Pages

samedi 31 janvier 2015

L'animal - Sylvie Lainé et Francis-Olivier Brunet


L'animal est une nouvelle graphique (heureusement, son qualificatif est marqué en couverture) qui fait partie de la collection Petite bulle d'univers, qui s'amuse à faire travailler ensemble un plasticien et un auteur. Sauf qu'au lieu que l'illustrateur mette en image les idées de l'auteur, comme on en a l'habitude, la démarche est ici inversée : c'est à l'auteur de s'inspirer des œuvres du plasticien pour écrire son texte.

Forcément on n'est pas vraiment dans le traditionnel, et du coup on se retrouve avec un livre un peu à part, mais le nom de Sylvie Lainé sur la couverture m'a donné envie de tenter l'aventure.

L'animal associe donc le travail de Francis-Olivier Brunet à un texte de Sylvie Lainé. Je ne suis pas très douée pour parler images, mais j'ai été très intéressée par ses peintures-dessins-créations (à vrai dire je soupçonne certaines d'avoir une épaisseur qui disparaît forcément sur papier). Il n'y a pas beaucoup de couleur, on oscille sans cesse entre réalisme et déformations, et surtout les regards très impressionnants.


Le texte de Sylvie Lainé qui accompagne ces images est étrange, comme on peut s'y attendre. Il s'agit d'un monologue, un homme qui s'adresse à sa femme et qui parle des animaux. Toute la basse-cour y passe : vache, cochon, chat, chien, avec quelques extras comme la biche et le singe.

Parfois on sourit, parfois on trouve le propos très perspicace, parfois il y a comme un malaise qui s'installe à la lecture, et parfois on ressent tout ça un peu en même temps. J'ai beaucoup aimé le passage sur les chats :
« Les vrais animaux, c'est les animaux sauvages. Les chats, cela fait longtemps qu'ils ont appris à domestiquer les hommes -et ils sont domestiqués jusqu'au bout des griffes, chaque fois que ça les arrange. »
Celui sur les singes m'a beaucoup marqué aussi, mais comme c'est la conclusion, je vous laisserais la découvrir, mais il offre une jolie interrogation sur le rapport à l'Autre, preuve qu'on n'a pas toujours besoin d'un habitant de Proxima du Centaure ou un autre argument de SF pour en parler !

Bref il est assez étrange de parcourir ce livre, mais j'ai trouvé l'expérience plutôt plaisante. On regarde, on lit, on re-regarde, on picore à droite à gauche... je suis curieuse de voir à quoi ressemble les autres textes de la collection.

Par contre c'est définitivement un OLNI, je l'ai montré à Maman Vert qui comme moi s'est demandé comment on pouvait vendre un livre aussi bizarre, à part dans le cadre d'une exposition ou d'un salon.

A noter que l'objet-livre en lui-même est très beau : plats de couverture qui se déplient, découpe dans la couverture, des textes majoritairement sur fond noir... Il est bien normal que le nom de Philippe Aureille, qui s'occupe de la conception graphique, ne soit pas oublié sur la couverture !


CITRIQ

jeudi 29 janvier 2015

La lisière de Bohême - Jacques Baudou


Lorsque j'ai découvert ce livre dans le catalogue des Moutons électriques à la fin de l'année dernière, j'ai immédiatement voulu le lire... sauf qu'il était pratiquement introuvable. Du coup je l'ai inscrit dans ma liste de Noël, et contre toute attente Maman Vert l'a déniché sans peine dans sa librairie de province, ce qui est limite vexant !

La lisière de Bohême nous emmène en promenade dans une grande forêt, lieu hanté par des légendes, des esprits fantasmagoriques et même une demeure perdue. C'est au cœur de cette forêt qu'un écrivain fait sa retraite pour écrire son nouveau livre, et c'est là qu'une jeune femme va venir le trouver pour éclaircir un des mystères de cette forêt.

Il est difficile de résister à un livre lorsqu'on vous le rapproche de La forêt des mythagos et autres œuvres de fantasy mythique, surtout lorsqu'on tombe sous le charme de la très belle couverture de Melchior Ascaride.

Sur le papier, La lisière de Bohême avait donc tout pour me plaire. Malheureusement, comme cela m'arrive souvent avec les romans pour lesquels j'ai beaucoup d'espoir en amont, je suis passée à côté.

Le problème principal, c'est que j'ai eu du mal à rentrer dans ce roman qui est extrêmement bavard : la majeur partie du récit est constituée de dialogues (voir de monologues) de personnages qui racontent leur histoire ou le fruit de leurs recherches. En soit c'est un procédé parfaitement adapté à cette histoire qui oscille entre récit fantastique et collecte d'histoire locale, mais du coup cela laisse peu de temps pour apprécier l'environnement.

Et je pense que c'est pour cela que la magie n'a pas fait effet (sur moi). Avec le surnaturel qui plane sur l'ensemble de l'histoire, je m'attendais à trouver une atmosphère légèrement magique, juste un peu étrange, à l'image de certaines des œuvres dont les citations ouvrent chaque chapitre, mais il n'y a pas vraiment de descriptions, d'actions ou de réflexions des personnages qui contribuent à cette ambiance.

Il manque quelque chose, et je soupçonne que la très courte taille du roman n'aide pas. D'ailleurs j'ai été assez perturbée que le roman développe deux histoires, mais qu'une reste relativement inachevée à la fin, tout au plus le caractère « légendaire » des lieux est-il expliqué par une pseudo-explication scientifique un peu trop expéditive à mon goût.

C'est fort dommage parce que j'aurais vraiment été ravie de lire ce beau roman de fantasy mythique qu'on m'a promis. L'intrigue n'était pas dépourvue de potentiel, mais le résultat m'a semblé au final un peu bâclé. Certes je l'ai lu sans déplaisir, mais je suis restée sur ma faim tout au long de ma lecture.

Une consolation néanmoins : si le contenu m'a semblé léger, le contenant, lui, est magnifique. La couverture, comme je l'ai déjà dis, est sublime, et l'intérieur du livre est également illustré : les gardes sont magnifiques, et on trouve des petites illustrations en tête de chapitre et dans les marges intérieures qui font qu'on a vraiment un bel objet en main.

CITRIQ

mardi 27 janvier 2015

Le guide de l’uchronie - Karine Gobled et Bertrand Campeis


Dans la lignée du Guide steampunk, on peut désormais trouver aux éditions ActuSF un Guide de l'uchronie, qui comme son titre l'indique, explore en long, en large et en travers ce genre un peu particulier à cheval entre le roman historique et la science-fiction.

Après une solide première partie qui s'attache à définir le genre (ce qui m'a permis de découvrir la notion d'uchronie personnelle en passant, une variante que je connais mal et qu'il me tarde désormais de découvrir), ce guide de l'uchronie propose un large panorama littéraire riche en idées de lectures (j'ai bien aimé les petites suggestions à la fin de chaque fiche qui renvoie vers un autre texte, uchronique ou non), agrémentées d'interviews d'auteurs ici et là.

Les autres médias ne sont pas oubliés, puisque sont abordés ensuite la bande-dessinée, les films, les séries, les jeux vidéo et même la musique uchronique (bon je vous avoue, là je demande à voir... enfin à entendre !).

Il est toujours un peu difficile d'être objectif quand on chronique l'ouvrage d'une collègue (des fois qu'après elle ne me laisse plus pourrir ses challenges avec Doctor Who !), parce que si on ne rentre pas dedans on se demande bien comment on va pouvoir lui dire, mais pour une fois je ne me suis pas trop torturée l'esprit puisque ce guide de l'uchronie se lit avec plaisir.

Il est accessible (aussi bien pour découvrir le genre que pour le plaisir de lire un ouvrage qui en parle), et pas élitiste pour deux sous dans ses propos (il y a vraiment de tout dans la sélection d'ouvrages proposés). Il donne en plus envie de lire, bref il remplit parfaitement son office : on en apprend sur ce genre et on ressort de là avec de nouveaux titres dans sa liste à lire.

