mercredi 7 octobre 2009

La voix des morts (Cycle d’Ender 2) – Orson Scott Card



C’est assez rare que je peine à écrire une critique, mais la suite de la Stratégie Ender m’a vraiment fait sué. Déjà que j’en garde un souvenir brumeux pour l’avoir lu pour la majeure partie en pleine nuit pendant une insomnie. Et puis c'est un véritable numéro d’accrobatie de haut vol pour éviter les spoilers, au moins ceux sur la Stratégie Ender.

En principe j'ai réussi à faire l'impasse dessus, mais pour ceux qui me lisent juste pour la beauté de mes phrases, et qui n'ont pas encore lu le tome 1 du Cycle d'Ender, c'est à vos risques et périls.

La Voix des Morts se passe bien après la Stratégie Ender, quelques 3000 ans plus tard. Mais Ender n’a que 35 ans, parce qu’il a un peu trop profité des voyages spatiaux, le filou ! Ca vous perturbe ? Lisez Jules ou l’imparfait du futur, ça explique très bien le concept (et Emile Bravo est un génie en plus)

Bien que ce soit toujours un plaisir de s’infliger la migraine à réfléchir aux implications d’un voyage qui dure 8 jours à bord du vaisseau pendant que 40 ans s’écoulent à l’extérieur, là n’est pas le propos principal de ce roman (même si ceci et le fait qu’ils disposent à coté d’un système de communication instantané me rappelle l’Ekumen de Ursula Le Guin).

L’humanité a peu à peu émigré dans l’espace et colonisé de nouvelles planètes, sans jamais rencontrer d’êtres doués d’intelligences… jusqu’à la planète Lusitania, occupée par les piggies, qui doivent leur nom à leur allure porcine.

Afin d’éviter que cela finisse comme avec les doryphores, on décide de maintenir le contact au minimum. Les colons humains vivent enclavés et seuls quelques scientifiques peuvent rencontrer les piggies. Tout se passe bien jusqu’à que l’un d’eux soit sauvagement assassiné, évènement déclencheur qui va amener Ender, désormais devenu Porte Parole des Morts à visiter cette planète pour parler la mort du xénologue assassiné.

Ce roman là est plus complexe que la Stratégie d’Ender. Ender a grandi, et son univers avec lui. Si l'intrigue repose moins sur les mystères, il y a beaucoup plus d’informations à absorber. Même si 90% de l’action se déroule au même endroit, la galerie de personnages est bien plus développée, et les situations sont beaucoup moins « simples ».

Si l’histoire porte sur l’Autre (comment l’appréhender, le comprendre voir construire quelque chose ensemble), elle ne s’y limite pas. En vrac elle parle aussi de famille, d’amitié, de religion, de psychologie, de secrets cachés qui pourrissent, de douleur et j’en passe.

Il y a pas mal de références chrétiennes éparpillées dans le livre, même si on n’y prête pas forcément attention. Le parcours d’Ender (il a d’ailleurs lui-même un rapport assez original avec la religion) se prête assez facilement aux interprétations religieuses d’ailleurs (le sacrifice, le poids des pêchés, la pardon, le rachat des fautes et tout ça, il a un parcours assez christique je trouve).

L’intrigue repose sur un mystère (le mobile du meurtre), qui interroge pendant tout le roman, cependant c’est un peu moins frappant comme révélation que la fin de la Stratégie Ender (et on a pas mal d’indices disséminés en chemin). Le plaisir vient surtout de l'observation des interactions entre les personnes, humains comme piggies (qui sont une très belle race alien qui fait très « alien »).

C’est d’ailleurs l’intérêt premier du roman, en plus du fait de conclure encore une fois l’histoire d’Ender (c'est pas des cycles dans le genre « A suivre », c'est agréable). Le casting est tout de même très intéressant (même si on s’y mélange les pinceaux entre les Pipo, Libo et Milo), de même que l’ambiance assez unique d’une colonie catholique portugaise.

Il n’est peut-être pas aussi frappant que la Stratégie Ender, mais c’est quand même un fort bon roman, et il va sans dire que je lirais la suite (si elle veut bien revenir à la bibliothèque !).

6 commentaires:

El Jc a dit…

Ravi que ce second tome t'es plue. On s'éloigne effectivement de la stratégie Ender, mais on n'y perds ni en qualité ni en originalité.

Vert a dit…

En effet, par contre j'ai pas entendu que du bien des suites donc je suis pas trop trop pressée d'y mettre le nez.
(C'est pas comme si la fin appelait à une suite à corps et à cri)

lael a dit…

a propos du côté bon chrétien qui trouve sa rédemption tout ça, monsieur Card était mormon. Mais j'ai trouvé que ça "n’entachait" pas l'histoire en fait, ça allait bien dedans. Sinon chouette critique, je te rajoute sur la mienne (par là http://chezlaventurierdesreves.over-blog.com/article-o-scott-card-cycle-d-ender-1-2-75549160.html)

Vert a dit…

Dans ce tome là, c'est pas du tout gênant l'aspect religieux, il a écrit d'autres bouquins où c'est un peu lourdingue, mais pas celui là ^^

Endea a dit…

Un bon roman oui, intelligemment construit et écrit d'une façon très différence du premier.
Le casting .. oui un peu difficile de s'y retrouver au début avec tous ces O, xD

Vert a dit…

Pas eu le temps de lire ton avis encore, en tout cas j'en garde encore un bon souvenir ^^
(et aucune imagination sur les prénoms dans cette famille, à côté Albus Severus c'est du pipi de chat :P)