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samedi 15 août 2020

Interférences – Connie Willis


Cela faisait un bon moment que je n’avais pas lu de roman de Connie Willis, une autrice qui était pourtant dans mon top de mes auteurs favoris il y a quelques années. Comme c’est l’été et qu’un peu de légèreté fait toujours du bien, je me suis donc lancée dans son dernier roman traduit en français, Interférences.

vendredi 23 octobre 2015

Aux confins de l'étrange - Connie Willis


Connie Willis est une auteure qu’on connaît avant tout pour ses romans gigantesques. Pourtant elle a aussi écrit pas mal de nouvelles, et les quelques unes que j’avais croisé au gré d’anthologies m’ont donné très envie de me plonger dans un de ces recueils, c’est désormais chose faite !

Aux confins de l’étrange regroupe onze nouvelles et novellas écrites en 1986 et 1992, sur des sujets aussi variés que la fin du monde, les trous noirs, les deux guerres mondiales, le changement à l’université, la vie de famille, l’amour et la question du logement, sans parler des chiens ! (oui elle était facile celle-là, je l’admets).

Les sujets sont très variés, mais on reconnaît partout la patte dans l’auteur dans les ambiances assez loufoques, les dialogues qui partent dans tous les sens, et cette capacité incroyable à mélanger réunions tupperware et physique quantique dans un même texte. Du coup pourvu qu’on aime ce genre d’absurdités, on n’a aucun mal à se laisser emporter par la lecture de ce recueil.

Le recueil s’ouvre sur Le Dernier des Winnebago, qui met en scène un journaliste parti photographier le dernier des Winnebago (le camping-cars, pas le peuple indien !). Il croise sur sa route le cadavre d’un chacal, ce qui lui réveille en lui plein de souvenirs sur les derniers des chiens. Comme le présente si bien l’auteure, c’est une fin du monde lente et au jour le jour qui est ainsi mise en scène, étrange et terriblement crédible en même temps.

Même sa Majesté est une réponse aux personnes qui ont reproché à Connie Willis de ne pas assez aborder la question du droit des femmes. Elle s’est donc penché sur LE problème féminin dans cette nouvelle au trait parfois un peu forcé (sans doute volontairement d’ailleurs) mais délicieusement drôle.

Le Rayon de Schwarzschild n’est pas aussi léger, mettant en parallèle théories de physique et guerre des tranchés, une alliance à priori improbable mais qui fonctionne plutôt bien, même si on s’y perd un peu parfois.

J’avais déjà eu l’occasion de croiser Ado dans une anthologie, mais cela ne m’a pas empêché de relire avec plaisir cette histoire de censure où une enseignante se retrouve à sabrer presque tout le texte de Shakespeare pour n’offenser personne. Une nouvelle qui parle avec humour d’un sujet inquiétant.

Pogrom spatial est un hommage aux comédies romantiques de l’âge d’or du cinéma américain, transposé dans une station spatiale où l’espace manque. On y suit les pas d’une femme qui héberge pour son fiancé un alien fou du shopping lors de négociations très importantes. Le rythme est infernal, les répliques volent dans tous les sens, et de manière générale on passe un excellent moment.

Conte d'hiver est la contribution de Connie Willis aux nombreuses théories sur la vie de Shakespeare, du point de vue de sa femme. C’est intéressant à lire, même si je pense que cette nouvelle se savoure plus avec une bonne connaissance de l’écrivain.

Dans Hasard, une femme revient sur le campus où elle a fait ses études, et voit resurgir tout un tas de souvenirs… il m’a fait pensé un peu à un texte de Lisa Tuttle (Sans regret), mais en beaucoup plus triste (oui je sais c’est difficile à croire !).

A la fin du Crétacé se déroule aussi dans une université, où le département de paléontologie est sur le point d’être réformé. C’est un récit un peu étrange, mais l’absurdité des juxtapositions et l’ambiance de folie qui monte est plutôt chouette.

Contrairement à ce à quoi je m’attendais, Temps mort est la seule et unique nouvelle à évoquer le voyage dans le temps (enfin…) au travers d’un professeur de physique un peu foldingue qui recrute une mère de famille et un psychologue qui a passé cinq ans au Tibet pour mener ses expériences. Loufoque et improbable, mais amusant.

Rick nous amène à Londres en pleine Blitz, au sein d’une équipe de la protection civile (un petit air de déjà-vu donc). Un récit qui sonne très vrai sur cette époque, à quelques notes fantastiques près, mais je vous laisse découvrir cela par vous-même.

