dimanche 2 septembre 2018

L’insondable profondeur de la solitude – Hao Jingfang

 

Ayant découvert (et bien apprécié) cette autrice dans l’anthologie 2017 des Utopiales avec la nouvelle Pékin Origami, j’ai voulu explorer un peu plus son œuvre cette année en lisant son recueil de nouvelles fraîchement traduit. Si tous les textes sont loin d’égaler Pékin Origami, L’insondable profondeur de la solitude est une occasion de lire un peu de SF asiatique pour changer.

Passons outre la présentation de l’éditeur qui nous promet douze nouvelles (quand il n’y en a que onze, lol) pour nous pencher directement sur le contenu. Les différents textes relèvent généralement de la SF, avec parfois une pointe de fantastique. On y croise des villes futuristes, des aliens (beaucoup d’aliens, souvent sous forme d’invasion), des clones, des immortels et beaucoup de figures solitaires (d’où le titre, sans doute).

J’avais déjà lu Pékin origami dans l’anthologie des Utopiales, et c’est clairement la pièce maîtresse du recueil. Le concept d’une ville à plusieurs faces où chaque section vit quelques heures avant de s’endormir pour laisser la place à une autre face est fascinant, avec un discours intéressant construit autour du concept.

Les deux nouvelles qui viennent ensuite, Au centre de la prospérité et Le chant des cordes, fonctionnent comme les deux faces d’une même pièce, racontant toutes les deux l’arrivée d’aliens sur Terre et leur impact sur le monde, ainsi que sur les deux protagonistes des nouvelles. L'intrigue n'a rien d'extraordinaire mais j'aime bien la façon dont ces deux textes parlent de musique entre autres.

Vient ensuite Le dernier des braves, une histoire de clones qui n’a rien de révolutionnaire mais qui fonctionne bien.

Avec Le théâtre de l'univers, on se retrouve une fois de plus avec une invasion alien (c'est une marotte ma parole) et des interrogations qui portent cette fois-ci sur l'évolution de l'espèce. C’est intéressant mais un poil répétitif avec les deux nouvelles du début.

Tout est dans le titre pour la nouvelle suivante, Question de vie et de mort. C’est un texte de facture classique, sympathique à lire mais qui n’apporte pas grand-chose d’original sur le sujet, si ce n’est une conception de la vie après la mort un peu plus orientale (et encore).

Le palais Epang est peut-être bien ma nouvelle favorite après Pékin Origami, sans doute parce qu’elle mêle fantastique, SF et histoire en mettant en scène l’empereur Qin Shi Huang (le premier empereur chinois, celui qui a fait réaliser l'immense armée de terre cuite pour son tombeau), qui s’invite sous forme d’une statue immortelle (si si) dans la vie d'un homme récemment orphelin. C’est un récit étrange et onirique, sur lequel je me suis laissé porter avec plaisir.

L'envol de Cérès est un joli récit nous projetant dans un futur où l’humanité s’est installée sur Mars et Cérès (entre autres), et qui nous parle des enfants, de leurs capacités d’apprentissage et d’adaptation. La présence de l’équivalent spatial du bibliobus a sans doute contribué à me faire aimer ce texte !

Dans La clinique dans la montagne, un professeur d'université insatisfait de sa situation au travail comme de sa vie familiale s'en ouvre à un ancien collègue interné dans un hôpital psychiatrique. Le processus pour arriver à la rencontre est un peu long mais j'aime bien ce qui est dit de la difficulté de faire carrière et d'avoir une famille en Chine.

La chambre des malades est également un texte peuplé de protagonistes insatisfaits de leur situation qui finissent par sombrer en dépression. C’est un texte un peu triste, comme la nouvelle précédente.

La dernière nouvelle, Le procrastinateur, met en scène une fois de plus un étudiant (ou un chercheur ?), qui remet sans cesse au lendemain son travail de traduction. Ce texte un peu barré est sympathique sur le moment, mais vite lu vite oublié.

Quand j’ai commencé ma lecture, je dois avouer que ce recueil de nouvelles est tombé à point nommé, tant j’avais soif d’histoires courtes. Cependant à l’exception de quelques beaux textes (Pékin Origami et Le palais Epang principalement, plus le diptyque sur la musique), la plupart des textes ne m’ont pas marquée plus que cela.

L’insondable profondeur de la solitude offre donc quelques bons moments de lecture mais rien de mémorable. C’est surtout une jolie occasion de nous plonger dans une SF non occidentale qui joue avec les mêmes codes que celle qu’on lit d’habitude, mais dont les problématiques sont parfois un peu différentes.

