Après une première partie se terminant sur un cliffhanger des plus frustrants, il est temps de conclure la dernière histoire cette dixième saison de Doctor Who avec un final explosif au programme des plus chargés. Je ne savais d’ailleurs tellement pas où donner de la tête que j’ai préféré laisser reposer mes impressions quelques temps avant de les poser par écrit. Résultat : un compte rendu très très long, et des spoilers, comme d’habitude.
L’histoire commence donc dans une campagne plutôt idyllique… à l’exception de ses épouvantails (qui me font tout de suite penser à ceux de la saison 3 d’ailleurs). Nous voilà donc à un autre étage de ce vaisseau colonie, un étage visiblement convoité par les proto-cybermen mais bien défendu par ses habitants.
C’est alors que débarque un Doctor en bien mauvaise posture et en bien mauvaise compagnie, mais n’allons pas trop vite, voyons donc comment tout cela est arrivé.
Le Doctor a donc été capturé par Missy et le Master, tandis que Nardole a réussi à prendre la fuite (dans un sympathique flash-back tellement ancienne série, ça n’a rien d’anecdotique, on le verra).
La séquence où il est à leur merci sur le toit de l’hôpital est des plus délicieuses : les deux Master sont totalement en roue libre (pour notre plus grand plaisir), et le Doctor… reste le Doctor : capable de gagner une bataille par les mots, et toujours avec une longueur d’avance sur ses ennemis.
« They always get started. They happen everywhere there's people... Mondas, Telos, Earth, Planet 14, Marinus. Like sewage and smartphones and Donald Trump... some things are just inevitable. […] People get the Cybermen wrong... there's no evil plan, no evil genius. Just parallel evolution. People plus technology minus humanity. The internet, cyberspace, Cybermen. Always read the comments, because one day they'll be an army. »
Donc le Doctor a réussi à retourner les Cybermen contre leur(s) créateur(s).
« You two, you should know by now. When you're winning, and I'm in the room, you're missing something. »
Cela fournit une petite diversion qui laisse le temps à Nardole de pointer à nouveau le bout de son nez. Bon certes, le Doctor se fait électrocuté (une première fois) au passage, mais comme il récupère Bill au passage, ces dix premières minutes se terminent presque sur une note positive !
Notre fine équipe (cinq personnes dont trois time lords, ça en fait du monde) débarque alors au niveau des fermes et se pose un peu en attendant la prochaine invasion de Cybermen. L’occasion pour Bill de prendre conscience de son état.
J’aime beaucoup comment la scène est menée, alternant entre sa vision d’elle-même et sa vraie apparence. Pearl Mackie livre une performance exceptionnelle dans ce passage. J’étais déjà sous le charme mais dans cet épisode, c’est juste l’apothéose.
La situation est quand même bien sombre quand on pense : Bill qui lutte pour rester elle-même, le Doctor qui lutte pour ne pas se régénérer (avec une volonté qui fait passer David Tennant pour une fillette !), et nos héros ne peuvent compter que sur deux incarnations du Master qui ont clairement d’autres préoccupations (surtout celle incarnée par John Simm !).
Et comme le temps passe différent entre le bas et le haut du vaisseau, les Cybermen ont eu le temps d’évoluer vers une forme plus avancée et plus difficile à éliminer. Heureusement que Nardole est là pour tenir le rôle du héros ! Ca le rapproche un peu de Rory parfois dans le rôle du 3e larron un peu en retrait mais presque plus badass que les autres.
« I'm going to be dead in a few hours, so before I go, let's have this out. You and me, once and for all. Winning ? Is that what you think it's about ? I'm not trying to win. I'm not doing this because I want to beat someone, or because I hate someone, or because I want to blame someone. It's not because it's fun and God knows it's not because it's easy. It's not even because it works, because it hardly ever does. I do what I do, because it's right. Because it's decent. And above all, it's kind. It's just that. Just kind. »
Alors que la grande bataille approche, le Doctor ouvre son cœur à ses meilleurs ennemis. Un beau passage pour Capaldi, qui me rappelle beaucoup le dernier combat d’Eleven à Trenzalore. La conclusion de l’histoire de Twelve semble autant prendre ses sources chez Ten (qui ne voulait pas changer) que chez Eleven (pour qui c’était vraiment la fin). Ce qui n’est pas très clair encore, c’est pourquoi Twelve refuse à ce point la régénération (peut-être même depuis plusieurs épisodes d’ailleurs). Est-ce de l’usure alors qu’il voit se profiler devant lui un nouveau cycle sans fin ?