Un seul reproche pour ma part : même si j'imagine que le format ne s'y prête pas trop, j'aurais apprécié un index à la fin, ça permet de revenir plus facilement à un ouvrage si on veut retrouver la référence. Ah oui et y'a une coquille dans le nom de Georges Lucas (ou bien est-ce son cousin grec ?) dans l'interview de Jean-Luc Marcastel, et c'est comme les trémas sur le i de Leia, je ne peux le tolérer !

CITRIQ



samedi 24 janvier 2015

L'autre côté du rêve – Ursula K. Le Guin


Alors que je préparais cette chronique, j’ai fais les comptes sur mon blog : depuis le mois de juin dernier, j’ai chroniqué un texte d’Ursula Le Guin tous les mois (sauf en octobre). Une nouvelle année commence, autant continuer, vu que j’ai encore quelques ouvrages dans ma PàL !

Quand on essaye de résumer l’œuvre d’Ursula K. Le Guin, on la résume souvent au cycle de Hain (pour la SF) et à Terremer (pour la fantasy). Pourtant elle est loin de s’être limitée à ces deux univers, et c’est toujours surprenant (et plaisant) de découvrir ses autres réalisations, comme ce roman étonnant qu’est L’autre côté du rêve.

Dans un futur antérieur proche (on est en 2002 !), un homme, Georges Orr, souffre d’une pathologie bien particulière : ses rêves ont la capacité de changer le monde. Horrifié par cette capacité à réécrire les choses, il tente d’arrêter de rêver, et finit, à cause d’une overdose de médicaments, sur le divan d’un psychiatre qui décide d’expérimenter ce don unique.

Le postulat de base du roman en soit est fascinant : après tout, qui n’a jamais rêvé de mettre fin à la guerre, à la famine ou à la pauvreté ? C’est d’autant plus tentant que le monde dans lequel vit Georges Orr n’a rien idyllique : malnutrition, pollution, surpopulation… on ne peut pas vraiment parler d’un environnement idyllique.

On le comprend vite à la lecture, il ne suffit pas de rêver un changement pour arriver à la société idéale. Au contraire, cela créé généralement un ou des problèmes supplémentaires, qu’il va falloir éliminer par un autre rêve, et ainsi de suite. Cet effet boule de neige qui court tout au long du roman est délicieux à suivre, ce qui est déjà un très bon argument de lecture.

Mais ce qui fait tout la saveur de L’autre côté du rêve, c’est que l’auteure traite le sujet avec son approche bien à elle : celle des sciences humaines. Du coup point d’envolées oniriques ou de grosses séquences d’action au programme, mais du dialogue, une réflexion très pertinente sur l’éthique en recherche et beaucoup de psychologie au programme. C’est un régal.

La lecture est donc fort agréable, et on se demande tout au long du livre où l’histoire va nous emmener. C’est peut-être là que le bât blesse d’ailleurs : après une ascension assez épique, la conclusion assez expéditive et confuse (je vous l’avoue, je ne suis même pas sûre de l’avoir vraiment comprise) m’a un peu laissé sur ma faim.

Ceci dit ce n’est pas la première fois que je croise le problème dans un texte de l’auteur, et cela n’enlève rien à cette histoire plutôt originale (pour une fois qu’on change le monde sans voyager dans le temps !) qui contient toutes les éléments qui font que j’aime les écrits d’Ursula K. Le Guin.

A noter que le roman a été adapté deux fois en téléfilm, je vais voir si je peux les trouver, j’avoue que je serais curieuse de voir le résultat !

CITRIQ

jeudi 22 janvier 2015

Les fiancés de l'hiver (La passe-miroir 1) – Christelle Dabos


Il y a quelques mois de cela, une amie m’a prêté Les fiancés de l'hiver parce qu’elle avait beaucoup aimé ce livre, et j’ai failli lever les yeux au ciel en lisant le résumé (je ne suis pas aidée aussi, j’ai développé ces derniers temps une forme d’allergie à la fantasy). Mais je l’ai poliment accepté, et comme il allait bien falloir que je le lui rende un jour, j’ai fini par le lire. Et j’ai eu un peu honte de ma réaction première, preuve qu'on devrait toujours remettre en question l'espèce de snobisme qu'on développe parfois à force de lire encore et encore.

Les fiancés de l'hiver est le premier tome d’une série de quatre livres (si je me fie au site officiel) qui se déroulent dans un post-apo de fantasy. Grosso-modo suite à des évènements assez mal documentés, la Terre (enfin je présume que c’est la Terre) s’est trouvée réduite à un noyau, beaucoup d’air et quelques îlots de terre ici et là où la vie se maintient : les arches.

Chaque arche est caractérisée par les dons de ses habitants. Sur Anima par exemple, tout le monde a un rapport particulier à l’objet : certains savent les réparer, d’autres les lisent, et de manière générale il n’est pas inattendu de croiser une armoire grincheuse ou une écharpe capricieuse. Notre héroïne, Ophélie, est une liseuse : elle n’a pas son pareil pour découvrir l’histoire des objets lorsqu’elle les touche.

Jusqu’à maintenant, elle avait toujours réussi à éviter le mariage de raison en se cachant dans ses vêtements gris souris et en restant terrée dans son musée, mais voilà qu’elle est promise à un homme du Pôle, le grand, mystérieux et glacial Thorn. La voilà donc obligée de partir à sa suite jusqu’à la Citacielle, une arche bien moins paisible que celle où elle avait vécu jusque-là, où complots et assassinats sont monnaie courante.

En commençant ce livre, je n’avais qu’une peur : voir l’héroïne renfermée se transformer en quelques pages en super-héroïne dotée d’un don d’exception qui lui permet de sauver le monde, ce qui lui permet en passant de régler ses complexes et de devenir la plus belle, tout en tombant finalement follement amoureuse de son fiancé froid et glacial qu’elle s’était jurée de détester. Et bah non.

Pour le coup j’ai trouvé que Les fiancés de l'hiver était un roman vraiment intelligent. Oh bien sûr il y a quelque chose d’assez classique dans sa structure (c’est un roman d’apprentissage si on y réfléchit bien), mais il ne fait jamais dans le cliché.

L’univers, déjà, est plutôt bien travaillé et plein de bonnes trouvailles (les objets animés, les différents pouvoirs). C’est un univers qui de manière générale intrigue beaucoup, et je suis curieuse de lire la suite pour avoir peut-être un peu plus de complément d’information sur certains points. Ceci dit j’admets que j’étais facile à convaincre, en tant que lectrice, je suis un peu jalouse du pouvoir de lectrice d’Ophélie (qui n’a jamais eu envie de savoir comment un tel objet est arrivé là ?).

Mais surtout ce que j’ai aimé, c’est que le parcours d’Ophélie est vraiment crédible : c’est un personnage de l’ombre, en conséquence elle passe une bonne partie de l’intrigue à subir plutôt qu’agir, et c’est tout à fait cohérent. Elle ne gagne pas subitement quinze niveaux en arrivant à la Citacielle et ses dons ont un usage limité (elle peut passer à travers les miroirs, encore en faut-il un assez grand !).

Et puis l’auteur n’épargne rien à son héroïne (dans la limite des publications jeunesse sinon elle serait peut-être bien passée à la casserole la petite Ophélie !), n’oublie jamais les détails, et offre des personnages complexes et nuancés, rarement complètement mauvais (sauf pour les figurants).

Bref c’est une belle œuvre de littérature jeunesse que l’on apprécie autant pour le plaisir qu’on a à la dévorer que pour les petits détails qui font la différence. Me voilà bien embêtée, car même si la fin est plutôt satisfaisante, je suis désormais obligée de lire la suite !

CITRIQ

mardi 20 janvier 2015

La légende de la pierre – Barry Hughart


Il y a quelques années de cela (purée cinq ans !), j’étais tombée sous le charme de La magnificence des oiseaux, étrange chinoiserie mettant en scène un vieux sage spécialiste en mystères insolubles, et Bœuf Numéro Dix, intrépide narrateur toujours utile lorsqu’il faut taper sur quelqu’un. Il était grand temps que je fasse connaissance avec la suite de leurs aventures.

Dans La légende de la pierre, nous retrouvons donc Maitre Li (toujours aussi fou génial) et Bœuf Numéro Dix, qui est depuis devenu son assistant et qui met par écrit leurs aventures (toute ressemblance avec Sherlock Holmes serait purement fortuite, bien sûr). Alors que Maître Li dépérit par manque d’énigme à résoudre, voilà qu’on leur propose d’en résoudre une carabinée.

