dimanche 19 juin 2022

Émissaires des morts (Andrea Cort 1) 🎧 – Adam-Troy Castro

 Émissaires des morts - Couverture du livre audio 

Cela faisait déjà un bon moment que tout le monde ne jurait que par les aventures d’Andrea Cort autour de moi. J’ai donc voulu faire connaissance avec elle et par curiosité j’ai fait le voyage en version audio, ce qui s’est révélé une excellente expérience.

Dans un futur où l’humanité a conquis les étoiles et cohabite avec plusieurs espèces extraterrestres (c’est un peu Mass Effect en beaucoup plus complexe), Andrea Cort est enquêtrice pour le procureur du Corps diplomatique. Autrement dit, son boulot consiste à aller d’une ambassade à une autre pour enquêter sur des crimes commis par les Homsaps (les humains) tout en jonglant avec le droit local extraterrestre.

Cette héroïne a cela de particulier qu’elle a assisté à un génocide à l’âge de 8 ans, et y a même participé. Rare survivante, elle est perçue comme un monstre par le reste de la galaxie. Devenue par la suite propriété perpétuelle du Corps diplomatique, elle est une enquêtrice brillante mais peu ouverte à autrui.

Ce premier volume de ses aventures propose quatre nouvelles et un roman. Les quatre nouvelles servent en quelque sorte d’introduction au personnage et à l’univers dans lequel elle évolue. Je passe rapidement sur les trois premières nouvelles : Avec du sang sur les mains, Une défense infaillible et Les lâches n'ont pas de secret.

Ces trois textes permettent de faire connaissance avec le personnage d’Andrea (dont j’ai grandement apprécié l’incroyable efficacité) et l’univers du corps diplomatique (une machine administrative où rien n’est simple).

Globalement je les ai bien aimées (les enquêtes ça fonctionne bien au format nouvelles) mais je ne me suis pas non plus ruée sur la suite à chaque fois, comme en témoigne le très long hiatus après la troisième nouvelle (3 mois, oups).

Et puis j’ai lu Démons invisibles, la dernière nouvelle dans la chronologie du personnage (et la première dans l’ordre d’écriture) et là ça a été le coup de cœur. On y suit Andrea Cort face à une situation impossible : organiser un procès pour un criminel sur un monde dont les habitants n’ont pas conscience de la présence d’autres espèces intelligentes.

C’est vraiment dans cette nouvelle que le personnage d’Andrea Cort se révèle vraiment dans toute sa complexité, et qu’on apprécie vraiment cet univers où il faut toujours trouver un juste équilibre entre justice, éthique et bonnes relations diplomatiques. C’est un très beau texte qui peut se lire de façon indépendante, mais qui ouvre des pistes qui font que j’ai immédiatement enchainé sur le roman.

Parlons-en justement du roman. Émissaires des morts nous emmène sur un monde cylindre créé par des intelligences artificielles, qui en ont conçu tout l’écosystème, jusqu’à certaines créatures dotées d’une conscience. Une petite délégation d’humains s’est installée là pour les étudier, mais voilà qu’un des membres de l’équipe est assassiné.

Andrea Cort est envoyée pour mener l’enquête et se retrouve vite face à une situation complexe : tout laisse à penser que les IA sont à la manœuvre, mais ses consignes sont de trouver un autre coupable pour éviter le conflit diplomatique. C’est donc dans un délicat jeu d’équilibriste qu’elle se lance, au propre comme au figuré.

C’est bien simple, j’ai dévoré ce roman, au point d’inventer n’importe quel prétexte pour sortir marcher avec mon casque sur les oreilles (merci à mes enfants d’avoir eu tant besoin de vêtements d’été juste à ce moment-là !).

Tout est prenant dans ce roman : le lieu de l’enquête, absolument vertigineux, l’ambiance bien sombre, le mystère qui prend de l’ampleur, les situations de danger et le personnage d’Andrea qui se complexifie et évolue. Et puis il est difficile de lâcher un roman dont chaque chapitre se termine en cliffhanger (parfois au sens propre d’ailleurs !).

