Doctor Who 12x05 – Fugitive of the Judoon

Je dois dire que cela faisait bien longtemps qu’un épisode de Doctor Who ne m’avait pas fait autant voyager dans le temps. Certes, vous pourriez me faire remarquer que c’est ce que fait tout le temps la série. Mais ce n’est pas si souvent que cela qu’elle revient dans son propre passé. Et franchement, dès la première scène de cet épisode, on a soudain l’impression d’être remonté dix ans en arrière ! Spoilers, comme d’habitude. Et c’est vraiment un épisode à spoilers, alors si vous ne n’avez pas encore vu, ne lisez pas cet article !

On commence donc par trois petites minutes de la vie de Ruth, guide touristique et de son mari Lee dont le regard « je cache un sombre et sinistre secret » donne le ton assez rapidement. Le cadre est ainsi posé en quelques touches, à la façon d’un Russell T. Davies.

Ensuite des Judoon débarquent pour chercher une personne. Ces flics de l’espace un peu butés (c’est un peu des Vogons sur certains côtés) n’avaient pas reparu depuis la saison 3 de Doctor Who. Après le retour du Master et la simili-Racnoss, on a vraiment l’impression que Chris Chibnall a décidé de recycler tous les concepts de cette saison-là. Alors gaffe aux anges pleureurs !

Évidemment tout ce ramdam va attirer le Docteur, par ailleurs très occupé à bouder, ce qui finit par franchement inquiéter ses compagnons. Cela donne lieu à une jolie scène où ils manifestent leur inquiétude et où elle les envoie assez joliment sur les roses. C’est toujours sympa de voir un versant un peu plus sombre du personnage qui se referme et oublie de s’appuyer sur ses amis.

D'ailleurs,  en parlant d’amis…

La fine équipe se sépare assez vite pour mener l’enquête, et Graham se retrouve sur le banc de touche, enfin un étrange banc de touche puisqu’il se retrouve téléporté à bord d’un vaisseau spatial avec JACK HARKNESS à son bord. Enfin. Depuis le temps. On n’y croyait plus.

En toute sincérité cette apparition m’a autant réjouit qu’elle m’a frustrée, principalement pour deux raisons : j’ai été spoilé avant de voir l’épisode (le truc était tellement énorme qu’aucun site n’a pris de pincettes pour en parler), et s’il est hyper plaisant de revoir ce bon vieux Captain, le fait que son intrigue soit complètement déconnectée du reste de l’épisode (au point que lui et le Docteur ne se croise jamais) et que John Barrowman soit totalement en roue libre (loin de la figure plus sombre qu’on a connu avec Torchwood) est un peu perturbant.

Je pinaille, je pinaille, mais Jack est de retour, il veut rouler des pelles à tout le monde c'est l'essentiel. J’espère juste que sa prochaine apparition sera plus développée !

Chose étonnante, la réapparition de Jack Harkness est loin d’être l’évènement principal de l’épisode. En fait je pense que la séquence aurait pu prendre place dans n’importe lequel des autres épisodes, si elle ne remplissait pas la fonction un peu artificielle d'écarter les compagnons pour laisser le Docteur mener son enquête toute seule avec Ruth.

On découvre en effet assez rapidement que Lee n’est que le protecteur de Ruth. C’est elle la personne recherchée, mais pourquoi ? Et c’est là où l’épisode met la barre très haut (au point qu’on risque de s’ennuyer pour le reste de la saison après autant de révélations d’un coup).

Ruth est une Time Lady déguisée en humaine (oui, je sais, comme deux autres Time Lords lors de la saison 3).

Ruth est une nouvelle incarnation du Docteur.

Son costume est méga-classe.

Ruth est une incarnation inconnue du Docteur

Avec un costume vraiment méga-classe.

Et même si l’évidence n’a pas besoin d’être pointée du doigt, c’est tout de même un très joli pied de nez à ceux qui jurent que le Docteur ne peut être qu’un homme blanc. La question n'est même pas évoquée et c'est très bien comme ça.

À priori il ne s'agit pas d'une incarnation « perdue » comme celle jouée par John Hurt. Mais elle ne reconnaît pas l’incarnation de Jodie Whittaker, donc ce n’est pas non plus une incarnation future. Et Chris Chibnall affirme qu’elle ne vient pas d’une réalité parallèle.

Si votre cerveau n’est pas encore explosé à ce stade, on découvre lors de la confrontation avec sa poursuivante que celle-ci est une Gallifreyienne. Ce qui laisse tout de même fortement penser que Lee (qui avait suivi le même entrainement qu’elle) en est un aussi. Et tout ce petit monde ne semble pas au courant de la destruction de Gallifrey, mais alors, d’où viennent-ils ?

Tout cela a forcément donné lieu à plein de théories. Pour ma part j’étais partie sur l’univers parallèle mais si le showrunner dit que ce n’est pas ça, c’est que ce n’est pas ça (ou qu’il ment). On peut tout simplement penser que le Docteur (la 13e ou celle de Ruth) a oublié son autre incarnation, pour une raison x ou y. Reste alors à la situer dans la chronologie et à identifier la raison de l’amnésie.

L’aspect assez « archaïque » de son TARDIS laisse penser qu’il s’agirait plutôt d’une incarnation passée du Docteur. Deux hypothèses sont possibles d’après les experts en anciennes saisons : soit il s’agit d’une incarnation antérieure au premier Docteur (à priori ça a été évoqué dans un épisode il y a fort longtemps que le premier Docteur n’était peut-être pas vraiment le premier), soit il s’agit d’une incarnation située entre le deuxième et le troisième Docteur (c’est désormais la seule régénération non vue à l’écran).

Pour ma part je suis assez curieuse de voir le sujet développé, même si je soupçonne que ce problème devrait rester au placard un moment. Après tout, ce n’est pas comme si on n’avait pas un « Timeless Child » et un « Lone Cyberman » sur les bras… à moins que tout ne soit lié ?

L'épisode se termine sur une scène des retrouvailles entre le Docteur et sa famille. Là encore c’est très old school, forcément j'ai aimé. Ils transmettent leur message, le Docteur s’ouvre un peu à eux, et alors qu’elle essaye une fois de plus de les repousser, ils la ramènent à son présent et à son identité actuelle, ce qui compte après tout. Et voilà, générique !

Pfiou, quel épisode ma foi ! Je ne dis pas que tous les épisodes de Doctor Who devraient ressembler à cela, mais après le médiocre Orphan 55 et le correct mais pas folichon épisode sur Tesla, cela fait plaisir d’avoir enfin un épisode vraiment plaisant à regarder, et qu’on a plaisir à décortiquer.

Honnêtement à part l’apparition de Jack Harkness qui fait plaisir mais qui a vraiment un côté prétexte pour virer les compagnons de l’équation (heureusement c’est Jack, alors on lui pardonne tout), j’ai vraiment trouvé que l’épisode était bien construit avec une histoire qui prend son temps pour poser ses éléments et les développer avec quelques très jolis visuels. Bref je suis conquise ! Pourvu que ça dure…

Infos utiles : Fugitive of the Judoon est le cinquième épisode de la saison 12 de Doctor Who. Le scénario est signé Vinay Patel et Chris Chibnall, la réalisation est assurée par Nida Manzoor. Première diffusion en 2020. 50 minutes environ.

D’autres avis : Yoda Bor, Zakath Nath et pour les amateurs de VO les reviews de Den of the Geek et io9