Dans une abbaye de la Vallée des Chagrins, un moine copiste a été assassiné dans la bibliothèque, alors que les portes étaient fermées. Qui a commis ce méfait ? Comment ? Pourquoi ? Maître Li et Bœuf Numéro Dix vont vite se rendre compte que derrière tout cela se cache une affaire bien complexe, et deux acolytes supplémentaires ne seront pas de trop pour les aider !

Avant d’écrire cette chronique, j’ai relu celle que j’avais écrit pour le précédent tome de cette série, et j’ai été surprise de me découvrir assez critique (comme quoi avec le temps on ne retient que les bonnes impressions), notamment sur le caractère parfois un peu répétitif de l’intrigue.

Il n’en est rien dans La légende de la pierre. C’est une aventure, drôle, savoureuse, pleine de péripéties bizarres et inattendues (parce qu’en Chine ancienne il est facile de jouer le détective rationnel et d’aller quand même faire un tour aux Enfers) et de manière générale extrêmement entraînante.

Je ne suis pas une grande lectrice de romans policiers donc je m’amuse rarement à mener l’enquête en parallèle des personnages, mais j’ai trouvé le mystère et sa résolution bien menée, et j’avoue être restée dans la brume jusqu’à la résolution (sans doute parce qu’on ne sait pas si le surnaturel va ou non s’inviter à la fête).

Tous les personnages sont des joyeux drilles, surtout Maître Li et Bœuf Numéro Dix qui forment un duo très équilibré : si le premier est forcément génial et extravagant, n’allez pas croire que le second n’est là que pour porter le premier et distribuer des tatanes. Il sait aussi mener une enquête et apporte quelques éléments très utiles à l’histoire.

Et puis l’atmosphère a quelque chose de génial : on nage dans une sorte de Chine ancienne rêvée dans laquelle on a du mal à démêler le vrai du faux, le réel du mythe, l’historique du fictif. On dirait un décor en carton-pâte surchargé de dorures, et pourtant il est tellement solide qu’on aimerait le visiter, un délice !

Bref je n’ai trouvé aucun défaut à cette lecture très plaisante et légère. On s’amuse d’un bout à l’autre, et nul doute que je n’attendrais pas cinq années supplémentaires pour lire la suite des aventures de nos deux détectives chinois.

CITRIQ

Et petit plus, La légende de la pierre regorge d’éléments de mythologie (chinoise et pas que), et s’intéresse de près à la construction des contes, et à la façon dont ils se transmettent. Idéal donc quand on participe à un certain challenge sur la fantasy mythique !

dimanche 18 janvier 2015

Dernières nouvelles d'Oesthrénie - Anne-Sylvie Salzman



La grande particularité des livres des éditions Dystopia, outre leurs superbes couvertures est l’absence totale de résumé en quatrième de couverture (ou ailleurs, pas la peine de déplier les rabats dans tous les sens !). Du coup on se retrouve un peu obligé à plonger sans savoir à quelle température est l’eau.

C’est une démarche originale, mais un peu perturbante quand on est du genre frileux. Du coup je triche un peu lorsque je lorgne sur un nouveau bouquin Dystopia : je glane des infos ici et là, je regarde les blogs, et parfois je vais carrément demander des informations à l’auteur, comme je l’ai fait à Sèvres pour ces Dernières nouvelles d'Oesthrénie. Et je plonge.

Maintenant que je l’ai lu, je peux vous le présenter un peu plus en détail. Dernières nouvelles d'Oesthrénie s’inscrit dans la veine de ces romans-mondes, de ces romans-pays imaginaires où le héros n’est pas une personne mais un lieu construit de toute pièce et mis en scène au gré de différentes nouvelles.

C’est le même concept que Les soldats de la mer de Yves et Ada Rémy, ou que certains textes d’Ursula Le Guin comme La vallée de l’éternel retour (ok je n’ai pas accroché mais j’ai apprécié le concept) ou les Chroniques orsiniennes (du coup celui-là est en attente à cause de La vallée de l'éternel retour, justement).

Comme son titre l’indique, les Dernières nouvelles d'Oesthrénie nous emmènent visiter, à travers six textes, l’Oesthrénie, contrée imaginaire coincée entre l’Autriche et la Roumanie, avec ses habitants des vallées et ses habitants des Hauts, sa grande ville sans cesse reconstruite au gré des (r)évolutions politiques, ses traditions, ses particularités religieuses…

Sur le papier, ce livre avait tout pour me plaire, mais j’ai trouvé très difficile de rentrer dedans. La faute, principalement, à la première nouvelle, où la narratrice se fait la spécialiste des descriptions à outrance entre deux minuscules éléments de l’histoire. Sur une courte durée, je n’ai rien contre ce style qui donne tout de suite une patine au texte, mais quand rendue à la cinquantième page, j’ai réalisé que je n’étais qu’à mi-chemin de la nouvelle, j’ai bien failli jeter l’éponge.

Heureusement, je me suis accrochée, et je m’en félicite parce que le reste du livre est bien plus agréable à lire. Les autres nouvelles sont plus aisées à lire, la dimension « guide touristique » s’effaçant peu à peu au profit de l’intrigue, et les liens qui se tissent entre les histoires forment un fil rouge qui donne envie d’avancer encore.

On peut alors profiter de la visite tranquillement, tout en suivant les différents protagonistes. L'Oesthrénie est un pays très évocateur, qui m'a notamment fait penser aux paysages du Château ambulant de Miyazaki. Et peu à la Razkavie de Philip Pullmann. Anne-Sylvie Salzman, lorsqu'elle a dédicacé mon exemplaire, a parlé aussi du Sceptre d'Ottokar, il y a un peu de ça.

Ce voyage en Oesthrénie m'a plu, en partie. Si la rencontre ne s'est pas faite, c'est plutôt que je n'étais pas très en phase avec l'ambiance. J'ai trouvé que trop de mystères planaient parfois sur la résolution des histoires (oui j'étais d'humeur cartésienne lors de ma lecture, je voulais des explications !), et que l'ensemble était un peu triste : que des personnages pas à leur place, perdus, au bord de la mort... On ne commence pas par un texte très joyeux, et on ne peut pas vraiment dire que le soleil revient avant la fin.

Du coup malgré une très belle écriture (même si parfois un peu frustrante) et un imaginaire débordant, je suis passée un peu à côté de ce recueil de nouvelles. Ca n'enlève rien à ses qualités, objectivement c'est un livre intéressant, très travaillé, mais il n'était pas complètement à mon goût.

CITRIQ

mercredi 14 janvier 2015

Day of the Tentacle


En cherchant des idées pour le challenge de Lune sur les voyages dans le temps, il est très vite apparu que je ne pouvais pas faire l’impasse sur ce jeu vidéo qui a une valeur affective très particulière pour moi : il s’agit de mon tout premier jeu vidéo (on ne compte pas le solitaire et le démineur !). C’est donc avec beaucoup de plaisir et une pointe de nostalgie que j’ai ressorti son CD de sa boîte pour une énième partie de… Day of the Tentacle.


Day of the Tentacle est un jeu d’aventure sorti en 1993. Si je vous dis que c’est LucasArts qui est derrière tout ça, c’est comme si je vous donnais le menu, puisque que cette société de production de jeux vidéo n’a pas réalisé que des jeux dérivés de l’univers de Star Wars, mais s’est aussi fait connaitre avec des merveilleux jeux d’aventure aussi délirants que délicieux (notamment la série des Monkey Island).

Côté technique, ce jeu est un point’n’click qui se commande uniquement à la souris (à part pour accéder au menu ou passer les dialogues). On dispose dans la barre inférieure, en plus de l’inventaire, d’une ribambelle de verbe, on clique sur l’un d’eux (regarder, ouvrir), on clique sur la zone où on veut effectuer l’action (le plan, la fenêtre) et voilà ! Pas de 3D évidemment, mais des graphismes 2D qui ont plutôt bien vieilli.

