mercredi 24 novembre 2010

Le Déchronologue - Stéphane Beauverger


A plusieurs reprises, j’ai entendu chanter les louanges de Stéphane Beauverger, et plus particulièrement de son Déchronologue qui traine avec lui quelques prix sympathiques comme le Grand Prix de l’Imaginaire. Du coup, comme je ne peux résister à une bonne histoire de pirates, je suis partie à l’abordage à peine le livre pillé emprunté dans une bibliothèque.

Dans les années 1650, le capitaine Henri Villon, héros et narrateur de l’histoire, et son équipage de vils pirates vivent la belle vie de pillage de galion espagnol dans les Caraïbes. Villon a une passion bien particulière pour les maravillas, étranges objets presque magiques (enfin plutôt technologiques) dont on ignore la provenance, et serait prêt à n’importe quoi pour les obtenir, sans se soucier de ce qui se cache derrière ces merveilles.

Ce résumé est un peu abstrait, je m’en excuse, mais il est difficile de rendre compte de ce livre dont l’intrigue se dévoile de manière quelque peu anarchique, sans raconter la fin ou en gâcher la surprise. Il faut comprendre qu’à peine avalés le prologue et le chapitre 1, voilà qu’on tombe sur le chapitre 16, puis 17, puis 7 et… ah voilà enfin le 2 !

Oui, l’auteur s’est amusé à tout mettre dans le désordre, ce qui transforme la lecture en un périlleux (mais ô combien délicieux) exercice cérébrale où on se retrouve à régulièrement revenir en arrière (ou en avant) pour raccrocher les morceaux ensemble. Bien sûr, on pourrait lire les chapitres dans l’ordre (si je le relis, je le ferais peut-être), mais ça serait nettement moins drôle. Je l’avoue, c’est la structure même du roman qui m’a accrochée au livre, avant même l’histoire ou l’atmosphère.

Celle-ci n’en reste pas moins un vrai délice : tout se passe dans cet espace si minuscule et pourtant si immense que sont les Caraïbes, avec ses ports miteux où tout s’achète et se vend. Avec des Espagnols qui essayent de garder la main mise sur leurs territoires, et tous ces pirates, contrebandiers et autres fieffées canailles qui n’en font qu’à leur tête, sans parler de quelques indigènes locaux bien allumés dans leur genre.

Mélangeant grosso-modo histoires de pirates et de voyage dans le temps (quoique ce ne soit pas le terme le plus adapté), l’intrigue qui se déroule dans le Déchronologue n’est pas si complexe que ça. A vrai dire, je trouve même que c’est le (petit) point faible du roman.

J’ai trouvé que malgré de belles promesses, et ce dès le chapitre 16, elle passait finalement assez vite sur certains aspects peut-être volontairement occultés (ce qui est fort frustrant), et il lui manque un petit je-ne-sais-quoi du livre qu’on referme en se disant « Wahouh ça c’est de l’histoire ». A titre de comparaison je lui préfère Sur des mers plus ignorées dans le même univers (et avec cette réaction une fois rendue à la fin).

Mais elle est vraiment portée par une forme particulièrement mitonnée aux petits oignons (« Wahouh ça c’est du concept », en quelque sorte). Il y a le mélange des chapitres dont j’ai déjà parlé, qui contribue vraiment à donner corps à l’histoire et à titiller l’intérêt du lecteur mais également une très belle écriture.

Stéphane Beauverger aimant à jouer avec les mots. Les dialogues, notamment, sont à savourer sans modération, ne serait-ce que pour les jurons particulièrement colorés et créatifs qui les émaillent. Je n’irais pas jusqu’à parler de poésie pour ce genre de propos, mais cela rend en tout cas le texte très plaisant à lire.

Alors du coup, même si j’ai trouvé que le final n’était à la hauteur de ce que j’espérais, je n’en reste pas moins charmée par ma lecture : bel univers, personnages hauts en couleur qui restent en tête (tout particulièrement Villon et Mendoza), et une mise en page assez atypique.

Sortant des sentiers battus et loin de toute étiquette -je me garderais bien de classer ce livre dans une catégorie même s’il m’évoque trop Tim Powers pour ne pas penser steampunk-, le Déchronologue est un chouette bouquin à lire, distrayant et original.

CITRIQ

8 commentaires:

Tortoise a dit…

haaa il faut que je le lise! (depuis le temps!)

Anonyme a dit…

je crois que je devrais offrir ça à Fenicino, ça le changerait... et puis je pourrais le lire

Vert a dit…

Il a de la chance ton Fenicino (quoique c'est un peu intéressé en fait ton geste xD). Il sort en poche bientôt en plus, si tu préfères les petits formats...

Julien le Naufragé a dit…

Un de mes livres favoris de l'année pour moi. J'ai tout simplement adoré. Si cela te tente, mon billet est ici : http://naufragesvolontaires.blogspot.com/2010/04/le-dechronologue-de-stephane-beauverger.html

Anonyme a dit…

J'ai fini par le lire
Je fais de moins bonnes critiques que toi mais c'est là :
http://fenoire.livejournal.com/41032.html

Mais moi, je n'ai pas du tout été déçue par la fin, peut-être que je n'ai pas assez de références !

Vert a dit…

Je sais pas si c'est une question de référence, je m'attendais à quelque chose qui ait plus de gueule... menfin c'est pas bien grave, le reste était chouette ^^

Endea a dit…

J'ai beaucoup aimé, et le fait d'avoir mis les chapitres dans le désordre y est pour beaucoup, même si mon cerveau a fumé une paire de fois dans l'effort qu'il faisait pour tout suivre, xD

Vert a dit…

Si ça peut te rassurer ça m'arrivait souvent de relire les chapitres avant/après dans l'ordre chronologique pour m'y retrouver (et c'est là qu'on voit que le livre n'a pas forcément été conçu pour être lu dans l'ordre chrono d'ailleurs xD)