Enfin le recueil se termine sur Au Rialto, récit d’un congrès de physique quantique à Hollywood qui donne l’impression d’avoir basculé dans le pays des merveilles tant rien n’a de sens, de la réceptionniste qui n’a pas chambre réservé à votre nom aux conférences qui ne sont jamais dans les bonnes salles, en passant par le charmant collègue qui cherche à vous débaucher à tout prix. Autant dire qu’on s’y amuse beaucoup.

Comme vous pouvez le voir, il y a donc de quoi faire dans Aux confins de l’étrange. Je vous avoue pour ma part garder particulièrement en tête Le Dernier des Winnebago, Même sa Majesté et Pogrom spatial, mais à l’exception d’un ou deux textes que je n’ai pas vraiment compris, j’ai passé un excellent moment de lecture grâce au ton très léger et à cette SF (ou ce fantastique) plutôt discrète.

Je ne suis pas sûre que ce recueil soit encore disponible (sauf en occasion), mais trois des nouvelles ont été reprises dans Les veilleurs, un recueil de Connie Willis paru en 2013 (qui contient aussi des nouvelles d’un autre recueil qui date, Les veilleurs de feu, et quelques inédits pour la route).

CITRIQ

lundi 10 août 2015

Remake - Connie Willis


Après avoir terminé le diptyque Black-Out et All Clear, j’avais envie de lire d’autres textes de Connie Willis, mais de préférence sans voyage dans le temps. J’ai trouvé mon bonheur sous la forme d’un court roman (moins de deux cents pages !), qui s’intéresse à Hollywood et au cinéma.

Remake se déroule dans un futur où on ne fait plus aucun vrai film aux Etats-Unis. Grâce à l’informatique, on se contente de faire des remakes en changeant les visages des acteurs, et on censure toutes les allusions à des addictions (alcool, drogue) au passage.

C’est d’ailleurs le travail de Tom, héros du roman et passionné de cinéma : faire disparaître les bouteilles et remplacer l’héroïne du film par la nouvelle petite copine de son patron. Un jour, il rencontre Alis, une jeune femme qui rêve de danser dans un film. Il essaye bien de lui faire comprendre que c’est chose impossible, et Tom est donc très surpris quand au détour d’un film des années 40, il découvre Alis en train de danser parmi les acteurs.

Comme tous les romans de Connie Willis, Remake démarre sous force d’un joyeux fouillis de dialogues difficiles à suivre. Point de décalage temporel en cause cette fois-ci, mais un héros qui abuse de substances diverses et variées (voire franchement expérimentales), si bien qu’il n’est pas toujours très facile de le suivre dans ses pérégrinations (physiques et mentales).

Il ne faut donc pas trop se poser de questions (c’est à l’image de tous ces autres romans, à vous de voir si vous aimez ou non), et apprécier ce futur presque dystopique où l’on se contente de recycler les idées et les acteurs d’anciens films (ce qui n’est pas si loin de la réalité parfois).

L’intrigue de Remake est délirante à souhait (voyage dans le temps ou hallucination du héros drogué, telle est la question ?), et on se demande où l’auteur va nous emmener, mais comme le roman est court, on n’a pas le temps de se noyer dans les délires du personnage et la résolution est plutôt surprenante et bien amenée (mais je n’en dirais pas plus).

Ce roman permet également d’évoquer tout un pan de l’histoire du cinéma (les comédies musicales, les films cultes des années 40-50). Je me souviens de Passage où Connie Willis montrait une impressionnante maîtrise des films catastrophes, mais soit c’est une encyclopédie vivante, soit elle se documente à fond pour ses ouvrages, en tout cas le résultat force le respect.

C’est peut-être d’ailleurs le seul défaut que je ferais au roman. Même si l'auteure ne nous prend pas de haut avec toute sa culture cinématographique, on se perd un peu dans les références et le name-dropping quand on ne connaît pas les films évoqués.

Ce n’est pas trop gênant car (encore une fois), Remake est court et se lit facilement d’une seule traite. Cependant c’est l’élément qui fait que j’ai eu parfois l’impression d’être laissée sur le trottoir en cours en route. Un roman sympathique donc, mais certainement plus appréciable avec une bonne culture cinématographique.

188 p.

dimanche 22 février 2015

All clear - Connie Willis


Après le très prenant Black-out, j’ai immédiatement continué l’aventure du voyage temporel en pleine Seconde Guerre Mondiale avec All clear. L’histoire reprend exactement là où on s’était arrêté, et on retrouve notre petite troupe d’historiens qui tente de survivre aux bombardements allemands et de retrouver le chemin de leur époque.