Accessoirement ce jeu fait partie il me semble des premiers distribués sur CD-ROM. En tout cas il exploite parfaitement les possibilités de ce nouveau support en proposant un doublage audio. Parenthèse personnelle en passant, comme ce doublage n’a été réalisé en VO, mon père l’avait désactivé en l’installant sur le PC familial. Du coup je n’avais jamais entendu les voix des personnages jusqu’à que j’y rejoue il y a deux semaines !


Avec tout ça, je ne vous ai pas parlé de l’histoire… c’est normal, c’est la meilleure partie. Un savant fou, le Doctor Fred Edison, a créé un jour des monstres, les tentacules. L’un d’entre eux, le Tentacule Pourpre (en fait il est violet –purple- mais j’admets en VF ça fait moins classe), absorbe un de l’eau contaminée par des déchets toxiques, et dans l’affaire y gagne des bras et un super cerveau. Il décide aussitôt d’aller conquérir le monde, au grand désespoir du Tentacule Vert.

Le Doctor Fred a vite fait d’enfermer les deux tentacules pour éviter le carnage, mais c’est sans compter sur un certain Bernard, qu’on qualifierait sans peine de geek aujourd’hui, qui vient délivrer son pote le tentacule vert avec deux amis à lui. Une seule solution s’impose alors pour résoudre la crise : le voyage dans le temps !

Sauf que l’extraordinaire invention du Docteur Fred, le Chrono-WC (aujourd’hui je soupçonne l’allusion ironique à Doctor Who dans ces cabines de toilette temporelles) subit un petit dysfonctionnement. Si Bernard revient à son point de départ, Hoagie, le pote métalleux de Bernard, atterrit deux cents ans dans le passé, en pleine rédaction de la constitution des Etats-Unis, tandis que Laverne, une étudiante en médecine légèrement flippante, est envoyée deux cents ans dans le futur, alors que les tentacules ont réduit l’humanité en esclavage.

Nos trois héros vont devoir collaborer à travers les époques pour trouver le moyen de réparer la machine et de rapatrier tout l’équipe à la bonne époque, avant bien sûr de sauver le monde du terrifiant Tentacule Pourpre.


Ce qui est vraiment chouette dans Day of the Tentacle, c’est que c’est un jeu qui ne se contente pas de mettre en scène un voyage dans le temps, il l’utilise complètement comme mécanique de jeu. Les héros peuvent se passer des objets entre les époques (grâce aux chrono-WC), bien sûr, mais ils doivent surtout souvent jouer des paradoxes temporels pour avancer. Ainsi si un obstacle est gênant dans le présent ou dans le futur, c’est à Hoagie de faire en sorte qu’il disparaisse. J’adore cette idée, et je me demande si ce n’est pas ce jeu qui m’a donné le goût des voyages dans le temps.

Pour le reste Day of the Tentacle s’inscrit dans la lignée des jeux d’aventure de LucasArts : c’est un jeu tranquille (on ne peut pas y mourir) et surtout extraordinairement loufoque. Le scénario qui pastiche les films de série Z est drôle, les dialogues sont excellents (j’aime beaucoup Hoagie qui explique à tout le monde qu’il vient du futur), les énigmes délirantes à souhait (quoique je les trouve un poil plus logiques que dans les Monkey Island), et même les graphismes, très cartoon, participent à l’ambiance générale.

Et en y rejouant récemment avec les doublages des voix (ce qui donne encore plus de caractère à certains personnages, comme Laverne qui déblatère des horreurs sur un ton terriblement monotone), j’ai été surprise de découvrir que ce jeu que j’avais connu déjà très drôle en VF, l’est encore plus drôle en VO (mais les jeux de mots sont souvent intraduisibles, dans l’ensemble la traduction est vraiment bien fichue).


A noter que Day of the Tentacle est en fait un jeu 2-en-1. Il s’agit en fait de la suite du jeu Maniac Mansion, sorti en 1987, et les concepteurs ont inclus ce jeu... dans le jeu. Il suffit de se brancher sur un certain ordinateur pour y faire une partie ! Ceci dit je vous avoue l’aimer un peu moins, sans doute parce qu’il est plus ardu (on y meurt déjà !) et avec un humour un peu moins loufoque (du moins dans mon souvenir). De toute façon il n’est pas nécessaire d’y jouer pour apprécier Day of the Tentacle.

Aujourd’hui si vous voulez jouer à Day of the Tentacle, il va vous falloir dénicher un exemplaire d’occasion du jeu, puisque celui-ci n’est pas disponible en abandonware (légal). Par contre en dépit de son grand âge, il est très facile à installer sur les machines modernes avec l’utilisation de ScummVM, un émulateur hyper simple à utiliser.

Sinon vous pouvez prendre votre mal en patience, puisque Tim Schafer, l’un des créateurs du jeu, a récemment annoncé la sortie en 2015 d’une édition spéciale du jeu. Voilà une excellente occasion d’effectuer un petit voyage dans le temps pour découvrir un classique du jeu d’aventure !

dimanche 11 janvier 2015

Il faudrait pour grandir oublier la frontière - Sébastien Juillard


En ce moment, la librairie Scylla lance une campagne de financement participatif pour la publication de deux ouvrages : une réédition, Roche-Nuée de Garry Kilworth, et une novella, Il faudrait grandir pour oublier la frontière de Sébastien Juillard.

Personnellement lorsque j’ai participé, c’était avant tout pour Roche-Nuée, parce que j’ai bien aimé ce que j’ai lu de l’auteur, et accessoirement le qualificatif « ethno-SF » m’a tout de suite plu. Il faudrait grandir était le petit bonus (surtout que je ne savais pas de quoi ce texte parlait).

Et puis j’ai lu la nouvelle La Cigarette (disponible ici gratuitement), excellente porte d’entrée, et je suis tombée sous le charme. Difficile après ça de résister à la possibilité de lire la novella en avant-première pour en faire la promotion. Oui c’est de la pub, mais de la pub sincère !

Il faudrait pour grandir oublier la frontière est le premier titre de la collection 111 111, qui comme son nom l’indique ne publie que des textes de 111 111 signes, de la première lettre du titre au point final de l’histoire. C’est assez marrant parce qu’à la lecture j’ai eu une impression de texte peaufiné au mot près, je me demande si j’aurais eu la même sensation sans le contexte de la collection !

Cette novella nous emmène en Palestine, dans un futur indéterminé (il est aussi possible que j’ai zappé une éventuelle mention de date, dans ce cas je m’en excuse) que seul trahit la présence de technologies avancées telles que des drones dans tous les sens, des clones et ainsi de suite.

Nous sommes dans le futur, mais la situation semble n’avoir guère bougé depuis notre époque : attentats-suicides, représailles d’Israël et ainsi de suite… Pourtant quelques avancées vers la paix semblent avoir été faites, comme cette école qui enseigne l’hébreu à des femmes palestiniennes, pour leur donner la possibilité d’émigrer.

Dans ce cadre évoluent différents personnages : une lieutenante de l’armée israélienne qui enseigne dans cette école, un scientifique spécialiste de la prothèse de récupération, un potentat local qui œuvre pour la paix, mais entretient toujours des liens troubles notamment avec un fanatique avec qui il a séjourné en prison, le dit fanatique n’étant guère favorable à l’idée de paix…

Tous ces personnages se connaissent, se croisent, et on les regarde évoluer et réfléchir dans ce monde qu’on aimerait voir changer, mais qui semble trop souvent au cours des pages tourner en rond.

Il faudrait pour grandir oublier la frontière n’a pas vraiment d’intrigue, enfin en tout cas ce n’est définitivement pas là que se trouve son intérêt. C’est une novella où tout est dans l’atmosphère, les multiples portraits, la confrontation des points de vue des personnages.

Des romans de SF qui évoquent le conflit israélo-palestinien, on en trouve, mais tous ceux que j’ai lus se contentaient de l’évoquer, ou tombaient souvent dans les clichés. Dans cette novella, on plonge en plein dedans, et on évite les écueils habituels. Pas vraiment de parti-pris (à part un désir de paix) et surtout beaucoup de nuances de gris.

