Il est de ces romans qu’on a hâte de lire tout en repoussant sans cesse l’échéance, tant on sait qu’ils vont être une source de joie et de tristesse. C’est le cas de ce roman. Je me faisais une joie de retrouver l’autrice qui avait cessé de publier de l’imaginaire depuis plusieurs années, mais son décès quelques mois avant la publication a teinté cette lecture d’une fort triste tonalité. Ceci dit, cette dualité sied étrangement à ce texte.
Trois battements, un silence met en scène Marco, un homme qui a grandi dans une famille tout sauf normale et qui vit désormais à l’écart du monde, jusqu’à que la réapparition de son fils, disparu depuis huit ans, change la donne. L’enfant n’a pas vieilli d’un jour depuis sa disparition, mais on ne peut pas vraiment dire que cela surprend Marco, qui lui aussi a été enlevé par les fées lorsqu’il était jeune.
Ce résumé ne donne qu’un piètre aperçu de ce roman. Trois battements, un silence est le genre de texte qui est moins porté par son intrigue que par son rythme, son ton et son ambiance.
J’ai sans surprise pensé au Clairvoyage, le premier roman que j’avais lu de l’autrice il y a douze ans. Il faut dire que les deux textes partagent la même fascination pour les fées et les légendes. Mais là où Le Clairvoyage était plutôt doux, Trois battements, un silence est un roman beaucoup plus sombre, bien que non dénué de merveilleux.
Les fées de ce roman sont tout sauf aimables et le héros, Marco, n’est clairement pas habitué au bonheur lorsqu’on découvre petit à petit son enfance partagée entre une famille atroce et un foyer qui ne vaut guère mieux.
Ce qui n’empêche pas le roman d’être charmant. La plume d’Anne Fakhouri a vraiment quelque chose de magique, et je me surprends souvent à me laisser porter par les mots. C’était déjà quelque chose que j’avais apprécié dans Le Clairvoyage.
J’ai également aimé également son travail sur la figure bien connue de Mélusine, présente en permanence à l’arrière-plan du roman. Elle est vraiment remontée aux sources du personnage et j’ai beaucoup aimé l’interprétation qu’elle en a donné.
Trois battements, un silence est donc un très beau roman qui joue très bien avec la féérie pour proposer une histoire sombre et merveilleuse à la fois, porté par une très belle écriture. J’ai l’impression de ne pas avoir saisi toutes ses subtilités, mais j’ai adoré le lire, et j’aime la façon dont il s’estompe petit à petit dans mes souvenirs, comme un voyage dans le monde des fées.
Infos utiles : Trois battements, un silence est un roman de Anne Fakhouri paru en 2023 aux éditions Argyll. Couverture de Xavier Collette. 370 p.
D’autres avis : Le Bibliocosme, Les critiques de Yuyine, Fantasy à la carte, Zoé prend la plume
Ah, mais c'est un roman d'enlèvement par les fées, je n'avais pas ça en tête. Je n'ai pas forcément eu de bonnes expériences dans le genre, pas sûr que ça soit pour moi finalement.
RépondreSupprimer"J’ai l’impression de ne pas avoir saisi toutes ses subtilités" : la bonne excuse pour le relire un jour !
@Baroona
SupprimerEst-ce un roman d'enlèvement par les fées ? Pas vraiment en fait. Enfin je crois, en vrai j'ai un doute sur ce qui constitue le coeur du roman 🤔 (oui je sais j'aide pas)
Un titre qui résonne tristement après le décès de l’autrice à 48 ans.
RépondreSupprimerJe vais commencer par celui-là. Belle chronique.
@Melvin
SupprimerC'est un bon titre pour commencer (enfin comme tous les autres j'ai envie de dire)
Je me tâtais à le lire, le résumé m'avait un peu refroidie mais finalement je pense que je me le tenterais à l'occasion. Tu m'as plutôt convaincue ^^
RépondreSupprimer@Cely
SupprimerCool, bonne lecture alors :)
Ca fait partie des (nombreux) romans qu'il faut que je rattrape un jour, même si le thème est plus sombre que ne le laisse penser l'enlèvement par les fées.
RépondreSupprimer@Shaya
SupprimerJ'espère que cela te plaira alors ^^
Ca m'évoque Le parlement des fées de John Crowley, que je relirais bien un jour tiens ^^
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