L’année dernière, après avoir découvert l’étrange ville de Yirminadingrad dans Yama Loka Terminus, j’avais participé au crowdfunding pour le quatrième tome de la série, un ouvrage des plus intrigants et un bel objet-livre avec ça. Il était donc plus que temps que je me décide à le lire vraiment !
Adar : retour à Yirminadingrad est un projet de fou. Déjà, c’est un ouvrage collectif, une anthologie de nouvelles écrites par douze auteurs différents : Stéphane Beauverger, David Calvo, Alain Damasio, Mélanie Fazi, Vincent Gessler, Sébastien Juillard, Léo Henry, Laurent Kloetzer, Luvan, Norbert Merjagnan, Anne-Sylvie Salzman et Maheva Stephan-Bugni.
Mais aucune nouvelle n’est signée par contre. Si vous connaissez très bien le style de chaque auteur, vous pouvez certainement jouer à « Qui est-ce ? ». Mais dans mon cas ça n’a pas été très fructueux et j’ai préféré imaginer une sorte d’auteur collectif qui combine les styles de tout le monde
(de toute façon pour un certain nombre d’auteurs, je les ai tous classés en « auteur qui écrit des trucs tordus » alors allez les classer entre eux après !)
L’autre chose à savoir, c’est que chaque auteur a écrit une nouvelle en s’inspirant d’un dessin réalisé par Stéphane Perger. Et le dessin en question précède bien évidemment la nouvelle dans l’ouvrage. En plus de jouer à « Qui est-ce ? » avec les auteurs, on peut donc également comparer texte et image, et se demander comment diable l’auteur d’une nouvelle en est arrivé à écrire ce texte.
Une fois qu’on sait cela, il n’y a plus qu’à ouvrir le livre et qu’à commencer la visite de Yirminadingrad, une ville imaginaire qui fleure bon l’Europe de l’Est par bien des aspects et qui se démarque par son atmosphère poisseuse, pleine de violences mais parfois très onirique.
Après un petit tour au théâtre dans Cette lumière couleur de rouille (qui offre une excellente introduction à la ville), on fait un voyage halluciné en train dans (en Y, la fuite des amants) (difficile à suivre mais heureusement court) avant de parler architecture dans Cingulata (nouvelle où je me suis rappelée que Yirminadingrad est une ville sans pitié).
On suit ensuite une femme qui cherche à découvrir ce qui est advenu de sa mère dans Sur les murs, le visage de ma mère (bien aimé ce texte), puis on repart pour un deuxième trip assez halluciné avec Où Meng Yi Rong libère Ai Nuan An, trouve fortune et prend le chemin des steppes (je ne suis pas sûre d’avoir tout compris mais j’ai bien aimé le rythme induit par toutes les digressions).
On reparle ensuite architecture et urbanisme dans Les Terrains de golf sont tout ce qu'il reste de l'altérité, mais avec une bonne touche de SF et un jeu sur la mise en page très original (bien que pas toujours facile à suivre, mais sympa à lire). Et histoire de changer complètement de sujet, on enchaîne sur Shatat'sya brève histoire d’une rencontre sur une route dont la première ligne fait un peu peur.
(oui ça commence par « La meilleur odeur, c’est les bébés »)
Vient ensuite Rongées, toutes les extrémités, un texte où on se dit qu’être un amoureux éconduit à Yirminadingrad, ce n’est vraiment pas chouette mais ça permet de survivre à plein de choses. Puis avec Son âme est en papier, on parle de démarche artistique et de l’âme d’une ville (bien aimé celui-là aussi, il faut dire qu’il est relativement accessible).
Dans le rêve : sept fragments anodins de la vie de Bob Turk commence comme une séance chez le psy et n’a aucun mal à devenir malsain par la suite. Ce qui prépare le terrain pour Summer qui n’est pas beaucoup plus joyeux. Heureusement, on peut faire une pause avec La Bergère des drones, un peu plus léger, avant de conclure sur Rendre compte de la vérité, conclusion de l’histoire de la ville assez hallucinée, une fois encore.