Un des aspects que j’aime bien dans ce roman (et c’était aussi valable pour les nouvelles), c’est que c’est vraiment une enquête à l’ancienne, avec une situation de départ insolvable et une conclusion à la Sherlock Holmes où Andrea Cort prend le temps de tout expliquer. C’est une structure narrative que j’aime beaucoup.

Bref j’ai presque honte d’avoir autant fait trainer ce livre audio (démarré en janvier !). C’est vraiment un excellent recueil avec une belle montée en gamme (c’est astucieux d’avoir mis les nouvelles en premier même si certaines ont été écrites après le roman). Les intrigues sont chouettes, les problématiques soulevées intéressantes, l’univers délicieusement complexe et je suis partante pour suivre Andrea Cort jusqu’au bout de la galaxie.

Je mettrais juste un léger bémol sur la noirceur de l’univers qui est parfois un peu dérangeante (ça ne m’a pas trop gêné mais à l’audio certains passages sont parfois difficiles à supporter), mais j’ai trouvé que le roman, aussi sombre soit-il, savait ménager quelques rayons de soleil, ce qui fait qu’au final cela s’équilibre.

Bref si vous n’avez pas encore fait connaissance avec Andrea Cort et que vous aimez les space-opera et les polars, jetez-vous sur ce livre, c’est une excellente lecture bien prenante, idéale pour l’été par exemple !

Un petit point sur la version audio : j’ai trouvé Camille Lamache, la lectrice, juste excellente, autant pour incarner Andrea que pour donner des nuances différentes à tous les personnages et aliens. Je suis par contre un peu plus réservé sur la qualité du montage : j’ai eu le droit à plusieurs reprises à des répétitions, des coupes mal faites ou des décalages de son. Heureusement tout le livre n’est pas comme ça mais ça donne un sentiment de travail bâclé pas très agréable (ça et l’absence de temps mort entre deux chapitres, un silence d’une ou deux secondes serait bienvenu).

Infos utiles : Émissaires des morts est un recueil de quatre nouvelles et un roman parus en VO entre 2002 et 2016. Première parution française en 2021 chez Albin Michel Imaginaire. Traduction de Benoît Domis. Couverture de Manchu. 720 pages.
J’ai écouté la version audio lue par Camille Lamache et produite par Audible. 20h57 min.

Mon avis sur les autres tomes du cycle : La troisième griffe de Dieu (tome 2) - La guerre des marionnettes (tome 3)

D’autres avis : 233°C, Le chien critique, Chut Maman lit, Le dragon galactique, Les lectures de Shaya, Lorhkan et les mauvais genres, L’ours inculte, Un papillon dans la lune, RSF Blog

8 commentaires:

Baroona a dit…

"c’est que c’est vraiment une enquête à l’ancienne (...)" : complètement d'accord, c'est un format vraiment agréable à lire quand ça tient la route - et ça tient parfaitement la route.
Tu vas faire traîner le tome 2 aussi ou tu vas enchaîner ?

Tigger Lilly a dit…

Elle est géniale la nouvelle Démons invisibles. IL est très chouette ce recueil. J'aurais bien lu le tome 2 cet été mais je sens qu'avec les rattrapages PSF ça va être compliqué.

Lhisbei a dit…

Même ressenti ici (et l'absence de temps mort entre deux chapitres oui, cent fois oui) ;)

Vert a dit…

@Baroona
Je vais finir mon rattrapage de podcasts et enchaîner... ce qui devrait correspondre aux vacances, me couper dans mon élan et reporter ça à septembre probablement 🤣

@Tigger Lilly
Tu me rejoindras en septembre alors (cf. réponse précédente 😅)

@Lhisbei
C'est fou parce que c'est pas comme si ça coûtait plus cher d'ajouter 2 secondes entre chaque chapitre, pour autant que je sache on ne paye pas les silences 🤣

shaya a dit…

Ravie que tu aies aimé, ici il n'avait pas long feu malgré les nouvelles, peut-être l'effet polar qui effectivement marche bien sous ce format !

Vert a dit…

@Shaya
Tu vois que c'est bien les nouvelles (des fois 😁) !

Alys a dit…

Yeah! Par tous les dieux, il faudrait tellement que je lise ça!

Vert a dit…

@Alys
Ça te plaira je pense ^^