mercredi 14 septembre 2016

L’homme qui mit fin à l’histoire – Ken Liu


Des fois, il y a des livres qui nous laissent sans voix. Non pas parce qu’ils sont affreusement mauvais mais parce que leur lecture entraîne un tel torrent d’émotions et d’interrogations qu’on est juste incapable d’en faire la synthèse.

C’est le cas de L’homme qui mit fin à l’histoire, une novella de Ken Liu (dont j’avais déjà fort apprécié le recueil La ménagerie de papier), qui raconte sous forme d’un faux-documentaire (comme la nouvelle Aimer ce que l'on voit de Ted Chiang) comment un historien et une physicienne du futur inventent un moyen de voyager dans le temps pour voir l'histoire s’écrire en direct.

L’historien choisit d’aller observer l'Unité 731, un camp installé en Chine par les Japonais pendant la Seconde Guerre mondiale pour y réaliser d'horribles expériences. Une période sensible de l’histoire donc, dont l’existence a très souvent été niée, si bien que les expériences de l’historien déclenchent toutes sortes de réaction en Chine et au Japon, chez les familles des victimes et chez les anciens bourreaux, dans le monde scientifique et du côté du commun des mortels.

Il ne m’est pas facile de parler de ce texte qui m’a littéralement prise aux tripes, de par son sujet, certes très dur, mais aussi par toutes les interrogations qu’il aborde. A la fin de la lecture, j’avais les yeux franchement humides et j’avais bien de la peine à trier toutes mes impressions.

L’homme qui mit fin à l’histoire est une novella brillante sur le fond comme sur la forme. Elle ne néglige ni l’émotion ni la réflexion et réussit à poser bien plus de questions en une centaine de pages que bien des pavés, avec une volonté de multiplier les points de vue qui force le respect.

C’est d’ailleurs ce qui m’a parlé dans ce texte : il donne à voir mais laisse le lecteur seul juge face à la complexité des horreurs de la Seconde Guerre mondiale, tout en lui rappelant que rien n’est jamais complètement noir ou complètement blanc.

Où commence et où s'arrête le devoir de mémoire ? Doit-on porter le poids des horreurs de nos ancêtres ? Qu'est-ce que la vérité ? Qu'est-ce que l'Histoire ? Il n'y a pas de réponse simple à toutes ces questions, mais l'important c'est de continuer à se les poser, à étudier les différentes possibilités.

Et c’est ce que fait brillamment cette novella dont je vous recommande vivement la lecture, d’autant que son argument SF reste au final assez léger (un peu de physique vite expédié) pour la rendre accessible au commun des mortels et qu’elle permet de découvrir le versant asiatique de la Seconde Guerre Mondiale, une partie de notre histoire qu’on connaît généralement assez mal.

CITRIQ


106 p.

10 commentaires:

  1. Coucou, c'est moi, une revenante des réseaux ^^

    Je te rejoins complètement. J'avoue par contre que le récit ne m'a suscité aucune émotion particulière. Mais comme je l'explique, j'ai vu le film "camp 731", je crois que j'ai été vacciné sur les horreurs de la guerre, pour ce qui concerne l'écrit. Je suis pas contre incapable de ne pas pleurer devant un reportage qui parlent de ces sujets.
    Par contre, j'ai été scotchée par les problématiques que soulève Ken Liu.

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  2. @Cornwall
    C'est ce qui m'a le plus touché dans ce texte en fait, ses questionnements recoupent très bien les miens.

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  3. Ben mince alors, j'ai l'impression d'être complètement insensible moi.... Je suis totalement passée à côté de l'aspect émotionnel, par contre effectivement ça soulève beaucoup de questions sur l'Histoire avec un grand H !

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  4. Je partage ton avis. Cet mon livre SF 2016 pour l'instant

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  5. @Shaya
    En même temps je pense que l'aspect émotionnel ça dépend beaucoup de la personne. Je suis plus que sensible à ce genre de sujet moi.

    @lutin82
    Il sera très certainement dans mon top aussi !

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  6. On peut dire que ton avis convainc et donne envie de lire ce texte. Du coup, je pense que je vais l'attraper un jour prochain.

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  7. Entre cette novella et son recueil précédent, je me dis qu'il faut que je découvre cet auteur qui a l'air de faire l'unanimité !

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  8. Décidément il a le vent en poupe ce bouquin !
    Il serait temps que je me mette à la collection heure-lumière. Allez peut-être que je prendrai mon premier aux Utopiales. On verra où en sera la PàL d'ici là.

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  9. @Julien le Naufragé
    Il faut !

    @Roz
    Et il y a une très bonne raison pour laquelle il fait l'unanimité !

    @Gromovar
    N'est-ce pas !

    @Tigger Lilly
    T'inquiète pas je serais là pour t'aider à l'acheter si nécessaire aux Utos :p

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