mercredi 18 septembre 2024

Mass Effect Legendary Edition

Affiche du jeu Mass Effect Legendary Edition

En mars dernier, je me suis réveillée avec une furieuse envie de jouer à Mass Effect, presque dix ans après avoir terminé le 3e volet. D’habitude ce genre d’envie ne va jamais très loin mais ce jour-là j’ai vu que la Legendary Edition (aka l’édition remasterisée) était en promo à 10 euros. Autant dire que je ne me suis pas fait prier… Six mois après, il est temps de vous raconter comment s’est passée cette redécouverte.

Commençons par le commencement, c’est quoi Mass Effect ?

Mass Effect est un RPG de science-fiction développé par Bioware dont le premier volet est sorti en 2007. Il a été suivi de deux jeux sortis respectivement en 2010 et 2012 qui forment à eux trois une histoire complète. Des comics et des romans sont venus enrichir l’univers, ainsi qu’un quatrième jeu, Andromeda, qu’il me reste à découvrir.

Mass Effect se déroule dans un futur où les Humains ont découvert sur Mars une technologie extraterrestre qui leur permet de partir à la conquête des étoiles. Cependant ils découvrent assez vite qu’ils sont loin d’être seuls, et toutes les premières rencontres ne se passent pas très bien. Cependant, lorsque le jeu commence, la galaxie vit désormais dans une paix relative et les Humains sont surtout occupés à faire leur place au sein de la communauté galactique.

Le jeu Mass Effect met en scène le Commandant Shepard, un ou une soldat de l’Alliance humaine sélectionné pour devenir un Spectre, un corps d’élite au service du Conseil, la plus haute instance de la galaxie. Évidemment rien ne se passe comme prévu pendant sa première mission et s’en suit une aventure avec moult planètes à explorer et moult quêtes à accomplir.

Ce qui marque déjà dans Mass Effect, c’est son univers de space-opera très travaillé avec différentes civilisations aliens et des relations complexes entre espèces. C’est aussi un univers nuancé où on se retrouve à beaucoup réfléchir aux décisions qu’on prend, qui ne sont jamais anodines (elles peuvent se répercuter deux jeux plus loin) et qui sont rarement faciles (cela atteint des sommets dans le 3e jeu où il n’y a parfois aucune « bonne » conclusion à certaines missions).

À plus petite échelle, Mass Effect est aussi un jeu porté par des personnages formidables, développés au gré des différents jeux. Il y a bien sûr tous les compagnons de Shepard qui sont tous très développés, avec qui on peut discuter, se disputer, développer une amitié et plus si affinités… mais aussi tous ces personnages secondaires qu’on recroise ici et là et qui rendent le jeu incroyablement vivant.

Et puis il y a l’intrigue, prenante, grandiose, avec de grands moments héroïques et de doux moments plus intimistes, des rires et des larmes, de la tragédie et de la comédie, bref c’est un peu l’ascenseur émotionnel parfois, mais c’est ce qui fait le charme de cet univers.

Mass Effect 1

Ecran-titre du 1er Mass Effect

Le premier Mass Effect, c’est vraiment le RPG typique de Bioware des années 2005-2010. Sa structure narrative est exactement la même que celle de Knights of the Old Republic et du 1er Dragon Age : on commence par une première partie linéaire, ensuite on a quatre quêtes dans quatre endroits différents et on revient à une intrigue resserrée pour le final.

Franchement il n’a pas très bien vieilli. Certes l’édition remasterisée a permis un lifting graphique, mais le cœur du jeu n’a pas été modifié, et si la quête principale est chouette, elle n’est pas très longue.

Une grande partie du jeu est donc occupée par des quêtes secondaires vite répétitives. En lui-même le concept de l’exploration de planètes est chouette, mais quand on en est à notre 2e ou 3e partie, on finit par se lasser des balades en mako pour trouver des ressources, des enchainements de combats et des trois maps d’intérieurs répétés à l’infini.

Ajoutez à cela une ergonomie pas terrible en combat (beaucoup trop de touches, on est loin de la fluidité du système dans le 2 et le 3), un inventaire vite encombré et vous comprendrez pourquoi quand on y rejoue, on est surtout content de le terminer.

