Et nous voilà déjà à la fin de ce trio d’épisodes consacrés au 60e anniversaire de Doctor Who. C’était une célébration moins explosive que celle qu’avait été The Day of the Doctor, mais à sa façon, elle marque également le coup, comme le montre ce troisième épisode. Spoilers !
On commence par une longue introduction dans le passé qui ne met absolument pas en scène le Doctor mais permet de (re)faire connaissance avec l’antagoniste principal de l’épisode, le Toymaker. Si vous ne le connaissez pas c’est normal, ce personnage n’a fait qu’une seule apparition dans un serial à l’époque du 1er Doctor, dont presque tous les épisodes ont été effacés. J’ai retrouvé mon avis à son sujet d’ailleurs :
On continue dans une veine expérimentale avec The Celestial Toymaker, qui s'amuse à inventer une nouvelle némésis au Doctor, The Celestial Toymaker (qui porte sans raison aucune une robe chinoise et veut juste des copains pour jouer avec lui... pour toujours mouahahah !). Les voilà donc obligés de jouer à ses jeux (truqués) pour gagner leur liberté.Ici on le retrouve sous les traits de Neil Patrick Harris qui s’éclate clairement dans le rôle avec son faux accent allemand et ses remarques racistes qui valent bien la robe chinoise sortie de nulle part.
Le Doctor n'a pas vraiment la part belle dans cette épisode (en fait il passe les trois quarts de l'histoire invisible et muet !), par contre le parcours de Steven et Dodo est plutôt rigolo. Pas vraiment épique mais côté inventivité visuelle on est servi entre les cartes de jeux, les poupées, les clowns et les plateaux de jeux. Il est fort dommage que tout ça ait disparu, sauf pour le dernier épisode.
Son magasin de jouets est juste inquiétant comme il faut, et je m’amuse personnellement beaucoup du fait qu’il se situe à Soho, sans doute non loin du magasin d’un certain Aziraphale !
Retour au présent pour comprendre le lien entre cette séquence qui met en scène l’invention de la télévision avec une poupée creepy et la folie qui frappe la planète, qu’on pourrait résumer idiotement en « bouh les écrans et le réseau c’est mal », mais qui tacle surtout tout en finesse la tendance de notre époque à vouloir toujours revendiquer SA vérité comme seule et unique.
Situation apocalyptique oblige, UNIT est de la partie, c’est donc l’occasion de retrouver l’excellente Kate Stewart, Shirley déjà aperçue dans The Star Beast et Mel, une ancienne compagne du Doctor (6e édition) qui est là pour rappeler que Donna n’a pas le monopole de la rousseur.
Sa présence m’a laissé un peu indifférente mais la réintroduction d’anciens compagnons a été assez banalisée dernièrement. Je pense que pour les personnes qui l’ont connue dans les années 80 c’est peut-être plus touchant.
Pendant que UNIT sort son gros canon pour défoncer un satellite, le Doctor et Donna font un petit tour dans le passé à Soho pour enquêter sur la poupée creepy. L’occasion pour le Doctor de rencontrer réellement son antagoniste. Très jolie scène au demeurant, pleine de tensions, avec un Doctor très inquiet quand il commence à comprendre à qui il a affaire (je le comprends, avec le recul le personnage de l’époque du 1er Doctor aurait eu le potentiel de devenir un ennemi récurrent tout à fait pertinent).
La séquence de cache-cache dans des couloirs infinies qui vient ensuite est également très réussie avec ses marionnettes/poupées flippantes et ses couloirs sans fin. La confrontation qui s’en suit est également excellente, le Toymaker appuyant là où ça fait mal, puis la séquence de jeu pour lancer la deuxième partie de l’épisode à notre époque.
Retour à 2023, où le Toymaker fait une entrée, officielle cette fois-ci, délicieusement musicale. C’est complètement gratuit mais on aurait eu tort de s’en priver (à quand le duo avec Jack Harkness ?). C’est un peu en train de devenir une tradition après le Master dans l’épisode The Power of the Doctor.
Puis confrontation finale sur le toit où le Toymaker décide d’avancer la régénération du Doctor afin de jouer la belle avec un nouveau Doctor. Et c’est là où ça devient très bizarre puisque moins de régénération classique mais une bigénération qui permet à 14 et 15 d’être présents en même temps.
(et ça donne cette idée hilarante des deux Doctor qui se partagent le même lot de vêtements pendant 15 minutes, heureusement que 14 était du genre à empiler des couches les unes sur les autres)
C’est du pur RTD ce genre d’argument magique, j’ai toujours un peu de mal à y accrocher (je n’étais pas très convaincue non plus par le Doctor de rechange pour Rose à l’époque de la saison 4) mais ça ouvre des choses intéressantes, j’y reviendrai.
Trop puissant, le Toymaker est finalement battu à un simple jeu d’agilité et renvoyé dans l’endroit dont il n’aurait jamais dû sortir, même si réduit à néant, enfermé dans sa boîte, sous une tonne de sel (tiens tiens), il reste un joker qu’on pourra ressortir à l’occasion. Et franchement pourquoi pas, c’est un antagoniste à ne pas trop utiliser vu ses pouvoirs, mais sa façon de tout penser par le jeu est divertissante.
(et en parlant d’antagoniste qui pourra faire son retour, on récupère la possibilité de revoir le Master, pas que j’ai jamais douté d’un éventuel retour mais la séquence où la main ramasse la dent avec un rire dans le fond, c’est tellement lui/elle)
Voilà qui laisse dix bonnes minutes pour résoudre la situation un peu étrange : on fait quoi de deux Doctors présents simultanément ? Et bien plutôt que de se houspiller, pour une fois ils parlent et ils se font des câlins. Le procédé pour y arriver est un peu pourri mais c’est une belle trouvaille de remplacer la séquence « mort-deuil » de la régénération par autre chose.