Difficile du coup de ne pas redire ce qui a déjà été dit, puisque le découpage en deux volumes tient plus de la nécessité physique qu’autre chose (sinon bonjour le pavé !). Néanmoins le découpage n’a pas été fait au hasard (*tousse* Pygmalion *tousse*), puisque les éléments dont on a besoin sont il me semble presque tous présents dans ce deuxième tome. Du coup je pense que même en faisant une bonne pause entre deux tomes, on s’y retrouve !

Que dire sur All clear que je ne sais pas dit sur Black-out ? Encore une fois c’est une lecture prenante, qui réussit assez souvent à transformer une visite dans les années 1940 en authentique comédie. Je n’irais pas jusqu’à dire que j’ai ri durant la lecture, mais certaines situations assez burlesques m’ont souvent fait sourire.

Et ce, sans pour autant négliger l’aspect historique, toujours aussi développé. D’ailleurs c’est même une lecture plus enrichissante qu’un roman historique, puisqu’on a l’opportunité de vivre l’époque, avec commentaires historiques inclus (puisque les protagonistes sont des historiens du futur, c’est pratique !)

Ce deuxième tome m’a néanmoins semblé bien plus trépidant que le premier. Déjà parce que l’auteur joue encore plus le jeu de G.R.R. Martin (en bien plus gentil je vous rassure) lorsque ses héros passent leur temps à se rater et à se courir après sans jamais se retrouver. Et aussi parce que la part « voyage dans le temps » de l’intrigue prend de l’importance.

Ayant déjà lu Sans parler du chien dans le même univers, je me doutais un peu de comment tout cela allait se finir, mais tant bien même j’ai trouvé que l’auteure menait vraiment bien sa barque en jouant des époques et des personnages à multiples noms pour maintenir une part de mystère.

Je n’avais parlé des références littéraires dans le premier tome. De même que Sans parler du chien qui évoque le roman de Jérôme K. Jérôme et nombre de romans policiers, Black-out et All clear évoquent abondamment Agatha Christie (qui y fait même un caméo) et le théâtre anglais (surtout Shakespeare), ce qui donne parfois des dialogues assez surréalistes (ah Sir Godfrey !).

Comme je ne suis pas une grande connaisseuse de ces domaines, c’est un aspect auquel je ne prête guère attention durant la lecture, mais je pense que ça doit être délicieux pour ceux qui reconnaissent les références sans même avoir besoin de lire les notes de bas de page !

Voilà, une chronique plutôt courte pour un diptyque d’une taille monstrueuse (on frôle les 1400 pages au total), mais l’essentiel est dedans : il ne semble pas y avoir une page de trop dans cette aventure temporelle qui nous emmène visiter la Grande-Bretagne de la Seconde Guerre Mondiale avec talent.

L’intrigue est prenante, parfois dramatique, parfois loufoque, l’époque ultra-documentée, les dialogues sont très vifs et plutôt drôles et on ne voit pas le temps passer à la lecture. Le plus gros problème, c’est de trouver le temps pour avancer, parce qu’on veut savoir ce qui va se passer ensuite !

En fait si je n’avais qu’un seul reproche à faire, c’est que tous les romans de Connie Willis finissent par se ressembler (à l'exception de Passage), mais c'est parce que c'est ceux qu'on trouve le plus facilement (et tous les autres n'ont pas forcément été traduits). Pas grave, il me reste encore quelques recueils de nouvelles à lire pour la découvrir dans d'autres domaines !

CITRIQ

mercredi 11 février 2015

Black-out - Connie Willis

 
Lorsque j'ai découvert Connie Willis, il y a une dizaine d'années, ça a un peu été le coup de foudre, et j'ai dévoré tout que j'ai trouvé d'elle à la bibliothèque, jusqu'à que je cale sur un recueil de nouvelles (bouh la honte, mais après l'avoir croisée dans deux trois anthologies j'ai bien envie de m'y remettre).

Pourtant je ne me suis pas jetée sur son diptyque Black-out et All clear lors de leur sortie française, parce que je commençais un peu à me lasser de ses histoires de voyage dans le temps (oui je sais, venant de moi ça peut sembler étrange). Mais comme les avis étaient plutôt enthousiastes, j'ai fini par me laisser tenter, surtout lorsque je suis tombée sur les deux volumes disponibles en même temps à la bibliothèque, en plein challenge Retour vers le futur (si ça ce n’est pas un signe !).

