Le mur invisible – Marlen Haushofer

Si le titre de ce livre vous semble familier, c’est sans doute parce que ce livre est revenu récemment sur le devant de la scène grâce à Instagram et l’effet magnifié du bouche-à-oreille sur les réseaux sociaux. Personnellement j’étais complètement passée à côté de cette affaire : j’ai découvert de ce livre en parlant du roman Dans la forêt à ma maman, persuadée qu’elle l’avait lu. Il s’est avéré qu’en fait qu’elle avait lu Le mur invisible, un livre très proche et très différent à la fois que je lui ai donc emprunté.

Écrit et publié par une autrice autrichienne dans les années 70, Le mur invisible met en scène une femme qui se retrouve à vivre recluse à la montagne suite à une catastrophe qui la laisse seule, entourée d’un mur invisible qu’elle ne peut franchir. Avec pour seule compagnie celle de quelques animaux qu’elle recueille, la voilà donc lancée dans une nouvelle vie solitaire avec pour unique objectif de survivre.

Forcément, on est assez tenté de filer la comparaison avec Robinson Crusoé en voyant ce résumé, tant les situations semblent proches. Les amateurs de récits de survie devraient d’ailleurs apprécier l’aventure.

Cependant l’intérêt n’est à mon avis pas tant dans la façon dont la narratrice sans nom fait pousser des pommes de terre que dans les réflexions qu’elle construit autour de son expérience, la façon dont elle réorganise sa vie d’une façon différente, laissant son ancienne vie derrière elle pour s’en construire une nouvelle.

Le fait que le dernier être humain sur Terre soit une femme change forcément la perspective, et je dois dire que cette héroïne force le respect quand on la voit assurer seule sa survie (j’en serais incapable, je sais à peine allumer un feu si le bois n’est pas d’humeur). Cela rend un texte qui devrait sinistre étrangement entraînant par son caractère émancipateur.

C’est d’ailleurs ce qui m’a étonné à la lecture : ce livre a tout pour être dramatique, triste, déprimant. L’héroïne est seule, elle vit des évènements durs (mentalement, physiquement et émotionnellement), et pourtant, à aucun moment je n’ai été déprimée par son récit. Au contraire, Le mur invisible m’a apporté du calme et même parfois même du réconfort en me proposant une vie simple et solitaire qui me permettait de souffler un peu de la vraie vie.

Certains romans nous touchent de façon parfois inattendus parce qu’ils interviennent juste au bon moment. C’est ce qu’il m’est arrivé avec Le mur invisible. Je n’ai pas été submergée par l’émotion comme j’ai pu le lire en ligne mais j’ai été touchée par ce livre. N’hésitez pas à tenter l’aventure à votre tour, ce joli texte qui mérite bien d’être remis sur le devant de la scène pourrait vous toucher à son tour.

Infos utiles : Le mur invisible (Die Wand) est un roman de Marlen Haushofer publié en VO en 1968. Le texte a été traduit de l’allemand par Liselotte Bodo et Jacqueline Chambon et publié chez Actes Sud en 1985. J’ai lu le format poche édité dans la collection Babel qui comprend 346 p., une postface de Patrick Charbonneau et une couverture tirée d’un tableau de Jules Bastien-Lepage.

(Pour la petite anecdote, comme le tableau est conservé au Metropolitan Museum de New York, Google Photos a décrété que j’étais partie en voyage à New York quand j’ai pris en photo le bouquin !)

Autres avis : La jument verte, La livrophage, Synchronicité et sérendipité