dimanche 28 février 2021

L’anomalie – Hervé Le Tellier

 
L'anomalie - Couverture

Même si la plupart des critiques littéraires préfèrent utilisent tout un tas de figure de styles pour ne pas prononcer le mot interdit, il se murmure dans les couloirs de la blogosphère que le dernier prix Goncourt est un ouvrage de science-fiction. Alors forcément j’ai été curieuse et j’ai voulu me faire mon propre avis sur la question.

L’anomalie commence donc avec une petite galerie de personnages dont on découvre la vie, et dont le seul point commun est d’avoir partagé un vol Paris-New-York un peu turbulent. Rien d’exceptionnel me direz-vous, sauf quand une anomalie se produit : trois mois après l’atterrissage du dit vol, l’avion réapparait sur les radars et se pose à nouveau. Une copie à l’identique, avec à son bord des doubles de tous ses occupants.

Si je devais relever la plus grande qualité de L’anomalie, c’est son caractère extrêmement divertissant : avec ses petits portraits de personnages et son intrigue qui aurait tout à fait sa place (du moins au début) dans un film à gros budget, on rentre très facilement dans l’histoire.

Moi qui ai toujours pensé qu’un bouquin devait être très intellectuel et prise de tête pour obtenir un Goncourt, je m’attendais à une entrée en matière beaucoup plus fastidieuse. J’ai donc été très agréablement surprise, et donc obligée de réviser mes préjugés par la même occasion. Pour le reste, je suis un peu mitigée.

Il y a plein de choses que j’ai bien aimé : les rencontres entre les différents personnages, le jeu du « et si ? » entre les originaux et leurs doubles, les interrogations sur le réel et les histoires imbriquées (avec cet auteur qui écrit un roman qui porte le même titre que le roman qu’on est en train de lire).

Globalement j’ai plutôt pris plaisir à la lecture, mais le dernier tiers m’a laissé perplexe, avec une impression de non-résolution. C’est un peu comme si cette « anomalie » était un prétexte pour jouer avec les personnages, et que l’auteur se contentait d’une pirouette pour terminer son livre. Et c’est peut-être là où ce roman n’est pas un très bon roman de SF pour moi.

Ça ne fait pas de L’anomalie un mauvais livre (de toute façon qu’est-ce qu’un mauvais livre ?), mais il ne répond pas forcément à mes attentes. À vous de voir si cela cadre mieux avec les vôtres. Pour ma part je suis tout de même contente de l’avoir lu, ne serait-ce que pour avoir mon propre ressenti (et pour briller en société bien sûr).

Infos utiles : L’anomalie est un roman de Hervé Le Tellier paru en 2020 chez Gallimard. Couverture non illustrée (c’est ça la collection blanche de Gallimard !). 286 pages en numérique.
Pour la petite anecdote, j'ai emprunté ce livre en numérique et il y avait visiblement des anomalies dans le fichier vu comment j'ai galéré pour arriver à charger une version lisible sur ma liseuse (le fichier apparaissait même en double dans Adobe, quand la réalité rejoint la fiction...)

13 commentaires:

Valeriane a dit…

Je suis curieuse...
Je ne vais sans doute pas l’acheter en GF... mais je suis curieuse ����

Le Maki a dit…

Pourtant ca commence bien ce petit roman choral mais le second tiers est à mon avis (et je n'ai pas vu beaucoup de monde le relever) improbable, ca ne tient pas la route une minute. Pour finir comme tu le dis sur une non-fin.
Bref j'ai lu le Goncourt, moi aussi !

Vert a dit…

@Valeriane
Poche ou bibliothèque c'est très bien pour se faire un avis je pense ^^

@Yogo
On va pouvoir se faire des badges ou des tee-shirts si ça continue :D

Dup a dit…

Et bien tu auras eu le mérite de me donner envie de le lire du coup, parce que justement je pensais qu'un Goncourt serait un roman ardu et alambiqué !

Tigger Lilly a dit…

team je le lirai en poche :p

"Moi qui ai toujours pensé qu’un bouquin devait être très intellectuel et prise de tête pour obtenir un Goncourt," je pensais aussi 😅

Alys a dit…

Chouette, j'étais curieuse de savoir ce que tu en penserais. Une amie lisant peu, et pas du tout d'imaginaire, est en train de le lire, j'attends son avis aussi.
Superbe, cette anecdote!

Yuyine a dit…

C'est un bon roman mais il a effectivement quelques soucis. Personnellement c'est le rythme qui m'a perdue. Trop de longueurs, trop de personnages, trop de sujets qui sont intéressants mais donnent un peu le sentiment d'être là pour cocher des cases. Il y a des choses assez intéressantes cela dit, notamment L'anomalie et les réflexions autour. Mais oui, ce n'est pas un très bon roman de SF je suis d'accord.

Baroona a dit…

Un prétexte... comme si finalement l'auteur avait raison de dire que ce n'est pas de la SF ? 🙉
Je le lirai aussi un jour, surtout que les éléments de jeu avec la réalité pourraient bien me plaire. Et puis comme ça j'augmenterai mon nombre de Goncourt lus à deux unités. 😏

Alys a dit…

@Baroona: Si je puis m'immiscer dans la conversation... C'est quoi, l'autre Goncourt que tu as lu? (Vu que celui-ci sera le deuxième...)

Baroona a dit…

@Alys : "Les Bienveillantes" de Jonathan Littell, un livre fort.

Vert a dit…

@Dup & Tigger Lilly
Oui ça bouscule un peu les idées préconçues de se dire que c'est facile de lire un Goncourt xD

@Alys
Ah je serais curieuse d'avoir son retour pour comparer les points de vue.

@Yuyine
Ou en tout cas ce n'est pas un très bon roman pour grands lecteurs de SF (quoique les avis sont partagés ^^)

@Baroona
J'irais pas jusqu'à dire que ce n'est pas de la SF vu les thèmes. Mais la façon dont c'est exploité c'est assez typique de ces romans de SF "planqués" en littérature générale, on sent que le moteur n'est pas le même.

shaya a dit…

Héhé parfois des romans en littérature blanche primés ne sont pas si ardus ! Bon pour le coup celui-ci ne me tente pas du coup par contre ^^

Vert a dit…

@Shaya
Oui c'est rigolo de se dire que les lecteurs de littérature générale ont de la SF l'image d'un truc mal écrit, et de notre côté on entretient l'idée que la littérature blanche c'est forcément hyper compliqué et intellectuel xD