- Stand with me. These people are terrified. Maybe we can help a little. Why not, just at the end, just be kind ?- See this face? Take a good, long look at it. This is the face that didn't listen to a word you just said.- Missy. Missy. You've changed. I know you have, and I know what you're capable of.- Stand with me, it's all I've ever wanted.- Me too. But no. Sorry. Just... no. But thanks for trying.
Et la tentative du Doctor de convaincre les Master de se joindre à lui est un échec, même si on sent bien que Missy a bien changé depuis son incarnation précédente. Je n’irais pas jusqu’à la qualifier de « gentille », mais au regard des évènements à venir, on peut clairement relever un changement, plus d’hésitation et un caractère moins insensé.
« One of us has to stay down here and blow up a lot of silly tin men, and one of has to go up there and look after a lot of very scared people, day after day, for the rest of their lives, and keep them safe. Now the question is this, Nardole, which one of us is stronger ? »
Après une première série d’explosions, les séparations se poursuivent : Nardole part avec les habitants du niveau tandis que le Doctor reste derrière, avec Bill qui n’a plus rien à perdre. Décidément cet épisode devient de plus en plus sombre, surtout que Nardole ne part absolument pas vers la sécurité, il peut même s’attendre à une nouvelle invasion très rapidement.
« I loved being you. Every second of it. Oh, the way you burn. Like a sun. Like a whole screaming world on fire. I remember that feeling, and I always will. And I will always miss it. »
Le Master et Missy quant à eux cherchent à rejoindre leur TARDIS… et se dirigent vers leurs fins respectives. Je n’étais pas très surprise de voir Missy assassiner son incarnation précédente. Le fait qu’elle soit tuée dans la foulée m’a choqué sur le coup, mais colle tellement bien avec ce personnage complètement fou.
Je n’en ai pas trop parlé jusque-là mais les deux personnages sont assez délicieux à suivre ensemble. C’est un peu comme un épisode avec plusieurs Doctor, mais dans une variante complètement démente qui fait qu’ils sont fondamentalement incapables de se faire confiance, même entre eux.
Leur intrigue reste finalement au second plan dans un épisode bien (voire trop) chargé, mais c’est une fin intéressante pour les deux personnages, qui permet de laisser le champ libre au prochain showrunner. En théorie Missy n’a plus la capacité de se régénérer, mais je doute que ce genre de considération arrête vraiment le Master (d’autant plus qu’on n’assiste au final à la mort d’aucun des deux !).
En tout cas cette incarnation féminine du Master était vraiment chouette. Outre le fait qu’elle ouvre la voie à un potentiel Doctor féminin, j’aime bien aimé sa folie douce et son look Mary Poppins, et j’ai trouvé Michelle Gomez aussi convaincante en génie du mal que dans le rôle du méchant en voie de rédemption.
« Without hope. Without witness. Without reward. »
Et avec cette petite phrase reprise d’un épisode précédent, c’est l’heure pour le Doctor de mener sa dernière bataille contre les Cybermen, qui se termine comme il se doit par une énorme explosion. Le Doctor se fait électrocuter une ou deux fois au passage, mais au point où il en est, ça ne lui fait plus grand-chose !
Et on arrive donc au petit moment Deus Ex Machina de la saison. On se croirait presque au bon vieux temps de Russel T. Davies, à ceci près que la graine a été plantée dès le tout premier épisode de la saison.
C’est un peu facile certes, mais je crois que je ne me serais pas remise d’une disparition aussi brutale et violente de Bill, je suis donc très contente qu’elle puisse partir explorer l’univers avec sa petite amie.
Cela ressemble un peu au final de Clara mais on évite l’écueil du « elle est morte mais on la ramène à la minute précédente sa mort et finalement elle est pas vraiment morte ». J’aime bien le fait que Moffat laisse ainsi la porte ouverte à une réapparition future… cela me convient tout à fait !
