Axiomatique – Greg Egan

Après la vertigineuse novella À dos de crocodile, j’ai continué à explorer l’œuvre de Greg Egan cet été en m’attaquant à son premier recueil de nouvelles, Axiomatique. Le début a été un peu difficile, mais j’ai bien de persévérer, car pour les amateurs de SF au format court, il s’agit d’un recueil qui mérite le détour. 

En dix-huit nouvelles et autant d’univers différents, Greg Egan s’amuse avec tout un tas de concepts et de technologies poussées à l’extrême. On pourrait s’attendre à quelque chose d’assez froid de la part d’un auteur de hard SF, et effectivement certains textes ne sont pas d’un abord facile.

Mais ses nouvelles explorent également avec justesse les relations humaines, et peuvent être aussi touchantes que glaçantes, quand elles ne sont pas vertigineuses. Bref, c’est tout ce que j’aime dans ce format : des idées sans oublier l’aspect humain.

Voilà donc les textes qui m’ont marquée pour diverses raisons :

L'Assassin infini est la première nouvelle du recueil, et elle m’a donné tellement de fil à retordre que je ne suis pas passée loin d’abandonner ma lecture. Il paraît qu’elle est géniale, mais si comme moi elle vous laisse sur le carreau, passez-la, la suite est nettement plus facile à aborder.

Lumière des événements est un très joli texte qui interroge la notion de libre-arbitre : à partir du moment où vous pouvez connaître votre futur, quelle marge de manœuvre vous reste-t-il ?

La Caresse prend la forme d’une enquête policière autour d’une très étrange forme d'art et de ses adeptes prêts à tout pour créer leurs œuvres. C'est très intéressant, brillant et en même temps dérangeant.

Sœurs de sang parle de famille et de maladie, et prend un tour inattendu dans sa conclusion. C’est très intéressant à lire, surtout dans le contexte actuel.

Axiomatique, la nouvelle qui donne son titre au recueil, explorant l'existence d'implants permettant de vivre de nouvelles expériences tout en se penchant sur la question du deuil.

L'Enlèvement nous raconte comment une demande de rançon bidon se révèle plus réelle que prévu quand la personne visée comprend qui a été enlevée. Un bel exercice sur la notion de conscience.

En apprenant à être moi est un superbe texte sur ce qu'est la conscience dans un monde où l'on vit avec un cristal dans sa tête destiné à remplacer son cerveau.

Le P'tit-mignon est une histoire super dérangeante sur le désir d'enfant. Encore plus quand on la lit avec son propre enfant dans les bras, angoisse garantie.

Vers les ténèbres met en scène une mission de sauvetage dans un trou noir, rien que ça. C’est une nouvelle vertigineuse qui exploite à fond son concept.

Un amour approprié est une nouvelle très riche et très intéressante, notamment sur les questions de bioéthique (et d'éthique tout court) sur le thème du remplacement des corps, avec une surcouche police d'assurance bien glaçante.

Ma lecture remontant à quelques mois, je n’ai pas grand-chose à dire sur les autres nouvelles du recueil (mes notes étaient assez succinctes), mais globalement toutes étaient intéressantes pour un point ou un autre.

Axiomatique est donc un excellent livre, et je remercie les éditions du Bélial’ qui font un formidable travail avec les Quarante-Deux pour proposer de superbes recueils de nouvelles (comme ceux de Ken Liu, Rich Larson et Nancy Kress). Je compte bien me pencher sur les deux autres consacrés à Greg Egan à l’occasion.

Infos utiles : Axiomatique (Axiomatic) est un recueil de nouvelles de Greg Egan de 1995, paru en français en 2006. Traductions de Sylvie Denis, Francis Lustman, Quarante-Deux (Ellen Herzfeld & Dominique Martel) et Francis Valéry. Couverture de Nicolas Fructus. 464 p.

D’autres avis : Albédo (Partie 1 – Partie 2), L’Épaule d’Orion, Lorhkan et les mauvais genres (Partie 1 – Partie 2), Quoi de neuf sur ma pile