mardi 26 août 2008

Fables (tomes 1-5) - Bill Willingham




Imaginez...
Imaginez que des cochons qui parlent vous croisent dans la rue. Imaginez que la Belle et la Bête discutent de contrats de mariage auprès de l'adjointe au maire. Imaginez que le Grand Méchant Loup se soit installé comme détective, ayant désormais pignon sur rue.
Voici le monde des Fables, tel que nous le connaissons depuis que le Dernier Château est tombé devant les armées conquérantes de l'Adversaire. Un monde où les héros des contes de notre enfance se sont réfugiés, dans un voisinage calme mais tendu, entre les murs de Fableville.
Ils vivent heureux... Jusqu'à...

Avec ce genre de 4e de couv (que j’ai coupée avant la fin histoire de pas tout dire), difficile de ne pas être attiré par l’ouvrage. Entre deux Superman, un X-men et trois Star Wars, ce genre de résumé est plus que rafraîchissant au rayon comics, ne serait-ce que pour poireauter en attendant le prochain Sandman (la comparaison n’est pas anodine, on peut s’amuser à tracer quelques parallèles entre ces séries).

Bref sautant sur l’occasion (c’est le cas de le dire) du tome 1 à Gibert, voilà que je me découvre une nouvelle série de comics à suivre, voir même à dévorer… les 5 autres tomes disponibles en français y sont passés dans la foulée (c’est les rares cas où les 5% offerts par la Fnac ont un certain intérêt !).

Fables, c’est donc l’histoire de personnages de contes de fées réfugiés dans le monde réel. On y croise du people (Blanche Neige, le Prince Charmant, et autres revisités de Disney), mais aussi des moins voir inconnus, comme le Roi Cole ou Blue Boy. A noter que le terme de « conte » est à prendre au sens large, avec outre les classiques d’Andersen, Grimm et cie, le Livre de la Jungle, ou encore Robin des Bois… bref tout Disney y passe, mais on est très loin de leurs versions Disney, justement.

Les personnages sont en effet hauts en couleur et avec des caractères bien trempés : Blanche-Neige n’est pas une petite princesse fragile mais une dirigeante implacable de Fableville qui ne laisse en principe rien paraître, Bigdy Wolf (le Grand Méchant Loup quoi), sous forme humaine, est un pur détective dans la lignée des films noirs, La Belle et la Bête un couple à problème (quand la Belle s’énerve, la Bête redevient… bête), et le Prince Charmant est un infâme goujat qui vit au crochet de ses conquêtes, après 3 divorces (Blanche-Neige, la Belle au Bois dormant et Cendrillon, rien que ça).

Enfin nous avons parlé là des humains qui vivent à Fableville, en plein New York, mais il ne faut pas oublier tous ceux qui ne peuvent se faire passer pour des humains (nains, géants et surtout tous les animaux parlants) qui vivent à la Ferme, lieu reclus en pleine cambrousse, et croyez-moi, ils ne valent pas mieux que les autres, à commencer par les Trois Petits Cochons.

Ah oui, coté personnages, ne cherchez pas les enfants de cœur, il y en a peu… ou pas… attendez de croiser Pinocchio ou Boucle d’or pour voir ! Rien que de faire vivre en temps normal tout ce petit monde, ce n’est pas une mince affaire, et les petits à coté de l’intrigue sont délicieux pour ça… tandis que l’intrigue principale sait aussi se faire appréciée.

Pour exemple le premier tome raconte l’enquête menée par Bigdy à Fableville, sur le meurtre de la sœur de Blanche-Neige, Rose-Rouge. C’est un véritable bonheur de voir toutes les ficelles du genre polar utilisés dans cet univers, avec ces personnages, et le résultat est assez dément à lire, si bien qu’à peine la conclusion posée, on en redemande.

Je ne vous raconterai pas la suite pour des raisons évidentes, mais l’histoire se complexifie par la suite, et on plonge vraiment dans l’intrigue, qui oscille sans cesse entre sérieux et rigolade (il y a des pures répliques parfois)… on s’attache d’ailleurs très vite aux personnages.

Coté dessin, je ne suis pas très bonne juge en la matière, mais ça se parcoure plutôt bien. Les dessinateurs changent régulièrement si bien que les personnages évoluent sacrément entre les tomes (oui on se croirait dans Sandman…), pas toujours dans le bon sens, mais au moins si on a pas aimé un tome pour ça, le suivant peut rattraper, c’est l’avantage ^^.

D’ailleurs, on croise quelques pointures… Craig Russell, habitué de –oui je sais je suis lourdingue- Sandman et autres productions Gaimaniennes, et les plus belles réalisations graphiques se trouvent dans une sorte de hors-série : 1001 nuits de Neige, remix de Shéhérazade par Blanche-Neige, qui se retrouve à raconter au Sultan tout un tas d’histoire pour rester en vie… Si les histoires ne sont pas toujours très intéressantes (bien que très enrichissantes sur les personnages de la série), les dessins sont magnifiques, à commencer par ceux de Charles Vess (il a illustré Stardust de Mr. G. notamment) pour les transitions. Un régal pour les yeux quoi !

Tout ce blabla (décidément ça m’a plus inspiré que The Dark Knight) pour dire que c’est une très belle série qui rappelle que comic n’est pas égal qu’à super-héros, et qu’on trouve aussi des chouettes travaux de réinterprétation de contes et mythes. Je ne saurais que trop vous recommander d’y jeter un œil…

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