Voilà un roman que je regardais depuis de longues années avec autant d’envie que de crainte, tant il est auréolé d’une réputation d’incontournable de la SF et de meilleur roman du XXIe siècle (mais sinon ça va, aucune pression !). Et puis j’ai lu le cycle Terra Ignota, et dans un élan de folie j’ai aussi lu Le nom de la rose (souvent cité en comparaison d’Anatèm), ce qui m’a rassurée sur ma capacité à me lancer dans des œuvres complexes, et maintenant je peux le dire, j’ai aussi fini Anatèm. Je pense qu’en effet, il mérite largement sa réputation. Je pourrais m’arrêter là dans ma chronique mais je vais tout de même développer un peu.
Anatèm, c’est l’histoire de Fraa Érasmas (Raz pour les intimes), un jeune chercheur vivant dans une math, une communauté qui pourrait ressembler à une communauté religieuse chez nous, à ceci près que le cœur de leur vie n’est pas forcément la religion mais plutôt la recherche scientifique. Sa communauté vit coupée du monde, à l’exception d’une période de dix jours tous les dix ans.
Le roman commence justement à l’occasion de cet évènement, qui permet au lecteur de découvrir petit à petit le monde où vit notre héros et ses usages, avant de partir dans un immense périple.
Honnêtement, les cinquante premières pages ont été dures. Je crois que je les ai lues, je suis allée lire le lexique (bienheureux lexique) à la fin du tome 2 et je les ai survolées à nouveau pour mieux comprendre ce que j’avais lu. Il y a définitivement un petit effort à faire au début pour acquérir le vocabulaire et les concepts. Ceci dit le livre est très pédagogue et quand on ne lit pas en pointillés (comme je le fais trop souvent), cela se fait naturellement, comme j’ai pu le voir par la suite.
Ensuite j’ai vécu ma meilleure vie avec ce roman.
D’abord parce qu’il est finalement assez facile à lire. Il y a l’écueil du vocabulaire certes, mais ce ne sont pas des mots qui ne sortent de nulle part (il y a un superbe travail sur la langue très bien rendu par Jacques Collin, le traducteur). Et le style d’écriture est très simple, porteur (c’est nettement plus facile à lire que Terra Ignota, et je dis ça alors que j’aime ce cycle de tout mon cœur).
Par ailleurs, c’est un peu un roman de geeks dans le meilleur sens du terme, puisqu’il met principalement en scène des gens passionnés par leurs recherches qui peuvent en débattre pendant des heures. Des fois je me suis un peu égarée par certaines discussions de philosophie ou de physique quantique, mais Anatèm fait preuve d’un enthousiasme contagieux sur les questions de recherche scientifique et de préservation de la connaissance.
Enfin, c’est une superbe aventure qui utilise le schéma classique du héros qui part en quête d’une certaine façon pour nous faire petit à petit découvrir le monde où vit Raz, son histoire, son organisation et son rapport à la technologie (qui est au cœur de l’intrigue), avec des enjeux qui se découvrent petit à petit, et un vrai sense of wonder.
Anatèm est donc un roman largement à la hauteur de sa réputation. C’est à la fois une belle aventure qui en met plein la vue (quel voyage !) et une histoire d’une grande richesse sur la question du progrès technologique et de l’amour du savoir. C’est aussi un livre porté par des personnages formés à accepter le débat, à réfléchir et à questionner la vérité de la meilleure des façons possibles, ce qui fait toujours du bien à lire aujourd’hui (en tout cas cela m’a frappé à la lecture).
Je suis donc contente d’avoir enfin rattraper cet incontournable récent (il ne me reste presque plus que Spin, mais ne le dites pas au Chien critique). C’est une très belle lecture, idéale pour les vacances quand on a le temps de se plonger dedans (j’en ai lu la majeure partie sur une semaine de congés pendant les siestes de Micro-Vert, c’était formidable). C’est un livre certes parfois un peu perché, mais il est surtout d’une très grande richesse et loin d’être aussi difficile que ce que je pensais.
Infos utiles : Anatèm (Anathem en VO) est un roman de Neal Stephenson datant de 2008 et publié en français en deux volumes en 2018 chez Albin Michel Imaginaire avec une traduction de Jacques Collin. J’ai lu l’édition Le Livre de Poche de 2021. Couvertures de Patrick Arrasmith. 786 et 660 p.