Capture d'écran du 1er jeu

Alors pourquoi y rejouer ? Pour la précieuse sauvegarde qui permettra d’importer tous ses choix dans les jeux suivants. Pour cette ambiance de commencement où les camps des gentils et des méchants sont encore relativement bien délimités, ce qui contraste drôlement avec les suites. Et pour connaître le début de l’histoire bien sûr !

Lorsque l’édition remasterisée avait été annoncée, je m’étais dit que ça aurait une bonne idée de repenser le premier jeu pour le rendre plus agréable à jouer. J’ai beaucoup réfléchi à cette question en y rejouant, et je me suis rendue compte qu’au-delà des questions de faisabilité et de moyens, c’était finalement normal de le laisser tel quel.

Parce que sa jouabilité qu’on voit aujourd’hui comme laborieuse fait partie de ce qu’il est, de ce qu’était un jeu dans les années 2000. On peut certes ajouter quelques fioritures (des plus beaux graphismes, une ou deux fonctionnalités pour faciliter la gestion de l’inventaire) mais quelque part c’est normal de laisser ce jeu tel quel. D'autant plus que certains éléments de son gameplay (notamment le mako) deviennent des sources de blagues par la suite.

En plus je viens de découvrir qu’il existait des mods pour notamment rendre l’exploration des planètes moins fastidieuse quand on en est à sa 40e partie donc finalement j’ai trouvé une solution à mon problème !

Mass Effect 2

Ecran titre du 2e jeu

Le 2e volet de Mass Effect a longtemps été mon opus préféré, mais c’est sans doute parce que le 3 m’était inaccessible (les choix des vieux PC). Il faut dire que quand on rejoue à cette trilogie, on a l’impression d’entrevoir la lumière dès qu’on commence le 2e jeu qui est meilleur à tout point de vue.

L’intrigue est très réussie, les compagnons et personnages secondaires sont plus développés, les combats sont beaucoup plus fluides, les quêtes secondaires sont plus diversifiées… bref c’est l’éclate totale.

Rien que l’introduction vaut le détour. Je me permets de spoiler pour deux du fond qui n’y ont jamais joué : on commence par la mort de notre personnage. Ce n’est pas le seul jeu à l’avoir fait mais j’avoue que cette séquence est particulièrement bien fichue et donne tout de suite le ton.

L’autre aspect que j’aime bien dans ce jeu, c’est la façon dont il assume les mécaniques classiques des RPG : dans ce jeu on a une mission (suicide), pour laquelle on doit recruter une équipe (on reçoit donc des dossiers de recrues) et chaque équipier a une mission de loyauté qui vise à régler ses dossiers en suspens pour qu’il soit concentré sur l’objectif final.

On peut ou non prendre le temps d’entraîner son équipe et d’améliorer son vaisseau, et cela a un impact sur le grand final. Je vous avoue que la tentation est parfois forte de foncer sans faire toutes les quêtes secondaires juste pour voir la catastrophe que cela peut provoquer à la fin (j’ai fini par regarder des vidéos YouTube de joueurs qui se sont dévoués à ma place).

Capture d'écran de Mass Effect 2

En rejouant à ce jeu, je dois dire que je l’ai trouvé très réconfortant. Il y a des passages très horrifiques (tout ce qui concerne les Récolteurs évidemment, d'ailleurs j’aime bien le fait qu’ils ne soient pas surexploités comme méchants bien qu’ils soient l’objectif final), mais tout le côté recrutement et discussions avec les équipiers est plutôt apaisant. Il y a une belle diversité dans les profils proposés et tous ont globalement un parcours très intéressant.

La diversité est aussi présente dans les quêtes, qui s’éloignent un peu du « je rentre dans une pièce et je tire sur tout ce qui bouge ». Il y a notamment des quêtes sans combats qui jouent la carte de l’exploration, de l’infiltration, de l’enquête. On est très loin de la répétitivité du premier jeu.

Et il y a les romances bien sûr ! Elles existaient déjà dans le 1er jeu mais étaient très classiques. Là on peut vraiment commencer à fricoter avec des aliens (Liara ne comptait pas tellement c’est un fantasme). C’est en effet dans ce jeu qu’on peut commencer une relation avec Garrus Vakarian, et c’est un argument qui suffit pour jouer à ce jeu (si si).

