mercredi 15 mars 2023

Nouvelles complètes 1 : 1947-1953 – Philip K. Dick

Nouvelles complètes de Philip K. Dick, tome 1

En 2021, j’avais gagné grâce à Lune le très beau coffret de l’intégrale des nouvelles de Philip K. Dick. Un an et demi plus tard, je suis enfin venue à bout du tome 1, il est donc temps de faire un bilan à mi-parcours.

L’intégrale des nouvelles de Philip K. Dick est un de ces ouvrages qui a attiré mon regard en raison de sa rareté : sa première édition chez Lunes d’encre a longtemps été revendue à prix d’or sur Internet (ou peut-être juste mise en vente à prix d’or, parce que je ne sais pas qui pouvait s’offrir un livre d’occasion vendu à un montant à trois chiffres, sachant que le premier chiffre était rarement un 1…).

C’est agréable de voir l’ouvrage réédité, d’autant plus que cette réédition s’enrichit de textes d’accompagnement de Laurent Queyssi sur la vie et l’œuvre de Philip K. Dick qui sont très intéressants à lire (même pour moi qui connaît finalement assez peu l’auteur).

Pour chaque nouvelle sont mentionnés le titre original, la date d’écriture, la date de publication, la revue où le texte a été publié, le traducteur et même les éventuels liens avec d’autres nouvelles. Ça a l’air normal mais on a rarement toutes ces informations aussi facilement accessibles dans les recueils de nouvelles.

C’est donc un très bel ouvrage de référence. Est-ce que cet ouvrage est facile à lire, c’est une tout autre question. Ce n’est pas pour rien que j’ai passé une année dessus !

Ce premier tome des Nouvelles complètes de Dick couvre les années 1947 à 1953 et propose environ 70 nouvelles. Cela vous laisse imaginer la frénésie d’écriture que cela a dû lui demander, d’autant plus que pratiquement toutes ont été publiées dans des revues.

Forcément tout n’est pas de la même qualité et surtout la répétition de certaines thématiques finit par lasser lorsqu’on enchaîne trop de nouvelles. Si j’avais anticipé un peu j’aurais pu vous fournir un bingo avec notamment le voyage dans le temps, les mutants, le conflit nucléaire, la destruction de la Terre, l’exploration de planète qui tourne mal et j’en passe.

J’ai donc pris mon temps pour lire ce volume, une ou deux nouvelles par soir par petites séquences de quelques jours entre deux romans. C’est long mais c’est plus digeste. Par contre bon courage pour faire la synthèse de tout cela !

Je vais donc piocher dans mes notes pour vous proposer une petite sélection de nouvelles que j’ai trouvé intéressantes pour plein de raisons.

Les Infinis (The Infinities, 1953) : Où des explorateurs dans l’espace sont confrontés à un rayonnement qui les transforme en autre chose… On dirait les prémices des Quatre Fantastiques, enfin la version où l’auteur évite de lancer une nouvelle série de comics (j’adore la fin !).

L'Homme-variable (The Variable Man, 1953) : Cette nouvelle conséquente nous fait découvrir un futur qui se retrouve perturbé par l'irruption d'un homme du passé. Il y a plein d'aspects datés dans ce texte, mais j'aime les idées qu'il explore : les statistiques comme seul outil de décision, la guerre totale, les compétences qu'on a perdu en développant la technologie et bien d'autres...

La Clause de salaire (Paycheck, 1953) : J’avais déjà lu cette nouvelle que je trouve toujours excellente : c’est l’histoire (un peu surréaliste) d'un homme dont la mémoire a été effacée suite à son travail. Le texte a été adapté en film. Ne le regardez pas, dans mes souvenirs c’est un affreux navet.

Tant qu'il y a de la vie... (Some Kinds of Life, 1953) : Sous ce titre se cache un futur où les humains sont prêts à tout pour conserver leur mode de vie privilégié... Sans surprise c’est un texte qui résonne bien avec notre monde actuel.

Le Problème des bulles (The Trouble with Bubbles, 1953) : Dans cette nouvelle on y découvrir une humanité qui faute d'avoir rencontré des aliens, se perd dans la création et le développement de mondes. Là aussi on a quelque chose de très actuel, et la conclusion est rigolote.