Il faudrait pour grandir oublier la frontière m’a touchée, tout simplement. J’ai aimé son thème évidemment, et la façon dont il est abordé. J’ai aimé son écriture aussi, ciselée. Le seul défaut à noter est celui de toutes les novella : cette impression de texte à la fois trop court et trop long. La cigarette, à titre de comparaison, m’a semblé plus « complet » comme texte à la lecture.

Une dernière note avant de conclure : j’ai plongé dans les textes de Sébastien Juillard sans avoir la moindre d’idée d’où je mettais les pieds (à vrai dire j’avais à peine regardé la couverture), et je me demande si l’effet de surprise n’a pas joué, alors que j’attaque toujours mes lectures avec un bagage d’informations conséquent à leur sujet.

Du coup j’ai longtemps hésité à parler réellement de l’intrigue dans ma chronique pour ne pas vous gâcher l’effet (j’ai aussi envisagé une chronique en 1 111 ou 11 111 signes avant de jeter l’éponge faute d’en avoir la patience !). En même temps, si vous avez lu mon avis, c’est que le mystère seul ne suffisait pas à vous convaincre de vous intéresser à ce texte, et que vous vouliez en savoir plus. J’espère donc vous avoir donné envie, et ne pas en avoir trop dit !

La campagne de financement participatif des éditions Scylla pour Roche-Nuée et Il faudrait pour grandir oublier la frontière se déroule à cette adresse jusqu’à fin février, n’hésitez pas à visiter le site pour plus d'informations si vous voulez participer.

vendredi 9 janvier 2015

Sandman intégrale 5 - Neil Gaiman


Une chronique sur Sandman, cela faisait longtemps non ? Et quel meilleur moyen d'ouvrir la valse des chroniques de livres de cette nouvelle année que par un petit Neil Gaiman ? Oui je sais, avec l'épisode de Noël de Doctor Who la semaine dernière, on ne peut pas vraiment dire que je fais dans l'innovation ou dans l'originalité, mais quand on aime, pourquoi se priver ?

Au sommaire de ce volume : Ramadan, une histoire isolée qui s'intégrait autrefois au recueil Fables & Réflexions ; Au bout du monde, une histoire pleine d'histoires ; et Les chasseurs de rêves, une adaptation en BD d'un roman illustré Sandman. Ce menu n'ayant ni queue ni tête, je vais vous parler de tout en détail !

Ramadan

Illustrée par le talentueux P. Craig Russell, cette histoire courte nous emmène visiter la Bagdad des Mille et unes nuits, celle du calife Haroun Al-Rachid, une ville tellement parfaite que son dirigeant en est troublé... mais je n'en dirais pas plus, la suite c'est à vous de la découvrir.

Ramadan est le numéro le plus populaire de la série (on apprend d'ailleurs dans les bonus qu'il s'est écoulé à 250 000 exemplaires !) et sa réputation n'est pas volée. A la limite du roman illustré parfois, cette histoire est un petit joyau. Le texte en lui-même est magnifique, rendant avec brio la sobriété et le rythme des contes, et il est superbement mis en images dans un style orientalisant parfait jusque dans les moindres détails (y compris la graphie des textes).

Cela ne se ferait décemment pas de parler plus longuement de cette histoire de quelques pages que du reste de ce volume de Sandman, du coup je ne développerais pas plus, mais Ramadan reste pour moi une des plus belles histoires de cet univers, et je ne me lasse jamais de la relire !

Au bout des mondes

Lors d'une « tempête de réalité », différents voyageurs issus de multiples mondes et de multiples époques se retrouvent dans une auberge, au bout des mondes. Fées, humains, centaures... tous ensemble, pour passer le temps, échangent des histoires : la leur, celle qu'on leur a raconté, et parfois au cœur de ces récits, on trouve encore des histoires.

Pour cette longue histoire, j'avais déjà écrit une chronique lors de sa sortie aux éditions Panini. Je l'avais alors trouvé un peu en deçà des autres tomes. Aujourd'hui je l'apprécie un peu plus, mais je l'aborde avec une meilleure connaissance de la série.

Au bout des mondes est en fait une histoire qui reprend le modèle des Contes de Canterbury de Chaucer dans sa forme (une histoire remplie d'histoires). Si je me fie aux dires de Stephen King qui signe la préface de ce volume, ce n'est que la plus évidente des nombreuses références littéraires qui jalonnent l'intrigue, mais je vous avoue que je suis probablement passée complètement à côté des dites références !

Ceci dit ça ne gâche rien au plaisir de la lecture car Au bout du monde présente en effet tout un tas de petites histoires très variées, et c’est un format où Gaiman excelle.

Le conte des deux villes, qui ouvre la valse des récits est un rien inquiétant, avec un style graphique qui contribue grandement à poser l'ambiance.

L'histoire de Cluracan (fée qui fait son retour après la Saison des brumes) est un peu insatisfaisante (Gaiman lui même n'en est pas satisfait, à lire les bonus), mais permet de remettre certains personnages en tête pour la suite.

Le Leviathan de Hob est par contre un de mes récits préférés. Outre le fait qu'il mette en scène un personnage récurrent de la série (je ne le cache pas vraiment, lisez le titre), c'est une très belle histoire sur la mer, superbement illustrée, et le petit plaisir d'en savoir plus que le narrateur dans cette histoire.

Un garçon en or est une histoire un peu étrange, le genre de conte plein d'espoir dont on ne sait pas trop si on doit y croire ou au contraire complètement le rejeter. Accessoirement il dépoussière également un vieux personnage DC, mais ça il fallait le savoir !

Linceuls est un récit un peu étrange se déroulant dans une cité de croque-morts. C'est très perturbant à la première lecture, mais il contient quelques éléments très intéressants, notamment sur la façon dont on traite les morts mais aussi des petits trucs qui prendront leur sens dans la suite de l'histoire.

Quand au dernier numéro de cette histoire, il ne contient pas vraiment de conte (quoique le récit de Charlene puisse compter comme tel, il offre un contrepoint intéressant au reste de l'histoire), mais un événement que je ne détaillerais pas, mais qui s'étale magnifiquement sur des doubles pages... et qui vous fait un peu comprendre qu'Au bout du monde était une sorte d'interlude.

La tempête de réalité prenant fin, il est ensuite grand temps de reprendre la route...

Les chasseurs de rêves

Mais avant de continuer à suivre la grande histoire de Sandman, faisons un petit détour par le Japon avec Les chasseurs de rêves. J'ai été surprise que cette histoire (plutôt récente) s'intercale ici, mais j'imagine que c'était ça ou couper le tome suivant en deux, ce qui n'est pas imaginable.

Les chasseurs de rêves, dans la version présentée ici, est l'adaptation BD d'un roman illustré réalisé par Neil Gaiman et Yoshitaka Amano. L'histoire est un (pseudo) conte japonais mettant en scène un moine et une renarde, bien évidemment lié au monde des rêves.

J'ai personnellement la chance d'avoir la version illustrée par Amano dans ma bibliothèque, et la comparaison fait un peu mal, je vous laisse juger :


Même si l'adaptation de P. Craig Russell est superbe, elle ne me fera jamais oublier la version originale de l'histoire. Ceci dit si vous ne la connaissez pas, vous serez sans aucun doute ravi par ce superbe conte faussement japonais.

(oui dans la postface de l'édition illustrée par Amano, Gaiman prétend s'être inspiré d'une vraie légende japonaise, tout le monde l'a pris au mot alors qu'il raconte dans les bonus de l'édition Russell qu'il a tout inventé parce qu'ils avaient besoin d'une page supplémentaire de remplissage !)

L'ambiance fait parfaitement illusion, et l'univers de Sandman s'invite de façon plutôt discrète et fort agréable dans cet environnement japonais. Un moment de lecture très agréable... pourvu qu'on ait oublié Amano !

Les bonus

Comme toujours l'édition Urban Comics est richement pourvue : entretiens très enrichissants avec l'auteur, script de Ramadan (Gaiman ayant en gros écrit le texte et laissé Russell se débrouiller tout seul), quelques beaux crayonnés et variantes de couverture... un petit dessert délicieux pour conclure une lecture comme toujours très agréable !