(non mais j’insiste, la romance avec Garrus est une des mieux écrites que j’ai connu dans les jeux vidéo, elle est aussi drôle que mignonne et en plus il ne confond pas histoire d’amour et séance chez le psy, ce qui fait du bien)

Bref le 2e jeu, c’est vraiment l’éclate, même si effectivement il finit par devenir très facile et que la gestion de l’inventaire est réduite à son plus simple appareil.

Mass Effect 3


Beaucoup d’encre a coulé autour de ce troisième épisode, notamment autour de sa fin, à tel point qu’à l’époque Bioware avait sorti un DLC gratuit pour corriger le tir. Dans mon cas, comme j’y ai joué avec trois ans de retard, je suis complètement passée à côté de ces histoires. D’ailleurs contrairement à Mass Effect 1 et 2 que j’ai terminé à plusieurs reprises, je n’avais joué qu’une seule fois à Mass Effect 3, si bien que j’ai presque eu l’impression de redécouvrir le jeu.

Mass Effect 3, c’est l’épisode qui a la lourde tâche de mettre en scène l’invasion des Moissonneurs et d’arriver à une conclusion (qui ne soit pas « tout le monde est mort »). Et en y rejouant cette année, je me suis dit qu’il faisait très bien ce travail.

Le jeu démarre en effet très fort. C’est bien simple, on est déjà complètement déprimé à la fin de l’habituelle séquence tuto pour se familiariser avec les commandes tellement l’avenir s’annonce sombre, et les premières missions continuent dans cette veine. On perçoit bien le désespoir de la situation un peu partout, avec les paysages dévastés, les vagues de monstres sans fin et le bestiaire développé par les Moissonneurs toujours plus loin vers l’horreur.

Je crois qu’il faut atteindre la partie avec les Krogans pour entrevoir un peu de lumière… ou en tout cas, un peu de légèreté (oui je sais, grâce à des aliens qui sont principalement connus pour être d’énormes bourrins mais dans un univers au bord du gouffre leur constance fait du bien). Mais ça ne dure pas et on retombe assez vite dans l’horreur, le désespoir et les choix impossibles. Oui il est vraiment super joyeux ce jeu.

Il serait insupportable sans ses personnages, notamment tous les coéquipiers de Shepard. À ce stade, ce sont presque tous des connaissances de longue date donc les discussions introductives ont disparu au profit d’échanges beaucoup plus familiers et touchants. Je crois que le Normandy n’a jamais semblé aussi vivant que dans ce jeu avec son équipage qui se déplace, qui réagit aux évènements, et où on perçoit bien tous les liens qui se sont tissés au fil des années.

Capture d'écran du 3e jeu

Ce que j’ai trouvé formidable en rejouant à ce jeu, c’est l’écriture. Dans l’absolue l’intrigue est très classique : on doit rassembler des alliés pour combattre l’ennemi. Mais c’est superbement raconté, parce que chaque espèce alien est différente, tout le monde ne pense globalement qu’à sa gueule, et les choix sont parfois très difficiles à faire. Notamment parce qu’il faut parfois avoir accompli certaines actions dans les jeux précédents pour décrocher la « bonne » fin. Et aussi parce que parfois il n’y a pas vraiment de bonne fin.

J’aime bien aussi la variété dans le déroulement des quêtes, loin du premier jeu où on enchaînait les combats. Je trouve ça très chouette d’oser des séquences pratiquement sans combats et pourtant absolument terrifiantes, comme la mission autour du Sanctuaire.
 
Sinon les combats n’ont jamais été aussi fluides et le système d’inventaire est revenu à quelque chose d’intermédiaire entre le 1er et le 2e jeu avec la possibilité de personnaliser ses armes, ce qui est chouette mais nécessite de prendre le temps de mettre le nez dedans. Bref c’est un jeu hyper agréable. Mais quand même un peu déprimant, sur la fin je me suis dépêchée de le finir à cause de ça.

D'ailleurs, en parlant de la fin (enfin des fins), dans son état actuel je la trouve tout à fait convaincante (bien qu’un peu artificielle effectivement). Surtout que j’ai pris le temps de tester toutes les alternatives et aucune n’est satisfaisante. Et c’est très bien, je trouve que ça cadre bien avec l’esprit du jeu qui martèle tout du long qu’on ne peut pas sauver tout le monde et qu’il faut faire des choix.

