dimanche 7 janvier 2018

Doctor Who Christmas Special : Twice upon a time


Doctor Who propose chaque année un épisode spécial à Noël, dont la thématique colle souvent avec la période (Narnia, Dickens, le Père Noël, presque tout a déjà été exploité !). 2017 ne fait pas exception, avec cette fois-ci un épisode qui a pour difficile mission de proposer une histoire de Noël et une conclusion au cycle du 12e Doctor… voyons voir tout de suite le résultat, avec des spoilers bien sûr.


Tout commence avec le Doctor sur le point de (ne pas) se régénérer. Enfin je ferais mieux de dire les Doctors, puisque le douzième Doctor n’est pas le seul dans ce cas, le premier Doctor semble lui aussi traverser une crise existentielle à ce sujet. Ce qui pourrait poser un sérieux problème (et imaginez le manque à gagner pour la BBC !).

D’ailleurs le problème se manifeste d’emblée. Voilà que le temps s’arrête et qu’un soldat de la 1ère guerre mondiale sort de nulle part, suivi d’une étrange créature de verre. Sans surprise, de nombreuses péripéties vont suivre : capture, rencontre avec de mystérieux êtres, retrouvailles avec des personnages familiers perdus de vue, résolution du mystère et plein d’autres choses.


Loin des épisodes parfois très tarabiscotés de Moffat (comme The Time of the Doctor qui avait définitivement trop de choses à traiter en trop peu de temps), Twice upon a time est finalement une histoire assez simple et linéaire, pas aussi émotionnelle qu’on pourrait s’y attendre mais résolument positive.

Je crois avoir lu à quelque part que Moffat avait prévu de rendre son tablier de showrunner avant cet épisode. Du coup comme l’histoire du 12e Doctor était plus ou moins conclue à la fin de la saison 10, il a clairement eu les mains libres pour écrire ce sympathique post-scriptum, où il se fait clairement plaisir à écrire la confrontation entre deux Doctor.


D’ailleurs je dois dire que j’ai beaucoup aimé la performance de David Bradley qui après avoir incarné William Hartnell (le premier acteur à incarner le Doctor) dans le docu-fiction An adventure in space and time, propose ici un premier Doctor tout à fait crédible (oui il a joué l’acteur puis le rôle de l’acteur, tout cela est parfaitement logique… dans le cadre de Doctor Who !).

Certes les traits du personnage sont parfois un peu forcés (sa misogynie est un petit peu exagérée), mais c’était je pense nécessaire pour créer un peu de contraste et cela permet quelques scènes hilarantes. En tout cas que ce soit dans sa façon de poser sa voix et dans sa gestuelle, c’est absolument bluffant, on reconnaît tous les tics du premier Doctor !


L’autre élément qui m’a beaucoup plu dans cet épisode, c’est évidemment les retrouvailles entre Bill et le Doctor. Evidemment elles ne se font pas sans heurt, le Doctor ne croyant pas qu’il s’agit de la vraie Bill, mais les revoir échanger à nouveau est un plaisir pour les yeux.

Bill est vraiment un personnage extraordinaire, et avec le recul je trouve qu’elle a une bien meilleure alchimie avec ce Doctor que Clara en son temps. Et elle a tout de même un sens de la répartie extraordinaire, comme elle le montre dans l’un de ses échanges avec le premier Doctor :

- Oh, my dear. I hope it doesn't offend you to know that I have some experience of the fairer sex.
- Me too.
- Good Lord.
Si Twice upon a time repose en grande partie sur la confrontation entre les époques et les Doctor (avec l’inévitable comparaison du TARDIS et de tout le reste), ce qui est en soit absolument savoureux, l’épisode n’oublie cependant pas de développer une intrigue parallèle autour du soldat sorti de nulle part, ce qui amène la petite troupe à rendre visite à une ancienne vieille connaissance…


« I am not a good Dalek. You are a good Dalek. »

Je vous avoue que si je me doutais qu’on allait rendre visite aux Daleks vu la tête de la planète (et la petite réorchestration de Doomsday donnait également le ton), je ne m’attendais pas à ce Dalek dont j’avais oublié l’existence depuis son apparition au tout début de l’ère Capaldi (à l’époque où il avait encore les cheveux très courts).

C’est un joli moyen de boucler la boucle et de revenir aux sources ceci dit, et c’est loin d’être le seul élément de l’épisode à jouer là-dessus.


