L’an dernier, lorsque j’ai préparé ma contribution à la monographie sur Ursula K. Le Guin, j’ai voulu chercher ce qu’elle avait dit à propos de ses romans pour la jeunesse histoire de donner quelques éléments d’analyse. En faisant quelques recherches sur Internet, j’ai identifié plusieurs essais intéressants, dont deux disponibles dans ce recueil. Je me le suis donc procurée pour les lire et une fois l’article écrit, je dois dire que j’ai un peu oublié ce livre dans un coin, jusqu’à cet été où je me suis motivée pour le terminer.
Cheek by Jowl : talks and essays on how and why fantasy matters est comme son titre complet l’indique un recueil d’essais ou de discours de l’autrice consacrés à la fantasy, et aussi à la littérature jeunesse. Ce sont des textes écrits entre 1998 et 2005, dont certains ont été retravaillés pour cet ouvrage afin de les enrichir.Some assumptions about fantasy est une courte intervention où l'autrice revient sur plusieurs clichés à propos de la fantasy. J'aime beaucoup ce qu'elle dit sur l'importance de la nuance.
J’ai retenu cette citation qui résume sa conception à elle de la fantasy et c’est juste 💚
« Fantasy is a literature particularly useful for embodying and examining the real difference between good and evil. In an America where our reality may seem to have been degraded to posturing patriotism and self-righteous brutality, imaginative literature continues to question what heroism is, to examine the roots of power, and to offer moral alternatives. Imagination is the instrument of ethics. There are many metaphors beside battle, many choices besides war, and most ways of doing right do not, in fact, involve killing anybody. Fantasy is good at thinking about those other ways. Could we assume, for a change, that it does so ? »The Wilderness Within éclaire la conception de sa nouvelle Le Braconnier dans le recueil Unlocking the Air. C'est intéressant de voir comment cette nouvelle est née d'un questionnement, issu lui-même d'une forte impression laissée par un poème détournant un conte très connu.
Re-Reading Peter Rabbit est une réflexion sur ces ouvrages pour enfants auxquels on revient adulte, et sur le fait que ce sont souvent des ouvrages de fantasy sur lesquels on revient. Je suis complètement d'accord avec tout ce qu'elle dit. Voilà.
Concernant The Critics, the Monsters, and the Fantasists, j’ai pouffé en le commençant parce que je ne l’ai pas lu lorsque je préparais mon article pour la monographie (celui qui porte le titre de « UKLG est-elle la grand-mère d’Harry Potter ? ») et cet essai commence… par parler d’Harry Potter 😂.
Ceci dit je ne pense pas qu’il m’aurait été très utile vu qu’il porte principalement sur les critiques littéraires qui critiquent des ouvrages de genres sans savoir ce que sont les genres en question, ce qui fait qu'ils s'enthousiasment parfois sur des trucs vus et revues (ça me parle TELLEMENT) ou ont une vue biaisée de livres puisqu'ils ne lisent pas les études à leur sujet.
Il y a d’ailleurs un passage où elle s'amuse à critiquer des œuvres célèbres comme si elles appartenaient à un autre genre, c'est rigolo.
Sur la fin, l'autrice s'intéresse particulièrement à la fantasy souvent vue comme une littérature enfantine (ce qu'elle n'est pas), avec de très jolies définitions, notamment celle-ci :
« The literature of imagination, even when tragic, is reassuring, not necessarily in the sense of offering nostalgic comfort, but because it offers a world large enough to contain alternatives and therefore offers hope. » 💚Cheek by Jowl: Animals in Children’s Literature est le plus long texte de l'ouvrage. Il étudie les animaux dans la littérature (plus ou moins) jeunesse avec une typologie des récits et de très nombreux ouvrages passés en revue. J’ai trouvé ça un peu trop long, d’autant plus que le sujet ne m’intéresse pas tant que ça, mais j'ai apprécié certaines réflexions sur les œuvres que je connaissais (notamment sur Watership Down, elle a tué toute mon appréciation de ce livre !)
The Young Adult in the YA est un texte très intéressant qui revient essentiellement sur la conception de Terremer (qui se compose selon ses propres mots d'une trilogie young adult et d'une trilogie « old adult »). Elle y parle de fantasy et de ce que lisent les jeunes. C’est un texte qui se répète un peu avec le premier texte du recueil mais c’est normal, elle a recyclé certaines idées de celui-ci pour Some assumptions about fantasy (elle le dit elle-même).
A Message about Messages est un joli texte qui parlera à beaucoup d'entre nous sur la façon dont on veut toujours analyser les livres par leur message avant même leur histoire ou leur écriture, surtout pour la jeunesse. Une fois encore, je suis on ne peut plus d'accord avec elle.
Why Kids Want Fantasy est un court texte sur l'importance de la fantasy, surtout pour les plus jeunes. C'est joli mais cela reprend beaucoup d'idées déjà trouvées dans les autres textes.
Au final je suis contente d’avoir pris le temps de lire l’intégralité de Cheek by Jowl, même s’il y a un peu de répétition entre les textes. C’est toujours très agréable de lire les essais d’Ursula K. Le Guin : ils sont agréables à lire (et fort drôles parfois) avec des idées intéressantes. Ce n’est peut-être pas un livre à lire dans son intégralité mais on peut picorer, et ça tombe bien on peut lire certains articles en ligne (dont deux sur son site officiel).
Infos utiles : Cheek by Jowl est un recueil d’essais d’Ursula K. Le Guin sorti en 2009 chez Aqueduct Press. Environ 150 pages. La couverture est une peinture anonyme d’un artiste mexicain, il faut lire l’essai qui donne son titre au recueil pour comprendre ce choix.
D’autres avis : Je vous avoue que je n’ai même pas cherché vu l’ouvrage de niche, ceci dit si cela vous intéresse on trouve des recensions sur certains sites de presse américains.
C'est quand même vraiment compliqué de ne pas adorer Ursula Le Guin quand on voit tout ça. La deuxième citation. 🧡
RépondreSupprimer"notamment sur Watership Down, elle a tué toute mon appréciation de ce livre" : j'ai failli te demander pourquoi, ce qu'elle en dit, mais finalement je crois que je ne préfère ne pas savoir et garder ma propre appréciation. 😆
@Baroona
RépondreSupprimerJe ne dirais rien alors 🤫
Je voulais demander pourquoi aussi, mais c'est vrai que tuer l'appréciation d'un livre avant de l'avoir lu ce n'est peut être pas une bonne idée :D Elle ne l'a pas aimé ou ce qu'elle dit fait voir le livre d'une toute autre façon ?
RépondreSupprimerLes réflexions de cette autrice ont l'air tout aussi pasionnantes que ses romans.
Ca a l'air super intéressant en tout cas, maintenant j'ai bien envie de le lire ^^
RépondreSupprimer@Tigger Lilly
RépondreSupprimerLes 2 (comme ça je n'en dis rien 😄)
Et n'hésite pas à me reposer la question quand tu l'auras lu, peut-être que ça te sautera aux yeux ce qu'elle reproche.
@Shaya
Si tu as une liseuse ça peut s'arranger...
Un cerveau gigantesque!! Je suis 🤩
RépondreSupprimerAh moi j'ai une idée de critique sur Watership Down 😂 Si on se souvient d'en parler et si je me souviens de ladite idée (ça fait beaucoup trop de "si" 😂), on pourra en parler.
@Alys
RépondreSupprimerEffectivement je viens de relire ta chronique, tu n'auras aucun mal à deviner la critique de Le Guin 😁
Stop à la lapinité toxique!!!!! 🐰😆💪
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