CITRIQ

mardi 6 janvier 2015

Top Ten Tuesday (17) : Top 10 des livres lus en 2014


Nous voilà rendus en 2015, il est grand temps de faire le bilan des lectures de l'année 2014. Avec quelques 133 lectures à mon actif (merci les recueils factices qui me permettent de faire facilement les comptes), ce n'est vraiment facile de faire un choix, car pour un livre choisi, c'est 10 qui restent dans l'ombre...

Le choix a été d'autant plus rude que je n'ai pas eu de gros coup de cœur cette année. Pourtant j'ai lu de très belles choses, mais c'est un peu comme si, à force de lire de la SF, ma capacité à m'émerveiller s'émoussait. J'ai toujours autant de plaisir à lire, je fais de très belles découvertes, mais je ne saute plus au plafond à chaque lecture...

Ceci dit cela ne veut pas dire que je ne lis rien d'intéressant, bien au contraire, car au final je n'ai jamais réussi à réduire ma liste à dix titres... en avant donc pour le...

Top 20 des livres lus en 2014
(par ordre alphabétique d'auteur parce qu'il fallait un classement)


Encore un très chouette roman de Poul Anderson, avec un concept de base très intéressant et très bien exploité (avec une approche assez centrée sur l'humain).

Un concept forcément très intéressant, et au final un ouvrage passionnant, ultra-documenté, drôle et ludique... le genre de bouquin qui fait du bien, à prescrire d'urgence à tout votre entourage.

Un très beau recueil de nouvelles écrit par un auteur qui ne néglige ni le fond, ni la forme, avec plein d'idées très intéressantes.

4. Sandman – Neil Gaiman
LA relecture de l'année, et accessoirement le seul comic du lot. Rien à faire, cela reste définitivement le chef d'oeuvre de Neil Gaiman, et je doute de me lasser un jour, même à la quinzième relecture.

5. L'opéra de Shaya - Sylvie Lainé
Superbe recueil de nouvelles qui nous fait rêver à l'espace, avec émerveillement et justesse. La nouvelle éponyme mérite à elle seule l'achat de l'ouvrage. Et puis la couverture est magnifique !

Oui cette année, ma sélection inclut une nouvelle isolée proposée dans le cadre de la Décade de l'imaginaire. Et elle le mérite, car cette évocation de la fin du monde par les yeux d'une vieille dame solitaire est aussi drôle que touchante.

7. A song of ice and fire / Le Trône de fer – George R.R. Martin
La lecture qui m'a occupée une bonne partie de l'année. Même si les gros pavés de fantasy ne sont plus mon truc, il faut le reconnaître que l’œuvre de George R.R. Martin c'est de la qualité supérieure, qui mérite bien qu'on se force un peu pour s'y mettre !

8. Etat de rêve - Ian McDonald
Encore un sacré recueil de nouvelles qui mérite le détour, écrit par un auteur qui déborde d'idées. Je vous ai dit que j'adorais les nouvelles ?

9. Le serpent du rêve - Vonda McIntyre
La jolie surprise de l'année, découverte par le hasard des challenges en fouinant chez les bouquinistes. Une SF plutôt paisible, qui évoque un peu Ursula Le Guin. Un roman bien meilleur que la daube Star Wars que j'avais déjà lu de cette auteure.

10. Club Dumas - Arturo Pérez-Reverte
Un polar bibliophile passionnant qui nous fait voyager dans le monde des livres anciens, avec des parallèles fort étranges avec les trois mousquetaires. C'est juste délicieux.

11. Les soldats de la mer - Yves et Ada Rémy
Non je ne radote pas, les nouvelles c'est merveilleux, surtout quand c'est aussi superbement écrit que ce recueil, qui ne se contente pas de rassembler des textes dispersés sur un monde imaginaire, mais forme un récit complet, une fois les liens rattachés entre eux.

Un délicieux polar préhistorique truffé d'humour qui se dévore comme de rien, avec ses jeux de mots et des interludes. Vivement la suite !

13. Destination ténèbres - Frank M. Robinson
Le space-opera qui m'a le plus marquée cette année. Cette histoire de vaisseau-génération parti en exploration depuis des siècles, et qui vit complètement en huis clos est juste fascinante.

14. L'oreille interne - Robert Silverberg
Un roman qui met en scène la difficile vie d'un télépathe. C'est tellement bien écrit qu'on pourrait faire lire ce texte à la limite de la SF à n'importe qui !

15. Au nord du monde - Marcel Théroux
Je ne suis pas très post-apo d'ordinaire, mais le cadre différent de l'habitude (la Sibérie) et l'étrange héros-narrateur qui garde toujours un peu d'espoir m'a fait chaud au cœur.

Sinon je vous ai dis que j'aimais les nouvelles, surtout celles dont il me faut deux jours pour me remettre comme Houston, Houston, me recevez-vous ?

17. La fraternité de l'anneau - J.R.R. Tolkien
Une nouvelle traduction qui rafraîchit considérablement le roman, et donne envie de tout relire. Vivement la suite !

18. Les chambres inquiètes - Lisa Tuttle
A part ça, les nouvelles c'est très bien, surtout quand elles sont aussi délicieusement horribles que celles de Lisa Tuttle. Quoique ce recueil m'a semblé un peu plus doux qu'Ainsi naissent les fantômes, avec quelques textes parfois plus touchants qu'effrayants.

19. Hôtel Olympia - Elisabeth Vonarburg
Un roman dense et complexe qui s'intéresse aux mythes et aux dieux, un peu comme dans American Gods mais de façon complètement différente. Et c'est passionnant à lire.

20. Morwenna - Jo Walton
Le journal intime d'une adolescente lectrice de SF, difficile d'y rester. Un livre peut-être un peu trop conçu pour plaire... mais tant mieux, sa lecture fait trop de bien pour qu'on joue les fines bouches !

Le Top Ten Tuesday est une initiative de The Broke and the Bookish, reprise en version française par Iani.

dimanche 4 janvier 2015

Recueil factice - Décembre 2014

Et nous voilà donc, en ce début d'année à fermer le grand livre des découvertes de 2014 avec le dernier bilan mensuel. Je ne suis vraiment pas mécontente d'avoir adopté cette rubrique, je ne sais pas si vous l'apprécier de votre côté, mais personnellement ça m'a libéré. En pratique je n'ai pas vraiment moins blogué (145 articles en 2014 au lieu de 156 en 2013), mais ça m'a permis de traiter des lectures moins marquantes pour lesquels on n'a pas toujours envie de se fendre d'un article.

Logiquement je devrais après ce recueil factice enchaîner sur une série de bilans, comme à mon habitude. Mais j'ai finalement tellement peu chroniquer les films et les séries cette année, à part sous forme de brèves qu'un bilan dans le domaine me semblerait presque redondant (d'autant plus que je n'ai pas forcément de gros coup de cœur à mettre en avant). Je vous parlerais par contre de mes meilleures lectures de l'année d'ici peu, soyez rassurés !

LIVRES


Utopiales 2014 (anthologie)

La volonté du dragon – Lionel Davoust

L’océan au bout du chemin – Neil Gaiman
Non je ne vais pas re-chroniquer ce que j'ai déjà chroniqué lors de sa sortie VO, mais je ne pouvais pas passer sans rien dire sur cette relecture, qui m'a fait prendre conscience de la distance que je met avec le texte en VO. Si le lire en anglais m'avait mis mal à l'aise, relire ce livre en français a été limite horrifiant, alors que j'en connais les tenants et les aboutissants. Un texte finalement bien plus fort que dans mon souvenir, dont chaque paragraphe pourrait être cité ou presque !

La cigarette - Sébastien Juillard (nouvelle)
Cette courte nouvelle gratuite (à récupérer ici) est en lien avec Il faudrait pour grandir oublier la frontière, novella à paraître au printemps 2015 si la campagne de financement participative de Scylla fonctionne (et y'a intérêt !). C'est donc un excellent moyen de donner envie de participer, car c'est un texte court mais émouvant, dans un futur qui a le goût amer de l'actualité... maintenant je veux en savoir plus !