« Oh, it's not an evil plan. I don't really know what to do when it isn't an evil plan. »

Grâce à ce bon vieux Rusty, le Doctor résout le mystère de la Chambre des morts, qui ne se révèle finalement pas si terrifiante que cela. Au contraire on tombe plutôt dans le « Everybody lives », un joli renvoi à The Empty Child/The Doctor Dances, la première histoire écrite par Moffat pour la saison 1.

(d’ailleurs la planète où ils trouvent Rusty est citée pour la première fois dans le diptyque en question, et si le sujet des références vous intéresse, la page TV Tropes de l’épisode est une mine d’information, surtout les sections Booksends et Call-back)


Maintenant que la créature de verre n’a plus rien d’effrayant, il est donc temps de conclure l’histoire du soldat en le ramenant à son époque. L’occasion de découvrir qu’effectivement, comme le dit si bien le 12e Doctor, « Everybody's important to somebody, somewhere ». Surtout quand le simple capitaine en question s’appelle Archibald Hamish Lethbridge-Stewart.

C’est d’ailleurs assez rigolo ce genre d’allusion, M. Vert qui ne connaît pas la série à fond, ça lui faisait ni chaud ni froid alors que j’étais en train de sautiller sur le canapé !

Avant de passer à la conclusion, j’en profite pour caser une petite anecdote sur le côté ridiculement méta de Doctor Who en passant. S’il est assez facile de reconnaître Mark Gatiss dans le rôle du capitaine anglais (qui a scénarisé et joué dans d’autres épisodes de Doctor Who), il faut savoir que le soldat allemand qui lui fait face est joué par Toby Whithouse (créateur de la série Being Human et scénariste de quelques épisodes de Doctor Who).


« But for one day, one Christmas, a very long time ago... everyone just put down their weapons, and started to sing. »

Moi qui m’attendait à une conclusion à demi-sinistre sur la nécessité de respecter les lignes temporelles et tout le tintouin, j’ai donc été agréablement surprise de voir le Doctor résoudre la situation d’un coup de baguette magique.

On pourrait dire que c’est un peu facile, mais il y a une telle force dans cette scène qu’il est difficile de ne pas y succomber. D’ailleurs cela marche parfaitement sur le premier Doctor, qui trouve dans cette action la volonté de poursuivre l’aventure.

« So that's what it means to be a doctor of war. »


Et une fois le cas du premier Doctor résolu, il est temps de se pencher sur la fin du 12e Doctor, qui grâce à Bill peut retrouver une forme de paix, d’abord en retrouvant ses souvenirs de Clara, et ensuite en pouvant voir une dernière fois ses deux derniers compagnons (Nardole !)
- Can't I ever have peace ? Can't I rest ?
- Of course you can.
- It's your choice.
- Only yours.
- We understand.
- No. No, you don't. You're not even really here. You're just memories held in glass. Do you know how many of you I could fill ? I would shatter you. My testimony would shatter all of you. A life this long, do you understand what it is ? It's a battlefield, like this one... and it's empty. Because everyone else has fallen.

« Thank you. Thank you, both, for everything that you were to me. »

La suite ressemble un peu à la fin du 11e Doctor : le Doctor retourne à son TARDIS et s’offre un ultime monologue, un peu comme une sorte de testament et de résumé de sa vie. La dernière occasion pour Peter Capaldi de se lancer dans une de ses tirades dont il a le secret.

« You wait a moment, Doctor. Let's get it right. I've got a few things to say to you. Basic stuff first. Never be cruel, never be cowardly... and never, ever eat pears ! Remember... hate is always foolish... and love is always wise. Always try to be nice, but never fail to be kind. Oh, and you mustn't tell anyone your name. No-one would understand it, anyway. Except... Except children. Children can hear it... sometimes... if their hearts are in the right place, and the stars are, too. Children can hear your name. But nobody else. Nobody else, ever. Laugh hard... run fast... be kind. Doctor... I let you go. »
Contrairement au onzième Doctor, celui-ci n’a plus besoin de faire la paix avec son passé et son discours est assez différent en conséquence. J’aime bien le fait qu’il donne en quelque sorte ses instructions, ça colle bien avec le fait qu’il est le premier d’une nouvelle série de régénérations. Et avec le fait que la série va plus que probablement connaître un changement de direction.

Quant au fait d’évoquer les enfants, cela rappelle la vocation première de la série : faire trembler et mettre des étoiles plein les yeux au jeune public.


Et nous voilà donc avec un Doctor-femme. Difficile de juger ses quelques minutes de performance mais je suis vraiment curieuse de voir ce que ça va donner, tout en ayant un petit pincement au cœur tout de même.