Planète pour hôtes de passage (Planet for Transients, 1953) :
De toutes les nouvelles qui mettent en scène une Terre dévastée par un conflit nucléaire (et il y en a un paquet), c’est je crois ma favorite, sans doute en raison de son ton assez inattendu. On y suit un des derniers humains, à la recherche de survivants. Il rencontre tout un tas de mutants qui se sont adaptés à ce monde irradié, tandis que les derniers humains réalisent qu’ils n’ont plus leur place sur la planète. Ce n’est pas la seule nouvelle à jouer avec cette idée mais celle-là m’a semblée moins déprimante que les autres (et très paisible avec ça, je crois que personne ne se tape dessus).

Tony et les "Bêtes" (Tony and the Beetles, 1953) : J'ai beaucoup aimé ce texte où un enfant qui vit sur une planète habitée par une autre espèce assiste à un retournement de situation : l’espèce en question prend l’avantage sur les humains. J’aime bien quand Philip K. Dick écrit du point de vue des enfants.

Service avant achat (Sales Pitch, 1954) :
Tout est dans le titre, c'est un texte bien virulent sur la société de consommation et l'omniprésence de la publicité, forcément ça marche bien.

Foster, vous êtes mort ! (Foster, You're Dead, 1955) : Ce texte poignant met en scène un enfant qui a peur de mourir dans un contexte où la société de consommation se sert de la peur de l'attaque nucléaire pour vendre des protections toujours plus élaborées.

Ce premier tome des Nouvelles de Philip K. Dick est un bel ouvrage mais il est clairement plus destiné aux fans soucieux de tout lire du maître qu’aux novices qui découvrent l’œuvre de Philip K. Dick. Je suis cependant contente de l’avoir lu et je compte bien continuer l’aventure avec le tome 2, mais clairement si vous voulez découvrir ses nouvelles, optez d’abord pour un des petits recueils chez Folio SF.

Infos utiles : Nouvelles complètes I (1947-1953) est le premier tome de l’intégrale des nouvelles de Philip K. Dick (sans blague). J’ai lu l’édition Quarto présentée et annotée par Laurent Queyssi et parue en 2020. 1280 pages
Traductions de (*prends une inspiration*) Pierre Billon, Hélène Collon, Michel Demuth, Michel Deutsch, Alain Dorémieux, Pierre-Paul Durastanti, Denise Hersant, Emmanuel Jouanne, Bruno Martin, Jacques Parsons, Jean-Pierre Pugi, Pierre K. Rey, Suzanne Rondard, Mary Rosenthal, Marcel Thaon, France-Marie Watkins, Ben et Christine Zimet, révisées et harmonisées par Hélène Collon.

D’autres avis : Le dragon galactique, Lorhkan et les mauvais genres, Un papillon dans la Lune

7 commentaires:

Baroona a dit…

Allez, courage, plus qu'un ! Rendez-vous en 2024 pour la chronique du tome 2 ? ^^

Tigger Lilly a dit…

You did it 💪 Tu vas pouvoir faire ton rattrapage UHL maintenant 🤣

J'avais bien aimé Le problème avec les bulles, ça je me rappelle ^^

Cheyenne a dit…

De cette liste de nouvelles, je n'ai lu que Foster et j'avais bien aimé. J'aime bien l'écriture de Dick et les thèmes qu'il aborde, et la façon dont il les aborde. C'est parfois un peu tortueux, un peu embrumé et les fins pas très claires...

Alys a dit…

Mille deux cent quatre-vingt pages! Je suis tellement admirative de celles et ceux qui en viennent à bout! 🤩
Ça a l'air chouette. Je n'aime pas assez Dick pour attaquer un tel projet, mais c'est génial que ces recueils existent.

Vert a dit…

@Baroona
J'envoie quelqu'un dans le futur pour confirmer que je l'aurais bien lu d'ici là et je te confirme ça 😁

@Tigger Lilly
Bien entendu ton appréciation de cette nouvelle n'a rien à voir avec une certaine passion pour un certain type de jeu vidéo 😄.

@Cheyenne
Je le trouve plus digeste en nouvelle qu'en roman ^^

@Alys
Oui c'est des beaux objets. Les nouvelles de A.C. Clarke c'était pas aussi volumineux ?

Alys a dit…

Oui, c'est plus petit chez Clarke: un peu moins de mille pages dans mon éditon. 970, plus précisément. Bon, c'est écrit petit, ça joue aussi. En français, ça donne 1 100 pages et quelque chez Bragelonne. Mais surtout... Ça tient en un seul tome. 😁 Tu n'es pas qu'à la moitié du chemin quand tu arrives au bout. (Dick, on dirait le Vicomte de Bragelonne de Dumas: tu lis 800 pages et t'as à peine commencé.)

Tigger Lilly a dit…

@Vert : je ne vois pas du tout de quoi tu veux parler 🤔