jeudi 13 mars 2014

La maison des derviches - Ian McDonald


Le moins qu’on puisse dire à propos de Ian McDonald, c’est que c’est un auteur intimidant. Pas humainement parlant, mais ses livres semblent être (et se révèlent tous jusqu’à maintenant) de tels monuments que je les aborde toujours avec un mélange bien dosé de crainte et d’admiration.

C’est pourquoi après l’excellent Roi du matin, reine du jour, il m’a fallut plus d’un an (et maints rendez-vous manqués sous forme de livres empruntés et rendus sans avoir été lus à la bibliothèque) pour oser m’attaquer à un nouveau texte. Et tant qu’à fait, j’ai opté pour du lourd avec La maison des derviches (qui comme vous le savez tous a reçu le prix Planète-SF des blogueurs l’année dernière).

Avec ce roman, nous partons donc Istanbul, en 2027, alors que la Turquie a rejoint l’Union Européenne. Dans ce futur proche, l’auteur nous fait suivre le destin d’un certain nombre de personnages dont les destins finissent forcément par s’entrecroiser, suite à un attentat dans un tramway.

Nous avons donc un trader qui prépare le coup du siècle, une vendeuse d’antiquités qui part en quête d’un objet presque mythique, un jeune garçon à la santé fragile qui vit reclus au travers de ses robots, un vieil économiste à la retraite, une jeune diplômé en marketing qui se retrouve à vendre un projet de nanotechnologie révolutionnaire et un jeune homme qui suite à un attentat se retrouve avec la capacité à voir les djinns.

Le moins qu’on puisse dire à propos de La maison des derviches, c’est qu’il ne s’agit pas d’un roman facile. L’écriture extrêmement riche, les intrigues multiples, tout cela demande déjà des efforts, d’autant plus qu’on est projeté dans un univers qu’on ne connait pas forcément très bien.

Une histoire qui se déroule en France, aux Etats-Unis ou plus généralement dans le monde occidental, on est forcément toujours en terrain connu. Istanbul, c’est un peu un autre monde, à la fois très semblable et très différent, et je suis assez admirative du travail de l’auteur qui a sans doute multiplié les recherches pour un résultat qui n’est pas un catalogue de clichés, pas un documentaire, juste un portrait extrêmement vivant d’une ville.

Du coup les (cent) premières pages ne sont pas vraiment faciles, mais l’effort fourni est amplement récompensé : on finit par rentrer dans la ville, dans la peau des personnages, et on savoure cet ensemble extrêmement complet qu’est cette Istanbul de 2027.

Car c’est là tout l’intérêt du roman : il ne se contente pas de parler d’un aspect de la vie dans le futur, il les aborde tous : politique, économie, évolutions technologiques, place de la religion… chaque thématique aurait pu remplir un roman à elle toute seule, mais l’ensemble est suffisamment équilibré pour qu’on trouve son compte pour chacune.

Evidemment, on accroche plus ou moins à certaines parties à cause de cela (j’ai eu bien du mal à suivre les manipulations économiques du trader, j’étais bien plus à l’aise avec les aventures archéologiques de sa femme), mais on sort vraiment de La maison des derviches avec le cerveau qui bouillonne d’idées, et un émerveillement qui reste à l’esprit encore quelques jours après la lecture.

Un très beau roman donc, exigeant mais qui mérite qu’on fasse quelques efforts à la lecture. Je vais prendre le temps de le digérer, et je continuerai à coup sûr à lire les ouvrages d’Ian McDonald.

CITRIQ

11 commentaires:

  1. "Evidemment, on accroche plus ou moins à certaines parties à cause de cela (j’ai eu bien du mal à suivre les manipulations économiques du trader, j’étais bien plus à l’aise avec les aventures archéologiques de sa femme)"
    Je confirme, pour moi c'était plutôt l'exact opposé xD
    Tout à fait d'accord avec toute ta chronique ! =D

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  2. @Baroona
    J'ai fait des études d'histoire de l'art, pas d'économie, ceci explique cela dans mon cas ^^

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  3. Ian McDonald, mon héros !^^
    J'adore ce qu'il écrit, ce roman est évidemment sur ma PAL ! ;)

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  4. Je suis aussi un grand fan de ce qu'écrit Ian McDonald. J'ai passé un excellent moment de lecture avec ce livre complexe, dense et abouti.

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  5. @Lorhkan
    Moi c'est le Fleuve des dieux qui est au programme (mais pas tout de suite ^^)

    @BlackWolf
    Bien résumé !

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  6. Mmmh, je le note ! J'avais aimé aussi Reine du jour, ça peut être sympa ^^

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  7. @Shaya
    Si en plus tu as aimé Roi du matin, aucune raison de ne pas te jeter dessus ^^

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  8. C'est clair que Ian MacDonald est, dans la vie, tout sauf un auteur intimidant. Pour l'avoir croisé (et parlé un tout petit peu), aux Utopiales, c'est même un auteur extrêmement réservé, qui ne semble pas du tout sûr de lui.

    Je devrais bientôt recevoir "Le Fleuve des Dieux", autre morceau du Monsieur.

    En tout cas, dès sa sortie, celui-ci m'a tenté. Et je crois qu'un jour où j'aurais de nouveau de l'argent (sic !), je prendrai celui-ci, dans cette collection (que j'adore) tant la couverture est splendide ! D'autant que là, malgré tes petites réserves, tu finis de me donner envie.

    A.C.

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  9. @A.C. de Haenne
    C'est l'avantage d'avoir une bibliothèque bien achalandée en SF, je pense que j'aurais attendu la sortie poche pour le lire sinon.
    Le fleuve des dieux est au programme dans ma tête ^^

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  10. Belle chronique, difficile de ne pas être conquis par ce livre !

    "mais on sort vraiment de La maison des derviches avec le cerveau qui bouillonne d’idées"

    C'est exactement ça, je suis encore dedans et je pense que ça va durer quelques temps !

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    1. @Samuel
      Je veux bien te croire, j'en ai eu des échos pendant un moment (bon c'est fini aujourd'hui mais depuis le temps quand même ^^)

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