samedi 5 juin 2010

Le Nom du monde est forêt - Ursula K. Le Guin


Il y a bien longtemps, dans une galaxie lointaine, ou plutôt l’été dernier, je m’étais lancée dans la lecture de la Main gauche de la Nuit, premier roman du cycle de l’Ekumen de Ursula Le Guin, qui m’avait laissé une très bonne impression.

Je viens seulement d’emprunter les suites (enfin si on peut utiliser ce qualificatif, il s’agit de romans indépendants qui ne partagent guère qu’un univers commun) pour poursuivre ma lecture, en commençant par le deuxième par ordre d’écriture, le Nom du monde est forêt, qu’il faut savoir dénicher.

Pour la petite anecdote, il n’est plus édité en tant que roman seul, mais uniquement à la fin du Dit d’Aka (quatrième roman du cycle écrit juste 20 ans après). Je me suis demandée pourquoi ce roman qui a quand même reçu un prix Hugo était fourni comme bonus, jusqu'à que tout s’éclaire à la lecture. Mais ne mettons pas la charrue avant les bœufs.

Le nom du monde est forêt, ou the word for world is forest (c’est un peu plus poétique en VO) nous fait voyager jusqu’à la planète Athshe, dont les quelques terres émergées sont littéralement couvertes de forêt, habitée par des êtres intelligents ressemblant à des singes verts. Les Terriens, lancés dans une campagne de colonisation (le bois étant une denrée rare sur Terre), les ont surnommé « créates ».

La colonisation humaine n’est pas une jolie affaire, comme on le constate dès les premières pages : le déboisement massif entraine l’érosion des terres, et les créates, sous couvert d’un « service volontaire », ont été asservis par les nouveaux venus, qui les utilisent pour toutes les basses besognes.

Mais voilà qu’un jour, alors que la planète s’apprête à recevoir ses premières femmes (oui c’est très misogyne, on importe les femmes quand la planète est « conquise »), les créates se révoltent et massacrent un camp entier, eux qu’on croyait incapable de violence.

J’ai beaucoup pensé à Avatar en lisant ce roman, la faute à la forêt certes, mais surtout au Capitaine Davidson, un des protagonistes principaux, qui ressemble au méchant du film comme deux gouttes d’eau (bon en même temps le militaire borné et raciste et avide de violence, on le connait…).

Il y a des idées intéressantes dans ce roman, à commencer par les créates en eux-mêmes, qui passent leur temps à rêver éveillés, avec leur société technologiquement peu avancé mais qui semblent bien plus avancés spirituellement/psychiquement. ll y avait déjà de ça dans la Main gauche de la nuit, et ça m’a tout l’air d’un motif récurrent dans la science-fiction de Ursula Le Guin, qui se base moins souvent sur une question de technologie que sur des questions de société et de mode de pensées.

J’ai beaucoup aimé le parti pris de faire quelque chose de réaliste sur ce clash entre deux espèces humaines (les créates s’appelant aussi hommes et considérent les terriens comme des umins, c'est-à-dire des géants). Pour suivre la comparaison avec Avatar, là où le film évènement distingue clairement les gentils et les méchants, ici ce n’est pas le cas, et même si fondamentalement l’idée que le terrien est destructeur ressort clairement, les créates ne sont pas forcément absous de leurs actes qui dérangent également.

Le problème de ce roman, c’est qu’il a vieilli, contrairement à la main gauche de la nuit. Sans être manichéen, il est assez simpliste, et sa trop petite taille ne donne pas la possibilité de développer une vraie intrigue dense et complexe comme est capable de le faire Ursula Le Guin, ce qui explique sans doute sa réédition en fin de cycle. Il contient des éléments intéressants sur son univers de l'Ekumen, mais il reste en dessous des autres romans.

En témoigne d’ailleurs mes premières impressions du roman suivant, les Dépossédés, presque 400 pages, et qui pour le coup se révèle incroyablement riche (presque trop). Mais ceci est une autre histoire…

CITRIQ

3 commentaires:

El Jc a dit…

Encore un cycle que je n'ai jamais abordé. Le Guin a une bibliographie foisonnante, il faudrait qu'un jour je m'y penche plus sérieusement tout de même, même si la découverte que nous avions faites ensemble sur le Cercle d'Atuan de "Terremer" ne m'avait pas convaincu du tout.

Vert a dit…

C'est sûr que Le Sorcier de Terremer n'a pas été un franc succès, ceci dit si tu trouves un moment Les tombeaux d'Atuan est vraiment bien (en tout cas c'est celui qui m'a le plus marqué de tout le cycle).

Sinon le cycle de l'Ekumen est intéressant. Dense, complexe, parfois limite trop, mais intéressant. Par contre c'est des romans où il ne se passe rien, je préfère prévenir ^^

El Jc a dit…

Ok merci pour l'avertissement !