Avec le sens inné de l’illogisme qui me caractérise, ma chronique sur Janua Vera arrive après celle de Gagner la Guerre, qui en est pourtant la suite (au moins d’une des nouvelles).
Non je n’ai pas perdu la tête, c’est juste qu’il s’agit de la lecture du mois d'avril sur le Cercle d’Atuan, et que ça me parait une bonne occasion d’actualiser une des brèves de mon ancien blog (encore que je me surpasse, j’avais écrit trois paragraphes à l’époque !) pour fournir quelque chose d’un peu plus construit, parce que Janua Vera à l’époque de sa sortie m’avait déjà fait grande impression, et cela se confirme à la relecture.
Mais revenons aux bases. Janua Vera est un recueil de nouvelles de fantasy sorti en 2007 aux Moutons électriques, signé par un certain Jean Philippe Jaworski dont personne n’avait entendu parler jusque là ou presque… en tout cas, pas moi. Le Cafard Cosmique en a fait une telle éloge à l’époque que je l’ai presque acheté les yeux fermés…
Janua Vera se compose, pour la première édition que je possède, de sept nouvelles, qui ont la particularité de se dérouler toute dans le même univers du Vieux Royaume, mais avec des registres et des styles très différents (voir complètement opposés).
La première nouvelle, Janua Vera, évoque le destin du Roi-Dieu Léodegar avec une dimension épique mythologique. Mauvaise Donne, elle, suit les pas d’une fieffée canaille, Benvenuta Gesufal, qui évolue dans les ombres de Ciudalia, cité d’inspiration vénitienne où l’on pratique les complots et les assassinats avec un talent rare.
On enchaine sur le Service des Dames, qui passerait presque pour un roman de chevalerie médiéval, Une offrande très précieuse, la nouvelle sans doute la plus difficile à cerner, et le Conte de Suzelle, histoire dure et émouvante qui vaut à elle seule tout le recueil.
Enfin, Jour de Guigne se rapproche définitivement de Pratchett en racontant les péripéties d’un scribe frappé d’une malédiction, et Le confident offre une évocation troublante d’une des religions du Vieux Royaume, le culte du Desséché.
Sept nouvelles très différentes, comme vous pouvez le constater, du coup on accrochera plus ou moins. Pour ma part, le Conte de Suzelle est ma favorite hors compétition, mais j’aime également beaucoup les autres. Il n’y a guère que Le confident et Une offrande très précieuse qui m’attirent moins, mais c’est plus parce que j’ai du mal à les appréhender qu’en raison d’une qualité moindre.
Parce que Janua Vera est un recueil de qualité. En plus d’un concept de base (des nouvelles complètement différentes pour un même univers, je n’ai pas beaucoup –voir aucun- autre exemple en tête) qui fonctionne à merveille, il faut ajouter une très belle écriture. Jean-Philippe Jaworski sait manier les mots, et lire ses textes est un véritable délice.
Pour Gagner la guerre, j’avais salué son style bien particulier qui faisait toute la saveur du roman. Pour Janua Vera, même si je trouve l’écriture un chouia moins accomplie (en regard du roman, c'est-à-dire que cela reste très beau), je ne peux qu’admirer sa capacité à faire le grand écart entre différents registres, du burlesque au drame, de l’épopée du héros à la vie d’une personne « banale »…
C’est un peu comme s’il pliait les mots pour qu’ils conviennent à l’histoire qu’il raconte. Je ne sais pas si ce que je dis est clair, mais en tout cas, c’est cela qui fait tout l’intérêt de ce recueil, dont je saurais que trop en conseiller la lecture (ainsi que du roman qui suit).
Par contre, choisissez bien votre version. La première édition qui est la mienne ne contient que sept nouvelles. Lorsque le roman a été édité en poche, une huitième nouvelle a été ajoutée. Les Moutons électriques ont ressorti récemment une édition augmentée, avec cette fois-ci neuf nouvelles, une préface de Benvenuto himself, et des annexes…
Peut-être pas indispensable, mais quand on adoré ce recueil, cela fait rêver…
La découverte d'un auteur, et un vrai coup de coeur. Les ambiances, les personnages, le style tout est de haute tenue. A recommander chaudement !
RépondreSupprimerC'est une merveille, quelle découverte !
RépondreSupprimerJe suis en accord avec toi pour Conte de Suzelle, c'est un nouvelle très émouvante.
J'ai beaucoup aimé Jour de Guigne aussi, c'est vraiment drôle.
Je suis bien contente que ce recueil t'ait plus. Tu continues sur Gagner la guerre ?
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