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mercredi 21 août 2019

The Books of Earthsea – Ursula K. Le Guin & Charles Vess


L’an dernier, j’ai craqué sur la belle édition intégrale en anglais de Terremer illustrée par Charles Vess. Je pensais me contenter de l’admirer et de lire les textes inédits, jusqu’à que l’idée folle de tout relire me vienne. Voici donc le compte rendu de ce superbe voyage de sept mois.

Commençons donc par les illustrations avant de parler du texte. Charles Vess est un artiste qui œuvre dans le domaine de la fantasy et des comics. Je l’ai découvert pour ma part via Neil Gaiman, avec qui il a réalisé certains numéros de Sandman (Le songe d’une nuit d’été et La tempête pour ne pas les citer) et le roman illustré Stardust (oui c’était un roman illustré à l’origine).

Jusque-là, les seules illustrations que je connaissais de Terremer étaient les couvertures de Jackie Paternoster pour la VF (no comment) et les deux adaptations en téléfilm et en dessin animé (qui ont toutes les deux eu la bonne idée de faire dans le whitewashing), autant dire qu’il y avait de l’espace pour faire beaucoup mieux.


Les illustrations de Charles Vess ne m’ont pas déçu dans le domaine. Même si je n’accroche pas toujours aux représentations qu'il donne des personnages, je suis heureuse d’avoir enfin une représentation crédible de l’univers où les couleurs de peau des personnages sont respectées.

Le livre est bien pourvu en illustrations : outre les superbes jaquette et pages de garde, chaque livre dispose d’une page de titre et d’un sommaire illustrés, ainsi que de nombreuses illustrations pleine page ou en double page, en noir et blanc ou en couleur. Cela donne une sacrée valeur ajoutée à l’ouvrage, et il a été bien difficile de choisir lesquelles présenter dans cet article.


Côté texte, on retrouve d’abord les six/quatre livres qui compose Terremer (selon comment vous comptez) :
Chaque livre vient accompagné de sa préface/postface de l’autrice, ce qui permet d’apporter quelques éléments d’analyse ou des éclaircissements bienvenus. À ma connaissance tous n’avaient été traduits en français, certains ayant été ajoutés dans des éditions ultérieures.

La seule modification majeure dans la présentation est le déplacement de l’essai Description de Terremer de la fin des Contes de Terremer à la fin du Vent d’ailleurs (ce qui est assez logique pour ce qui est l’équivalent raisonnable des appendices du Seigneur des Anneaux).


Les dernières pages rassemblent ensuite quatre nouvelles et un essai qui viennent justifier le sous-titre de « Complete Illustrated Edition »), ces cinq textes étant dispatchés dans différentes publications et parfois inédits en français.

On trouve d’abord les deux nouvelles The Word of Unbinding (Le mot de déliement) et The Rule of Names (La règle des noms), qui avaient été publiées dans le recueil Aux douze vents du monde (enfin édité en version complète au Bélial’ l’année dernière).

J’en avais déjà parlé en chroniquant ce recueil, mais pour faire simple ce sont des nouvelles « proto-Terremer » écrites avant la parution du premier roman. Il est assez amusant de lire en fin de cycle pour y voir tout l’univers en germe, et tout ce que Ursula K. Le Guin a laissé de côté, notamment une ambiance à la Tolkien dans la deuxième nouvelle avec son Mr. Underhill (c’est encore plus flagrant en VO vu le nom du personnage !).


Viennent ensuite deux nouvelles inédites en français. La première, The Daughter of Odren (La fille d’Odren), a été publiée en 2014. C’est une histoire de famille, de magie et de vengeance. Je ne suis pas sûre de l'avoir vraiment bien comprise, mais elle dit des choses très intéressantes sur la perception de la vérité.

La deuxième nouvelle, Firelight (Au coin du feu), a été publiée de façon posthume en 2018. Je présume qu’il s’agit de la dernière fiction écrite par l’autrice. On y retrouve Ged à la fin de sa vie qui repense à tout ce qu’il a vécu, autant dire que c’est un texte touchant autant pour son contenu que par que c’est une conclusion pour le personnage, pour l’univers… et pour l’autrice également. Préparez vos mouchoirs pour cette lecture, elle vous affectera forcément.