Le miroir aux éperluettes – Sylvie Lainé

Le livre d'or de la science-fiction : Ursula Le Guin – Ursula K. Le Guin

Légendes de la garde : La Hache noire – David Petersen
Difficile pour moi de faire un article original sur ce troisième tome des Légendes de la Garde, qui nous offre cette fois-ci un joli flash-back sur les origines de la fameuse Hache noire. Cet album se classe au même niveau que les deux précédents : toujours aussi beau, toujours aussi agréable à lire, toujours pour les mêmes raisons. Du coup je vous renvoie sans aucun scrupule à mon article sur les deux tomes précédents, tandis que j'attends avec impatience d'autres albums dans cet univers.

La longue Terre – Terry Pratchett et Stephen Baxter

Le Château des Millions d’Années, épisode 1 : Premier contact de Stéphane Przybylski
Ce premier épisode (gratuit, disponible ici) d'un roman feuilleton nous ramène à l'aube de la seconde guerre mondiale, avec un membre des SS qui est envoyé en Irak sur des chantiers de fouilles qui recherche la preuve de la supériorité de la race aryenne, et qui se retrouve confronté à d'étranges phénomènes. Pour le moment on est surtout dans la mise en situation avec beaucoup de mystère, mais c'est très alléchant, je vais donc m'intéresser très vite à la suite !

Dracula – Bram Stoker
Bien que classique d'entre les classiques, voilà encore un roman que je ne connaissais que de réputation. Certes c'est un roman du XIXe siècle parfois un peu daté, mais la narration qui alerte journaux intimes, correspondance et documents divers se révèle finalement très dynamique, et on s'amuse beaucoup de ce roman de vampires fondateur qui ne ressemble pas forcément à ce qu'on attendait (forcément, on a une longueur d'avance sur tous les protagonistes). Et fait remarquable, en dépit de toutes les remarques sur le « sexe faible » bien de l'époque, Mina Harker est LE personnage central, celle qui relie tous les fils et donne toutes les bonnes idées, comme quoi...

Le livre d'or de la science-fiction : James Tiptree – James Tiptree Jr.


FILMS


Astérix : Le domaine des dieux – Louis Clichy
D'habitude Astérix au cinéma, ça ne m'intéresse pas mais là vu qu'on y trouvait un certain Alexandre Astier, je n'ai pas pu résister... et je suis bien contente d'avoir cédé à la tentation ! Le domaine des dieux est une chouette adaptation de l'album éponyme (enfin je dis ça, je me souviens à peine de l'intrigue mais ça me semble coller), pleine d'humour, bien rythmée, et surtout avec des images à couper le souffle. Je lui souhaite une belle carrière à ce film, niveau technique il fait facilement concurrence aux grands du genre !

Bernie – Albert Dupontel
Comme j’avais plutôt bien aimé Neuf mois ferme, je me suis intéressée à son premier long-métrage, qui sur Netflix est un peu le seul film de leur sélection française à cumuler plus d’une étoile dans sa note… il en a même quatre, ce qui me semble un peu surestimé ! A vrai dire je ne sais que penser de ce film, il est à la fois absurde et drôle, et en même temps terriblement dérangeant par sa violence, si bien qu’on ressort de cette histoire avec le cerveau un peu vrac.

Le chant de la mer – Tomm Moore

Le Hobbit : La bataille des cinq armées – Peter Jackson
L'avantage c'est que je savais à quoi m'attendre, du coup ça m'a évité la grosse déception, même si j'ai quand même trouvé le temps long. J'ai du mal à déterminer si c'est mes goûts qui ont évolué en dix ans (sûrement) ou si c'est Peter Jackson fait dans la surenchère (sans aucun doute), mais la rencontre ne se fait plus, sauf lors de quelques infimes moments hélas trop rares. Trop dense, trop de fils narratifs différents, trop de baston... heureusement qu'on peut se moquer de certains passages (notamment avec Galadriel ou Legolas), ça compense un petit peu !


EXPOSITIONS


Dessins du studio Ghibli au Musée d'art ludique
Difficile de résister à cette très belle exposition de dessins qui nous donne l'occasion de découvrir et redécouvrir les oeuvres du studio Ghibli. Forcément, on se régale les yeux, par contre j'ai trouvé l'approche uniquement centrée sur les layouts très technique et pas forcément très parlante. Il manquait quelques vidéos explicatives ou quelques mises en relation (avec des documents qui ne sont pas des layouts) pour vraiment comment tout cela fonctionne (après j'ai zappé l'audioguide, c'était peut-être une erreur). Mais c'est très chouette à voir néanmoins.

Mayas : révélations d'un temps sans fin – Musée du quai Branly
Si vous avez envie de découvrir cette civilisation dont on retient finalement beaucoup de clichés-types (le calendrier, les pyramides), je vous conseille vivement de faire un tour au musée du Quai Branly pour en prendre plein les yeux. En effet, cette exposition a deux très grandes qualités : elle est très accessible et plutôt didactique dans ses textes d'accompagnement (l'approche thématique n'aide pas trop à se situer dans le temps ou dans l'espace mais ce n'est pas franchement gênant), et surtout elle présente des œuvres de toute beauté (avec une maitrise technique juste extraordinaire) qu'on ne reverra pas forcément de sitôt vu qu'elles sont issues des collections américaines.


SERIES


Ascension – Saison 1 (?)
Cette mini-série de science-fiction nous emmène à bord d'un vaisseau-colonie envoyé vers Proxima du Centaure à l'époque de Kennedy, et qui fête au début de l'histoire ses 51 ans de voyage sans encombre, jusqu'à qu'un meurtre ait lieu à bord. Ascension dispose d'un aspect visuel superbe (le côté vaisseau spatial des années 60 avec ce que ça implique côté technologie et vêtements est délicieux) et mélange tout un tas d'idées de SF (mais je ne vous dirais pas lesquels), ce qui rend son visionnage fort plaisant. J'ignore si une suite sera prévue (ça serait pas mal pour éclaircir quelques points, l'intrigue se dispersant tout de même dans de multiples directions), mais en temps que mini-série de six épisodes (en fait trois doubles épisodes), c'est déjà un bon moment garanti !

Doctor Who - Last Christmas

Game of Thrones – Saison 3
Un presque marathon (qui s’est terminé avec trois épisodes à la suite, un record !), m’a permis de venir à bout de cette troisième saison. Comme toujours au début j’ai eu un peu de mal à me replonger dedans, parce que le livre était encore très frais dans ma tête, et finalement on s’y met bien.
Cette saison marque un changement avec la précédente, car elle s’éloigne un peu plus du livre par certains aspects, et n’hésite pas à intégrer une ligne narrative complètement inédite (pour Théon) pour faire le raccord avec les livres suivants. Même si certains tics HBO sont parfois un peu lassants, je suis assez admirative des scénaristes qui arrivent à simplifier l’intrigue et à raccorder les choses différents sans que cela donne des grosses différences avec le livre.

Once upon a time – Saison 4 – 1ère partie
Comme la série est en pause jusqu'en mars, j'en profite pour faire un bilan à mi-parcours, qui est carrément positif. Je craignais le pire avec l'intégration de Frozen dans l'univers de la série, mais finalement ça s'est révélé carrément une bonne idée. On se retrouve donc avec une suite du film d'animation (avec une reconstitution live assez impressionnante) croisée avec d'autres éléments du vrai conte de la Reine des Neiges. Bien sûr l'ensemble reste assez sirupeux (tous les méchants ou presque de cette série veulent juste être aimés et avoir une famille parfaite...), mais une fois ce fait admis on passe un bon moment. Et je suis ravie de voir que Rumplestiltskin reprend du poil de la bête !


JEUX VIDEO

En ce moment je suis dans une période « jeux » (j’ai même fini Mass Effect 2 pour la deuxième fois dans une grande campagne pour faire de la place sur mon PC !), du coup même si je suis loin d'avoir terminé ceux qui occupent mes soirées et week-ends (vu que ce sont un peu des jeux sans fin), je profite de ce dernier recueil factice aux airs de bilan pour vous en parler.


