L’anthologie des Utopiales est un ouvrage dont j’apprécie la lecture autant pour les textes qu’elle présente que pour les souvenirs qui y sont associées. En effet, je l’achète chaque année au moment du festival et obtenir les signatures des auteurs est toujours une sacrée aventure. La lire, c’est donc faire remonter ces chouettes moments.
Cette fois-ci, cela a été une lecture à la fois proche et éloignée avec une première moitié lue assez rapidement, une longue interruption et une reprise une fois descendue de mon nuage. Cela a-t-il influencé mon ressenti ? Peut-être sur certains textes à mi-parcours, mais cela ne m'a pas empêché d'apprécier l'ensemble.
Cette année l’anthologie propose quatorze nouvelles. Huit auteurs, six autrices. Onze francophones. Trois anglophones. Et à l’exception des textes anglophones qui avaient déjà fait l’objet d’une publication en VO, tous sont des inédits, ce qui explique la bonne adéquation entre le thème de cette année (Coder/Décoder) et les nouvelles de l’anthologie.
Une faute de goût de Christian Léourier, nous parle par exemple de communication interespèce où l’on cherche moins à communiquer par la voix que par le goût. Cette diplomatie culinaire qui met l’eau à la bouche m’a beaucoup plu et m’a consolée de ma déception sur Helstrid.
Avec Neurostar de Jacques Barbéri, on plonge dans un environnement résolument cyberpunk où l’on pratique l’extraction de souvenirs que l’on revend à prix d’or. Si je ne suis pas complètement rentrée dans le trip, j’ai bien apprécié l’univers, assez ébouriffant.
Impulsion naturelle de Olivier Paquet se penche sur des questions d’intelligence artificielle et d’écologie. Et de chats. C’est une jolie combinaison qu’on aimerait suivre plus longtemps.
On poursuit ensuite avec Les disparus de Valoria de Sylvie Denis, une histoire sur les jeux en ligne, les enfants et la blockchain. Là encore c’est un mélange sympathique, qui pose des questions intéressantes sur le fait que la fin justifie les moyens.
Dans Sublimation de Mel Andoryss, on parle de génétique et de contrôle social. C’est un texte qui est assez grisant lorsqu’il nous fait plonger dans le code des êtres vivants. Il est aussi intéressant pour réfléchir sur la notion de bonheur.
Bicycle Girl de Tade Thompson est une nouvelle qui met scène un homme interrogé (enfin torturé plutôt) afin qu’il explique comment il a pu faire disparaître un village entier. L’histoire là derrière est assez compliquée, sur le coup j’avais bien aimé mais il ne m’en reste plus qu’une impression de brouillard aujourd’hui, dommage.
Avec La grande course au noyau-mémoire, Ophélie Bruneau nous offre du space-opéra bien coloré sous forme d’une course de vitesse qu’un Terrien est bien décidé à gagner pour devenir riche. Et le rapport avec le code dans tout ça ? Ma foi, il vous faudra lire la délicieuse conclusion pour le savoir.
La Pièce au panda de Jo Walton suit sur une station spatiale gérée par des IA le destin d’une pièce de monnaie qui passe de main en main et de quartier en quartier. C’est du pur Jo Walton, on adore se laisser porter. Cependant vu la courte taille du texte, on ressort de là avec une petite frustration, un goût de pas assez.
On poursuit ensuite avec Avaler la terre, un texte de Michael Roch qui parle de traduction et de lutte des classes. C’est une nouvelle très riche, malheureusement j’ai dû m’y reprendre à plusieurs fois pour la lire, ce qui fait que j’ai eu du mal à rentrer dedans.
Le cruciverbiste de Nicolas Martin met en scène un créateur de mots croisés se retrouve au chômage. S'en suit alors une longue descente aux enfers. C’est un texte classique mais efficace dans son genre.
On change de registre avec Inconnue à cette adresse de Silène Edgar, qui reprend la trame du roman de Kressmann Taylor pour mettre en scène une correspondance entre la France et l’Amérique du futur. Le sujet n’est pas forcément très original mais certains aspects sont intéressants, et le résultat plutôt percutant.
Les femmes du Congrès dansent aussi de Jean-Laurent Del Socorro s’inscrit dans la lignée de sa nouvelle de l’anthologie de l’année 2017 (à quand le recueil ?). Il revisite cette fois la campagne menée par une jeune américaine pour devenir représentante au Congrès américain. Sans être transcendant, c'est un texte qui fait du bien à lire.
La nouvelle d’Ada Palmer, Un anneau gris ajouté à l'emblème olympique, a définitivement un goût de trop peu. Mais ce récit façon article de journal sur notre futur (et sur le passé de son cycle Terra Ignota) donne bien envie de se pencher sur le reste de son œuvre.
Le recueil se termine sur La promesse du monstre de Claude Ecken, un superbe texte qui mêle biologie, informatique et justice (entre autres choses). C’est dense, pas toujours facile à lire dans certains dialogues mais c’est une superbe pièce d’une très grande richesse.
Comme les années précédentes, cette anthologie des Utopiales s’est révélée une chouette lecture avec des textes variés autant dans les thèmes abordés que dans le format et le genre. Chose agréable cette année en plus, les textes résonnaient vraiment bien avec les problématiques abordées aux Utopiales, ce qui en fait un excellent complément post-festival (qu'on complètera ensuite par des conférences, au risque de tomber dans une boucle sans fin jusqu'à la prochaine édition).
Pour ma part j’ai eu un gros coup de cœur pour les textes de Christian Léourier et de Claude Ecken, avec mention spéciale aux textes de Mel Andoryss, Ophélie Bruneau et Jo Walton, mais les autres textes ont tous leur intérêt. Nulle doute que si vous lisez cette anthologie, vous aussi vous trouverez votre bonheur.
Infos utiles : Utopiales 2019 est une anthologie éditée par les éditions ActuSF dans le cadre du festival du même nom. La couverture qui reprend l’affiche du festival est signée Mathieu Bablet. 438 pages
une anthologie que je lirai un jour. Peut-être...
RépondreSupprimer@Lutin82
SupprimerAvant la prochaine alors ;)
On a des préférences en commun. Dans mon top 2 Léourier et Edgar, et puis Ecken, Bruneau, Andorys. Les autres sympas mais moins intéressantes.
RépondreSupprimer@Tigger Lilly
SupprimerOn ne peut pas tout aimer non plus ^^
Il n'y a plus aucun respect pour les traditions. Si maintenant les anthologies ne comportent (quasiment) que des bons textes, comment on fait pour dire "comme dans tous les recueils, il y a du bon et du moins bon" ?
RépondreSupprimer@Baroona
SupprimerJ'essaye justement de ne pas la sortir à chaque fois celle-là xD
Huhu, comme chez le Dragon galactique je ne peux que souligner la présence d'un chat. les chats à la conquête des Utopiales et de l'univers tout entier, tout ça, tout ça.
RépondreSupprimer@Alys
SupprimerC'est toujours important de mentionner les chats pour qu'ils se sentent assez considérés (même quand il s'agit d'IA ^^)
Il s'agit du Nicolas Martin de la Méthode Scientifique ? o_O
RépondreSupprimerSympa l'effet post uto, je n'en avais pas vraiment conscience. Si un jour j'arrive à venir, je ne manquerai donc pas de revenir avec l'anthologie !
@Ksidra
SupprimerC'est bien lui en effet ^^