Le livre se termine sur Earthsea Revisioned (Terremer revisité), un essai de 1992 qui revient notamment sur la façon dont l'univers de Terremer a évolué entre les trois premiers romans et Tehanu. Le texte fait un peu doublon avec le texte d'accompagnement de Tehanu, mais il est intéressant pour certains éléments qu'il révèle, comme le fait que les dragons n'ont pas de genre (je n'arrive pas à me souvenir si c'est bien retranscrit en français).


Voilà pour ce petit tour de cette très belle intégrale. Pour être honnête ça n’a pas toujours été facile à lire. L’ouvrage est très lourd (pas du genre à trimballer dans le métro), et la plume de Ursula K. Le Guin, aussi belle soit-elle, m’a semblé parfois difficile à suivre en anglais. Ceci dit comme ça dépend beaucoup des textes, je me demande si ma motivation n’a pas joué aussi dans cette relecture.

En tout cas en matière d’objet-livre, The Books of Earthsea est une superbe réalisation, autant pour le fait qu’il réunit en un seul volume l’ensemble des textes de Terremer (et les textes d’accompagnement qui vont avec) que pour les magnifiques illustrations de Charles Vess. Si vous aimez Ursula K. Le Guin, c’est vraiment un livre à avoir dans sa bibliothèque.

Si vous n’avez pas envie de vous frotter à la VO, cette édition intégrale dispose d’un équivalent français, Terremer – l’intégrale, parue au Livre de poche. Elle fait hélas une croix sur la plupart des illustrations (la couverture n’est même pas signée Charles Vess !), mais tous les textes inédits s’y retrouvent et au niveau du format c’est nettement plus facile à manipuler. A vous de faire le choix entre la facilité et l’objet-livre (ou achetez la VO pour la contemplation et la VF pour la lecture !).


PS : Ce livre a reçu cette année un Locus et un Hugo dans la catégorie livre d'art, ça ferait un joli bandeau pour une belle édition française non ? ;)

Infos utiles : The Books of Earthsea est un ouvrage écrit par Ursula K. Le Guin et illustré par Charles Vass édité chez Saga Press en 2018. 992 pages.
La version française a été éditée par le Livre de poche en 2018 et compte environ 1800 pages (on passe d’un format dictionnaire à un semi-poche, rien d’anormal !). À la manoeuvre côté traduction on trouve Philippe R. Hupp, Françoise Maillet, Isabelle Delord-Philippe, Pierre-Paul Durastanti, Patrick Dusoulier, Jean Bailhache et Sébastien Guillot (au moins si y'a des différences d'un roman à l'autre vous saurez pourquoi !)

D’autres avis : N’hésitez pas à vous signaler en commentaire.

12 commentaires:

  1. Purée les illus <3 En effet le bouquin a l'air très costaud, je l'avais vu sur une photo de ta PàL dans un précédent billet et woaw je me doutais pas qu'il était aussi épais. Mon amour pour les beaux livres s'enflamme quand je vois ça. J'attend un créneau PàL pour me procurer l'intégrale FR mais je me demande si je ne vais pas acquérir sa version anglaise juste pour l'objet. Je sais ça sert à rien mais bon voilà.

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    1. @Tigger Lilly
      Ca rend très bien dans une bibliothèque à défaut d'être facile à manipuler si ça peut t'aider ^^

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  2. Cool! C'est beau. Et comme toujours tu donnes très envie de la lire.

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  3. Woh, ça a l'air juste magnifique. =O
    Du coup, en faisant le lien entre Le Guin et Gaiman, Charles Vess c'est un peu l'illustrateur parfait pour toi, non ? ^^

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  4. Ce livre a l'air superbe. Je le note en tout cas comme étant à offrir aux fans de Le Guin !

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  5. Cela devait être une belle balade de sept mois pour toi :) Non seulement ce recueil me semble être une intégrale plutôt plaisante à admirer mais aussi avec un travail de fond sur l'organisation des textes.

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    1. @Acr0
      Oui c'est vraiment une intégrale qualitative, pas comme Pern où tout est balancé sans autre forme de commentaire (et dans un ordre douteux en plus).

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  6. Un très beau livre et un bon gros bébé aussi :)
    Purée mais quel dommage que l'éditeur français est fait l'impasse sur de si belles illustrations. Elles font rêver!
    Mon chemin avec Le Guin est à peine initié, je suis contente de savoir qu'il me reste de belles heures de lecture à avoir avec cette série Terremer :)

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    1. @Itenarasa
      J'imagine que c'était pas forcément très rentable d'éditer le livre au format illustré, mais c'est sûr que c'est dommage...

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