Une chronique sur Sandman, cela faisait longtemps non ? Et quel meilleur moyen d'ouvrir la valse des chroniques de livres de cette nouvelle année que par un petit Neil Gaiman ? Oui je sais, avec l'épisode de Noël de Doctor Who la semaine dernière, on ne peut pas vraiment dire que je fais dans l'innovation ou dans l'originalité, mais quand on aime, pourquoi se priver ?
Au sommaire de ce volume : Ramadan, une histoire isolée qui s'intégrait autrefois au recueil Fables & Réflexions ; Au bout du monde, une histoire pleine d'histoires ; et Les chasseurs de rêves, une adaptation en BD d'un roman illustré Sandman. Ce menu n'ayant ni queue ni tête, je vais vous parler de tout en détail !
Ramadan
Illustrée par le talentueux P. Craig Russell, cette histoire courte nous emmène visiter la Bagdad des Mille et unes nuits, celle du calife Haroun Al-Rachid, une ville tellement parfaite que son dirigeant en est troublé... mais je n'en dirais pas plus, la suite c'est à vous de la découvrir.
Ramadan est le numéro le plus populaire de la série (on apprend d'ailleurs dans les bonus qu'il s'est écoulé à 250 000 exemplaires !) et sa réputation n'est pas volée. A la limite du roman illustré parfois, cette histoire est un petit joyau. Le texte en lui-même est magnifique, rendant avec brio la sobriété et le rythme des contes, et il est superbement mis en images dans un style orientalisant parfait jusque dans les moindres détails (y compris la graphie des textes).
Cela ne se ferait décemment pas de parler plus longuement de cette histoire de quelques pages que du reste de ce volume de Sandman, du coup je ne développerais pas plus, mais Ramadan reste pour moi une des plus belles histoires de cet univers, et je ne me lasse jamais de la relire !
Au bout des mondes
Lors d'une « tempête de réalité », différents voyageurs issus de multiples mondes et de multiples époques se retrouvent dans une auberge, au bout des mondes. Fées, humains, centaures... tous ensemble, pour passer le temps, échangent des histoires : la leur, celle qu'on leur a raconté, et parfois au cœur de ces récits, on trouve encore des histoires.
Pour cette longue histoire, j'avais déjà écrit une chronique lors de sa sortie aux éditions Panini. Je l'avais alors trouvé un peu en deçà des autres tomes. Aujourd'hui je l'apprécie un peu plus, mais je l'aborde avec une meilleure connaissance de la série.
Au bout des mondes est en fait une histoire qui reprend le modèle des Contes de Canterbury de Chaucer dans sa forme (une histoire remplie d'histoires). Si je me fie aux dires de Stephen King qui signe la préface de ce volume, ce n'est que la plus évidente des nombreuses références littéraires qui jalonnent l'intrigue, mais je vous avoue que je suis probablement passée complètement à côté des dites références !
Ceci dit ça ne gâche rien au plaisir de la lecture car Au bout du monde présente en effet tout un tas de petites histoires très variées, et c’est un format où Gaiman excelle.
Le conte des deux villes, qui ouvre la valse des récits est un rien inquiétant, avec un style graphique qui contribue grandement à poser l'ambiance.
L'histoire de Cluracan (fée qui fait son retour après la Saison des brumes) est un peu insatisfaisante (Gaiman lui même n'en est pas satisfait, à lire les bonus), mais permet de remettre certains personnages en tête pour la suite.
Le Leviathan de Hob est par contre un de mes récits préférés. Outre le fait qu'il mette en scène un personnage récurrent de la série (je ne le cache pas vraiment, lisez le titre), c'est une très belle histoire sur la mer, superbement illustrée, et le petit plaisir d'en savoir plus que le narrateur dans cette histoire.
Un garçon en or est une histoire un peu étrange, le genre de conte plein d'espoir dont on ne sait pas trop si on doit y croire ou au contraire complètement le rejeter. Accessoirement il dépoussière également un vieux personnage DC, mais ça il fallait le savoir !