« You know what, old man ? I'm never going to believe you're really dead. Because one day everyone's just going to need you too much. Until then. It's a big universe. But I hope I see you again. Where there's tears, there's hope. »
Dommage que le Doctor ait oublié de lui expliquer le concept de régénération… mais il fallait bien une petite dose de drame, et justifier un épisode de Noël à venir où le Doctor sera sans compagnon, mais bien accompagné néanmoins comme on va le voir…
- I will not change. I will not ! No, no, no, the whole thing's ridiculous.- Hello ? Is someone there ?- Who is that ?- I'm the Doctor.- The Doctor. Oh, I don't think so. No, dear me, no. You may be a doctor, but I am the Doctor. The original, you might say !
Après un double-épisode bien chargé, voilà que Moffat en remet une couche pour Noël avec un épisode multi-Doctor bien particulier, puisqu’il confrontera le tout premier et le dernier en date. Je suis curieuse de voir la performance de David Bradley qui jouait déjà ce rôle dans le biopic An Adventure in Space and Time.
L’idée ne manque pas d’intérêt en tout cas : visiblement les deux incarnations ont comme un souci avec le changement, et toutes les deux sont sur le point de se régénérer. La localisation comme le costume indiquent que c’est le dernier épisode de One, celui avec les Cybermen de Mondas (tiens tiens…).
A la toute fin du dernier épisode de ce serial, One part le premier avant d’être rejoint plus tard par ses compagnons qui le retrouvent inconscient dans le TARDIS, voilà qui laisse un petit intervalle parfait… pour un épisode de Noël notamment !
En tout cas la rencontre promet d’être intéressante. Car pas mal de gens soupçonnent Twelve de retenir sa régénération depuis quelques épisodes, et la même question se pose pour One qui avait pris un sacré coup de vieux dans The Daleks' Master Plan, quelques épisodes avant sa régénération.
Si la prestation de David Bradley fonctionne à l’échelle de l’épisode (pour le moment j’accroche bien à la voix, le visuel j’ai un peu de mal), l’épisode de Noël devrait être un joli cadeau, et un final où Moffat se fait clairement plaisir !
Et c’en est fini de The Doctor Falls, dernier épisode de la saison 10 et avant-dernier épisode de Moffat et de Capaldi. Globalement j’ai passé un excellent moment, d’autant plus qu’il est assez surprenant dans son atmosphère (je ne m’attendais pas à cette ambiance aussi sombre de fin du monde dans une version alternative de La petite maison dans la prairie !).
Comme tous les épisodes de fin de saison de Moffat, il est cependant un peu trop chargé et il est difficile même en une heure de donner suffisamment de temps à l’ensemble des intrigues. La lente agonie du Doctor est plutôt bien menée, de même que la conclusion de l’histoire de Bill. Le destin de Nardole reste par contre assez mystérieux, et l’histoire du Master et de Missy aurait sans doute bénéficié d’un peu plus de temps à l’écran… mais c’était pas mal tout de même !
Au final j’ai vraiment beaucoup aimé cette saison 10, qui a su joué avec brio la carte du retour aux sources et de la simplicité. On rit, on pleure, on tremble avec les personnages et on en prend plein les yeux, qu’on voyage dans le temps ou dans l’espace.
Pour son ultime saison en tant que showrunner, Steven Moffat a joué la carte de la fraîcheur, et grand bien lui en a pris. Pas que j’ai quelque chose contre ses intrigues torturées, mais ça commençait à devenir vraiment alambiqué… En tout cas (même si c’est à confirmer avec l’épisode de Noël), c’est plutôt une bonne façon de conclure, qui laisse beaucoup de marge de manœuvre à Chris Chibnall qui reprend la boutique.
Je conclurais juste en saluant l’excellente performance des acteurs : Capaldi est extraordinaire (ça n’était pas facile de passer après Matt Smith, et ça ne sera pas plus facile de passer après lui) et Matt Lucas m’a étonné en passant d’un personnage secondaire comique d’un épisode à un compagnon plus que compétent du Doctor. Quant à Pearl Mackie, je suis très triste qu’elle ne fasse qu’une seule saison. Je me console en me disant que le personnage n’aura pas le temps d’être gâché, au moins !
