dimanche 5 décembre 2010

Bloodsilver - Wayne Barrow


On va finir par croire que je suis accro aux vampires (pourtant le Vampires ! des Moutons électriques n’est pas –encore- sur ma liste de Noël), ce qui ne serait pas loin de la vérité. En même temps, quand on vous promet des vampires qui se mêlent à l’histoire des Etats-Unis, alors que l’uchronie fait partie de vos dadas, comment voulez-vous résister ?

Et c’est ainsi qu’en ce mois de novembre, on se retrouve au Cercle d’Atuan à lire Bloodsilver, un bouquin assez particulier dans son genre, mais pas désagréable du tout, à la fois divertissant et instructif.

Il est difficile de résumer un livre qui se déroule sur plus de deux cents ans. Il démarre en 1691 avec le débarquement sur la Côte Est des premiers vampires (qui ne seront jamais nommés ainsi, on parle de Brookes). Globalement, ils ont le phénotype classique du vampire : sanguinaires, belles rangées de dents, plus qu’allergiques à l’argent. Ils peuvent vivre à la lumière du jour cependant (avec des lunettes noires).

Bloodsilver nous emmène ensuite sur les traces de ces vampires, ou plutôt l’effet qu’ils ont sur ce futur pays, au travers de petites nouvelles n’ayant généralement que peu de liens entre elles (bien que les fils se rejoignent à la fin), et mettant en scène des figures populaires de l’histoire des Etats-Unis (Mark Twain, Billy the Kid, etc.). Certaines prennent des formes plus originales d’article de journal ou de texte scientifique, ce qui donne un charmant parfum de dossier d’archive à l’ensemble.

L’argument uchronique est plutôt léger dans l’ouvrage (finalement la plupart des évènements qui se sont déroulés sans les Brookes se déroulent également avec), mais ça n’empêche Bloodsilver d’être une lecture fort sympathique.

La mise en scène de figures historiques est un exercice toujours plaisant (et bien steampunk soit dit en passant), et souvent très éducatif. Cette fois-ci, ça n’a pas raté, car si certains noms ne m’étaient pas connus (quand d’autres ne l’étaient pas du tout), c’était souvent par le miroir déformant de Lucky Luke.

Avoir une approche un peu plus exacte m’a bien plu, surtout qu'elle a été confirmée par quelques recherches à la fin du chapitre pour replacer ça dans le vrai contexte. En plus, ce n’est pas la grande Histoire qu’on aborde ici, plutôt l’histoire populaire, à l’exception de Wounded Knee. Ça m’a rappelé dans une moindre mesure American Gods, où on découvre plein de petits trucs sur les Etats-Unis au gré du récit.

Bref on passe un bon moment à lire ce livre, surtout quand on sait que derrière le pseudonyme de l’auteur se cachent en vérité deux auteurs français, Johan Héliot et Xavier Mauméjean. C’est assez rigolo parce qu’on a un roman sur l’Amérique, écrit soit disant par un américain, et même le style personnellement m’évoque plus de l’anglais traduit que du français.

On sent vraiment qu’ils ont peaufiné la forme, et le fond est fort intéressant pour ceux qui s’intéressent à l’histoire américaine (ou à l’histoire tout court), sous couvert de divertissement. C’est le genre de bizarrerie littéraire qu’on a plaisir à découvrir.

Avis des autres Atuaniens : Bartimeus, Elysio, julien, Kactusss, Olya, Shaya, Sherryn, Spocky, Tortoise

CITRIQ

1 commentaire:

Rigolax a dit…

Ce livre est en effet un ouvrage assez intéressant.

Quelle belle idée de débuter par une traversée de l'Atlantique de colons d'un espèce bien particulière : Les Brookes, que nous connaissons plus sous l'appellation de vampires.

Une traversée d'Est en Ouest Américain sur fond de ruée vers l'or, ou plutôt d'argent (nos vampires faisant tout pour avoir l'argent des filons, un moyen d'éviter qu'il ne soit utiliser contre eux).

De manière doublement originale : des nouvelles très courtes, espacées dans le temps.

Et en croisant des figures connues : les Dalton, Wyatt et Virgil Earp, Doc Holliday, Billy the Kid...

Et quelle belle idée de finir par une nouvelle traversée de l'Atlantique...