
Il m’aura fallu une semaine de vacances pour prendre le temps de me mettre dans ce roman d’Alastair Reynolds, après quoi j’ai eu du mal à le lâcher. Cette semaine sera fort loin le temps que cet article soit publié, ce qui sied à merveille à la dilatation temporelle permanente qui règne sur ce livre. Bref j’ai lu La maison des soleils et c’était une très chouette lecture.
La maison des soleils est la suite de La millième nuit, novella publiée dans la collection Une heure-lumière. On peut sans doute faire l’impasse dessus mais je pense qu’on se prive de pas mal de contexte, même si le roman redonne pas mal d’éléments.Nous sommes dans un futur lointain où l’humanité a essaimé a travers la galaxie et fondé de multiples civilisations qui naissent et meurent, tandis que restent les Lignées, des cohortes de clones immortels (des fragments, conçus comme des variations de la personne dont ils sont la copie) qui voyagent à travers la galaxie et se retrouvent tous les 200 000 ans pour échanger leurs expériences.
Parmi ces lignées il y a la Lignée Gentiane, et au sein de cette lignée on va suivre Campion et Purslane, deux fragments qui ont pris l’habitude de voyager ensemble, et qui s’apprêtent à arriver en retard à leur nouvelle réunion de famille. Je n’en dirais pas plus mais le reste de l’intrigue est fort haletant.
Cela pourrait être un space opera classique, à ceci près que ses personnages ont six millions d’année lorsque l’histoire débute, et ils ne peuvent voyager plus vite que la lumière, ce qui fait le roman oscille sans cesse entre la précipitation induite par les nombreux rebondissements et une forme de lenteur dictée par une constante indépassable qui fait que le moindre déplacement se compte en années, en décennies voir en siècles.
J’ai bien aimé l’intrigue très haletante, qui joue sur deux points de vue (trois si on ajoute les quelques flash-backs autour du personnage d’Abigail Gentiane), mais j’ai surtout adoré le vertige procuré par ce roman qui fait voyager à travers le temps et l'espace à des échelles qu'on pratique assez peu, nous pauvres humains du troisième millénaire.
C’est grisant, et en même temps j’ai ressenti une certain mélancolie en suivant ces fragments qui vivent des millions d'année à travers une galaxie en perpétuel changement où les civilisations naissent, s’épanouissent et s’éteignent en un clin d’œil, ce qui fait d’eux les rares éléments de stabilité à travers le temps et l’espace. C’est à la fois beau et triste.
La maison des soleils est donc un très beau roman, autant pour son sense of wonder vertigineux que pour son intrigue très prenante. Le seul défaut (s’il en faut un) est peut-être dans la caractérisation des personnages qui me semble un peu légère, si bien que je les ai plus suivis pour voir jusqu’où ils iraient que par réel attachement, mais rien de bien grave à l’échelle du roman.
Infos utiles : La maison des soleils (House of Suns) est un roman d’Alastair Reynolds sorti en 2008 en VO et en 2024 en VF aux éditions du Bélial. Traduction de Pierre-Paul Durastanti. Couverture d’Amir Zand. 504 pages.
D’autres avis : Les chroniques de FeyGirl, Chut Maman lit, Le dragon galactique, Les lectures de Shaya, Lorkhan et les mauvais genres, RSF Blog
C'est mon plus gros coup de cœur de l'année dernière 🤩
RépondreSupprimer@Feygirl
SupprimerJe comprends ^^
"à ceci près que ses personnages ont six millions d’années" : un si petit détail. 😆
RépondreSupprimerÇa serait une bonne idée que je le lise avant d'avoir totalement oublié "La Millième Nuit".
@Baroona
SupprimerLa reprise se passe plutôt même quand on a oublié la majeure partie de La millième nuit si ça peut te rassurer (et j'ai lu Les nuits de Belladone entre temps alors qu'il faut le lire après il paraît, et zéro souci aussi 😂)
Ça a l'air très bien. Pas forcément mon truc, en soi, mais très bien. Merci de dépoussiérer ma mémoire. ^^
RépondreSupprimer@Alys
SupprimerJe t'en prie ^^
Totalement sur cet aspect mélancolique ! J'ai adoré lire ce livre aussi même s'il faut avoir le cerveau bien connecté !
RépondreSupprimer@Shaya
SupprimerUn cerveau bien connecté ou ne pas trop se poser de questions, au choix !
L'un des meilleurs romans de ces dernières années. C'est juste époustouflant, grandiose... et bien trop rare (la SF se perd !)
RépondreSupprimer@Le Maki
SupprimerÉpoustouflant c'est le bon adjectif en effet ^^