Elle n’a rien à voir avec la chanson de Charles Aznavour, cette lecture du mois du Cercle d’Atuan (oui je sais question introduction on a vu mieux, mais c’est la première chose qui me vient à l’esprit quand on me dit « Bohème »).
D’abord publié sous forme de deux romans, Les rives d’Antipolie et Revolutsya, Bohème est un roman à l’atmosphère purement steampunk. Il se déroule en effet dans une Europe du XIXe siècle, mais pas tout à fait celle qu’on connait, puisqu’une étrange substance corrosive, l’écryme, recouvre toutes les terres à l’exception des villes, si bien que tout le monde vie cloisonné dans sa cité, ou sur les traverses, grands ponts de fer qui relient entre elles les villes.
On y trouve des dirigeables, l’ingénieur Eiffel y est cité à plusieurs reprises, et les peuples contrôlés par des régimes très totalitaires rêvent à la révolution… on est bien en plein XIXe siècle, à ceci près que la disparition des terres a nécessité de s’adapter. On ne trouve plus de livres (faute de terre pour faire pousser les arbres), mais des disques à écouter, notamment.
Là-dessus se greffe l’histoire de Louise, fille de révolutionnaire (mais pas franchement passionnée par la chose de son côté), qui doit partir sur les traverses pour récupérer la cargaison (illicite) d’un dirigeable qui s’est mystérieusement écrasé dans l’écryme.
Bohème est un roman plein de promesses, surtout dans la première partie. L’univers est foisonnant et décalé à souhait (avec le concept d’avocat-duelliste pour commencer), la galerie de personnages est délicieuse (Louise en aventurière, le détestable Koropouskine, Léon, Igcho…), et l’intrigue plutôt attirante, avec ses séances d’acrobatie au-dessus de la mystérieuse écryme.
La conclusion des Rives d’Antipolie vient un peu refroidir tout ça, en jetant en quelques lignes les contours de quelque chose de complètement différent, beaucoup plus axé fantastique. Et la deuxième partie, loin d’apporter un réel éclairage, éclate sa narration avec encore plus de points de vue, plus de personnages, jusqu’à une fin qui m’a laissée sceptique.
D’habitude j’apprécie beaucoup les digressions par rapport à l’histoire principale, mais elles sont ici tellement nombreuses qu’on ne suit plus Louise qu’en pointillés (un peu dommage pour celle qui est à priori l’héroïne du roman), et que même son histoire à elle perd de sa saveur, parce qu’on passe du coq à l’âne sans transition.
Ceci explique sans doute cela, ce roman se déroule en fait dans un univers de jeu de rôle, Ecryme, créé par l’auteur himself. Nul doute qu’il a cherché à caser le plus d’éléments possibles dans ces presque 400 pages, ce qui donne un roman paradoxalement trop riche et trop court, qui aurait gagné à développer une intrigue principale plus claire, ou à laisser de côté une partie de l’univers histoire de ne pas noyer le lecteur.
Je ne regrette pas le moins du monde d'avoir arrêté ma lecture à la 2nde partie, vu ce que vous en avez dit sur le cercle en tout cas ^^
RépondreSupprimerJe pense que je vais me le faire quand même, vu que j'ai lu tout le reste de Gaborit et que j'adore ses univers...
RépondreSupprimerJe suis assez d'accord avec ton article. De toute façon, je crois que tous les lecteurs ont à peu près ce jugement là : "c'est bien mais c'est dommage"
RépondreSupprimer@Olya
RépondreSupprimerOui je pense que la 2e partie t'aurais fortement déplu...
@Mimouille
D'après ce que j'ai entendu, on retrouve les qualités et les défauts de Bohême dans tous ses romans, donc si ça ne t'a jamais dérangé, celui-là devrait te plaire aussi ^^
@LOVD
Y'a du potentiel oui, je jetterai peut-être un oeil à ses autres livres à l'occasion...
moi je vais pas tarder à me lancer dans ses chroniques crépusculaires.
RépondreSupprimerMais si l'univers de bohème t'a intrigué et que tu veux répondre à certaines questions, le jeu de rôle Ecryme apporte pas mal de réponses. Il n'est plus édité mais j'ai réussi à me le procurer en PDF
Je prends note, j'y jetterais un oeil à l'occasion ^^
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