En effet avec cet épisode c’est un peu toute une page de Doctor Who qui se tourne : changement d’acteur principal, changement de showrunner (c’est Chris Chibnall qui reprend la boutique) et à priori changement de compositeur pour la musique puisque Murray Gold devrait également passer la main.

Cela peut sembler anodin mais il a tellement contribué à l’atmosphère de la série en dix ans que j’ai plus de mal à imaginer un Doctor Who sans ses musiques qu’un Doctor Who avec un autre acteur ou un autre showrunner. En tout cas Murray Gold se sera fait plaisir sur ce dernier épisode, où il s’offre le plaisir de réorchestrer certains de ses thèmes les plus beaux (Doomsday, Vale pour la régénération du premier Doctor et le très beau thème qu’on entendait déjà dans Heaven Sent pour la régénération du douzième).


Voilà pour Twice upon a time, une jolie conclusion à l’ère Moffat et au douzième Doctor qui ne pêche pas par excès d’ambition et a le mérite de ne pas trop faire dans le larmoyant. Ça me fait tout drôle de dire au revoir à tout ce monde, surtout à Peter Capaldi qui est depuis que j’ai commencé la série le Doctor que j’ai le plus rapidement adopté.

Mais le changement est l’essence même de Doctor Who, et je ne doute pas que j’apprécierais de découvrir à l’automne prochain la nouvelle mouture de la série et la nouvelle Doctor (qui pour le moment débute bien dans sa vie !). Affaire à suivre donc !

D’autres avis : Yoda Bor, Zakath Nath

6 commentaires:

Le chien critique a dit…

Il a mis du temps à arriver ce billet !

Même ressenti que toi.
J'ai bien aimé la noirceur crépusculaire sous-jacente de cet épisode, vite balayée, Noël oblige, par l'humour et les retrouvailles futures.

Concernant le prochain docteur, j'ai vu l'actrice dans deux séries (dont une avec un ancien docteur, mon préféré) et je n'avais pas été bluffé par sa prestation. J'espère que cela été dû à la direction d'acteur, ou qu'elle a pris quelques cours de comédies entre temps.
Le fait que cela soit une femme ne me dérange pas outre mesure, à part la désagréable impression de céder à la bien pensance ambiante...
Plus que dix mois d'attente. Y en a qui ont de la chance d'avoir un Tardis ! Mon concessionnaire n'arrête pas de retarder la date de livraison du mien.

Vert a dit…

@Le chien critique
Tout vient à point à qui sait attendre (en fait c'est super long à écrire ce genre de chronique, le temps de revoir l'épisode, de sortir les citations et de faire les captures ^^)
Pour Jodie Whittaker je la connais surtout de Broadchurch, son rôle étant aux antipodes de ce qu'on attend d'un Doctor... ma foi on verra bien !

shaya a dit…

Haaa, finalement, toi aussi tu aimes Bill ! C'est ma grosse déception, que ce personnage s'en aille. Snif. Mais bon, attendons de voir ce que nous réserve la suite !

Vert a dit…

@Shaya
Mais j'ai toujours aimé Bill moi xD

Baroona a dit…

Je suis le seul à avoir d'abord pensé à Hitler en voyant le soldat joué par Gatiss ?

Sinon, un bon épisode dans l'ensemble avec un premier docteur bien géré (et je suis content de voir que toi non plus, spécialiste doctorwhoienne, tu n'y trouves rien à redire) et une très belle scène de trêve de Noël. Et j'ai globalement compris les références, ce qui n'arrive pas fréquemment !
Mais :
- J'ai trouvé un certain manque d'émotion concernant le départ de Peter Capaldi, j'ai trouvé ça moins fort que la fin des précédents docteurs. Ça vient peut-être de moi. Mais je suis triste de ne pas avoir été plus triste.
- C'est la pire arrivée d'un Docteur de l'ère moderne à mon goût. J'adore habituellement la découverte du corps, la révélation un peu mystérieuse, l'humour qui s'en dégage. Là, j'ai trouvé ça plat.
Bien donc, mais un peu déçu par la fin.

À voir ce que nous réserve la suite, en espérant être agréablement surpris !

Vert a dit…

@Baroona
C'est sûr qu'en comparaison la fin de Ten c'était franchement larmoyant... moi aussi j'aurais aimée être un peu plus émue, mais en même temps comme je suis triste depuis qu'on a annoncé le départ de Capaldi c'est peut-être pas plus mal de ne pas en avoir ajouter une couche xD.
Pour l'arrivée de la nouvelle Doctor, c'est tellement bref que j'attends de voir la suite pour me faire une opinion (comme tout le monde je pense ^^)