Alors que la prochaine édition des Utopiales démarre dans quelques jours, il était temps pour moi de me plonger dans l’anthologie de l’année dernière. D’habitude je la lis assez vite après le festival pour rester dans l’ambiance, mais c’est aussi sympathique de le faire comme un avant-goût de l’édition à venir…
En 2018, le thème du festival était le corps, et l’anthologie reflète plutôt bien ce choix, avec des corps qui croissent et qui évoluent, qui se métamorphosent et qui disparaissent, qui sont affectés par la technologie ou tout simplement par le passage à l’âge adulte.
Pas de préface cette année, juste un bref avant-propos avant d’attaquer directement les nouvelles, en commençant par Anamnèse de la chair de Olivier Cotte. C’est très intéressant de mettre cette nouvelle en début d’anthologie parce qu’on est assez frais pour se frotter à son format exotique puisqu’il s’agit d’une pièce de théâtre. J’ai trouvé ce texte parfaitement dans le thème, fort intéressant et bien mené, preuve qu’on sous-estime sûrement les possibilités de la SF au théâtre.
La nouvelle qui suit, Monade Incarnate de Li-Cam, nous fait voyager de façon plus traditionnelle du point de vue de la narration mais n’en met pas moins plein les yeux avec le monde étrange qu’elle met en scène. Difficile d’en dire plus sans en dire trop, mais il y a une belle atmosphère qu’on garde en tête après la lecture.
Avec Conatus, Laurent Genefort s’intéresse aux questions du transfert d’un corps à un autre et de l’allongement de la durée de vie par le prisme d’une famille qui se déchire sur des questions éthiques et religieuses. Je n’ai pas vraiment accroché au personnage principal mais j’ai bien aimé la richesse du texte qui arrive bien à faire le tour des questions qu’il pose.
Après tant de sérieux, Le cerveau du président a disparu de John Scalzi est une nouvelle rigolote qui raconte exactement ce qui est dit dans le titre. Difficile de rester de marbre face à ce récit un peu rocambolesque qui prête à sourire et où tout parallèle avec la réalité serait purement fortuit.
Déliance de Sabrina Calvo raconte une rencontre entre une femme et un flocon alors que le monde semble partir en morceaux. Résumé comme cela, cette nouvelle semble n’avoir aucun sens mais c’est pourtant un texte fascinant. J’étais cependant trop fatiguée lors de ma lecture pour bien réussir à rentrer dedans.
La nouvelle suivante, Ascension de Patrick Dewdney, semble se dérouler également dans un contexte de fin du monde. Mettant en scène un homme et une femme qui marchent dans la montagne, le texte parle plutôt bien de la solitude. J’ai assez logiquement beaucoup pensé au Mur invisible du coup.
J’avais déjà lu La Première Pierre d'Ursula K. Le Guin dans son recueil Pêcheur de la mer intérieur. C’est plutôt chouette que ce très joli texte qui parle de pierres, de couleur et de révolution tout en douceur soit à nouveau disponible.
Le Garçon du goûteur de Ben H. Winters est l’histoire assez sinistre d’un dictateur en quête de défi pour pimenter sa vie. Le personnage étant assez répugnant, je dois avouer avoir eu du mal à m’intéresser à son histoire.
C’est tout le contraire qui s’est passé avec Le Syndrome de Pan de Morgane Caussarieu, une superbe nouvelle qui revisite le personnage de Peter Pan sous une forme très sombre, tout en traitant avec brio du passage à l’âge adulte. Je crois bien qu’il s’agit de mon coup de cœur dans cette anthologie.
Je connaissais déjà Magie des renards de Kij Johnson (j’en avais parlé ici), mais c’était très plaisant de relire ce très beau conte d’inspiration japonaise où une renarde tombe amoureuse d’un homme. D’ailleurs cela pourrait faire un très joli livre illustré, mais moi je dis ça, je dis rien…
L’Amour au temps des chimères d'Elisabeth Vonarburg se résume très bien par son titre, c’est une histoire d’amour dans un futur de chimères. Pour le reste, si j’ai bien aimé l’univers foisonnant, j’ai tout de même eu du mal à rentrer dedans. Encore une fois, je blâme la fatigue. Ceci dit c’est la deuxième fois que je me casse les dents une nouvelle de l’autrice, donc peut-être que je la préfère sur le format long.
Si l’amour est également présent dans la nouvelle La Pluie d'Alex Evans, l’ambiance est beaucoup moins guillerette entre la météo sinistre et les zombies. Un texte sinistre qui ne donne pas grand espoir en l’humanité.
Histoire de ne pas finir sur une grosse déprime, Jehanne Rousseau propose en guise de conclusion la nouvelle Morts à crédits, un échange entre personnages qui ressemble autant à une sympathique boutade qu’à une analyse pleine de justesse sur un de mes passe-temps favoris. De quoi finir la lecture de cette anthologie tout en légèreté.
Et voilà, c’en est déjà fini de l’anthologie 2018 des Utopiales. Au final il y a assez peu de textes à côté desquels je suis passée et j’ai beaucoup apprécié les textes de Li-Cam, John Scalzi et Morgane Caussarieu. Et encore, je ne prends pas en compte les nouvelles d’Ursula K. Le Guin et Kij Johnson vu que je les avais déjà lus, mais c’est une excellente initiative de les avoir inclus, cela les rend plus accessible.
Je suis rarement déçue par ces anthologies qui sont autant de bons moments de lectures que de bons souvenirs de festivals, mais j’ai trouvé que l’année 2018 était particulièrement un bon cru avec des textes très différents et globalement tous intéressants. Vivement l’édition 2019. Le casting a été dévoilé, et je dois avouer que je me réjouis d’avance de courir après les dédicaces !
Infos utiles : Utopiales 2018 est une anthologie éditée par les éditions ActuSF dans le cadre du festival du même nom. La couverture qui reprend l’affiche du festival est signée Beb-Deum. Comptez treize nouvelles réparties sur 326 pages.
Bien, bien. Un jour, moi aussi je viendrai et je lirai.
RépondreSupprimer@Alys
SupprimerY'a intérêt :D
(tu sais qu'il existe un Nantes-Lyon ? *sort*)
Uhuh. Non mais un jour je le ferai vraiment. D'ailleurs je pourrai peut-être me donner ça comme objectif de vie pour 2020. Et après je dirai: "Veni, vidi, lei" en faux latin.
SupprimerMis à part qu'on n'a pas les mêmes préférés, tout pareil sur le particulièrement bon cru. Je me réjouis de lire l'antho 2019 car en effet la liste des auteurs est top !
RépondreSupprimer@Tigger Lilly
SupprimerJe plussoie, le sommaire 2019 promet ^^
je vais sans doute prendre celle de cette année. :-)
RépondreSupprimerEspérons que ce soit un bon cru.
As-tu reçu mon mail ?
:-)
@lutin82
SupprimerToujours pas de mail mais vu la taille de la pièce jointe je pense que c'est peut-être ça qui bloquait.
Et j'espère aussi que 2019 sera un bon cru ^^
Du coup, pour la lecture de la prochaine, plutôt dès novembre ou avant l'édition 2020 ? ^^
RépondreSupprimer@Baroona
SupprimerPour te répondre il faudrait que je planifie mes lectures à plus d'un livre d'avance, ce qui n'est pas le cas en ce moment ^^