Et j'ai donc replongé dans cet univers où les historiens remontent le temps pour mieux vivre l'Histoire, comme dans Le grand livre ou dans Sans parler du chien. Après le Moyen-Âge et l'Angleterre victorienne, l'auteure se plonge dans la seconde guerre mondiale, clairement un sujet qui la passionne (ce n'est pas le premier texte qu'elle y consacre si je ne m'abuse).

Black-out nous plonge en pleine Blitz, en 1940. Différents historiens du futur sont envoyés dans cette année : l'une étudie les enfants évacués à la campagne, une autre les habitants de Londres qui vivent sous la menace des bombes, et un troisième cherche à assister à l'évacuation des soldats anglais à Dunkerque.

Bien qu'ils soient préparés pour leur mission (au point de mémoriser les sites bombardés, les navires coulés et j'en passe des meilleurs), ils se retrouvent vite dans la mouise quand ils ne sont pas envoyés forcément à l'endroit prévu à la date prévue, et qu'ils sont dans l'impossibilité de rentrer à leur époque.

Après un début un peu chaotique où on a un peu de mal à s'y retrouver (on dirait que Connie Willis part du principe qu'on sait déjà tout, pourtant même en ayant lu ses autres romans j'ai eu du mal à retrouver mes marques !), on plonge assez dans l'histoire. Il faut dire que ce roman est un authentique page-turner, riche en péripéties et en fin de chapitre en cliffhanger.

Et le contenu est très intéressant surtout. Car si c'est encore un livre sur la seconde guerre mondiale, il ne s'intéresse pas vraiment à l'aspect militaire de cette période, mais plutôt à la vie des monsieur et madame tout-le-monde à cette époque. Et pour le coup c'est une approche que j'ai beaucoup apprécié. Et comme les voyageurs temporels ne sont pas là pour changer le passé mais pour l'observer, on a le temps de voir comment la vie est rythmée par les alertes, les raids, le rationnement, etc.

Par une assez étrange coïncidence, je suis allée voir Imitation Game au cinéma alors que je lisais Black-out, ce qui fait que j'ai pu mettre des images sur le texte, et que j'ai pratiquement eu l'impression de vivre cette époque pendant toute ma lecture (et j'avais des drôles d'interrogation en pensant aux kilos de sucre dans mes placards et à l'incroyable quantité de bas et de collants dans mes tiroirs).

Ce qui est chouette, c'est que ce livre pourrait (et même devrait) être sinistre, mais l'auteure arrive à maintenir une certaine légèreté dans le récit. On est loin des francs éclats de rire de Sans parler du chien, mais il est difficile de ne pas sourire au décalage induit par la présence de voyageurs temporels à cette époque.

Ce qui est plutôt drôle, c'est qu'ils ont tous la même peur : que leur présence modifie le cours des évènements. Du coup ils passent leur temps à étudier qui meurt, où tombent les bombes, et il est assez fréquent de trouver des phrases du style « Tout va bien. Il a été bombardé » tout au long de l'histoire (ce qui est un peu le comble de l'absurde).

Un seul défaut m'a dérangé : Connie Willis adore écrire des pages et des pages de dialogues ininterrompus, certes délicieux et souvent très vivants, mais on finit parfois par en perdre le fil, surtout au début où on a du mal à identifier les personnages. En plus c'est récurrent, Sans parler du chien avait déjà le problème.

Mais si on laisse de côté cela, c'est une lecture très plaisante qui se dévore vite (quatre jours sans le lâcher pour ma part), et je ne devrais guère tarder à enchaîner sur la suite !

CITRIQ

dimanche 8 août 2010

Sans parler du chien - Connie Willis


Cela fait quelques années que j’ai découvert Connie Willis, par le biais le plus improbable de… Télérama. Ils ont publié un jour une critique de Passage, et trouver cela dans cette revue m’avait perturbé à tel point que je l’ai rentré dans ma tête pour une éventuelle lecture. La couverture de la première édition française, était qui plus est, particulièrement magnifique.

Je suis un jour tombée un peu par hasard sur ce roman à la bibliothèque, je l’ai donc emprunté et je l’ai dévoré, fascinée par cette histoire sur les NDE (expériences de mort imminente) qui prenait complètement à contrepied les clichés habituels du genre. C’est donc tout naturellement que je me suis tournée vers ses autres écrits par la suite (qui ne sont pas extrêmement nombreux mais tout aussi intéressants à lire).

