mercredi 11 septembre 2024

Femmes et merveilles – Anthologie

Couverture du livre Femmes et merveilles

Il y a quelques années de cela (comment ça, bientôt 10 ans ?), j’avais lu l’anthologie Encore des femmes et des merveilles, parue dans la fameuse collection Le livre d’or de la SF. J’avais découvert à ce moment-là que comme son titre l’indiquait, c’était la suite d’une première anthologie, Femmes et merveilles. Il fallait bien que je la rattrape un jour afin de poursuivre mon exploration du matrimoine SFFF.

Femmes et merveilles est une anthologie réalisée par Pamela Sargent en 1975 et présentant uniquement des textes écrits par des autrices, précédés par une introduction conséquente (une cinquantaine de pages) sur la place des femmes en SFFF.

L’introduction mérite à elle-seule la lecture. Il y a certes quelques lieux communs et quelques déclarations un peu désuètes, mais il y a aussi des notions qui restent très vraies. Surtout, c’est une mine de ressources bibliographiques pour découvrir tout un tas d’autrices parfois complètement inconnues au bataillon ou tombées dans l’oubli faute de rééditions. Toutes n’y sont pas mais tout de même, c’est assez riche.

Le recueil commence ensuite avec un poème de Sonya Dorman, L'Enfant rêve. Je ne suis pas sûre de l’avoir bien comprise, mais la poésie et moi, d’autant plus quand elle est traduite… on ne va pas trop s’attarder dessus.

Vient ensuite la nouvelle Et seule une mère... de Judith Merril, qui parle d’une mère et de son enfant dans un contexte de guerre nucléaire. Un joli texte bien mené, je n’arrive pas à déterminer s’il est touchant, horrible ou les deux à la fois.

Cet homme est contagieux de Katherine MacLean met en scène une équipe d'exploration qui arrive sur une planète (je vais beaucoup répéter cette phrase pour cette anthologie). Elle y découvre d’autres humains, survivants d'une maladie dévastatrice. C’est un texte intéressant, qui offre l’occasion aux femmes de prendre le contrôle de la situation (enfin autant que faire se peut pour un texte de 1950) et qui interroge sur la notion d’identité.

La Voix du vent de Marion Zimmer Bradley met en scène une équipe d’exploration (bis) sur une nouvelle planète. Une femme vient d’accoucher d’un enfant, et celui-ci ne pouvant supporter le voyage dans l’espace, elle décide de rester seule avec lui sur cette planète. J’ai trouvé ce texte assez étrange et carrément malsain sur la fin.

On quitte (temporairement) l’exploration spatiale pour une ambiance bien plus space opera avec Une nef qui chantait de Anne McCaffrey. Les connaisseurs auront reconnu la nouvelle d’origine qui deviendra un roman puis un cycle (jamais complètement traduit en VF) mettant en scène une enfant malformée qui devient le cerveau d’un vaisseau spatial. Je l’avais déjà lue mais je l’ai relue avec plaisir.

La nouvelle suivante, Quand j'étais Miss Dow de Sonya Dorman, est encore une histoire d’exploration (ter), à ceci près que celle-ci est écrite du point de vue de l’alien. Le changement de point de vue est bienvenu même si j’ai trouvé l’histoire assez confuse avec ses changements de pronoms dans tous les sens (bien que j’apprécie que ce genre d’expérimentation existe déjà en 1966). Et puis la place de la femme dans ce texte quand même…

La plus grande vedette du monde de Kate Wilhelm pourrait faire un excellent épisode de Black Mirror, je pense que j’ai tout dit à ce stade. C’est bien le genre de texte qui pourrait être réédité sans souci.

Anthologie féminine oblige, il y a forcément une nouvelle d’Ursula K. Le Guin. Il s’agit de Plus vaste qu’un empire, qui met en scène (ô surprise !) une équipe d’exploration. Un texte intéressant mais je crois que c’est la 4e ou la 5e fois que je le lisais donc…

Fausse aurore de Chelsea Quinn Yarbro commence très bien avec une femme qui essaye de survivre seule dans un monde post-apo. Dommage que ça vire à la bluette après une scène de viol, ça rend du coup la nouvelle beaucoup moins intéressante.

Le recueil se termine sur De Brume, d'Herbe et de Sable, une nouvelle de Vonda McIntyre qui sera étendue sous forme de roman, Le serpent du rêve. Ça m’a bien donné envie de relire le roman.

Voilà pour ce petit tour des nouvelles. Je dois avouer que je suis sortie de ma lecture assez mitigée. Je m’attendais à faire de belles découvertes et au final j’ai relu trois textes que je connaissais déjà et certains autres ont un peu mal vieilli… J’ai surtout retenu les nouvelles de Judith Merril et Kate Wilhem (que j’avais déjà en tête depuis un moment). Bref pour l’aspect découverte c’est raté

Femmes et merveilles
est tout de même une anthologie que je trouve intéressante, pour son introduction qui est une mine de ressources mais aussi pour le rare aperçu qu’elle donne la production littéraire féminine de l’époque. Quand je regarde les anthologies et revues des années 50-70 on a au mieux une ou deux autrices, c’est super d’en avoir dix d’un coup ici, c’est plus rentable comme investissement (et pour ce qui a mal vieilli, ma fois c’est normal !).

D’ailleurs j’ai déjà repéré une autre anthologie dans la même veine, Femmes au futur de Marianne Leconte, qui a l’air intéressante… et je n’ai lu que deux nouvelles à l’intérieur !

Infos utiles : Femmes et merveilles (Women of Wonder) est une anthologie de nouvelles dirigée par Pamela Sargent, parue en 1975. L’édition française est parue chez Denoël dans la collection Présence du futur, avec une traduction de Claude Saunier et une couverture de Stéphane Dumont. 245 p.

D’autres avis : NooSFere, une critique pas tendre avec la traduction (je me demande à quel point ça a aussi influencé mon ressenti)

8 commentaires:

  1. Il y a aussi la suite Encore des femmes et des merveilles, toujours de Pamela Sargent, en Livre d'or chez Pocket

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    1. @Pierre-Paul Durastanti
      Oui je l'ai déjà lu (à l'époque le "encore" ne m'avait pas plus perturbé que ça 😄)

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  2. Très déçu par la couverture, ça manque de clichés.

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    1. @Baroona
      Si ça se trouve sous un certain angle et une certaine lumière, c'est un nichon en gros plan 😂

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  3. Arf, c'est dommage que ce n'ait pas été une franche réussite, mais c'est génial pour l'aspect archéologique!!

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    1. L'archéologie littéraire y'a que ça de vrai (enfin surtout ça se pratique sans sortir de chez soi 😁)

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  4. Je l'ai lu à sa sortie, et étrangement (je dis étrangement parce que, par la suite, j'ai suivi de près les publications de toutes les autrices!) ce n'est que de la nouvelle de Judith Merrill que j'ai gardé un souvenir précis (du genre "coup de poing dans l'estomac"). Une anthologie qu'il faut vraiment que je relise !

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  5. @Tororo
    Je peux comprendre pour Judith Merril, sa nouvelle reste en tête 😅

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