoon), on a aussi eu le droit à quelques ratés (Orphan 55). 

Si j’ai apprécié le retour d’un fil rouge pour tenir la saison, j’ai parfois eu l’impression que la saison n’a pas toujours été pensée de façon globale, sans quoi on n’aurait pas deux épisodes comme Orphan 55 et Praxeus aussi similaires sur les thématiques.

J’ai eu un peu peur au début, mais au final j’ai une impression plutôt positive sur cette saison : il y a une vraie ambition narrative (mal maîtrisée mais présente) et le personnage du Docteur est plus nuancé, avec un côté sombre qui permet d’étoffer un peu cette incarnation.

Dommage que cette montée en puissance du Docteur se fasse au détriment des autres personnages. Les compagnons du Docteur manquent de développement (on attend toujours qu’on s’occupe vraiment de Yaz), et ne parlons même pas des personnages secondaires de chaque épisode. Trop nombreux pour une durée trop courte, ils ont du mal à marquer les esprits également.

Bref je pense que la série se cherche encore. En même temps, cela cadre parfaitement avec son héroïne qui n’en a pas fini avec ses questions d’identité, alors je serais au rendez-vous pour la saison 13 pour voir comment cela évolue, et aussi en espérant que Jack Harkness aura enfin le droit de saluer dans les règles de l’art le Docteur !

Infos utiles : The Timeless Children est le dixième épisode de la saison 12 de Doctor Who. Scénario de Chris Chibnall. Réalisation de Jamie Magnus Stone. Première diffusion en 2020. 1h05 minutes environ.

D’autres avis : Zakath Nath, Den of the Geek, io9