mercredi 8 juin 2016

Les nefs de Pangée – Christian Chavassieux


Sorti à l’automne dernier, Les nefs de Pangée est un roman dont j’ai entendu tellement de bien sur la blogosphère que je l’ai très vite fait rentré dans ma pile à lire. Il m’aura fallu quelques mois pour l’en sortir (il est un poil encombrant pour les transports), mais cela m’a permis de le savourer sans être influencée par les avis des collègues.

Fresque de fantasy en un seul volume (la preuve que c’est possible !), Les nefs de Pangée nous projette dans un monde formé d’un continent unique, la Pangée, et son immense océan hanté par un monstre fabuleux, l’Odalim. Les différentes nations qui habitent le continent maintiennent leur unité en organisant à chaque nouvel âge (tous les 20-25 ans) une chasse à l’Odalim. Le succès ou l’échec de celle-ci détermine la prospérité et la réussite de l’âge à venir.

L’histoire commence alors que la neuvième chasse vient d’échouer dans sa mission. Pour éviter que le continent sombre dans le chaos, la préparation de la dixième chasse commence aussitôt : il faut convaincre les différents peuples, construire une flotte, plus grande que toutes celles jamais envoyées sur l’océan et trouver un commandant digne de ce nom.

Les nefs de Pangée démarre donc assez lentement, et nécessite que l’on s’accroche aux premières pages : il y a beaucoup d’éléments à assimiler (culturels, linguistiques, etc.) et le rythme n’est pas vraiment palpitant. Il faut passer les cent premières pages pour arriver à s’immerger vraiment dans la lecture, alors que la dixième chasse quitte le port.

Après, c’est bien simple, il devient impossible de lâcher le livre tandis qu’on suit en parallèle la course-poursuite sur l’océan et les changements qui adviennent à terre pendant ce temps. J’étais d’ailleurs ravie d’avoir deux heures de train pour pouvoir avancer sans interruption, d’autant plus que le récit réserve quelques très belles surprises.

N’allez cependant pas imaginer un rythme haletant, l’histoire aurait au contraire plutôt tendance à prendre son temps et à adopter plus souvent le rythme d’une chronique historique que celui d’une aventure endiablée (bien que quelques séquences relèvent de ce genre-là). On est sur des échelles de temps parfois très longues, ce qui permet d’apprécier le grand point fort : l’univers.

Christian Chavassieux a réussi à créer avec Pangée un univers complexe, extrêmement détaillé, qui réussit à être étrange, différent à tout à point de vue, ce qui m’a parfois fait penser aux œuvres d’Ursula K. Le Guin, et plus particulièrement à son travail sur La Vallée de l’éternel retour (mais en bien plus accessible).

L’autre aspect intéressant, c’est le sous-texte : Les nefs de Pangée parle de changement et d’évolutions sociétales avec brio, et ne cesse jamais de nous interroger tout au long de la lecture (on est plus dans la SF que dans la fantasy à ce niveau-là).

C’est donc un roman complet à tout point de vue : univers complexe et original, récit prenant et comble du bonheur, tout cela tient en un seul tome, qui ne fait « que » 500 pages, en comptant les annexes.

Un seul regret ? Les annexes justement, formées de différents lexiques sur le monde de Pangée : j’aurais aimé pouvoir m’appuyer dessus durant ma lecture (notamment au niveau du vocabulaire), mais c’est hélas chose impossible sous peine de se spoiler l’intrigue. Je comprends bien cependant qu’il fallait choisir entre l’exhaustivité et l’aide au lecteur, et c’est également fort agréable de les consulter à la fin de sa lecture.

Bref c’est un bien maigre reproche (principalement là pour chicaner un peu), pour le reste Les nefs de Pangée est une excellente lecture, un superbe roman qui je l’espère rejoindra le rang des incontournables du genre tant il est abouti. Sans doute une de mes plus belles découvertes pour 2016 pour le moment.
« Le vrai problème est de savoir ce qu'il adviendra de nous lorsque nous aurons tué le dernier Odalim [...]. Quand nous serons orphelins de notre propre légende, quel sens aura notre existence ? Est-ce que nous n'allons pas retourner cette énergie contre nous ? »
CITRIQ

8 commentaires:

  1. Il faudra que j'essaye de le lire aussi un jour celui-ci. Un jour :)

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  2. @Shaya
    Il faut !

    Lorhkan
    Bien résumé ^^.

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  3. J'ai l'impression d'un livre un peu comme la Horde du Contrevent, en tout cas tu rajoutes un cran d'envie de lecture avec ce billet !

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  4. @Xapur
    Excellent même !

    @Roz
    C'est vrai qu'on pourrait le comparer à la Horde par certains côtés.

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  5. Quel rattrapage de fou tu fais en ce moment !

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  6. @Tigger Lilly
    T'inquiètes pas j'ai bientôt vidé la PàL récente, je vais me calmer après !

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