Bref en cherchant un roman à proposer pour la lecture commune du Cercle d’Atuan, j’ai repensé à Sans parler du chien qui est mon deuxième favori de cette auteur (à égalité avec Passage, pas de jaloux !). Je ne m’attendais pas à qu’il soit choisi, mais du coup cela me donne un excellent prétexte pour en faire une critique un peu plus développée que celle que j’avais écrite sur mon ancien blog (cinq lignes, résumé inclus… la belle époque !)

Sans parler du chien ou comment nous retrouvâmes la potiche de l’évêque, de son titre complet est une histoire de voyage dans le temps. Au XXIe siècle (oui ce roman a été écrit au XXe siècle), des scientifiques ont découvert le voyage temporel et ont commencé à envoyer des gens dans le passé, par exemple au Moyen-Age, comme le raconte un précédent roman se situant dans le même univers, le Grand Livre.

Seulement, une fois qu’on se rendit compte qu’on ne pouvait rien ramener de ces voyages, tout le monde se désintéressa du procédé à l’exception des historiens… et d’une américaine excentrique, Lady Scharpnell qui souhaite reconstruire telle qu’elle était avant sa destruction la cathédrale de Coventry, trésors compris.

C’est pourquoi Ned Henry, historien, est envoyé en pleine seconde guerre mondiale pour tenter de retrouver la trace de la potiche de l’évêque, ornement qui a disparu lors du bombardement de la cathédrale. Cependant, à cause de ses nombreux allers et retours, il souffre de déphasage (autrement dit, il est complètement à l’Ouest), et pour le soustraire à la furie de Lady Scharpnell, on décide de l’envoyer au XIXe siècle, où il pourra se reposer après avoir aidé à résoudre un problème de rupture du continuum temporel.

Enfin ça, vous le comprendrez une fois dépassé les premiers chapitres du livre, puisque que l’histoire est racontée du point de vue de Ned, ce qui donne un point de vue assez fumeux sur les premières pages…

(non vous n’aurez pas d’extraits, je n’ai pas emporté mon livre en vacances et cette chronique a été rédigée dans le train)

Sans parler du chien est un roman assez unique en son genre, parce qu’il a de multiples facettes. La thématique du voyage dans le temps donne lieu à de succulentes théories sur les paradoxes temporels ainsi que de nombreuses réflexions délicieuses sur l’Histoire et comment elle s’écrit (qui raviront les amateurs).

Mais ce roman est aussi un hommage à Trois hommes dans un bateau sans parler du chien de Jérôme K. Jérôme (qu’il n’est pas nécessaire d’avoir lu, mais outre les en-têtes de chapitre, je soupçonne Connie Willis de lui avoir emprunté quelques péripéties), et accessoirement une très bonne évocation de l’Angleterre victorienne de la fin du XIXe siècle

Entre les canotiers, les séances de spiritisme, les kermesses, les débats d’universitaires complètement à l’ouest, les trains à vapeur, les majordomes qui se plient en quatre pour servir leurs maitres… on s’y croirait et c’est incroyablement bien rendu.

Présenté comme cela, on pourrait croire à un roman un peu élitiste truffé de références, mais ce n’est pas ça. Certes il y a plein de références (qui nécessiteront à mon avis une quinzaine d’experts dans des domaines différents pour toutes les saisir), mais on peut parfaitement apprécie ce livre sans les voir (comme à ma première lecture).

L’histoire est en effet très plaisante à lire. Il y a un bon scénario derrière (comment diable éviter de réécrire complètement l’histoire à partir d’un minuscule détail qui change) qui donne lieu à des réflexions et des retournements de situation en tout genre. L’auteur raconte le tout avec beaucoup d’humour (très absurde), et les dialogues sont un vrai régal tant ils sont vivants.

Il faut dire que les personnages qui y participent sont incroyablement vivants (et souvent très attachants), au point qu’ils sortiraient presque des pages. Tous sont extrêmement crédibles, pas stéréotypés (bien qu’on ait affaire à des stéréotypes pour certains), à tel point qu’on arrive à capter jusqu’à la personnalité des animaux, également très réalistes. Je pense que je ne suis pas prête d’oublier les échanges entre Ned et « Juju » d’ailleurs.

Bref c’est un roman drôle et intelligent, bien construit, et histoire de ne pas me répéter, très plaisant à lire. Il m’avait déjà marqué quand je l’ai lu il y a trois ans, et mon opinion n’a pas changé depuis, bien au contraire. Assez unique dans son genre, ce roman vaut vraiment le détour. Maintenant je n’ai plus qu’une envie, me relire Passage

Avis des autres atuaniens : Arutha, El Jc, julien, Kactusss, lael, Lelf, Olya, Roxane, Shaya, Spocky, Tortoise

CITRIQ