Lorsque Même pas mort est sorti en librairie, j’avais prévu de me jeter dessus et de le dévorer. Mais après lu une avalanche de commentaires tous plus élogieux les uns que les autres, j’ai eu peur de la déception. Du coup j’ai pris pour mon temps pour l’acquérir, et encore plus pour le lire, histoire d’oublier tous les on-dit et de l’aborder avec le cerveau vierge de tout avis.
Point de Vieux Royaume au programme de ce nouveau roman de Jean-Philippe Jaworki. Même pas mort, premier volume de la trilogie des Rois du monde, nous fait visiter l’âge du fer européen, la culture celte, loin de tout cliché sur ces peuplades « barbares » (en regard des civilisations grecque et romaine).
J’avoue qu’avec un tel sujet, ce roman ne pouvait que me plaire (j’ai un petit faible pour toutes ces cultures pré et protohistoriques), d’autant plus que l’auteur ne plaisante pas avec la représentation qu’il en donne. Avec les maigres souvenirs que j’ai sur le sujet, j’ai trouvé le contexte historique très crédible, sans aucun doute ultra-documenté et surtout loin de tout stéréotype.
Même pas mort nous fait donc visiter cette époque par les yeux de Bellovèse, que l’on présentera assez sommairement comme un guerrier celte. Difficile de le qualifier plus précisément car le récit couvre plusieurs périodes de sa vie : son enfance, ses premières armes et sa vieillesse. Sauf qu’il aurait été trop simple de présenter cela de façon chronologique.
C’est d’ailleurs ce qui fait à mon sens le charme de ce roman. Même pas mort se veut un récit de vie, mais dans une construction emboîtée où le narrateur raconte une histoire où il évoque un souvenir qui l’amène à un autre souvenir et ainsi de suite, sauf quand les frontières s’estompent entre le souvenir et l’instant présent (mais lequel ?).
Ce mode de narration est un rien déstabilisant, mais il a son petit effet. Personnellement ça m’a évoqué ces textes anciens qu’on se retrouve parfois à lire, qui bien que traduits dans notre langue ont une construction différente qui rappellent que des siècles ou des millénaires nous séparent, et que notre langage a évolué depuis. Bref c’est comme si on avait déterré un texte celte authentique, à ceci près qu’une telle chose ne peut pas vraiment exister chez une culture qui privilégiait plutôt l’oral.
Côte écriture, j’ai trouvé Même pas mort moins riche que le truculent Gagner la guerre (dans mon souvenir qui date de 2009 en tout cas), mais ça n’a rien d’un défaut. Bien au contraire, je trouve que cela accompagne tout à fait la construction du récit, l’écriture un peu plus épurée semble concorder parfaitement avec l’époque. Et cela se savoure.
Et l’histoire dans tout ça ? On semble osciller entre le roman historique (pour la description très travaillée de l’époque), l’épopée héroïque (avec cette figure de héros dont on ne sait s’il est maudit, destiné à de grandes choses ou autre) et la fantasy mythique (avec toutes ces étranges créatures qui peuplent l’univers de Même pas mort, notamment les 9 femmes de l’île aux vieilles qui me font penser à une autre île bien plus célèbre).
J’ai parfois pensé à Conan (pour le côté très simple du récit), et en attaquant L’épée brisée de Poul Anderson dans la foulée (à la fois simple et truffé de mythes), j’ai eu l’impression de lire un livre dans la même veine. Pour faire simple c’est une sorte de fantasy épurée et nourrie de récits anciens qui n’a aucune peine à accrocher son lecteur, parce qu’on a l’impression de toucher à quelque chose de primordial.
Du coup ce n’est pas vraiment un roman qu’on dévore en vitesse avant de sautiller dans tous les sens en proclamant un coup de cœur. C’est plutôt une lecture où l’on prend le temps d’apprécier l’écriture et de s’imprégner de l’ambiance, et qui persiste dans un coin de la tête par la suite.
Je suis donc bien contente d’avoir pris mon temps pour me lancer enfin dans ce livre, et je me réjouis du coup de n’avoir qu’à attendre quelques mois pour lire sa suite. Une chose est sûre, il m’a bien imprégné puisque j’ai programmé pour un week-end prochain une escapade au Musée du Pays Châtillonnais pour voir le fameux vase de Vix !
Un très bon souvenir de lecture (et Prix du Planète-SF !), j'ai hâte de passer à la suite;
RépondreSupprimer@Xapur
RépondreSupprimerTiens c'est vrai ça, j'étais dans un tel élan lyrique que j'ai oublié de parler du prix Planète SF xD
Oh làlà j'aimerais bien dépasser ma panne de lecture pour m'y plonger enfin !!! Il dort dans ma pàl depuis un bon moment et ce que tu en dis ravive mon envie de le lire
RépondreSupprimerTu tombes à pic pour la sortie du tome 2 dans moins de deux mois ! J'ai d'ailleurs prévu de relire ce tome 1 pour l'occasion.
RépondreSupprimerLes textes anciens, c'est pas toujours facile d'accès mais ça me parle : je suis en ce moment plongé dans les sagas islandaises... ;)
J'ai aussi lu les chroniques élogieuses des copinautes :) En tout cas, s'il faut s'imprégner de sa lecture, il a des chance de me plaire. Pour l'instant, il est en wishlist (une sombre histoire de PAL vertigineuse)
RépondreSupprimerJe n'en lis que du bien, mais j'ai été tellement déçue récemment côté Fantasy, par des romans dont les critiques sont élogieuses et on crie à la nouveauté et à l'originalité, pour n'avoir finalement que l'impression d'être trompée et de lire un ramassis de clichés...
RépondreSupprimerSachant que Même Pas Mort est dans ma PAL, s'il te plait rassure moi et dit moi qu'il est original ! ^^
@Endea
RépondreSupprimerJe pense que ça peut soigner une panne de lecture, c'est quand même bien écrit (après c'est un peu moins prenant que Gagner la guerre).
@Lorhkan
Tu devrais essayer les textes sumériens traduits si tu as le temps, dans le genre c'est pas mal !
@Acr0
Ca laisse le temps à l'auteur de finir son cycle, c'est bien ^^.
@Boo
Il est original rien que dans son sujet. Après... personnellement je l'ai trouvé moins renversant que Gagner la guerre mais parce qu'il carbure moins à l'adrénaline. C'est assez calme comme récit et on est presque plus dans le récit historique que dans la fantasy (du coup je ne sais pas si je t'aide xD)
Ahah, bien vu !
RépondreSupprimerJe suis d'accord avec toi sur toute la ligne. Y compris dans le fait de prendre son temps pour décider de le lire, bien que cela ne fut pas mon cas mais je le regrette un petit peu.
RépondreSupprimerLa question qui tue : tu préfères "Gagner la guerre" ou "Même pas mort" ? =P
RépondreSupprimerSinon, je me rends compte que la suite arrive très bientôt, et que je n'ai pas vraiment idée de où elle va nous emmener...
@Tigger Lilly
RépondreSupprimerTu vas pouvoir te rattraper sur le tome 2... ou te jeter dessus avant que quiconque l'ait chroniqué ^^
@Baroona
Je préfère Janua Vera :P (ce qui est probablement la vérité en plus)
Sinon je trouve qu'ils sont trop différents sur la forme pour pouvoir choisir un des deux, c'est pas du tout le même plaisir de lecture en fait.