D’autres avis : L’épaule d’Orion, Les lectures du Maki, Lorhkan et les mauvais genres, Un papillon dans la Lune, Quoi de neuf sur ma pile
Pas un roman facile en effet, mais tu avais déjà un bon bagage avant de te lancer. :D
RépondreSupprimerAnatèm c'est un peu l'archétype qui roman qui fait peur, qui est difficile au début, mais qui te récompense largement d'avoir tenté l'expérience !
Et il fourmille tellement de discussions stimulantes, d'échanges passionnés sur la physique, la philosophie, etc, que je suis sûr qu'il supporte sans problème une relecture.
Un grand texte, qui n'a pas gagné le Prix Planète SF pour rien. ;-)
Je suis contente que tu l'aies lu et apprécié. C'est un sacré roman, et comme tu le dis si bien, il nous rappelle ce que c'est de réfléchir, questionner et accepter le débat, bref, d'avoir des échanges intelligents. Bienvenue dans le club des lecteurs d'Anatèm !
RépondreSupprimerC'est vrai que des personnages qui argumentent et débattent sereinement, c'est peut-être l'aspect le plus imaginaire du livre.
RépondreSupprimerC'est un très grand roman, hyper bien mené pour être plaisant et accessible malgré tout. Mais qu'on ne me demande pas de le résumer et de l'expliquer aujourd'hui hein. 🙈
Quelle idée d'aller lire le lexique 🫣
RépondreSupprimerMais comme Baroona, j'ai adoré mais c'est déjà bien loin... 🙃
Trop fort. Bravo d'en être venue à bout!
RépondreSupprimer"des personnages formés à accepter le débat, à réfléchir et à questionner la vérité de la meilleure des façons possibles": c'est beau!! 😍
"le lexique (bienheureux lexique) à la fin du tome 2" -> ça n'a aucun sens ? Il fait comment le lecture qui n'a pas le second tome sous le coude ?
RépondreSupprimerTon enthousiasme est contagieux en tout cas ^^
@Lorhkan
RépondreSupprimerOui je pense qu'il doit très bien se relire, ça doit même très agréable de l'aborder avec plus de clés en mains ^^
@Blop
Un club de moins en moins sélect !
@Baroona
Oh c'est pas très compliqué à résumer si on ne prend pas en compte les discussions, mais ça ne rend pas hommage au livre de le faire 😅
@Le Maki
Les lexiques c'est la vie 🤩 (quand ils ne divulgâchent rien)
@Alys
C'est très beau (c'est là où ça m'a beaucoup fait penser au Nom de la rose)
@Tigger Lilly
A priori je pense qu'on peut s'en passer, le roman introduit assez bien les termes (d'ailleurs ceux qui l'ont lu à sa sortie s'en sont passés) mais c'est un outil utile quand même quand on perd le fil.
(mais c'est un livre unique, la division en 2 tomes est juste là pour des questions de taille et faut le garder en tête)
Bravo pour cette lecture ! Pour un peu, je me déciderais presque à le lire ^^
RépondreSupprimer@Shaya
RépondreSupprimerParfait, c'était le but de ma chronique ^^
Mais ça a l'air génial ! Je pense que je suis complètement passée à côté à sa sortie (parce que 2018) ou alors j'ai oublié 😅 Enfin ce n'est pas complètement vrai car j'ai le tome 1 dans la bibli (je ne sais plus depuis quand) 😁 en tous cas tu ravives complètement mon intérêt ! Par contre, sa taille me fait un peu peur...
RépondreSupprimerEt alors lire Le nom de la rose avant vaut le coup ?
@Ksidra
RépondreSupprimerIl y a une certaine communauté d'esprit entre Le nom de la rose et Anatèm mais ça me semble pas indispensable de lire Le nom de la rose avant.
Pour info Anatèm existe en version audio avec un très bon narrateur 😉
C'est tentant la version audio, merci 😊 Mais il faudrait que je vienne à bout de la trilogie du problème à trois corps 😅 (j'arrive à la fin du tome 2) Et puis si tu dis que le début est ardu, je me demande si l'audio est vraiment une bonne idée... Bon par contre je ne connaissais pas le narrateur, j'ai dû aller regarder sur wiki... haha c'est vrai que ça rajoute un plus 🤪
Supprimer@Ksidra et Vert: Je m'immisce pour dire simplement que c'est toujours une bonne idée de lire Le Nom de la Rose. 😇 Voilà, c'étaient mes deux sous!
RépondreSupprimer@Ksidra
RépondreSupprimerTu peux regarder la chronique de Lune (Un papillon dans la Lune), elle l'a lu en audiolivre (et c'est un très bon lecteur, son Ubik est top)
@Alys
Oui certes 😁