Hearthstone
Dans sa tentative de me convertir à WoW (mais je résiste), Monsieur m’a initié à Hearthstone, jeu de carte dans la veine de Magic, mais en ligne. Le jeu est gratuit (il faut juste se créer un compte), plutôt simple à prendre à main et rapidement addictif.
Ce que j’aime bien dans Hearthstone, c’est qu’on peut s’en sortir avec un deck de base sans avoir à traquer LA carte rare. Et le jeu me semble assez équilibré, l’essentiel c’est d’opter pour la classe avec laquelle on est à l’aise (druide ou chamane pour ma part, même si je prends goût au voleur et au chasseur de temps en temps). Et autre atout : une partie c’est 15 minutes environ, ce n'est donc pas (forcément) un jeu chronophage !


Pharaon
J’ai grandi avec Age of Empire et Caesar 3, et de temps en temps je ne résiste pas à revenir à ces jeux de gestion assez faciles à prendre en main et avec lesquels on s’amuse beaucoup. Pharaon est la variante égyptienne de Caesar 3, qui intègre donc le cycle des crues du Nil, l’irrigation des terres, la construction de monuments funéraires (c’est long !) et des dieux tellement présents qu’il est parfois dur de tous les satisfaire. J’aime beaucoup ce jeu qui capitalise plus sur la maîtrise du commerce que sur le côté combats, même si l’économie du jeu laisse parfois songeur, notamment lorsqu’on se retrouve avec 600 emplois vacants dans une cité prospère !
Et puis accessoirement c'est un jeu au rythme lent, idéal pour écouter ses podcasts sans perdre sans cesse le fil !


ET EN 2015...

Côté bouquins, avec une PàL actuellement à 28 livres (sans compter le numérique), l'objectif est de faire un peu le vide d'ici les prochains festivals. Heureusement, la plupart peuvent passer dans le cadre d'un ou plusieurs challenges ! En tout cas sous peu vous devriez entendre parler de Fables et de Sandman, et je compte bien lire au plus vite La lisière de Bohême de Jacques Baudou.

Côté cinéma, je vais pas en faire une résolution mais j'aimerais fréquenter un peu plus les salles obscures cette année. Je doute d'arriver à tout voir, mais en janvier je lorgne sur Loin des hommes (parce que Viggo Mortensen) et Souvenirs de Marnie (parce que Ghibli), ainsi que sur Une merveilleuse histoire du temps et Imitation Game (parce que les biopic c'est chouette, surtout quand on y trouve Benedict Cumberbatch).

Côté séries, comme Once upon a time fait une pause, je vais enfin pouvoir rattraper Downton Abbey. La saison 4 de Game of Thrones m'attend (de préférence avant que la 5 ne démarre), et The Musketeers redémarre. Voilà déjà de quoi m'occuper, et sinon, j'ai encore 21 saisons de vieux Doctor Who à rattraper...

vendredi 2 janvier 2015

Doctor Who - Last Christmas


Chaque année Doctor Who a le droit à son épisode spécial de Noël. On pourrait croire que le filon va finir par s'épuiser, certaines années étant plus réussies que d'autres... mais à en juger par le dernier en date, il semblerait que non ! Doctor Who et Noël, une alliance qui n'est pas prête de se terminer ! Attention, spoilers...


En voyant le trailer (un vrai modèle dans la veine « ne révèle absolument rien de l'épisode »), je m'inquiétais un peu de l'arrivée d'un Père Noël dans l'univers de Doctor Who. En dépit de son caractère hautement fantaisiste, cette série joue toujours la carte de la rationalité, et je n'avais pas vraiment envie qu'on nous serve un banal « Santa est un alien ». Heureusement ce n'est pas du tout ça.


Ce qui est chouette dans cet épisode, c'est que pendant grosso-modo sa première moitié (jusqu'à que le Doctor s'incruste dans le rêve de Clara), on a pratiquement aucune idée de la direction qu'il va prendre, tellement il rassemble des éléments improbables.


Des aliens mangeurs de cerveaux qui ont envahi une base au pôle nord et se jettent sur les personnes depuis le plafond (référence à Alien incluse dans le prix). C'est flippant.


Un Père Noël qui vient à la rescousse dans un des moments les plus WTF de la série où on se demande à quoi se drogue Steven Moffat (j'en veux aussi !). C'est est mourir de rire, et même temps le personnage est juste réconfortant (et ça se confirme par la suite).


Et une incursion dans le monde merveilleux des rêves de Clara (où Danny reste THE héros qui même sous forme d'une illusion sauve sa copine)... Lorsqu'on commence à tomber dans des emboîtements à la Inception, cela devient certes un peu prévisible mais terriblement intriguant (je me suis demandée jusqu'à la fin si le Doctor allait être ou non une création de Clara rêvant).


Un cocktail complètement inattendu, qui donne un épisode prenant, dense, inquiétant, drôle... certes l'intrigue a bien quelques trous (notamment le destin du professeur, ou encore pourquoi les crabes réunissent leurs victimes, est-ce parce qu'ils sont télépathes qu'ils ne peuvent s'en empêcher ?), un final un peu expédié, mais personnellement je suis complètement tombée sous le charme.

« The Helman-Ziegler test - the only reliable dream test that I know. Your base manual. I take it none of you have memorised this. These books should be identical in the real world. But as they don't exist in your memory, in a dream, they can't be. Agreed? »
Déjà pour cette représentation des rêves très crédible, avec ce que ça implique de blancs et d'incohérences... pour tout dire j'ai pensé à Sandman une ou deux fois, mais ce n'est pas très surprenant de découvrir que Gaiman et Moffat sont sur la même longueur d'ondes. D'ailleurs à ce sujet...


« This makes perfect sense. The Dream Crab tries to make the dream as real as possible to trap you inside it. It creates dreams within dreams so you can never be sure if you are really awake. But your brain knows something is wrong. Your subconscious fights back. THIS is your mind, trying to tell you this isn't real. »

« So it gives you me. Sweet Papa Chrimbo ! »
… Je suis bien contente de l'explication de la présence du Père Noël (d'ailleurs c'est sa présence qui donne la clé de l'épisode avant que les personnages ne le comprennent). Ni alien, ni robot, juste une pure création issue de l'inconscient collectif.

Le soir de Noël, en situation de mort certaine, qui appelle-t-on à la rescousse ? Le Père Noël bien sûr, même si on n'y croit plus, il existe toujours dans un coin de notre cerveau, tant on est baigné dans son iconographie à cette période de l'année.

On est dans le pouvoir des mythes, le pouvoir des histoires, l'imaginaire qui prend forme, bref là encore c'est une approche un peu à la Neil Gaiman... ce qui explique sans doute que j'adore ça.


Et sérieusement, comment voulez-vous résister à toute cette imagerie ? On a beau se dire que tout ça est un peu niais, on s'amuse tellement avec les dialogues des elfes (j'aurais pu faire un article rien qu'avec leurs répliques), les rennes, le survol de Londres en traîneau qu'on en oublie le reste !


La fin est par contre un peu bâclée (ou trop rallongée, au choix)... au revisionnage je me suis rendue compte que la dernière strate du rêve (avec Clara vieille) et le retour à la réalité et Clara qui repart avec le Doctor... tout ça se déroule en à peine cinq minutes. J'ai lu des rumeurs comme quoi c'était pour prévoir une porte de sortie au personnage si elle ne revenait pas à la saison 9... c'eut été bien triste comme final.

En fait à y réfléchir il aurait presque fallut faire sauter ce passage clairement de trop, et laisser un peu plus le temps au Doctor et à Clara de célébrer leurs retrouvailles dans le monde réel... mais ça reste néanmoins un joli épisode de Noël, et rien que le titre du premier épisode de la saison 9, The Magician's Apprentice, fait saliver !

« Do you know what's rarer ? Second chances. I never get a second chance, so what happened this time ? Don't even know who to thank. »

En s'attaquant au « mythe » du Père Noël, cet épisode s'inscrit dans la veine contes et légendes de la série, clairement un des péchés mignons de Steven Moffat. Il n'aime rien de mieux que structurer ses histoires comme des contes (penser donc à la jeune Amelia Pond, c'est étonnant que son histoire ne commence pas par « Il était une fois »), et s'amuse beaucoup à transformer la figure du Doctor en un mythe. Dans le dernier épisode de la cinquième saison, le onzième Doctor se fendait d'un « We're all stories in the end ». Une idée qui n'a pas fini de hanter la série...

« I've always believed in Santa Claus. But he looks a little different to me. »