Les contacteurs (Le cycle de Lanmeur 1) – Christian Léourier

 

J’avais entendu beaucoup de bien de Christian Léourier, mais lorsque j’ai voulu faire connaissance avec Helstrid, la rencontre ne s’est pas faite. Comme je n’avais pas envie de rester sur un échec et que j’ai bien apprécié sa nouvelle dans l’anthologie 2019 des Utopiales, j’ai donc décidé de me lancer dans son cycle le plus connu, le cycle de Lanmeur.

Difficile de ne pas penser immédiatement à Ursula K. Le Guin et à son cycle de Hain en commençant ce cycle, qui se compose d’histoires (pour le moment) indépendantes, se déroulant toutes sur des planètes différentes dont le seul point commun est qu’elles sont toutes occupées par des êtres humains… et qu’elles reçoivent tous la visite plus ou moins officielle d’envoyés de Lanmeur.

D’abord publié sous forme de romans indépendants entre 1984 et 1994, le cycle a fait l’objet d’une réédition en intégrale par les éditions Ad Astra entre 2011 et 2015 (repris en poche sauf pour le tome 4). Le premier volume, Les contacteurs, rassemble les trois premiers romans.

La première histoire de cette intégrale, Ti-Harnog, met en scène un de ces envoyés, un Contacteur, qui se retrouve coupé de son vaisseau et qui découvre sur la planète où il a été envoyé une civilisation humaine où le genre est une notion assez fluctuante, et où les questions de caste et de vérité jouent un rôle très important.

J'ai beaucoup aimé découvrir ce monde absolument fascinant, doté d'une vraie complexité. On y trouve des pratiques qui peuvent nous sembler étranges mais qui sont très adaptées aux particularités de ses habitants. J’ai juste un peu surprise par l’apparition de la violence dans la dernière partie, sur un monde qui semble pourtant bien réguler la question, mais cela n’enlève rien à la qualité de l’histoire.

Le deuxième roman, L’Homme qui tua l’hiver, nous emmène sur un autre monde, où d’autres dynamiques sont à l’œuvre. Sur Nédim, un monde qui connaît un très long hiver (tiens tiens…), une archéologue est envoyée par Lanmeur pour étudier les ruines d'une cité située sous la glace, qui prouverait que les habitants de la planète n'ont pas toujours été les « sauvages » que connaissent les colons.

Le plus dur dans cette histoire a été de supporter l'héroïne que j’ai trouvé légèrement exaspérante (mais dont la force de caractère -elle est butée comme un âne- finit par forcer l'admiration). Le récit est néanmoins intéressant, avec ce long trajet dans le froid pour attendre la cité, et la façon dont la campagne de fouille de l'archéologue finit par rejoindre la quête mystique de son guide.

Après la planète au climat glacial, on change radicalement d’ambiance avec Mille fois mille fleuves…, avec son monde dont les nombreux fleuves sont le cœur des habitants de cette planète. L'histoire ressemble presque à un récit de fantasy, vu qu’il est raconté du point de vue d’une des habitantes, et non d’un contacteur.

J'ai beaucoup aimé cette histoire qui oscille entre le conte et le récit d’aventure, dans laquelle on ne sait plus très bien ce qui relève du mythe ou de la réalité. Comme pour les histoires précédentes, on visite un monde complexe dont on apprécie la richesse, et on aurait presque envie de voyager le long des nombreux fleuves de cette planète.

Cette première intégrale se termine sur des chansons et poèmes qui viennent enrichir l’univers du premier roman, Ti-Harnog.

Globalement j’ai beaucoup aimé découvrir le cycle de Lanmeur. C’est vraiment de la SF comme je l’aime, qui imagine d’autres façons dont l’humanité aurait pu évoluer avec beaucoup de richesse. J’ai également bien apprécié les récits qui oscillent entre récit de voyage, conte et épopée, ce qui leur donne une saveur très particulière. Un excellent moment de lecture donc, que je poursuivrais sûrement avec le tome 2.

Infos utiles : Les contacteurs est le premier tome de l’intégrale du cycle de Lanmeur de Christian Léourier. Il regroupe trois romans, Ti-Harnog, L’homme qui tua l’hiver et Mille fois mille fleuves, ainsi que des poèmes et chansons. Disponible en pochez chez Folio SF depuis 2014. Couverture de Tomislav Tikulin. 629 p.

D’autres avis : Les lectures Mariejuliet, Les lectures de Xapur (Ti-Harnog – L’homme qui tua l’hiver – Mille fois mille fleuves), Lorhkan et les mauvais genres (Ti-Harnog – L’homme qui tua l’hiver – Mille fois mille fleuves), Un papillon dans la lune (Ti-Harnog – L’homme qui tua l’hiver – Mille fois mille fleuves)

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