Et maintenant, rendez-vous à Noël pour une dernière aventure…
La scène où Bill prend conscience qu'elle est une cyberwoman est assez mémorable, j'adore le truc avec l'ombre c'est vraiment bien trouvé.
RépondreSupprimer@Tigger Lilly
SupprimerC'est très bien fait, surtout que pendant un moment je ne savais vraiment pas à quoi m'en tenir...
Comme tigger lilly, le moment qui me restera en memoire est celui de la grange. Un docteur de plus en plus humain, que ce soit dans les sentiments ou dans le fait qu'il ne soit pas un surhomme déjouant à chaque fois la mort de ses compagnons.
RépondreSupprimerJe n ai pas trouvé l'episode trop chargé- un bon dosage à mon sens.
Toujours triste de voir partir un docteur alors que l'attachement devient de plus en plus fort.
@Le chien critique
SupprimerC'est toujours pareil, c'est quand on devient irrémédiablement attaché au personnage qu'il change !
*instant confessions*
RépondreSupprimerJe fais partie de ceux qui râlent à chaque changement d'acteur, disant que "c'était mieux avant". J'ai même bêtement refusé de regarder la série avec Peter Capaldi (juste parce que c'est un "vieux", franchement quelle andouille). Et puis je l'ai vu dans un film et me suis dit "mais pourquoi pas, au fait ?". Résultat, ça a fait comme à chaque fois : je râle, puis me demande si ce nouveau Docteur n'est pas mieux que le précédent, au final.
Bref, je suis triste de le quitter, et Bill aussi (surtout après Clara qui m'avait énervée dès sa première apparition -alors qu'elle n'est même pas une compagne du Docteur et que je n'ai jamais appréciée-). Ils étaient chouette tous les deux (pris individuellement comme ensemble).
Bon part contre je viens de me faire spoiler l'identité du 13ème Docteur et ça m'enquiquine un poil :/
@Systia
SupprimerC'est un schéma classique, moi aussi il me faut toujours un peu de temps pour m'habituer (Capaldi a été le plus rapide je crois, Matt Smith m'a pris presque une saison par contre mais après j'étais complètement accro par contre).
Pour l'identité du 13e je pense qu'à moins d'habituer au fond d'une grotte c'est pas possible de ne pas l'apprendre, j'ai même vu une brève dans Le Parisien (et j'ai appris l'info sur le site de Franceinfo xD).
Oui voilà, ce qui m'embête -à part le fait que j'aurais aimé avoir la surprise- c'est que ceux qui parlent de l'identité du futur Docteur n'ont rien à voir avec la série ou la culture geek en général.
Supprimer(D'ailleurs j'ai l'impression -peut-être erronée- que les fans de la série n'en ont globalement pas grand chose à faire... en tout cas beaucoup moins que ces pages, médias, etc qui commentent ce choix.)
@Systia
SupprimerOh je pense que les fans doivent en parler pas mal aussi mais effectivement c'est assez ironique qu'on en parle autant pour une série plutôt discrète en France d'habitude (alors que finalement le terrain était préparé depuis un moment et que ce n'est pas tellement surprenant pour cette série basée sur le changement).
Pour ma part cette saison me laisse un peu mitigée... Le fil rouge de Missy aurait pu être plus approfondi, et ça m'attriste beaucoup de perdre Bill (je suis très pessimiste quand à un éventuel retour). Enfin, on verra l'épisode de Noël !
RépondreSupprimer@Colette
SupprimerJe ne m'attends pas trop à la voir revenir non plus (mais la porte reste ouverte pour le 60e anniversaire :D)
Pour l'instant j'ai évité d'apprendre l'identité du Dr, mais je reste quand même déçu, car j'avais espéré garder Capaldi plus longtemps.
RépondreSupprimerC'est loin Noël.
@Fánaríë
SupprimerMince comment tu as réussi ton coup ? C'est tout juste s'ils n'en parlaient pas au journal de 20h dans la semaine qui a suivi !
Moi aussi j'aurais bien gardé Capaldi mais bon... 3 saisons ça a l'air d'être la norme !