samedi 13 octobre 2018

Le fini des mers – Gardner Dozois


Gardner Dozois, décédé cette année, était plus connu pour ses anthologies que pour ses écrits, mais cela ne l'a pas empêché de produire quelques très jolis textes. J'avais déjà lu son roman L’étrangère, intéressant dans son approche anthropologique de l'Autre mais trop froid dans son ton pour me convaincre complètement. Ce n'est pas le cas de cette novella parue cet été dans l’excellente collection Une heure-lumière qu’il n’est plus utile de présenter.

Le fini des mers revisite le schéma classique de l’invasion alien dans une ambiance légèrement rétro-futuriste du fait de l’âge de ce texte (1973). En effet si on croise des IA, le contexte géopolitique à couteaux tirés fleure bon la Guerre froide.

Dans ce cadre, cinq mystérieux vaisseaux aliens se posent sur Terre, non sans susciter des remous. Le récit de leur arrivée est raconté de deux points de vue : un point de vue extérieur presque documentaire, et le point de vue bien particulier de Tommy, un jeune enfant un peu en marge de la société qui a dû mal à rentrer dans le moule du fait d’une vie familiale difficile (entre autres choses).

La quatrième couverture décrit Gardner Dozois comme des rares « maîtres de la forme courte », et je dois dire que ce qualificatif est très approprié (pour ce texte du moins). Pour une novella d’à peine 100 pages, Le fini des mers est rudement bien construit, avec une alternance des points de vue radicalement différents qui je trouve donne beaucoup d’épaisseur à une histoire ni trop longue ni trop courte.

Je dois cependant avouer que j’ai fermé ce livre avec un goût de pas assez, mais c’est plus une question d’attachement émotionnel que d’une histoire trop vite expédiée. Moi qui gardais le souvenir du ton très froid de L’Étrangère, je ne pensais pas trouver autant d’émotions concentrées en si peu de pages. En effet le récit de Tommy est particulièrement touchant et éprouvant, ce qui a clairement contribuer à me scotcher à l’histoire.

C’est donc (une fois de plus) une belle découverte que ce Fini des mers, un récit court plus éprouvant qu’on pourrait le penser au premier abord, qui offre une version originale (avec une touche de fantastique en plus !) de la traditionnelle arrivée des soucoupes volantes. Voilà qui donne envie de lire d’autres nouvelles de cet auteur, à condition d’arriver à se les procurer vu qu’elles sont dispersées dans tout un tas de vieilles anthologies plus ou moins connues.

D’autres avis : BlackWolf, Lorhkan, L’ours inculte, Xapur, Yogo

8 commentaires:

Tigger Lilly a dit…

Ha bah ça a l'air plutôt chouette, j'en n'ai pas entendu que du bien.

Vert a dit…

@Tigger Lilly
Dépend des goûts du lecteur j'imagine ^^

Shaya a dit…

Enfin une personne de mon avis !! Je l'ai lu en m'attendant à ne pas aimer vu les avis sur la Toile, et en fait, j'ai trouvé cette novella très chouette !

Vert a dit…

@Shaya
Oui j'ai vu ça aussi, comme quoi il ne faut pas se fier qu'aux avis des autres ^^

Baroona a dit…

Il commençait presque à me faire un peu peur celui-là, vu les avis assez partagés. Content pour toi que tu l'aies aimé en tout cas ! Et bon courage pour la chasse aux nouvelles. ^^

Vert a dit…

@Baroona
Oui c'est un texte qui divise. Pour la chasse aux nouvelles je vais laisser le hasard décider je crois !

Lorhkan a dit…

Ha, tu en as mis du temps ! :D
Très bon récit, qui contrebalance un côté un petit peu daté sur la partie "extérieure", neutre, qui décrit l'arrivée des ET par le récit du jeune Tommy, beaucoup plus prenant et touchant.

Et de Dozois, j'avais beaucoup aimé "L'étrangère", que je n'avais pas trouvé froid, mais qui portait un regard très acéré sur le racisme, le colonialisme et l'incompréhension entre des peuples qui pourtant auraient tout à gagner à marcher main dans la main.

Vert a dit…

@Lorhkan
Oui il est très intéressant L'étrangère, mais j'avais eu du mal avec le héros (et comme c'est un narrateur unique...).