Autres avis : BlackWolf, Gromovar, Xapur
Lecture commune avec Lhisbei et Lune (qui se sont égarées dans l'insondable profondeur du recueil, j'attends avec impatience vos chroniques les filles, sans vouloir vous mettre la pression :D)

Pour la nouvelle L'envol de Cérès

23 commentaires:

Tigger Lilly a dit…

Je passe mon tour sur ce recueil mais je suis contente de bientôt découvrir cette autrice car j'ai sorti l'antho des Utos de ma PàL :p

Alys a dit…

Vert de retour!!! :)
(Oui, je n'ai rien de pertinent à dire sur ta lecture ^^)

Miroirs SF a dit…

Dommage effectivement qu'il n'y ait que deux nouvelles de qualité. Je passe mon tour également. Mais j'aimerais moi aussi améliorer ma connaissance de la SF asiatique. A part Ken Kiu (et encore, il est tout de même Américain), je ne connais pas vraiment d'auteurs SF asiatiques.

Anne-Laure - Chut Maman Lit a dit…

Belle chronique. C'est intéressant de voir un avis différent des précédents ;)

lutin82 a dit…

tu adores les recueils, j'en trouve plein chez toi.
Je vais d'abord me contenter de lire ceux que j'ai en réserve avnt de m'aventurer dans celui-ci. J'avoue qu'il me tente bien quand même

Le chien critique a dit…

Voilà un recueil que j'avais emprunté et laissé de côté au vue des premiers retours. Le tien me dit de m'y attarder un peu mieux.

Xapur Lemystique a dit…

Un recueil à vite oublier ;)

Baroona a dit…

« - Et là, mesdames et messieurs, nous arrivons devant une pièce extraordinaire et unique en France.
Un visiteur l'arrêta.
- Mais, pourquoi ? Ce n'est qu'un texte écrit en français, non ? Je sais que le français est en perte de vitesse, mais pas à ce point tout de même !
- En effet, ce n'est pas la forme qui doit particulièrement retenir votre attention ici. Concentrez-vous plutôt sur le fond.
- Je ne vois pas. Si vous dites cela seulement car c'est une chronique d'un livre de science-fiction asiatique, sachez que j'en ai déjà vu d'autres. C'est rare oui, mais pas au moins de mériter toute cette emphase.
- Regardez plus attentivement. Avez-vous vraiment déjà vu une chronique non-négative de "L'Insondable profondeur de la solitude" ? Je vous le dis, cette pièce est unique ! »

Vert a dit…

@Tigger Lilly
Tu auras sa meilleure nouvelle comme ça ^^

Vert a dit…

@Alys
Pas sûr que ça dure mais bon... faut essayer !

Vert a dit…

Y'en avait quelques uns invités aux Utopiales l'an dernier (dont elle). Faudrait que je reprenne mon programme pour te donner les noms.

Vert a dit…

@Chut Maman lit
Ca doit être mon esprit de contradiction naturel :D

Miroirs SF a dit…

Volontiers ça m'intéresse bien !

Vert a dit…

@lutin82
J'ai un petit faible pour les nouvelles oui. Quand on n'a pas forcément beaucoup de temps pour lire c'est souvent plus satisfaisant comme lecture, ça permet de lire plein de trucs différents rapidement ^^.

Vert a dit…

@Le chien critique
Si tu as la possibilité de l'emprunter tu peux y jeter un oeil. En numérique, cher avec des DRMs si ma mémoire est bonne, c'est plus discutable...

Vert a dit…

@Xapur
Tsss, sale bête ;p

Vert a dit…

@Baroona
Merci xD

Vert a dit…

@Miroirs SF
J'en ai retrouvé quelques uns (enfin je me suis fiée aux noms, comme tous ne sont pas sur Noosfere je me suis peut-être plantée) :
- Xiao Mei
- Zhu Zhenshi
- Kao Yi-feng (bouquin chez Miroboles, le seul où je suis sûre de mon coup xD)
Sinon les pages de Noosfere par pays c'est pas mal :
Chine : https://www.noosfere.org/livres/auteurpays.asp?numpays=216
Taïwan : https://www.noosfere.org/livres/auteurpays.asp?numpays=236

Miroirs SF a dit…

Nickel ! Un grand merci ! Je vais regarder tout ça, et note précieusement cette liste.

shaya a dit…

Bon et ben, en tout cas, une chose est sûre, je passe mon tour !

Vert a dit…

@Shaya
Tu avais lu la nouvelle dans l'antho des Utopiales de toute façon, non ?

Lune a dit…

Chronique, pression, moi ? Je te rappelle que je n'ai pas fini ma relecture du 3e tome de La Tour sombre depuis 2012 :D :D :D (alors que c'est un de mes bouquins préférés d'ailleurs !!!)

Vert a dit…

@Lune
Merci, je vais pouvoir renouveler mon running gag du coup :D