Cette année j’ai testé une nouvelle technique pour combattre les insomnies : le livre audio. En général quand j’écoute une histoire en étant couchée, je pique du nez au bout de cinq minutes. Ce n’est donc pas une méthode très efficace de lecture, mais je me suis dit qu’avec un livre déjà lu comme Le Hobbit, ça passerait crème… Effectivement c’est très pratique pour se rendormir, mais à force d’en écouter des petits bouts, ce qui devait arriver arriva : j’ai eu envie d’écouter le livre correctement.
Est-ce que cette énième relecture méritait un troisième article sur ce blog ? Oui, car en ces temps sombres, il n’y pas de meilleur remède que Tolkien pour entrevoir la lumière !
Faut-il encore présenter ce roman dont on connait autant le contenu que l’histoire de son écriture ? Le Hobbit est né sur une page vierge au milieu d’une pile de copies à corriger, avec une phrase d’ouverture aussi étrange que magique : « Au fond d’un trou, vivait un hobbit ».
On y suit les aventures de Bilbo, un hobbit (une petite créature à hauteur d’enfant, à défaut d’en être un) qui ne demande rien de mieux que de passer des jours paisibles chez lui, et qui s’embarque un peu bon gré mal gré, par l’intermédiaire d’un magicien, dans un long voyage en compagnie de treize nains (rien que ça !) pour aller récupérer un trésor gardé par un dragon.
L’histoire est simple puisque c’est littéralement un aller et un retour comme l’indique son sous-titre. Le ton est globalement léger (surtout au début), avec un narrateur qui s’offre de petites disgressions humoristiques (l’invention du golf lors d’une bataille contre les gobelins), un héros un peu maladroit et des situations qui sont parfois plus drôles qu’effrayantes, comme ces Trolls qui se battent sur des questions de cuisine et sont accessoirement les seuls personnages du roman à avoir des prénoms « normaux » (Hubert, Léon et Tom en VF).
Cependant, c’est du Tolkien pur jus dès le début : on trouve des chansons et des poésies à tout va, et même si Le Hobbit semble assez déconnecté des autres récits de la Terre du Milieu, il y a régulièrement plein de petites références à l’immense légendaire de l’auteur, notamment lorsqu’on croise Elrond ou lorsqu’on évoque brièvement les elfes de Gondolin.
C’est pour ça que quand je replonge dans Tolkien, je commence toujours par Le Hobbit : cela permet de rentrer en douceur dans l’univers.
C’est toujours un plaisir de relire ce livre qui a quelque chose d’extrêmement réconfortant. On pourrait penser que cela est dû à l’attachement à ce drôle de petit bonhomme qu’est Bilbo, qui ne cesse de penser à retrouver sa maison mais finit par devenir un héros malgré lui.
Il y a de ça, mais je pense que cela tient au fait qu’il parle de choses très simples et très justes sans jamais être naïf ou infantilisant. Les personnages ne sont jamais tous blancs ou tous noirs, à part peut-être les gobelins (et encore, je trouve que Tolkien prend le temps de leur donner de l’épaisseur en donnant quelques informations sur leur société).
Gandalf est d’un immense secours mais aussi parfois grincheux, les nains sont durs avec Bilbo mais finissent par s’attendrir, Beorn est un être dangereux et pourtant d’un immense secours, le roi elfe semble à première vue hautain et obsédé par l’argent mais prend le temps de venir secourir les habitants de Bourg-du-Lac, et ainsi de suite.
C’est ce qui fait le plus de bien dans ce roman. En dépit des mésententes de toutes ces êtres très différents, ils font preuve d’empathie et sont capables de s’entraider (juste après avoir voulu se mettre sur la gueule, mais que voulez-vous, entre elfes et nains et avec une petite dose d’or du dragon entre les deux, on ne se refait pas).
J’aime également le fait que ce soit un roman profondément pacifiste. Certes il y a une énorme bataille à la fin (énorme non pas tellement par la place qu’elle occupe dans le roman mais plutôt par le nombre de forces en présence), mais toute l’action de Bilbo à la fin du livre vise à éviter justement le début des hostilités.
Dans la postface de Requiem pour les fantômes, Katherine Arden évoquait le fait que l’imaginaire de la Première Guerre mondiale était en partie passé dans des œuvres fantastiques ou de fantasy, évoquant notamment les contrées dévastées du Mordor dans le Seigneur des Anneaux.
Je pense qu’on sent aussi le souvenir de la Grande Guerre jusque dans Le Hobbit, dans la façon dont le héros cherche à éviter le conflit ou encore dans la description de l’ingéniosité des gobelins et de leur attrait pour les armes destructrices qui pourraient dans le futur tuer de nombreux hommes d’un seul coup.
Et après toutes ces aventures, Le Hobbit prend le temps de raccompagner son héros chez lui. J’aime bien la façon dont l’histoire semble se rembobiner avec un héros qui revient sur ses pas et observe comment le monde a changé suite aux évènements du livre, et lui avec.
Et ainsi s’achève cette relecture. Il est toujours plaisant de relire un texte familier qu’on aime, mais c’est d’autant plus agréable quand on découvre de nouvelles choses qu’on n’avait jamais remarqué auparavant.
Ajoutez à cela un changement de médium qui apporte une nouvelle perspective, et vous comprendrez pourquoi j’ai envie de poursuivre l’aventure avec une relecture du Seigneur des Anneaux. Après tout, pourquoi s’arrêter en si bon chemin ?
Un petit mot sur la version audio pour finir : c’est l’acteur Dominique Pinon qui lit le livre. J’ai eu un peu de mal au début à oublier l’acteur étant donné qu’il a une voix assez remarquable, et puis c’est passé. J’ai beaucoup aimé la façon dont il rend les chansons (il les fredonne ou il les chantonne parfois) et sa prestation est excellente pour Gollum. Je n’avais jamais trouvé particulièrement effrayant ce passage, mais on fait moins le malin quand Gollum nous susurre directement à l'oreille ses envies de meurtre !
Infos utiles : Le Hobbit (The Hobbit) est un roman de J.R.R. Tolkien paru en VO en 1937. J’ai écouté la version audio éditée chez Audiolib en 2012, lue par Dominique Pinon, à partir de la nouvelle traduction de Daniel Lauzon sortie en 2012. 10h13.
Cet article est le 3e que je consacre au Hobbit, si le cœur vous en dit, vous pouvez lire mes impressions sur la fois où j’ai décidé de le lire en VO et sur la nouvelle traduction et l’édition annotée.
Ça valait clairement un troisième article.
RépondreSupprimer"j’ai envie de poursuivre l’aventure avec une relecture du Seigneur des Anneaux" : par petits bouts ou directement en intégralité ? 😄
Excellente idée de relire Tolkien, moi ça me rappelle l’esprit de Noël avec ” Les lettres du père Noël ”.C’est de saison🙂
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