vendredi 22 août 2025

La vie secrète des robots – Suzanne Palmer

Couverture de La vie secrète des robots

Jusqu’à récemment je n’avais jamais entendu parlé de Suzanne Palmer mais un recueil de nouvelles orchestré par Ellen Herzfeld & Dominique Martel, forcément c’était alléchant, et difficile qui plus est de résister au titre et à la couverture...

Sans surprise La vie secrète des robots est un très beau recueil de nouvelles, qui parle beaucoup de robots, mais pas que. On pourrait s’attendre à quelque chose d’assez léger si on se fie à la première nouvelle, mais il y a de tout dans cet ouvrage, notamment en matière de ton.

Le tout est bien évidemment savamment orchestré par les anthologistes (mais je n’en attendais pas moins d’eux). Tous les textes sont superbes à leur façon, autant pour les univers proposés que pour les émotions qu’ils suscitent, et j’ai beaucoup aimé le sens de l’attention à l’autre qui ressort de beaucoup d’histoires, et qui donne beaucoup de douceur à l’ensemble.

Voyons les textes dans le détail maintenant : 

La vie secrète des bots est un texte d'ouverture assez léger sur un bot qui prend beaucoup d'initiatives à bord d'un vaisseau spatial. Cela fonctionne très bien comme apéritif.

Le texte suivant, Vol de retour, offre un sacré contraste : c’est une histoire rude sur une femme qui travaille comme mineur dans un futur où la religion les réserve par principe à la reproduction. Et voilà comment en deux textes on a un aperçu de tout le spectre d’écriture de l'autrice.

Joe 33 % est un texte mi-drôle mi-triste sur un soldat dont les organes sont peu à peu remplacés au gré des combats par leurs équivalents bioniques (qui dialoguent entre eux !).

Avec Dix poèmes pour les mossums, un pour l’homme, on s’éloigne de la guerre pour suivre un écrivain envoyé en résidence sur une planète lointaine en apparence paisible. C’est un texte doux et très joli.

On retrouve des robots avec Scinque numéro trente-neuf, qui nous place dans l’esprit d'un robot d'exploration laissé seul sur une planète. C’est un texte touchant car l'autrice arrive bien à rendre les émotions du robot (ou en tout cas l'évolution de sa programmation).

Ramener Icare met en scène scène un pilote de vaisseau qui récupère une personne aux portes de la mort dans une capsule, c'est un texte très joli, avec beaucoup de dimensions différentes, mais qui a beaucoup à dire sur l’attention à l’autre, surtout celui qui a besoin d’aide.

Dans La boîte de tristesse, on suit un jeune garçon et ses relations compliquées avec son père dans un monde en guerre absolument terrifiant. Encore une fois c'est une histoire que j'ai trouvé touchante, simple dans ses thématiques mais avec une belle façon de les aborder. C’est un texte qui m’a le plus marqué.

Pierres dans l’eau, cottage sur la montagne ne contient presque aucun robot, mais joue sur les variations possibles dans la vie d'une femme. Le concept est simple mais le résultat déborde d’images très évocatrices.

On poursuit avec Tomber du bord du monde, un récit croisé d'une équipe d'explorateurs à la recherche d'un vaisseau disparu et des deux survivants à bord du dit vaisseau. C’est un superbe texte très émouvant, riche dans son contenu, et je suis étonnée de sa capacité à ajouter une pointe de légèreté (les fameux canards) là où on n'en attendrait pas forcément.

En parlant de légèreté, R.U.R.-8 ? est une pièce de théâtre robotique avec un bon sens de l'absurde, qui propose un interlude rigolo. Je trouve que l'autrice exploite à merveille le côté un peu grandiloquent du théâtre.

Le plafond est ciel est l'histoire d'un intérimaire du futur qui se voit confier une nouvelle mission. C’est un texte très intéressant une fois de plus pour ce qu'il dit du futur du travail, et de la capacité humaine à conserver des liens sociaux.

Ensuite, il y a Peintre d’arbres, un texte qui commence comme une poétique rencontre avec l'Autre, avant de se révéler d'une belle noirceur sur les motivations et ambitions de l'espèce humaine.

Le recueil se termine sur Les bots de l’arche perdue, où l’on retrouve le bot plein d'initiative et son vaisseau spatiale de la première nouvelle, ce qui permet de conclure sur une pointe de légèreté.

La vie secrète des robots est donc un excellent recueil qui propose de très beaux textes savamment présentés. J’espère bien d’ailleurs que ce ne sera pas la seule fois qu’on entend parler de Suzanne Palmer en France, car je ne dirais pas non à d’autres publications de cette autrice.

Infos utiles : La vie secrète des robots est un recueil de nouvelles de Suzanne Palmer sans équivalent en VO, composé par Ellen Herzfeld & Dominique Martel et publié aux éditions du Bélial’ en 2025. Traduction de Pierre-Paul Durastanti. Couverture de Dofresh. 389 p.

D’autres avis : L’Épaule d’Orion, Quoi de neuf sur ma pile, Yossarian

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Des vaisseaux spatiaux dans des états divers et variés, des robots explorateurs, des planètes à découvrir et de nouvelles espèces et civilisations à découvrir... ce recueil ne manque pas de space-opera !

1 commentaire:

  1. J'ai beaucoup aimé Joe33% qui était publiée dans un Bifrost. Le reste a l'air d'être à l'avenant.

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