En vrai, une seule chose m’a exaspérée en jouant, c’est le personnage de Kai Leng. Déjà le cliché du ninja du futur, j’ai du mal à voir l’intérêt, mais le gars est juste une parodie de méchant. Genre il envoie des mails pour jubiler de ses victoires. Limite on entend son rire machiavélique. Il est tellement peu subtil comparé aux autres méchants de l’univers !

Voilà, tout ça pour dire que j’étais très contente de rejouer à Mass Effect 3, j’avais un peu moins le jeu en tête que pour les deux autres et la redécouverte a été très plaisante. J’y reviendrais sûrement un jour !

En conclusion

Capture d'écran du 3e jeu et oui c'est la dernière image du jeu

On va faire simple, les 10 euros que j’ai investi dans Mass Effect Legendary Edition sont un de mes meilleurs investissements vidéoludiques de ces dernières années, vu que ça m’a offert 250 h de bonheur (ok peut-être un peu moins si on enlève le 1).

Même si je râle un peu comme ces remasterisations qui surfent sur la nostalgie, je trouve ici la proposition correcte (en tout cas quand le jeu est en promo) : le lifting graphique ne fait pas de mal et ça permet de récupérer tous les DLC (sauf Pinacle Station, pour celui-là il faudra un mod mais est-ce franchement grave ?).

D’ailleurs en parlant de DLC c’est peut-être le seul reproche que je ferais à cette édition : étant donné que les DLC font désormais partie intégrante du jeu, j’aurais bien aimé qu’ils soient un peu mieux intégrés. Ça m’a surtout frappé pour le DLC Lair of the Shadow Broker dans le 2 qui pop dans le journal avant même d’avoir rencontré les protagonistes et qu’on peut lancer sans même avoir fait les quêtes qui vont avant…

Mais sinon c’était une chouette expérience. C'est vraiment marrant de rejouer à un jeu dans lequel on s'investit beaucoup dix ans après la première expérience : sur certains points on se rend compte qu'on a toujours le même avis, et parfois on se rend compte que notre regard a changé sur certains personnages.

PS : je me rends compte que j’ai oublié de parler de deux choses très importantes : 
  • Les voix de doublage, qui font vraiment tout le jeu. Jennifer Hale qui fait la voix de Shepard si on opte pour une femme est juste formidable. Et j’ai découvert que EDI (l’IA du Normandy) était doublée par Tricia Helfer, c’est surtout totalement par hasard qu’on l’a choisie pour ce rôle 🤣
  • ET COMMENT CA JE N’AI PAS PARLÉ DE LA MUSIQUE ? Il y a un paquet de compositeurs à la manœuvre, notamment Jack Wall, Sam Hulick, Christopher Lennertz, Sascha Dikiciyan, Cris Velasco et un peu Clint Mansell sur le 3e opus, et la BO est superbe avec des gros morceaux héroïco-bourrins, des thèmes plus intimistes et de manière générale une variété qui reflète bien l’immensité de l’univers.
Infos utiles : Mass Effect Legendary Edition est la version remasterisée des trois premiers jeux vidéo Mass Effect. Elle est sortie en 2021.
 

2 commentaires:

  1. Bravo pour ce super article qui résume bien la saga ! Bon moi à part des coeurs parce que je suis dingue de ce RPG, voilà quoi.... J'avoue comme toi je suis vraiment très fan des interactions entre l'équipage du Normandy dans le 3, c'est génial d'entrer dans une pièce et d'écouter la conversation entre d'autres personnes. Et les Krogan sont clairement à mourir de rire. Par contre, la fin de Mordin.... Au secours quoi. Tu as choisi quoi d'ailleurs pour le génophage ?

    RépondreSupprimer
  2. "pour les deux du fond qui n’y ont jamais joué" : coucou 👋
    Tu n'avais pas menti, c'est un article très complet. Est-ce que tu fais volontairement (ou non) des choix différents à chaque fois que tu y rejoues ?

    RépondreSupprimer

La modération est activée (c'est le meilleur moyen de filtrer les bots sans bloquer les humains :)), ne vous inquiétez pas si votre message n'apparaît pas immédiatement.