Les quatre filles du docteur March (Little Women en VO) est un roman qui se déroule pendant la Guerre de Sécession aux États-Unis. On y suit les pérégrinations de Meg, Jo, Beth et Amy, les filles d’un pasteur qui s’est engagé (oui il n’est absolument pas docteur, vraiment ce titre français est un chef d’œuvre !). Chacune a son caractère et ses rêves, et on va suivre leur parcours pendant plusieurs années.
Je dois dire que j’ai eu un peu de mal à rentrer dans l’histoire au début. En effet c’est un roman de son temps, et à ce titre il exprime souvent un sens de la morale et de ce que doit être une femme qui est parfois exaspérant avec un regard actuel. Et j’ai plus de mal à passer outre qu’à une époque.
Mais je me suis accrochée et j’en suis contente, parce que c’est un roman qui dit beaucoup de choses sur la place des femmes. Je ne suis pas sûre qu'on puisse parler franchement de féminisme mais on sent des choses en gestation là-dessous lorsqu’on voit cette bande de filles qui se débrouille étonnamment bien sans homme à la maison.
Forcément on s’attache tout particulièrement à la figure de Jo qui ne rentre vraiment pas dans le moule et qui rêve de devenir écrivaine. Il y a tout une diatribe sur la fin où l’autrice invite son lectorat à ne pas se moquer des vieilles filles, c’est sans doute un discours très personnel mais je l’ai trouvé très touchant et très vrai.
Il y a aussi plein d’autres petits moments que j’ai trouvé très justes, surtout quand c’est des séquences qu’on peut relier à ses propres expériences.
Typiquement il y a un passage dans la deuxième partie où Meg est débordée par ses enfants. La façon dont cela est amené et traité m’a parfois fait lever les yeux au ciel (en gros elle ne prend pas assez soin de son cher mari et cela pourrait ruiner son mariage). Mais suite à cela, on voit son mari aller coucher un des enfants et sa mère lui envoie sa domestique pour garder les enfants.
Bref, mine de rien, sont évoqués discrètement le poids de la charge mentale qui pèse sur les femmes et la nécessité que Meg prenne du temps pour elle. Enfin pour s’occuper de son époux. Ce qui fait qu’elle prend le temps de s’apprêter et de s’installer au salon pour discuter avec son mari alors qu’elle ne le faisait plus. Et il y en a plein de passages comme ça, qui résonnent quand on les dépouille un peu de leurs atours de l'époque.
Je suis donc contente d’avoir pris le temps de rattraper ce classique. Il est parfois un peu vieillot mais aussi plein de surprises. Et maintenant je vais enfin comprendre les 40 000 références à son sujet qu’on trouve ici et là.
Une petite note de fin : j’ai commencé à lire ce livre après avoir regardé son adaptation par Greta Gerwig à laquelle j’avais assez peu accroché. Je ne l’ai pas revu après ma lecture (désolé Baroona 😉) mais en y repensant, il y a un truc dans ce film qui est bien trouvé. Vers la fin, on voit Jo vendre son roman (quasi autobiographique) et laisser sous-entendre qu’elle a marié son héroïne parce que c’est ce qui était attendu par le public. On pourrait se demander si ce n’est pas exactement ce qu’a fait Louisa May Alcott…
Infos utiles : Les quatre filles du docteur March (Little Women) est un roman de Louisa May Alcott paru en 1868-1869 en VO. J’ai lu l’édition Gallmeister parue en 2020, avec une traduction signée Janique Jouin-de Laurens. 640 pages. Illustration de couverture de Mathieu Persan
D’autres avis : Le dragon galactique, Les lectures de Shaya
samedi 25 janvier 2025
Les quatre filles du docteur March – Louisa May Alcott
Assez bizarrement, bien qu’il fasse partie de la bibliothèque familiale et qu’il ait l’apparence du genre de « gros » pavé que j’affectionnais lorsque j’étais encore une enfant, je n’ai jamais lu Les quatre filles du docteur March. J’y suis venue sur le tard, d’abord parce qu’il était évoqué dans mon entourage, et aussi parce qu’Ursula K. Le Guin en parlait dans un de ses essais.
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(Je m'en doutais un peu. ^^)
RépondreSupprimerEst-ce qu'on peut dire que c'est un peu de l'archéo-féminisme ?
Aaaaaaaah!! Oui. Il est bien de son époque. Quand j'étais petite, il me donnait envie de faire de la couture et de porter des robes. C'est rigolo. Mais il a un charme fou. Je pense que les interprétations modernes le réinterprètent totalement, mais il a quelque chose de moderne, tout de même. Et c'est une belle famille unie, dans laquelle on s'entraide et on met l'humain avant le fric.
RépondreSupprimerUne question toutefois: si tu as lu l'épisode de Meg débordée par ses enfants, c'est que tu n'as pas lu uniquement Little Women, mais aussi Little Wives, non? Ce sont deux romans bien séparés. Et il y en a un troisième que je n'ai jamais lu.
C'est pas mal aussi je trouve de lire ça adulte, on a une toute réflexion qu'enfant. Je me demande si ça correspond à la version Hachette que j'ai lu, avec les derniers romans qui sont plus sur la vie de Jo avec ses enfants adoptifs ?
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