Linceuls est un récit un peu étrange se déroulant dans une cité de croque-morts. C'est très perturbant à la première lecture, mais il contient quelques éléments très intéressants, notamment sur la façon dont on traite les morts mais aussi des petits trucs qui prendront leur sens dans la suite de l'histoire.
Quand au dernier numéro de cette histoire, il ne contient pas vraiment de conte (quoique le récit de Charlene puisse compter comme tel, il offre un contrepoint intéressant au reste de l'histoire), mais un événement que je ne détaillerais pas, mais qui s'étale magnifiquement sur des doubles pages... et qui vous fait un peu comprendre qu'Au bout du monde était une sorte d'interlude.
La tempête de réalité prenant fin, il est ensuite grand temps de reprendre la route...
Les chasseurs de rêves
Mais avant de continuer à suivre la grande histoire de Sandman, faisons un petit détour par le Japon avec Les chasseurs de rêves. J'ai été surprise que cette histoire (plutôt récente) s'intercale ici, mais j'imagine que c'était ça ou couper le tome suivant en deux, ce qui n'est pas imaginable.
Les chasseurs de rêves, dans la version présentée ici, est l'adaptation BD d'un roman illustré réalisé par Neil Gaiman et Yoshitaka Amano. L'histoire est un (pseudo) conte japonais mettant en scène un moine et une renarde, bien évidemment lié au monde des rêves.
J'ai personnellement la chance d'avoir la version illustrée par Amano dans ma bibliothèque, et la comparaison fait un peu mal, je vous laisse juger :
Même si l'adaptation de P. Craig Russell est superbe, elle ne me fera jamais oublier la version originale de l'histoire. Ceci dit si vous ne la connaissez pas, vous serez sans aucun doute ravi par ce superbe conte faussement japonais.
(oui dans la postface de l'édition illustrée par Amano, Gaiman prétend s'être inspiré d'une vraie légende japonaise, tout le monde l'a pris au mot alors qu'il raconte dans les bonus de l'édition Russell qu'il a tout inventé parce qu'ils avaient besoin d'une page supplémentaire de remplissage !)
L'ambiance fait parfaitement illusion, et l'univers de Sandman s'invite de façon plutôt discrète et fort agréable dans cet environnement japonais. Un moment de lecture très agréable... pourvu qu'on ait oublié Amano !
Les bonus
Comme toujours l'édition Urban Comics est richement pourvue : entretiens très enrichissants avec l'auteur, script de Ramadan (Gaiman ayant en gros écrit le texte et laissé Russell se débrouiller tout seul), quelques beaux crayonnés et variantes de couverture... un petit dessert délicieux pour conclure une lecture comme toujours très agréable !
Depuis le temps que je lis tes billets enthousiastes sur Sandman; il va falloir que je m'y mette !
RépondreSupprimerJe suis jaloux, la version d’Amano est magnifique ! :D Bel article, Sandman est vraiment ce que je préfère chez Gaiman...
RépondreSupprimerTout pareil qu'Endea, il va vraiment falloir que je m'y mette... Du coup je n'ai pas lu ce billet pour ne pas en savoir trop.
RépondreSupprimerEt moi pendant ce temps, maintenant que j'ai tous les tomes (pour l'instant, mais plus question de se faire distancer par les parutions !^^), je vais relire tout depuis le début, et enfin m'atteler à chroniquer tout ça !
RépondreSupprimer@Endea
RépondreSupprimerBah oui :D
@Escrocgriffe
Oui et je me rends compte que j'ai eu beaucoup de chance de la trouver à un prix très modeste quand je vois les tarifs sur Internet maintenant xD
@Alys
J'avais fait une intro sur le sujet l'an dernier si tu veux un billet sans spoiler (mais en bref oui c'est génial et à lire :P)
@Lorhkan
Oui il me semble que dans ta liste des chroniques à venir y'a le tome 1 depuis des lustres *siffle*
J'avoue, je me rends...^^
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