Je n’avais pas prévu de vous en parler en détail de la série Philip K. Dick’s Electric Dreams mais après avoir lu le recueil regroupant les nouvelles qu’elle adapte, j’ai eu envie de faire des parallèles entre les deux formats et de faire deux articles pour le prix d’un.
Philip K. Dick’s Electric Dreams est une série télévisée qui propose des histoires indépendantes de SF inspirées par des nouvelles de Philip K. Dick. Elle est diffusée entre autres sur Amazon Prime. Si vous avez envie d’une série télé qui privilégie l’anthologie au feuilleton, vous devriez d’ailleurs être ravis du résultat.
Les nouvelles qui ont inspiré les épisodes ont été rééditées sous forme d’un recueil agrémenté des commentaires des scénaristes, ce qui permet de jouer au jeu des comparaisons, le résultat à l’écran étant parfois très éloignés du texte d’origine. Pour des raisons de commodité je commenterais les nouvelles et les épisodes dans l’ordre du recueil papier, qui reprend grosso-modo l’ordre de diffusion original. Celui-ci est complètement différent de celui d’Amazon, allez savoir pourquoi.
La première nouvelle, Immunité, est une histoire où la télépathie devient un outil d’espionnage pour contrôler les foules... Le texte reste très actuel à une époque où on peut tout savoir de nous en examinant nos traces sur Internet. L’épisode The Hood Maker qui en est tiré adapte une approche différence en s’intéressant aux personnes mis au ban de la société à cause de leur talent. J’ai bien aimé le duo improbable de héros, j’ai par contre complètement oublié la conclusion.
La planète impossible met en scène une vieille femme qui souhaite revoir la Terre, planète devenue une légende dans le futur. C’est un texte triste, avec une pointe de nostalgie. L’épisode qui en est tiré, Impossible Planet, se révèle un peu moins triste mais part sacrément en live sur le final.
La troisième nouvelle, Le banlieusard nous raconte l’enquête étonnante d’un employé des services ferroviaires anglais qui découvre une ville qui n'existe pas. C’est un texte joliment onirique.
L'adaptation réalisée sous le titre The Commuter est juste bluffante, avec une tonalité plus triste et plus touchante. C’est un de mes épisodes préférés.
Service après achat est une nouvelle pleine d’humour noir sur l’omniprésence de la publicité dans notre vie. L’épisode qui en est tiré, Crazy Diamond, est je crois bien l’épisode le plus WTF de la série. L’esthétique est chouette mais je n’ai rien compris ou presque à l’histoire.
Continuons notre route avec Reconstitution historique, une histoire où un homme se perd dans la reconstitution historique du XXe siècle sur laquelle il travaille… à moins qu’il ne s’agit d’une faille spatio-temporelle ? C’est au lecteur de faire son choix, en tout cas on comprend bien celui du protagoniste. L’épisode qui s’en inspire, Real Life est très éloigné dans sa structure narrative mais pose les mêmes questions sur la réalité avec justesse.
Pas la peine de résumer la sympathique nouvelle Être humain, c'est, tout est dans son titre. L’épisode qui en est tiré, Human is, ajoute une petite ambiance légèrement post-apo plutôt sympathique, tout en respectant l’intrigue d’origine.
L'inconnu du réverbère explore plutôt bien les questions bien actuelles de théorie du complot, avec un protagoniste dont on ne sait plus trop s’il est fou ou non. L’adaptation sous le titre Kill All Others est très réussie, avec un contexte d’élections présidentielles factices et de publicité omniprésente qui rend l’histoire encore plus angoissante, une belle réussite.
Dans Autofab, des humains tentent de détruire une manufacture automatique qui menace d’épuiser les ressources de la Terre. La nouvelle est intéressante, mais la version réactualisée sous le titre Autofac pour la série télé est encore meilleure je crois.
La nouvelle Foster, vous êtes mort ! nous rappelle qu’il n’est jamais facile de s’intégrer en tant qu’enfant lorsque nos parents ne suivent pas les règles de la communauté. Si l’univers très guerre froide est daté, la nouvelle reste touchante, tant il est difficile de ne pas comprendre les arguments de cet enfant effrayé. L’épisode de la série qui l’adapte, Safe and Sound réussit à actualiser le sujet avec un résultat très réussi visuellement.
Le recueil se termine avec Le père truqué, une petite nouvelle horrifique plaisante à lire dont l'ambiance a un petit côté Stranger Things. Son adaptation sous le titre The Father Thing conserve la même saveur, pour un résultat très sympathique.
Voilà pour ce petit tour des nouvelles du livre et des épisodes de la série. Bien qu’ayant un petit côté Black Mirror au rabais, Philip K Dick’s Electric Dreams est une chouette série pour ceux qui aiment les anthologies d’histoires de SF dans la veine de La quatrième dimension ou de Au-delà du réel.
Forcément les épisodes sont plus ou moins convaincants selon la sensibilité de chacun, mais on passe tout de même un bon moment à explorer ces univers très différents où la réalité est souvent bien malmenée. Personnellement je garde beaucoup d’affection pour The Commuter, j'ai beaucoup apprécié Human is, Safe and Sound et Kill All Others. Il n’y a guère que Crazy Diamond en fait qui ne m’a pas parlé.
Pour ce qui est du recueil, il m’est difficile de vous donner un avis global. Après tout, le livre n’a pas d’autre intérêt que d’offrir un complément au visionnage de la série. Cependant si vous avez envie de lire quelques nouvelles d’un auteur qui excelle dans le domaine, ce livre vaut bien un autre recueil thématique ou chronologique. Les avant-propos des scénaristes apportent de plus une chouette valeur ajoutée en permettant de voir comment ils se sont approprié les textes.
