jeudi 2 juillet 2020

La fileuse d’argent – Naomi Novik

La fileuse d'argent - Couverture

L’an dernier, j’avais passé un excellent moment avec Déracinée, un roman de fantasy de Naomi Novik qui revisitait à sa façon les contes de fées. De façon assez logique, je me suis donc intéressée à son nouveau livre sorti cette année, La fileuse d’argent, qui reprend la même recette pour un résultat encore meilleur.

Dans ce qui ressemble fort à une Russie médiévale imaginaire, Miryem, fille d’un prêteur qui n’ose jamais réclamer son dû à ses emprunteurs, décide un jour, pour sauver sa mère malade, de reprendre la charge de son père. Plutôt douée dans le domaine, elle réussit si bien à ramener de l’argent à la maison qu’elle finit par se vanter de pouvoir changer l’argent en or.

Sa vantardise est hélas entendu par un Staryk, un être surnaturel lié à l’Hiver, et celui-ci lui impose un défi : trois fois elle devra changer l’argent qu’il lui amène en or, sous peine de mourir. À défaut d’être magicienne, Miryem va devoir faire preuve d’intelligence et de finesse pour réussir cet exploit. Et ce n’est que le début de l’histoire.

La fileuse d’argent, tout comme Déracinée, s’amuse à réécrire les contes de fées de notre enfance. Si la source ne sautait pas forcément aux yeux dans le précédent roman de Naomi Novik, il est difficile de ne pas reconnaître ici l’histoire de Rumpelstilskin (ou du Nain Tracassin si vous préférez la VF) avec ses défis, ses rois exigeants et l’importance accordée aux paroles données et au pouvoir des noms.

Ce que j'ai beaucoup aimé dans ce roman, outre la réécriture assez fine du matériau d’origine (avec toute une histoire de négociations assez savoureuses), c'est l'incroyable trio de femmes qui portent ce roman.

Il y a Miryem, dont je vous ai déjà parlé, une jeune fille juive qui a tout à fait conscience que sa religion en fait le bouc émissaire idéal dès que quelque chose va mal au village, et dont tout le parcours ressemble à un fil d’équilibriste, sur lequel elle tient grâce à son intelligence et grâce à sa ténacité. Oui j’ai adoré ce personnage.

Aux côtés de Miryem, on trouve Wanda, une paysanne qu’on pourrait penser un peu pataude, qui est embauchée par Miryem comme domestique quand son père s’avère incapable de payer sa dette. Loin d’être une corvée, ce travail représente une libération pour Wanda, qui va chercher à s’affirmer et à se libérer de l’emprise de son père.

Enfin il y a Irina, fille du premier mariage du duc local, qui vit en retrait de la cour de son père jusqu’à qu’une opportunité se présente pour elle de faire un mariage prestigieux. La sécurité n’allant cependant pas de pair avec le prestige, elle va elle aussi devoir jouer finement pour garder la vie sauve.

J’ai trouvé que ces trois personnages étaient de vraies leçons de vie à elles toutes seules. Dans un univers où la place de la femme est au foyer, à filer de la laine et s’occuper des enfants, elles cherchent toutes à leur manière à dépasser ce statut et n’hésitent pas à se servir de leur cerveau pour cela, rien que pour elles, cette lecture mérite le détour.

J’avais trouvé Déracinée très sympathique l’année dernière, mais La fileuse d’argent me semble définitivement un cran au-dessus : l’univers est un peu plus développé et la réécriture plus fine. J’ai passé pour ma part un excellent moment avec ce roman que j’ai littéralement dévoré, et j’espère que vous en ferez autant.

Note de fin : Il est tentant de tisser un parallèle avec la Trilogie d’une nuit d’hiver de Katherine Arden tant les deux œuvres tirent leur matière des mêmes sources et jouent sur les mêmes thématiques. Je serais cependant incapable de privilégier l’un ou l’autre, car chacune a sa propre personnalité. Il faut peut-être juste éviter de les enchaîner pour ne pas faire d’overdose (ceci dit vu comment L’hiver de la sorcière, troisième tome de la trilogie, vient de sortir et me fait de l’œil dans ma PàL, je ne suis pas sûre d’appliquer ce conseil à moi-même !).

Infos utiles : La fileuse d’argent (Spinning Silver) est un roman de Naomi Novik publié en VO en 2018. La version française est sortie en 2020 chez Pygmalion, avec une traduction de Thibaud Eliroff. La couverture est une création « Studio Flammarion » (débrouillez-vous avec ça !). 496 pages.

D’autres avis :Le blog de Galleane, Book en stock, Lecture de Petite Plume, La paupiette culturelle

10 commentaires:

Baroona a dit…

Je me disais que si c'était du même acabit que "Déracinée", je passerais sûrement mon tour, une fois m'aurait suffit et j'aurais eu d'autres priorités. Et paf, ta chronique fait s'écrouler tout mon plan, je vais finalement devoir le lire. Tant pis pour la trilogie de Katherine Arden qui va se voir encore plus repoussée. ^^

Tigger Lilly a dit…

Tu confirmes sa place dans ma wishlist.

shaya a dit…

Encore un livre mis en wish-list ! Je l'avais déjà noté et ton avis ne me fait conforter dans mon choix :)

Ksidra a dit…

Hé bien pourquoi pas ! Je ne me serais pas forcément intéressée à ce roman mais tu en parles très bien ça donne envie !

Alys a dit…

Un truc russisant, génial. Bon, le temps que je lise tout Téméraire, que je n'ai même pas en ma possession, on sera en 2035, désespoir...

Vert a dit…

@Baroona
Les deux sont très bien. L'avantage c'est qu'ici c'est une histoire en un seul tome ^^

Vert a dit…

@Tigger Lilly
Tant mieux !

Vert a dit…

@Shaya
J'espère que tu pourras le lire rapidement ^^

Vert a dit…

@Ksidra
Disponible en numérique dans les bibliothèques de Paris ;)

Vert a dit…

@Alys
Y'a pas d'obligation à lire Téméraire avant (enfin moi je dis ça, je dis rien ^^)