Cela faisait longtemps que je voulais explorer plus avant la bibliographie de Graham Joyce, depuis ma lecture de son roman Lignes de vie en 2015. En sortant Comme un conte du fond de ma Pile à Lire numérique, je me suis demandée pourquoi j’avais mis autant de temps à lire ce roman, surtout que la thématique qu’il explore est une de mes favorites.
Comme un conte suit les pas d’une famille anglaise qui voit son quotidien bouleversé lorsque, vingt ans après sa disparition, réapparait Tara, la petite sœur de Peter. Son retour étonne d’autant plus qu’elle ne semble pas avoir vieilli. Pour elle, seuls six mois se sont écoulés.
Les amateurs de contes anglais auront reconnu l’archétype de l’enlèvement par les fées, que l’on retrouve dans l’histoire de Thomas le rimeur. Le temps ne s’écoulant pas à la même vitesse en Féérie, lorsque la personne enlevée revient, le monde a changé autour d’elle.
Si Graham Joyce raconte effectivement l’enlèvement de Tara et ses péripéties en « Féérie » (si l’on peut décrire ainsi l’endroit qu’elle visite), ce n’est clairement pas le cœur de son roman. L’auteur s’intéresse beaucoup plus aux conséquences de son retour, et à la façon dont il est perçu par son entourage.
Ce que j’ai aimé dans ce roman, c’est son incroyable humanité : tous les personnages qui le composent sont très bien construits, et sortent pratiquement des pages tant leurs réactions semblent vraies. Il y a les parents de Tara, d’abord heureux mais vite dépassés par cette enfant qu’ils ne reconnaissent plus. Il y a son frère, Peter, incrédule et en colère, et sa famille, joyeusement bordélique mais très chaleureuse. Et puis il y a Ritchie, l’ex petit-ami de Tara, accusé à tort de son meurtre.
Tous ces personnages sont confrontés au même dilemme : faut-il accepter l’histoire de Tara pour ce qu’elle est ou chercher ce qu’il s’est vraiment passé ? Doit-on considérer Tara comme folle ou saine d’esprit ? Les points de vue des différents personnages, notamment celui d’un psychiatre qui la reçoit en consultation, laissent planer le doute sur le sujet, explorant au passage le pouvoir symbolique des contes de fées.
Avec sa belle galerie de personnages et sa variation très réussie sur le thème de l’enlèvement par les fées, Comme un conte est un superbe roman qui se sert d’un prétexte fantastique pour tisser de très beaux portraits de personnages et les relations complexes qui les lient entre eux. C’est un récit à la fois brillant et touchant, que je vous recommande si vous aimez les textes qui brouillent les frontières de la réalité et qui regardent le monde à échelle humaine.
À noter que chaque chapitre s’ouvre par une citation d’auteurs, de récits ou d’essais liés à la féérie : on croisera donc ainsi Shakespeare, Lord Dunsany, Bruno Bettelheim, Terri Windling et même une certaine Ursula K. Le Guin. C’est une belle toile de références que tisse ainsi Graham Joyce, inscrivant ainsi son roman dans un vaste ensemble littéraire qu’on a envie de continuer à explorer.
Infos utiles : Comme un conte (Some Kind of Fairy Tale) est un roman de Graham Joyce paru en 2012 en VO, et publié chez Bragelonne en 2015 pour la version française. Traduction de Louise Malagoli. 448 pages. Également disponible en poche chez Folio SF.
D’autres avis : Les histoires de Lullaby, Les lectures de Xapur, Le monde d’Elhyandra, Un papillon dans la lune
Les amateurs de contes anglais auront reconnu l’archétype de l’enlèvement par les fées, que l’on retrouve dans l’histoire de Thomas le rimeur. Le temps ne s’écoulant pas à la même vitesse en Féérie, lorsque la personne enlevée revient, le monde a changé autour d’elle.
Si Graham Joyce raconte effectivement l’enlèvement de Tara et ses péripéties en « Féérie » (si l’on peut décrire ainsi l’endroit qu’elle visite), ce n’est clairement pas le cœur de son roman. L’auteur s’intéresse beaucoup plus aux conséquences de son retour, et à la façon dont il est perçu par son entourage.
Ce que j’ai aimé dans ce roman, c’est son incroyable humanité : tous les personnages qui le composent sont très bien construits, et sortent pratiquement des pages tant leurs réactions semblent vraies. Il y a les parents de Tara, d’abord heureux mais vite dépassés par cette enfant qu’ils ne reconnaissent plus. Il y a son frère, Peter, incrédule et en colère, et sa famille, joyeusement bordélique mais très chaleureuse. Et puis il y a Ritchie, l’ex petit-ami de Tara, accusé à tort de son meurtre.
