D’habitude lorsque je pars en vacances l’été, j’emmène quelques vieilleries de ma PàL pour leur faire un sort, mais comme j’avais déjà bien fait pas mal de ménage pour une fois, à la place j’ai acheté quelques nouveautés pour ma liseuse. J’en ai donc profité pour continuer à explorer l’œuvre d’Octavia Butler avec cette duologie post-apo (quoi de plus joyeux pour lire sur le transat ?).
La parabole du semeur m’avait déjà tapé dans l’œil à la librairie des Utopiales, il faut dire que son résumé a de quoi attirer l’attention :« 2024. Le nouveau président des États-Unis provoque une crise sans précédent. Dérèglement social et climatique, épidémies, pauvreté, violences… Dans ce décor post-apocalyptique, la barbarie règne, les murs s’élèvent. La fille d’un pasteur noir atteinte d’hyper-empathie entame la rédaction d’une Bible d’espoir et d’humanité, Le Livre des Vivants. »Le résumé des rééditions du Diable Vauvert depuis 2017 surfe un peu beaucoup sur la proximité avec l’actualité, procédé qui a ses limites. Mais passons.
Dans ce pays en plein chaos, Lauren Olamina, une jeune fille grandit dans le quartier muré d’une ville de Californie. Les murs servent à protéger des nombreux pillards et des pyromanes fous. Grâce au travail de son père, la famille peut payer ses factures mais leur survie dépend en grande partie de leur jardin (pour la nourriture) et de leurs armes à feu (pour défendre le quartier).
Évidemment, Lauren ne passe pas tout le roman dans le relatif confort de son quartier. Elle pressent que les murs ne la protégeront pas toujours, et cela finit par arriver, si bien que la suite du récit est avant tout une histoire de survie.
La parabole du semeur est un roman dur, qui offre la vision la plus crédible (et noire) de la fin du monde, non pas par une grande catastrophe mais par une destruction progressive de tout ce qui tient une société, mais c'est aussi un texte qui contient une forme d'espoir grâce à son héroïne qui sait que la vie qu'elle connaît va prendre fin mais qui s'y prépare sans jamais perdre son humanité, en traçant son chemin à sa façon, notamment en s’appuyant sur le Livre des Vivants, un écrit assez mystique qui sera plus développé dans la suite.
La dite suite, La parabole des talents se déroule quelques années plus tard. On y suit toujours Lauren Olamina, qui vit désormais dans une sorte de communauté presque utopique qu’elle dirige à sa façon, en s’appuyant sur son Livre des Vivants.
Les États-Unis sont désormais en voie de reconstruction, même si le processus ne se fait pas sans quelques retours en arrière (d’ailleurs le président des États-Unis de ce roman résonne beaucoup plus avec l’actualité que celui de La parabole du semeur).
J'ai beaucoup aimé cette lecture bien qu'elle soit parfois oppressante que le 1er tome (certains passages sont très durs, limite je trouve l’horreur plus tolérable dans La parabole du semeur car elle relève du chaos et non de quelque chose de structuré).
La parabole des talents est aussi intéressant pour son récit de survie que pour son propos sur la religion, les croyances et tout ce qu’on y rattache. J’aime beaucoup le fait que ce deuxième tome soit un récit à plusieurs voix, cela apporte un contrepoint nécessaire aux propos de Lauren Olamina. C’est une manière d’éviter un parcours quasi-messianique plutôt convenu, au contraire je trouve qu’Octavia Butler arrive bien à équilibrer la voix des différents partis.
Ce sont donc deux romans très intéressants, des post-apo très réussis qui résonnent parfois un peu trop avec l’actualité tout en explorant la thématique du religieux (ce qui est assez original je trouve). Certains passages sont très durs, mais j’ai apprécié le fait que ces romans arrivent toujours à rester lumineux, à leur façon, et c’est quelque chose dont on a besoin.
J'ai découvert que l'autrice avait prévue une suite (jamais terminée) qui se poursuit dans l'espace, j'aurais été curieuse de voir la direction prise après deux livres sur Terre qui sont très durs dans ce qu'ils disent de l'humanité. Mais on devra se contenter de les imaginer...
Infos utiles : La parabole du semeur (Parable of the Sower) et La parabole des talents (Parable of the Talents) sont deux romans d’Octavia Butler sortis en VO en 1993 et 1998, et traduits en français en 1995 et 2001. J’ai lu leur version poche sorti au Diable Vauvert en 2020 et 2021. Traduction de Philippe Rouard (pour le 1er tome) et de Iawa Tate (pour le 2e). 368 et 560 pages.
D’autres avis : Les chroniques du Chroniqueur (tome 1), L’épaule d’Orion, Les lectures de Shaya (tome 1), NooSFere (tome 1 – tome 2)
"j’ai acheté quelques nouveautés pour ma liseuse" : avec deux livres du siècle dernier, c'est pour garder le côté "vieillerie de l'été" ? 😇
RépondreSupprimerMais tu as très bien fait, ce sont vraiment deux livres très puissants. Avec une apocalypse moins apocalyptique et qui se ressent, à mon sens, encore plus apocalyptiquement que bien d'autres post-apo. Brrr.
@Baroona
SupprimerOn va dire ça 😂
Et oui ça touche très près de la réalité, c'est sans doute ce qui le rend très frappant.
Je ne les lirai sans doute jamais, mais y'a pas à dire: elle a l'air très forte, Octavia Butler!
RépondreSupprimer@Alys
SupprimerJe trouve qu'elle est très forte en effet
Ils ont un peu trop extrapolé sur le pitch ? J'avoue quand tu lis ça, t'es là euh woaw, elle avait une boule de cristal Octavia Butler ?
RépondreSupprimerCa a l'air très très bien, une autrice qui fait bien de revenir un peu sur le devant de la scène.
@Tigger Lilly
SupprimerAlors pour être complètement exacte, je trouve que le résumé du tome 1 surjoue sur le rapprochement avec Trump (y'a une élection dans le tome 1 mais elle a assez peu d'impact). Le tome 2 par contre tombe un peu trop juste sur certaines choses, mais ça je te laisse le découvrir 😅
ok ok XD
SupprimerC’est vrai que les occasions de broyer du noir étant légion,l’état du monde et son manque d’humanité n’incitent pas à la lecture de ce genre de roman mais à travers ta chronique, je retiens qu’il y a une forme de luminosité dans ces textes. Je les note.
RépondreSupprimer@Melvin
SupprimerIls ne respirent pas la joie de vivre mais je trouve qu'ils arrivent à ménager des portes de sortie, et ça on en a besoin !