J’aime bien l’idée que 14 prenne sa retraite en vivant une vie au jour au jour avec Donna (pendant une semaine au moins, donnons-lui le bénéfice du doute) pendant qu’un nouveau Doctor, une autre branche en quelques sortes, reprend le manteau et part à l’aventure à sa place. Et puis on avait déjà eu une régénération hyper-dramatique pour Tennant, ça aurait été étrange de refaire la même chose.
RTD avait teasé un reboot et un changement de mythologie et c’est tout à fait ça : on reste dans la continuité (c’est toujours la même série depuis 1963) mais en même temps on clôture le cycle commencé en 2005.
Quant au nouveau Doctor incarné par Ncuti Gatwa, il me semble extrêmement prometteur, j’aime beaucoup ses sourires en tout cas. Affaire à suivre à Noël donc…
En attendant j’ai trouvé cet épisode tout à fait correct. Sans doute un peu trop chargé ce qui fait qu’on passe vite sur certaines choses. Et il y a toujours ces résolutions magiques que j’ai un peu de mal à accepter. Mais ça permet de belles choses alors je veux bien passer outre.
Globalement j’ai eu grand plaisir à voir ces trois épisodes. Ce n’est certes pas le grand spectacle qu’avait été le 50e anniversaire, mais réexploiter la même idée aurait été une erreur, d’autant plus que faire une histoire à plusieurs Doctors fonctionne si justement on a une bonne histoire qui le justifie.
The Day of the Doctor avait l’excellente excuse de résoudre l’histoire de la Time War, mais sur quoi aurait pu s’appuyer RTD, alors qu’on avait déjà eu pas mal de caméos dans l’épisode The Power of the Doctor ?
À la place j’ai l’impression qu’il célèbre ce qui, au bout de presque 20 ans de série, est presque devenue « l’ère classique », à savoir la période David Tennant. Il en profite pour corriger les torts (je suis bien contente que Donna ait une meilleure conclusion). Et il propose la conclusion d’une époque (au même titre que The Day of the Doctor clôturait la période Time War d’ailleurs).
C’est un peu comme si, au milieu de cette célébration nostalgique (qui fait plaisir, ne boudons pas notre plaisir), il disait aussi « OK, maintenant, on passe à autre chose ». Et j’espère que la suite sera à cette image : gardons les idées folles (vu le teaser pour Noël ça devrait aller), la critique sociale et l’émerveillement, mais n’oublions pas de réinventer le personnage du Doctor, qui n’aurait pas fêté ses 60 ans sans une capacité à s’adapter, changer… bref se régénérer !
Les habituelles remarques en vrac pour finir :
- À propos du jeu sur les accents du Toymaker, j’ai lu un article qui se demandait si ce n’était pas en fait une référence au serial où apparaît pour la première fois le personnage et où le Doctor arrive à le vaincre… en imitant sa voix. D’où l’intérêt de changer sans cesse de voix. J’adore comment tout trouve toujours sa justification dans Doctor Who 😂. Vous pouvez voir l’extrait en question ici pour les amateurs d’antiquité
- Dans la même veine, j’ai aussi vu passer que le fait d’avoir deux « branches » de Doctors permet de justifier certaines incarnations futures un peu bizarres (style Valeyard ou le vieux Tom Baker croisé dans l’épisode du 50e anniversaire). Ceci dit l’épisode laisse quand même sous-entendre qu’un jour 14 deviendra 15 (puisque 15 dit à 14 que s’il va bien, c’est parce que 14 a pris le temps de se reposer... bon disons que c'est timey-wimey)
- Avec le recul on peut trouver que c’est étrangement ridicule que le sort de l’univers se décide sur un simple jeu de balle, mais je trouve ça curieusement adapté et effectivement comme je l’ai lu ailleurs c’était probablement le seul moyen de battre le Toymaker à son propre jeu.
- Je vous recommande comme toujours les vidéos de making-off : j’aime beaucoup celle consacré à Neil Patrick Harris où on se dit qu’ils l’ont vraiment casté dans l’idée d’exploiter tout son éventail de talents (jongleur, marionnettiste, magicien, sans parler des numéros de chant et de danse !) (et ces gens s’envoient des messages privés sur Insta, ça me fait tellement marrer)
Infos utiles : The Giggle est le troisième des trois épisodes spéciaux de Doctor Who réalisés pour le 60e anniversaire de la série. Première diffusion le 9 décembre 2023. Scénario de Russel T. Davies. Réalisation de Chanya Button . 60 minutes environ.
Ok. Bon, j'ai rien compris! Mais je suis contente que tu apprécies. Soixante ans et toutes ses dents, comme on dit.
RépondreSupprimer@Alys
RépondreSupprimerL'expression est d'autant plus adapté quand on voit les dents de Neil Patrick Harris dans cet épisode 🤣
Episode rattrapé à l'instant, pour le coup la première partie de l'épisode m'a laissée assez froide, pas très fan des poupées etc et je ne voyais pas trop où ça nous menait. Et puis quand le jeu démarre dans notre époque, bim, me voici à fond. Curieuse de voir ce que ça va donner par la suite cette bi-regénération, je suppose qu'on doit s'attendre à revoir 10 un de ces 4 !
RépondreSupprimer@Shaya
RépondreSupprimerPour le 70e anniversaire ça serait parfait 😁