lundi 29 novembre 2010

Entremonde - Neil Gaiman et Michael Reaves


Avant de commencer et pour que tout soit clair tout de suite, je n’aime pas la couverture française. J’ai acheté et lu Entremonde en VO il y a un ou deux ans (sous le titre Interworld), et je me serais jetée sur le roman rien que pour sa couverture, même s’il avait été écrit par Stephenie Meyer (enfin peut-être pas, faut pas plaisanter avec ces choses). Regardez plutôt :


En version française, c’est mon radar à Gaiman qui l’a repéré au milieu des bouquins jeunesse. Ca n’a pas du tout le même panache ! Bon ceci dit un roman de Gaiman est en soit toujours un pur moment de bonheur et le fait qu’il soit co-signé par Michael Reaves (dont j’ai lu un bouquin Star Wars tout sauf mauvais, en l’occurrence un thriller avec Dark Maul en vedette) n’est pas plus dérangeant que ça, alors au diable la couverture et en avant la lecture !

Il y a une petite histoire derrière Entremonde, sympathiquement expliquée dans la postface. Ce roman a d’abord été conçu comme une série télé par ses auteurs, mais n’arrivant à la vendre à un producteur, ils ont finalement décidé quelques années plus tard d’en faire un roman. La note des auteurs donne le ton dès les premières pages, on en comprendrait presque le regard perdu des producteurs :
Ceci est une œuvre de fiction. Puisqu’il existe une infinité de mondes possibles, elle est toutefois fatalement vraie dans l’un d’eux. Or, si une histoire située dans un nombre infini d’univers est vraie dans l’un d’eux, elle l’est dans l’absolu. Elle n’est donc peut-être pas aussi fictive que nous le pensons.

L’histoire d’Entremonde nous est rapportée à la première personne par Joey Harker, lycéen tout ce qu’il y a de plus ordinaire, avec une famille ordinaire, des notes ordinaires en cours, et bien sûr, la fille de ses rêves qui ne lui adresserait même pas un regard … et puis un jour, le voilà qui se découvre un pouvoir particulier, celui de Marcher à travers les univers parallèles, ce qui va lui attirer, bien évidemment une foule d’ennuis.

Jusque-là, on n’a rien de bien original dans le scénario, mais l’univers qui se construit autour est plutôt chouette. En effet, cette multitude d’univers parallèles dont prend conscience Joey, est au cœur d’une guerre entre Magie et Technologie, chacun voulant bien sûr annihiler l’autre. Et au milieu, une étrange confrérie, Entremonde, essaye de maintenir l’équilibre, grâce à ses membres qui ont tous la capacité de Marcher à travers les univers.

Même que ce sont tous des versions alternatives de Joey Harker, rien que ça. Des plus vieux et des plus jeunes, des garçons et des filles, des magiques et des technologiques, mais tous des lui, et pour mieux le prouver leurs prénoms commencent tous par un J (Jay, Jai, Jo, Jakon, Josef…). C’est cette particularité qui donne toute sa saveur au roman, puisque finalement il ne met en scène qu’un seul et unique personnage avec de multiples variations.

Ce qui explique aussi que ça ne ferait pas une super série télé (15 fois le même personnage, imaginez un peu les histoires d’amour tordues que ça entrainerait), mais l’histoire n’en est pas moins extrêmement sympathique. Pas forcément très originale, mais très bien racontée, et avec un suspens suffisamment dosé pour qu’à la fin de chaque chapitre, on se jette sur le suivant, et que sans en avoir conscience, on se retrouve à la dernière page plus vite que prévu.

L’écriture est délicieuse. Evidemment il y a la patte de Gaiman, mais j’ai aussi trouvé une certaine fraicheur dans les descriptions pleines de comparaison saugrenues très parlantes, avec un vocabulaire très franc du collier. Dans le gang des « méchants », on croisera ainsi une femme « avec une espèce d’accent de pétasse californienne pleine de fric », et un homme dotée d’une voix « qu’on obtiendrait en plongeant Dark Vador dans un tonneau de sirop d’érable ».

On a là de la littérature jeunesse avec quantité de poncifs, mais c’est un bon roman très bien écrit et pas idiot pour deux sous. Sans être au niveau de Coraline (quand même), il a son petit effet tout de même, sans doute parce qu’on sourit souvent à la lecture, tant il flirte avec le mode grand film héroïque tout en s’en moquant doucement.
« Vous venez jouir de votre triomphe, hein ?
- Non, on ne fait pas ça nous […]. On est les gentils. ».

CITRIQ

3 commentaires:

Tortoise a dit…

ça donne envie! Surtout cette histoire de multiples variations parallèles d'un même personnage, c'était un de mes embryons d'idées pour les fanfics-que-je-n'écrirai-sans-doute-jamais-même-si-je-ne-m'y-suis-pas-encore-résignée.

Anonyme a dit…

Fénicina (oui, j'ai aussi une fille) m'a demandé hier si j'avais des livres à lui conseiller à emprunter à la bibliothèque du collège... comme elle a bien aimé Nobody Owens cet été, je vais mettre ça, je crois...
Toujours plein de bonnes idées à prendre ici !

Vert a dit…

@Tortoise
Bah à défaut de l'écrire tu pourras le lire ^^

@Fenice
Normal, je prépare le terrain pour quand mon filleul lira, faut que je puisse lui conseiller plein de bonnes choses quand même :P
Pas sûr qu'ils l'aient à la bibliothèque par contre, il vient tout juste de sortir.