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samedi 17 août 2019

Le vent d’ailleurs (Terremer 4) – Ursula K. Le Guin


Après avoir exploré plus en profondeur l’univers de Terremer dans le recueil de nouvelles Contes de Terremer, il est temps de conclure cette relecture avec Le vent d’ailleurs, dernier roman du cycle. C’est l’occasion de retrouver des personnages familiers pour une ultime histoire.

Se déroulant quelques années après le roman Tehanu et la nouvelle Libellule (dans les Contes de Terremer), Le vent d’ailleurs nous plonge dans une intrigue qui implique un sorcier hanté par des morts, un mariage diplomatique, des attaques de dragons et des mystères restant à résoudre depuis L’ultime rivage et Tehanu.

Présenté comme cela, on pourrait s’attendre à un roman épique avec une grande bataille, des révélations hautes en couleur et des sacrifices tragiques. Mais si vous suivez ma relecture de Terremer depuis le début, vous savez que c’est typiquement le genre de choses qu’on ne trouve pas chez Ursula K. Le Guin.

À la place, on a plutôt l’impression d’une agréable réunion de famille où on retrouve des personnes chères qu’on avait parfois perdues de vue depuis longtemps. Ainsi Ged et Tenar ont vieilli (mais se portent très bien), Lebannen gouverne avec brio et Tehanu a grandi mais reste une jeune fille réservée, incertaine de son identité.

À l’exception de Ged qui reste sur son île (je me demande si ça en a couté à l’autrice de le laisser là, c’est la place la plus logique mais en tant que lecteur on ne peut que rêver de le voir revenir vers d’autres personnages), tout ce petit monde se rencontre, discute et s’attache à éclaircir ces histoires de dragons.

Tout cela est fort intéressant à découvrir, d’autant plus qu’Ursula K. Le Guin tisse des liens entre pratiquement tous les textes de Terremer pour arriver à sa conclusion. Si les précédents romans pouvaient presque tous se lire de façon indépendante, Le vent d’ailleurs est plutôt une forme de récompense pour ceux qui ont pris le temps de tout lire.

À titre personnel, je dois avouer (à ma grande honte) que Le vent d’ailleurs me semble un cran de dessous de Tehanu. Je lui trouve un côté un peu artificiel dans cette façon de rassembler toutes les lignes narratives comme pour forcer une conclusion. Ce sentiment est sans doute lié au fait que pour moi les réponses sont rarement aussi satisfaisantes que les questions qui étaient posées.

Le roman souffre aussi de sa petite taille : il est à peine plus long que Tehanu, ce qui ne laisse guère de place pour bien poser les éléments et savourer les retrouvailles : le retour du personnage d’Irian est expédié, de même que toute la partie sur Roke qui va tellement vite.

Rassurez-vous, cela reste un roman d’Ursula K. Le Guin : on passe donc un bon moment avec Le vent d’ailleurs, d’autant plus que le texte soulève des questions intéressantes sur le rapport au pouvoir, à la mort et sur la place de la femme (via le personnage plein de surprises de la princesse dont les actions étaient imprévisibles même par l’autrice elle-même, apprend-t-on dans la postface). On aurait tort de se priver de cette conclusion, même si elle n’égale pas Tehanu.

Nous voilà donc arrivés à la fin de cette relecture de Terremer… ou presque. Il reste encore quelques nouvelles à évoquer (dont deux inédites en français jusqu’à la sortie de l’intégrale). Je vous en parlerais dans un ultime article consacré à la belle édition illustrée qui a entraîné cette relecture.

Infos utiles : Le vent d’ailleurs (The Other Wind en VO) est le sixième ou quatrième livre du cycle Terremer (selon si vous comptez ensemble les trois premiers romans ou non), paru en 2001. Traduit en français par Patrick Dusoulier, il a été publié chez Ailleurs et demain (Robert Laffont) puis au Livre de poche (281 pages en poche).
Pour ma part j’ai lu la VO dans la belle édition intégrale illustrée par Charles Vess. Vous pouvez également retrouver ce roman dans l’édition intégrale VF sortie en 2018 au Livre de poche.


13 commentaires:

  1. Et bien ! Tu n'es pas trop triste de quitter cet univers après y avoir passé autant de temps ?

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    1. @Shaya
      Non ça va, comme y'a une vraie fin y'a pas trop de frustration. Et puis c'était la 2e voire 3e fois que je me plongeais dedans ^^

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  2. Chouette. C'est vraiment intéressant ce que tu dis sur Le Guin (genre que tu es plus intéressée par les questions que par les réponses, que l'aspect épique auquel on pourrait s'attendre est précisément ce qu'on ne trouve *pas* chez elle). Un jour, un jour.

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    1. @Alys
      Faudrait que quelqu'un l'abandonne en VO dans une boîte à livres près de chez toi :D

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    2. Par exemple! Ce serait cool, ça. Enfin, cela dit, en fait j'ai déjà The Left Hand of Darkness dans ma PAL. Je ne l'ai pas encore lu car il y a plus urgent, j'essaye plutôt de lire des livres qui traînent depuis plus longtemps. En plus, tu m'as fait peur au salon du livre, quand tu as dit que c'était une autrice exigeante et tout, j'attends d'avoir le cerveau allumé. :D

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    3. @Alys
      Roh c'est pas plus exigeant que Zola voyons :P
      Et Terremer est bien plus accessible que La main gauche de la nuit à mon humble avis.

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  3. Quelle belle relecture que voilà.

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  4. Son tour viendraaaaaaaaaa :) D'ici là, j'aurais oublié ce que tu dis du contenu et j'y jetterai donc un oeil neuf ^^

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  5. Une très belle conclusion qui vient terminer tous les fils ouverts jusque-là sans même qu'on ne se rende compte qu'ils étaient restés ouverts. ^^
    La position de Ged est à mon sens parfaite - même si je te rejoins, j'aurais bien voulu savoir ce qu'en pensait Ursula Le Guin. Il reste pour moi à tout moment le personnage central alors qu'il est le plus souvent absent, et ce sans jamais faire d'ombre à tous les autres. C'est magistral.
    Un grand merci à toi de m'avoir (re)lancé dans cette lecture. ;)

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  6. @Baroona
    Si tu as l'occasion d'emprunter l'intégrale sortie au Livre de poche, il faut que tu lises la dernière nouvelle, Firelight, histoire d'avoir une dernière conversation avec Ged ^^

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    1. Ah oui, j'avais déjà oublié, merci du rappel, je me note ça. Quand c'est fini, y'en a encore ! ^^

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