Infos utiles : Philip K. Dick’s Electric Dreams est une série de science-fiction format anthologie composée de 10 épisodes de 50 minutes environ pour la saison 1. Diffusée pour la première fois en 2017, elle peut être vue sur Amazon Prime.
Le recueil Philip K. Dick’s Electric Dreams publié en VO en 2017 regroupe les dix nouvelles qui ont inspiré la série avec des avant-propos des scénaristes. L’édition française parue en 2018 chez J’ai lu compte 381 pages. Les traductions des nouvelles réalisées par différents traducteurs ont été revues et corrigées pour cette édition par Hélène Collon. Les textes d’introduction ont été traduits par Pierre-Paul Durastanti.
Je n'en avais pas entendu parlé. Et je ne connaissais pas le recueil non plus. Merci pour la découverte.
RépondreSupprimer@Mariejuliet
SupprimerC'est toujours un plaisir de faire découvrir des choses ^^
Super chronique ! J’aime la comparaison recueil / serie que j’aimerai beaucoup voir d’ailleurs !
RépondreSupprimerEt merci pour le lien 😉
@Chut Maman lit
SupprimerAh tu n'as pas vu la série ? Mais comment tu en es arrivée à lire le livre du coup ?
Tout mon respect. J'ai déjà du mal à voir des adaptations, le côté "c'est pareil/c'est différent" me stressant trop, alors là c'est le summum. xD
RépondreSupprimerLa série ne me tente pas plus que ça, je ne la sens pas pour moi. Mais les nouvelles, pourquoi pas, j'avais plutôt apprécié ma première expérience. ^^
@Baroona
SupprimerMoi j'adore les adaptations. Je trouve celles-ci très intéressantes justement parce que les scénaristes n'ont pas cherché à être fidèle (sauf peut-être dans l'esprit), du coup ça donne des résultats très intéressants à l'écran.
Le recueil de nouvelles ne me tente pas trop, mais la série, pourquoi, à tester !
RépondreSupprimer@Shaya
SupprimerIl faut ^^
Merci pour ce billet :) Je n'ai pas lu les nouvelles mais j'ai bien vu les épisodes et l'ordre de diffusion ne m'a pas choquée. Je te suis sur l'essence de "Black Mirror" : ayant regardé les deux sur la même période, il m'est arrivé d'attribuer des épisodes d'Electric Dreams à l'autre série. Quand je lis ta phrase que l'attrait des épisodes dépend de la sensibilité de chacun, j'en suis tout à fait convaincue. Après visionnage, j'ai cherché à savoir quels épisodes les autres spectateurs avaient apprécié... et le top 3 était mon très personnel flop 3 (oups, c'est marrant).
RépondreSupprimer@Acr0
SupprimerSérie vue avec Monsieur, et à part Crazy Diamond qu'on a unanimement pas compris, on n'a pas du tout les mêmes préférences non plus. Ca fait le charme de cette série je trouve ^^
Chouette série. Quant aux nouvelles, bien que je dois presqu'à la moitié du 1er (rhhoo je suis qu'à 25% du mamchin en fait, au secours)je n'ai pas encore atteint les nouvelles concernées . Il est probable que je lise le recueil (qui est dans ma pàl) avant d'avoir fini de les lire dans l'intégrale, à l'allure où je vais.
RépondreSupprimer@Tigger Lilly
SupprimerJ'en suis à un peu plus du quart de ma grosse intégrale de Terremer, on peut faire la course si tu veux, ça fait deux semaines que je l'ai pas ouverte xD
Haha moi aussi parfois je l'ouvre pas pendant plusieurs we. Mais je suis en train d'arriver au bout de la première partie, je vais faire une pause pour pouvoir lire l'histoire secrète de Twin Peaks (et éviter de me disperser dans 12 000 livres en cours :/)
SupprimerJ'ai beaucoup aimé la série, avec des épisodes chouchous comme The Commuter, Autofac et The Hook maker et d'autres sur lesquels je suis plus mitigée.
RépondreSupprimer@Yoda Bor
SupprimerThe Commuter est vraiment chouette *-*
Intéressant! Merci pour cette présentation pour ceux qui ne regarderont jamais la série XD
RépondreSupprimer@Alys
SupprimerComment ça, jamais ? C'est même pas vraiment une série en plus ^^
C'est bon, tu m'as donné envie de relire quelques nouvelles de P. K. Dick, ça fait longtemps ! La série me tente aussi du coup, mais beaucoup plus difficile à caser dans mon emploi du temps... (toujours pas vu Black Mirror, c'est pour dire...)
RépondreSupprimer@Ksidraconis
SupprimerAh je connais le problème pour le visionnage des séries... le bon côté c'est qu'on est sur des épisodes indépendants donc tu peux regarder le 1er et laisser passer trois mois avant le 2e, ça ne change rien ^^
Tu le fais penser que j'avais commencer à regarder la série et que je m'étais arrêté au moment où sa diffusion était en pause durant quelques semaines. Je m'étais aussi amusé à lire les nouvelles de Dick en parallèle puisque j'ai les deux intégrales de ses nouvelles (collectoooooor !! :D ).
RépondreSupprimerEt sur les six épisodes vus, il y en a des sympas et d'autres moins marquants. Et puis il y a les excellents "The commuter" et "Human is", vraiment marquants.
En tout cas, c'est clair que les épisodes sont très (très !) librement adaptés des textes de Dick, même si le fond est plus ou moins le même.
Sympathique série donc, il faut que la finisse, merci pour la piqûre de rappel. ;)
@Lorhkan
SupprimerOui il faut que tu termines, surtout si tu n'as pas vu Kill all others ^^