Je dois avouer que cette lecture a été une étrange expérience pour moi. Je n’ai jamais bloqué sur un texte mais beaucoup me sont restés obscurs. En plus j’ai ce livre le soir, parfois en m’endormant à moitié dessus, ce qui a certainement contribué à rendre encore plus oniriques des textes qui l’étaient déjà à la base.
Bref je ne suis pas complètement rentrée dans Adar. J’ai bien apprécié l’évasion procurée par la lecture (une sorte d’évasion faussée où vous pensez voir la lumière de la sortie alors que vous vous enfoncez encore plus dans les profondeurs) mais l’ambiance était sans doute un peu trop malsaine pour mon goût du moment.
Je salue cependant la démarche qui est vraiment originale, et qui devrait plaire à tous les gens qui souhaitent lire quelque chose de différent, notamment en matière d’écriture.
Et même si je suis un peu passée à côté, j’ai apprécié le fait de lire un vrai « beau livre » qui ne se contente pas de proposer des mots imprimés sur des pages, mais qui s’enrichit d’illustrations et de jeux de mise en page. Si vous aimez les objets-livres, Adar vaut franchement le détour, rien que pour le plaisir de le feuilleter.
Très bel article! Je vois que l'objet livre t'a vraiment séduit. J'ai bien envie de le feuilleter.
RépondreSupprimer@lutin82
SupprimerC'est pas l'ouvrage le plus courant en librairie mais si jamais tu le croises, profites-en bien ^^
Mmh, autant l'objet donne envie, le concept est original, mais je passe mon tour quand même.
RépondreSupprimer@Shaya
SupprimerJe comprends, ça reste un livre étrange ^^
J'ai ressorti Yrminaningrad pour ma part. Je vais le relire avant de m'attaquer aux 3 suivants (dont Adar mais que je lirai en dernier).
RépondreSupprimer@Tigger Lilly
SupprimerTu les as déjà en stock ?
Non. Je compte me les procurer à ma prochaine visite chez Scylla. Je sais pas quand mais basiquement comme je taffe à côté, ça peut se faire très facilement. Enfin ça sera quand j'aurai des sous.
Supprimer@Tigger Lilly
SupprimerJe suis choquée, tu parles d'acheter plusieurs livres en même temps ;p
"de toute façon pour un certain nombre d’auteurs, je les ai tous classés en « auteur qui écrit des trucs tordus »". Ca résume en partie mon avis également ^^. A mon sens, lire leurs textes de temps en temps permet de se confronter à une autre vision de la littérature, une autre vision du réel aussi. C'est une bonne chose que ce type de textes existent, et qu'ils soient soutenus. Mais ne lire que ça serait oppressant. Et il s'agit d'une lecture ardue (moi aussi je me suis un peu endormi sur les textes ^^, d'autant que certains sont restés totalement incompréhensibles).
RépondreSupprimerJ'ai lu Adar et Yama Loka Terminus un peu à marche forcée, car j'avais besoin de les lire pour une rencontre littéraire, mais avec le recul je me dis que lire une nouvelle du recueil de temps en temps serait préférable (une tous les 3 mois par exemple).
Es-tu une cliente de Scylla ou Charybde ? On s'y croise peut-être.
@MiroirsSF
SupprimerTu résumes bien aussi mon ressenti : intéressant à lire mais un poil perturbant quand même ^^
Je passe de temps en temps chez Scylla, on a pu s'y croiser (même si ma dernière visite remonte à juin dernier je crois ^^).
Ah tiens tu me remets en contexte un récit de fiction que j'ai écouté la semaine dernière d'un podcast de Samedi Noir (Le parloir aux absents, peut être mentionné par Lorhkan sur Twitter je ne me souviens plus). Je ne connaissais pas du tout ce concept ! La fiction audio était sympa mais je ne pense pas tester les recueils par contre, l'ambiance malsaine que tu soulignes ne me donne pas envie d'en découvrir beaucoup plus...
RépondreSupprimer@Ksidra
SupprimerC'est un univers assez particulier, je suis contente de l'avoir découvert mais je ne suis pas sûre d'y revenir ^^