Tous ces personnages sont confrontés au même dilemme : faut-il accepter l’histoire de Tara pour ce qu’elle est ou chercher ce qu’il s’est vraiment passé ? Doit-on considérer Tara comme folle ou saine d’esprit ? Les points de vue des différents personnages, notamment celui d’un psychiatre qui la reçoit en consultation, laissent planer le doute sur le sujet, explorant au passage le pouvoir symbolique des contes de fées.
Avec sa belle galerie de personnages et sa variation très réussie sur le thème de l’enlèvement par les fées, Comme un conte est un superbe roman qui se sert d’un prétexte fantastique pour tisser de très beaux portraits de personnages et les relations complexes qui les lient entre eux. C’est un récit à la fois brillant et touchant, que je vous recommande si vous aimez les textes qui brouillent les frontières de la réalité et qui regardent le monde à échelle humaine.
À noter que chaque chapitre s’ouvre par une citation d’auteurs, de récits ou d’essais liés à la féérie : on croisera donc ainsi Shakespeare, Lord Dunsany, Bruno Bettelheim, Terri Windling et même une certaine Ursula K. Le Guin. C’est une belle toile de références que tisse ainsi Graham Joyce, inscrivant ainsi son roman dans un vaste ensemble littéraire qu’on a envie de continuer à explorer.
Infos utiles : Comme un conte (Some Kind of Fairy Tale) est un roman de Graham Joyce paru en 2012 en VO, et publié chez Bragelonne en 2015 pour la version française. Traduction de Louise Malagoli. 448 pages. Également disponible en poche chez Folio SF.
D’autres avis : Les histoires de Lullaby, Les lectures de Xapur, Le monde d’Elhyandra, Un papillon dans la lune
Tiens c'est marrant, ta chronique m'évoque La fracture, sur le rapport à la vérité.
RépondreSupprimerCa a l'air pas mal.
J'ai Lignes de vie dans ma PàL cela dit, il y passera avant (ton exemplaire d'ailleurs ^^).
@Tigger Lilly
SupprimerAh c'est donc toi qui l'a récupéré ? Je me rappelais plus du tout xD
Ça a l'air chouette! :)
RépondreSupprimer@Alys
SupprimerCa l'est ^^
Je me suis fait la même remarque que Tigger Lilly, ça me fait penser à "La Fracture" en version conte de fées - même si c'est l'inverse en fait, c'est "La Fracture" qui est ce livre en version SF. ^^
RépondreSupprimerÇa m'intrigue bien du coup, alors même que j'avais plutôt un à priori négatif (sans trop de raison). Tout ce que tu en dis peut me plaire. ^^
@Baroona
SupprimerVous m'intriguez, du coup il faut que je lise La fracture finalement ? xD
Évidemment. Mais je pourrai t'en dire encore plus sur la comparaison dans quelques jours/semaines parce que j'ai emprunté "Comme un conte" à la bibliothèque, espèce d'influenceuse !
Supprimer@Baroona
SupprimerHâte d'avoir ton retour ^^
Super que tu aies aimé ! Je ne l'ai pas chroniqué mais j'en garde également un très bon souvenir.
RépondreSupprimer@Shaya
SupprimerC'est l'essentiel ^^
Ah mais moi aussi j'avais participé à la lecture commune sur Lignes de Vie, et moi non plus je n'ai plus lu de Graham Joyce depuis lors ! Ce dont tu parles ici (un aspect fantastique pour explorer les interactions humaines) est ce que j'avais apprécié dans Lignes de Vie, je note donc ce titre également. Merci !
RépondreSupprimer@Nathalie
SupprimerOui les lectures du Cercle... ça date hein ?
Jamais lu cet auteur. Mais tout ce que tu dis sur ce roman le rend plus qu'attractif, ça éveille pas mal ma curiosité. (ah et j'ai Thomas le rimeur en plus dans ma PAL).
RépondreSupprimerBref merci :)
@Itenarasa
SupprimerBah voilà, tu commences par Thomas le rimeur et tu poursuis l'exploration de la thématique avec celui-là ^^
ça fait longtemps que ce roman m'avait fait de l'oeil, merci de le rappeler à mon souvenir, il a vraiment l'air très beau :)
RépondreSupprimer@Elessar
SupprimerEst-ce qu'il traîne au moins au fond de ta PàL ?
Même pas lol, au fond de la wishlist XD
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